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Les anges n'ont pas de sexe, dit-on, mais certains ne manquent pas de sex-appeal. Car comme le chantait Monty dans un disque qu'on ne retrouve aujourd'hui que dans les greniers:
"Qu'il est beau le p'tit Rocheteau,
Quand elles le voient en maillot,
Les filles crient aussitôt !
Ohohohoo !"


"Les neuf dixièmes de mon courrier sont des lettres de filles"
Parfois, même les hommes restent béats d’admiration devant un joueur venu d’ailleurs. Philippe Monet et Philippe Lebert, habitants d'Auxerre, avaient composé ce poème:
"Je vis cet ailier et il était dans son camp.
Il allait à grands pas ratissant et dribblant,
Vert Apollon qui resplendissait en nocturne.
Dans l'ombre où l'on dirait que tous tremblent et reculent,
Le supporter suivait les lueurs de ses maracanas.
Et le libérateur sous les yeux de Piazza
Marquait ; il changeait en joie Geoffroy-Guichard,
Les regards en cris et les cris en regards,
Les occasions en buts, les défaites en victoires,
Et le bonus en prime, sous les yeux de la gloire.
Et les gens criaient en choeur: "Allez les Verts"
Pour le faire courir, faire peur à l'adversaire.
Ce n'était que joie en tribunes, de haut, en bas ;
Des mains se levaient, acclamaient l'ailier droit."

Tous s’identifient à lui. Dominique est alors ce garçon qui pourrait le frère, le copain, le petit ami…
"Les neuf dixièmes de mon courrier sont des lettres de filles, le reste de gamins. Les filles me disent parfois qu'elles m'aiment. D'autres sont franchement inquiétantes par la passion de leur ton"
Dominique Rocheteau na jamais bien aimé cette Rocheteaumania qui lui était tombée dessus sans crier gare !


Chez tous les bons disquaires

Footballeur de père en frère en fils en cousin en neveu
Tout commence en Charente, à Étaules, presqu'île située à 75 kilomètres de la Rochelle (en face de l'île d'Oléron). A l'US Étaules sévit un numéro 7, un Rocheteau déjà, Gérard, devant lequel un bambin de deux ou trois ans est en admiration. Cette équipe a toujours compté au moins un Rocheteau dans ses rangs. Domi est d'une lignée de footballeurs. Son père, son oncle, ses cousins sont tous des footballeurs.
Les deux frères Rocheteau, Gérard et Serge, partagent une belle et grande maison rue Toulifaud (les choses étant bien faites, ils ont épousé deux sœurs). Le jardin est aménagé football: ni légume ni fleurs n'y seront jamais plantés. Les frères se contentent de semer un bon gazon à l'ombre des acacias. Les rosiers grimpants seront les seuls végétaux autorisés.

De même, jamais aucun portail ne sera installé… car le porche peut servir de but ! Tout respire le football quand le petit Dominique vient au monde ce 14 janvier 1955. Pour ses deux ans, Domi reçoit ses premières chaussures à crampons. Baigné dans un esprit de compétition, il n'aura de cesse d'être le premier en tout.
Seul point de désaccord avec son père: quand ce dernier part à la chasse. Dominique est un pur écologiste qui préfère les animaux vivants et libres. Et Domi entre en colère quand, plus âgé, ils réalise que les domaines ostréicoles sont menacés par la pétrochimie. Son père et son oncle vivent de l'ostréiculture et Dominique a grandi dans ce milieu libre et non pollué. Il dit lui-même qu’il aurait été marin s’il n’avait été footballeur.


Le style romantico-écolo de Rocheteau a beaucoup joué pour son image

139 buts en 36 matches
Mais quittons les verts (nous y reviendrons bientôt) et revenons au football…
Le premier exil commence à Royan dans les années 60. Dominique est pensionnaire dans un lycée et une ville qu’il n’aime pas: trop précieux, trop gourmés. Mais son talent de footballeur de 10 ans est déjà impressionnant, à tel point que le lycée décide de le faire naître deux ans plus tôt que prévu. Il devient l’avant-centre clandestin de l’équipe du lycée du Parc qui dispute des tournois ASSU. Abel Elie son entraîneur (double champion de France militaire du 110 mètres haie et de saut en longueur) comprend tout de suite qu’il a hérité d’un garçon exceptionnel: "Dominique était l’élève idéal comme on en rencontre un ou deux dans sa carrière. Fait rarissime, à onze ans, le garçon acceptait de prendre les coups sans les rendre (…) Jamais encore je n’avais vu un tel coup d’œil, une telle virtuosité dans les changements de pied. En vitesse pure, certains le battaient mais sur le plan de la résistance physique, il était le meilleur du lycée. Je suis sûr qu’il serait devenu un très grand coureur de fond"
Dominique le considèrera comme un second père.

Pour se faire une idée de son talent précoce, il suffit de regarder ses statistiques de l'époque:
Saison de football 1969-70
Royan: 51 buts en 14 matches
Étaules (championnat): 84 buts en 21 matches
Étaules (coupe): 4 buts en 1 match
Total: 139 buts en 36 matches. Presque 4 buts par match !

En 1971, Rocheteau est déjà la star des plages charentaises !

Garonnaire le visionnaire
L’inépuisable Pierre Garonnaire (à qui on a souvent reproché d’aller chercher un peu loin ce qui se trouvait peut être à ses pieds) ne tarde pas à découvrir Dominique Rocheteau. En juin 1971, il assiste à un concours de jeunes footballeurs. Domi ne se classe que onzième. Pourtant, le dénicheur de talents stéphanois ne note qu’un nom dans son carnet "top secret", avec une simple mention: "Rocheteau: Dribble exceptionnel".

Un mois plus tard, Dominique effectue un stage chez les Verts. Il n’est pas convaincu, il se trouve trop jeune et souhaite rester encore un peu avec cette famille qui compte tant pour lui et qui vit si loin de Saint-Étienne. Il décide d’attendre encore un an.
Mais le 10 août se déroule une scène qui va tout bouleverser: "Garonnaire était venu nous voir en août. Nous avons déjeuné tous ensemble avec mes parents, et nous nous étions mis d’accord pour que je parte l’année suivante. Sur ces entrefaites arrive le vice-président du club de la Rochelle qui fait une sortie extraordinaire à Garonnaire, le traitant de tous les noms ! Ils se sont engueulés devant nous. Nous étions très gênés. C’est ce qui m’a décidé à partir tout de suite. J’avais été très choqué du comportement de mon dirigeant: je ne voulais plus retourner à La Rochelle. J’ai signé à l'ASSE".


Rocheteau arrive tout minot à Saint-Etienne et a tout à prouver

De la rue Jean-Baptiste David au stade Geoffroy-Guichard
Rue Jean-Baptiste David, l’ASSE met un appartement à la disposition des jeunes stagiaires. Dominique veille jalousement sur son bien le plus précieux que personne ne touchera: un tourne-disques à changeur automatique (Get Back, He Jude, Revolution… vaudront bientôt aux jeunes occupants de l’appartement des coups aux murs de la part de leurs voisins).

Cohuet, Olivain et Pêcheur (et Merchadier quelques semaines) partagent le F3 avec le jeune Charentais: "Nous habitions dans un appartement en ville, livrés à nous-mêmes. J’avais 16 ans et jusque-là toujours mené une vie de pensionnaire. J’étais en outre le seul à poursuivre des études, à aller au lycée. Je ne côtoyais donc pas les professionnels. Je participais à l’entraînement des amateurs, le soir, et dans la journée j’allais au lycée du Portail Rouge. Tout cela a duré deux ans. J’ai fait ma première et ma terminale. Je travaillais correctement mais je me suis rendu compte qu’il était trop difficile de mener les deux parallèlement. La seconde année, je ne travaillais pratiquement plus au lycée, je n’avais qu’une envie: m’entraîner avec les professionnels afin de saisir ma chance (…). Je me suis fait coller au bac avec une note éliminatoire en maths".
Il est clair que la vie menée rue Jean-Baptiste David n’arrange pas les choses. Les jeunes garçons mènent la vie anticonformiste de l’époque: cinéma d’art et d’essai, littérature, rock…


Le rock est une passion qui ne quittera jamais Rocheteau (photo l'Équipe)

Chez les Bleuets
Le 28 mai 1972 marque sa première sélection nationale. Les juniors tricolores emportent le tournoi de Dunkerque. Il se découvre à ce moment-là des atomes crochus avec Michel Hidalgo qui dira déjà de lui qu’il "est un ailier droit anti-conventionnel, toujours efficace et dangereux"
En 1973, au tournoi de Duisbourg, suite à de nombreuses blessures, Domi passe d’ailier droit à avant-centre de l’équipe de France des juniors. Il marque but sur but et est sacré meilleur joueur sur le terrain.


Dominique Rocheteau se cherche encore un look en 1973 (photo l'Équipe)

Le Bataillon de Joinville
Dominique apprend l’humilité à Saint-Étienne. Il prend conscience que dans une grande équipe, rien ne doit jamais être laissé au hasard. Ses futurs partenaires l’accueillent et l’encouragent. Rocheteau est d’une maturité exemplaire: il ne peut pas couper au service militaire, alors plutôt que celui-ci devienne une entrave à un moment de sa carrière, il décide de devancer l’appel.

Il incorpore le Bataillon de Joinville en juin 1973. De nombreux Stéphanois lui ont chauffé la place lors de la précédente vague (Lopez, Santini, Repellini, Synaeghel, Sarramagna et Patrick Revelli) et ont marqué de leur empreinte le bataillon. Guy Briet, l’entraîneur bourguignon a même déjà été présenté à Rocheteau par Bathenay. Il décide de lui donner un surnom méditerranéen: Doumé. Il se chargera de l’endurcir, car le jeune Charentais semble trop gentil avec ses adversaires. Six, Rust, Delestre et Laposte sont ses compagnons d’armes.

Hélas ! Le soir du 19 avril 1974, Dominique est gravement blessé... à Gerland. Il ne restait que dix minutes de jeu. Dix minutes qui coûteront un an de calvaire au jeune ailier stéphanois. Il fait encore partie du contingent et le docteur Trillat, qui se chargera de remettre sur pied Rocheteau, sera scandalisé face aux lenteurs administratives qui ont laissé le Stéphanois souffrir plusieurs jours: "Qui est l’irresponsable qui nous a fait perdre trois jours précieux ???".
L’opération est un succès mais le ménisque est broyé. Par chance, les ligaments ne sont pas touchés. L’issue est incertaine. Pourtant, après seulement trois mois, il semble tiré d’affaire. Robert Herbin le réintègre à l’équipe pro mais en août, Dominique se claque. Puis un second claquage et une luxation au bras viendront compléter la série noire. Jusqu’en février 1975, le jeune footballeur va d’espoirs en désillusions. Il veut même tout arrêter à un moment. Il dira plus tard qu’il aurait éclaté plus tôt sans ces blessures. Il ne pourra en effet pas briller lors de l’épopée européenne de 1974-75 face à Split, Chorzow ou Munich.


Rocheteau à l'aube de la saison 1975-76,
prêt à se révéler au monde du football

Rocheteau éclate enfin !
Mais juillet 75 marque son grand retour ! Un match amical est organisé contre Leeds (malheureux récent finaliste défait par le Bayern en coupe d’Europe). Il entre en deuxième mi-temps alors que les Verts perdent 1-0. Après dix minutes de jeu, il entre et marque, lui le droitier, d’une frappe soudaine du gauche: "Je ne suis pas du tout gaucher, et à l’entraînement je suis mauvais de ce pied-là. Il n’y a qu’en match que je m’en sers efficacement."
Score finale: 4-1 pour les Verts !

Deuxième match amical contre les Uruguayens du Pénarol de Montevideo. Stéphane Kovacs, le sélectionneur roumain de l’équipe de France, est dans les tribunes. Il lance à la fin du match à Dominique: "On se reverra dans peu de temps."
Domi croit à une sélection en équipe de France Espoirs. Quelques jours s’écoulent quand Robert Herbin annonce de cette manière placide qui le caractérise: "Au fait, il y a trois sélectionnés dans l’équipe de France A: Jean-Michel Larqué, Christian Lopez... et Dominique Rocheteau"
Le jeune homme a 20 ans depuis six mois. Il court au téléphone apprendre la nouvelle à ses parents !

Durant les quelques mois qui suivent, Rocheteau brille, tant avec les Verts qu'avec les Bleus. C'est à cette époque qu'il accepte aussi enfin de mettre des protège-tibias. Il n’aime pas ce qui sonne comme une entrave à sa liberté mais à force de coups, il doit bien s'y résoudre. Depuis qu’il est arrivé au club, Jean-Michel Larqué est pour lui un modèle, un supporter, un compagnon de chambre quand l’ASSE se déplace.
Dominique Rocheteau se révèle sportivement et médiatiquement. Son beau minois ne laisse personne indifférent et son style de jeu non plus. Le garçon semble romantique, posé, mystérieux et intelligent. Il n'en fallait pas plus pour en faire un sex-symbol: il gagne le surnom de l'Ange Vert qui ne le quittera plus jamais...


L'Ange Vert fait ses grands débuts internationaux face à l'Islande en 1975

Du sang, de la sueur et des larmes...
Kiev arrive...
Kiev, ou du moins Sebastopol, cette ville de laquelle l’ASSE aurait pu revenir avec une valise. Par chance, les Verts ne perdent "que" 2-0. Il faudrait réaliser un exploit à la maison pour se qualifier mais les garçons ont envie de revanche.

Tous les ingrédients sont là pour assister à une vraie représentation théâtrale dont tous espèrent un rebondissement heureux. Ce soir de mars 1976 marque en effet un nouveau tournant dans l’histoire de l’ASSE.
Dominique joue blessé, sans en parler à Herbin. Il a mal, mais quand il entre sur le terrain: "Je me suis aperçu d’une chose. Le fait d’entrer dans un match pareil, la foule, la tension et on devient presque insensibilisé à la douleur."

Les Stéphanois attaquent pied au plancher. Les Soviétiques commencent à douter. A la mi-temps pourtant, malgré une domination à sens unique, le score est toujours de 0-0. Or les médecins ont fixé les limites de cette mi-temps à Dominique. Tant pis, ce dernier continue à jouer.  Et puis Saramagna est remplacé par Patrick Revelli. Domi ne peut plus faire machine arrière, personne ne sait qu’il a mal.


Rocheteau sera l'un des héros du mythique match contre Kiev

Les Stéphanois dominent outrageusement mais Blokhine, le Ballon d'Or, s'échappe à l'heure de jeu, il va marquer et réaliser le hold-up parfait...
"Je me dis "C’est foutu". Au lieu de ça, c’est nous qui marquons (...). Après le coup-franc fabuleux de Jean-Michel, nous nous comportons comme des dingues. (...) Je suis sûr qu’on va marquer un troisième but tout de suite. Le plus vite possible, car j’ai mal, de plus en plus mal, quel tourment quand je vois Jean-Michel être remplacé. Au même instant, je comprends que je n’ai plus le droit de laisser les copains. Je me dis: "C’est fou. Tu es blessé, tu entres pour jouer un quart d’heure et tu vas tenir 120 minutes"
J’ose avouer à Robby: "Je ne peux plus". Il me lance: "Tu restes devant et tu attends le ballon". Les spectateurs sont déchaînés et moi qui me mets à boîter. (...) Ils crient mon nom mais Rocheteau y en a plus. Il est mort, Domi !
Il est mort mais il marque un but, le but, le but qui surpasse tous les autres. Ce travail de Patrick sur l’aile, fabuleux, et ce Machpi, comme il a magnifiquement coupé, et cette balle qui m’arrive à terre, avec une précision ! J’ai vu venir le coup, le but. Il est impossible que je rate. Je mets au second poteau, de l’intérieur du pied droit. Est-ce que j’ai seulement souffert pour courir sur ce ballon, pour m’arracher du sol ? Non ! Je n’ai plus rien senti"

L'image de Rocheteau, pourtant perclus de crampes, qui court et hurle après le 3e but du match, reste gravé dans la mémoire collective du football français.
Après le match, Domi court se réfugier dans les vestiaires, pour être seul: "Je pleure. Oui, du sang de la sueur et des larmes, c’est vrai ! Herbin arrive tout de suite après moi. Il m’embrasse, cet insensible"


Décisif en prolongations, Rocheteau oublie
toute sa douleur pour exprimer sa joie

... et surtout des larmes

- "Alors cette jambe ? demande Robby en ce soir du 12 mai 1976
- Ça va tout de même mieux, répond Domi. Je me sens capable de jouer un quart d'heure, une demi-heure"
C'est la finale. Mais Dominique s’est claqué contre Eindhoven quelques semaines plus tôt. Le docteur Poty l’a envoyé à Étaules, pour se reposer auprès des siens. Il en a besoin car Eindhoven, c’est aussi le drame survenu au match retour, lorsqu'un supporter stéphanois s'est fait broyer par l’hélice de l’avion qui a reconduit les joueurs à Saint-Étienne. Certains joueurs ont entendu un bruit, Dominique, lui, a vu le corps sans vie de cet homme...

Cette blessure est un véritable handicap pour Robert Herbin. Devant, Patrick Revelli jouera à droite, Hervé Revelli au centre et Sarramagna à gauche. Robby décide de faire rentrer Rocheteau huit minutes avant la fin du match... Huit minutes durant lesquelles les Allemands du Bayern ne sauront plus où donner de la tête devant les assauts du feu follet stéphanois. Et que se serait-il passé si Domi était entré encore sept minutes plus tôt ?

Les Verts seront reçus à l’Elysée. C’est le lendemain de la défaite, les Champs-Élysées sont... Verts de monde !
L’ancien grand avant-centre, Président de la République pour l'heure, lui demande comment va son pied... et lui pose la traditionnelle question: "Pourquoi si tard ?" 

Tout cela a un goût trop amer pour Domi. Les Verts et lui seront pourtant de nouveau sacrés champions de France.
La saison suivante, ils échoueront au stade des quarts de finale… lors de ce fameux match contre Liverpool.

Huit minutes, bien trop peu pour renverser la
vapeur face à Horsmann et Hansen

L’aventure parisienne
Mai 1980. La génération de 76 s’est dispersée et Dominique signe au PSG. Robert Herbin a tenté de le retenir mais Rocheteau n’est plus à Saint-Étienne depuis déjà un an. Il s'est lassé. De l’aile, il passe au centre, ce qu’il souhaitait de longue date. Son entraîneur, l'ancien Vert Georges Peyroche, lui fait confiance pour ce nouveau poste et Dominique ne le lui fait pas regretter. Il a aussi un président, Francis Borelli, qu’il admire et respecte. Le nouvel avant-centre parisien remporte la Coupe de France à deux reprise (1982 et 1983) et une fois le titre en 1986. C'est lui qui saborde les espoirs stéphanois lors de la finale 1982, égalisant à la 120e minute (2-2) pour arracher les tirs au buts qui amèneront son premier titre au club de la capitale.

Il profite aussi de son statut de buteur en titre pour briller durant les Coupes du Monde 1978, 1982 et 1986. Il est de toutes les campagnes de Michel Hidalgo et Henri Michel, remportant notamment son unique trophée international, le seul de la France à l'époque: le Championnat d'Europe des Nations en 1984.


Rocheteau, ici face à Lopez et Larios, fait les beaux
jours du PSG à partir de 1980 (photo Paris Canal Historique)

Fin de carrière... et reconversion
A l’heure où l’âge de la retraite approche pour lui, Dominique décide de changer d’air. Après 7 ans de bons et loyaux services au PSG, il décide de rejoindre un jeune entraîneur et néanmoins vieille connaissance qui fait ses premières armes à Toulouse: Jacques Santini. Toulouse possède ce qu’il souhaitait: de jeunes joueurs à qui transmettre son expérience, une pression médiatique supportable et un club engagé en coupe d’Europe. Il y passera deux ans. Deux saisons avec le sentiment du devoir accompli.



La carrière de Rocheteau en un clin d'oeil

Devoir accompli mais pas terminé. Rocheteau ne coupe jamais vraiment avec le milieu du football: membre du Variété Club de France, agent de joueur, expert sollicité dans les médias, parrain d’une section d’Associés Supporters, organisateur de stages de football en Vendée, créateur et conseiller technique bénévole d’une académie de jeunes au Vietnam… L’Ange Vert reste toujours présent dans le milieu, obtenant même en 2003 le poste de président du Conseil National de l’Ethique. Malgré des intentions louables ("mettre en avant le respect de soi-même, des arbitres, de l’adversaire, du jeu en général en ayant toujours à l’esprit une notion de plaisir"), cette expérience reste très mitigée: ce CNE sans moyen et aux possibilités de sanctions réduites ressemble alors à une coquille vide.

Ce n'est finalement qu'en 2010 que l’ancien joueur star du club étoilé revient sur les lieux de ses premiers exploits: "Il n’était pas prévu que je revienne à Saint-Étienne. Les dirigeants m’ont appelé à la fin du championnat. Cela ne s’est pas fait tout de suite car je suis parti au Mondial en Afrique du Sud où j’étais consultant pour Radio France. Il a fallu que je compose avec mes autres activités. Ce n’était pas évident. Mais je m’investis de plus en plus au club".
Au départ conseiller du président, ses attributions s’élargissent progressivement (formation, post-formation, recrutement, lien avec les supporters, vice-président du conseil de surveillance, directeur sportif…) au point de faire de lui l’un des piliers de l’ASSE, quelque part entre Roland Romeyer et Christophe Galtier. Ce dernier déclare d’ailleurs: "Il apporte de la sérénité, du calme, le fait de ne pas prendre de décisions trop rapidement et de tout bien analyser".

Quoi qu’il en soit, son retour au club coïncide avec le renouveau des Verts, après deux saisons à lutter pour le maintien. L'ASSE flirte à nouveau avec le haut du classement, occupe temporairement la première place, remporte enfin un titre, s'installe dans le top 5... Puis l'arrivée de Frédéric Paquet le relègue un peu dans l'ombre qu'il aime tant en 2018 ant de carrémen le pousser à la retraite un an plus tard.
Et comme cet évènement constitue le point de départ de l'impressionnante dégringolade de l'ASSE, on peut se demander après coup si l’Ange Vert n'était pas devenu son ange gardien...


Dominique Rocheteau est de retour à la maison en 2010

Sources 
Rocheteau - Georges Dirand/Pierre Joly, Calmann-Levy,1976
Glasgow 76, le défi des Verts - Jean-Claude Hallé , l’Aventure Vécue, Flammarion