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Une décennie en Vert, trois autres sur le banc...
Christian Sarramagna voit le jour le 29 décembre 1951 à Bayonne. Il ne pouvait donc pas manquer d’être allergique aux Olympiques de tout poil… De l’Aviron Bayonnais où il fait ses premières armes à l’ASSE qu’il rejoint à 17 ans, il prend donc soin d’éviter la crise d’urticaire.
En 1968, comme d'autres illustres futurs partenaires, le jeune Christian remporte le fameux concours du meilleur footballeur. Pierre Garonnaire vient le voir et lui demande:
"-Tu viens d'où, petit ?
- De Bayonne, m'sieur.
- On joue au foot, là-bas ?" Oh oui, et pas qu'un peu !
Ses années de formation dans le Forez coïncident avec la première période de domination de l’ASSE sur le football hexagonal. Elles coïncident aussi avec une politique sportive qui fait de la formation la pierre angulaire de l’édifice stéphanois. Les résultats de l’équipe fanion ne sont cependant pas faits pour faciliter la tâche aux jeunes: beaucoup d’appelés et peu d’élus. Il n’est en effet pas évident d’intégrer un groupe qui après avoir assis sa domination sur le championnat de France est en train de se hisser au niveau des plus grands clubs européens.
Le jeune Sarramagna à ses débuts avec l'ASSE en 1970 (photo L'Équipe)
Christian Sarramagna parvient néanmoins à faire son trou. Ce pur gaucher, ailier à la technique irréprochable, intègre ainsi l’effectif professionnel dès 1970, juste après son premier titre: la Coupe Gambardella, remportée face à l'OL de Raymond Domenech.
Sa remarquable qualité de centre ainsi que sa force de frappe n’y sont évidemment pas étrangères. Christian n’a pas l’instinct du buteur (30 buts sous le maillot vert pour 162 matches disputés, dont 7 penalties) mais sa capacité à éliminer et à délivrer des centres parfaits amènera Albert Batteux puis le Sphinx à le titulariser régulièrement sur le flanc gauche de l’attaque stéphanoise.
De ses huit années de professionnalisme à Saint-Étienne, on peut retenir trois titres de Champion de France, trois Coupes de France et, last but not least, une finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions.
Sarramagna s'impose dans les airs en finale de
Coupe de France 1975 face à Lens (photo le Progrès)
Hampden Park… Parlons-en ! Bathenay, Santini, les poteaux carrés, rares sont les supporters stéphanois à ne pas avoir en tête ces images. Cependant, celui qui faillit être sacré Roi des Verts ce soir là, ce fut plus sûrement Christian Sarramagna. Non seulement son activité côté gauche mit au supplice l’arrière-garde bavaroise (avec en point d’orgue le centre sur la tête de Santini) mais il fut surtout le troisième homme de la Maudite Trinité des occasions manquées: nous sommes en deuxième période, le score est toujours vierge et un débordement côté droit estampillé Patrick Revelli se termine par un centre au premier poteau. Sarramagna, dans une attitude étonnamment moderne, devance toute la défense munichoise et place un coup de tête au ras du poteau sous les yeux médusés d’un Sepp Maïer battu et d’un Kaiser qui ne parvient plus à cacher son agacement. Le ralenti montrera que ce manque de précision est probablement dû au fait que c’est de l’épaule et non de la tête que Sarramagna a frappé la balle. Mais peu importe. Roth est déjà sur le point de s’élancer. La roue a tourné.
Christian Sarramagna manque le coche devant
le Bayern d'Udo Horsmann (photo L'Équipe)
Le parcours ligérien de Christian Sarramagna ne s’arrête pourtant pas à Glasgow. Après un troisième titre de Champion de France obtenu à la fin de cette même saison 1975-76, Christian en passera encore trois sous le maillot vert et ramènera notamment dans le Forez ce qui est à ce jour le dernier trophée de vainqueur de la Coupe de France remporté par l’ASSE (face à Reims en 1977).
Puis en 1979, c’est le départ. Suivront trois saisons à Montpellier où il est titulaire indiscutable, sans toutefois jamais plus côtoyer les sommets et à l’issue desquelles il met un terme à sa carrière de footballeur professionnel, en 1982.
Un Sarramagna en fin de carrière au Montpellier Paillade (1981)
Christian Sarramagna ne quitte pas le milieu du football pour autant. En effet, il se lance immédiatement et pour plus de 30 ans dans le difficile métier d’entraîneur. Après deux expériences d'entraîneur-joueur en amateur au Grau du Roi (lieu de villégiature prisé par les Stéphanois en vacances) et à Pont-Saint-Esprit où il atteint notamment les 16e de finales de la Coupe de France, il rejoint rien moins que l’ASSE pour ses grands débuts d'adjoint en D1, en 1987 aux côtés de Robert Herbin, de retour dans le Forez. Mais la grande épopée est loin derrière et les résultats ne suivant pas, le Sphinx décide de jeter l'éponge et de laisser les rênes à son poulain. Sarramagna dispute ainsi sa première saison de coach de D1 en 1990 et pour deux saisons. Il ne fera pas vraiment mieux que Herbin (13e et 10e) et s'engagera alors pour Martigues, à l'étage inférieur, abandonnant sa place à son ancien compère Jacques Santini.
Retour mitigé en tant qu'entraîneur à l'ASSE en 1990
Cette fois, c'est un franc succès, le club provençal a beau être désargenté, Sarramagna le conduit au titre de Champion de D2 et pour la première fois de son histoire, à l'élite. Bien sûr, la saison 1993-94 en D1 est compliqué mais le FC Martigues, bien que 18e, est sauvé de la relégation par la rétrogradation de l'OM pour cause de match truqué. C'est sur ce bilan flatteur mais éphémère que Christian quitte la Provence pour les Ardennes.
Sarramagna (debout à droite) mène le
petit club de Martigues vers la D1 en 1993
En effet, la tenue d'entraîneur de D1 est un peu grande pour lui et Sarramagna s'épanouit au contraire dans les clubs plus modestes. Son parcours va alors l'emmener à Sedan, à Mulhouse, à Bayonne bien sûr où il avait été pré-formé, à Sète, à Chateauroux... Mais on ne le reverra plus prendre place sur un banc de l'élite.
Plus insolite, il développe à la fin du siècle une attirance pour l'Afrique: d'abord sélectionneur du Mali en 1998 puis une seconde fois en 2006, il rejoint le CS Hammam Lif en Tunisie, après avoir longtemps été pressenti à la JS Kabylie. Il y reste jusqu'à la fin de son contrat à l'été 2013 malgré des résultats décevants.
Et puis en juillet 2014, il devient directeur sportif du Stade Olympique de Cholet (CFA 2), club dont il devient même entraîneur un an plus tard. Oui, entraîneur d'un club olympique ! La preuve que sa longue histoire d'amour avec le football vaut plus que les rancoeurs du passé.
L'aventure ne durera que deux ans toutefois avant un retour bénévole dans l'encadrement sportif de son cher Aviron Bayonnais en 2017. Bénévole car à 65 ans, Sarra peut enfin jouir d'une retraite bien méritée... au fil de l'eau sans doute !
Sarramagna (à droite) avec les dirigeants du SO Cholet en 2014
Palmarès de Christian Sarramagna
En tant que joueur:
4 titres de Champion de France (1970-1974-1975-1976)
4 Coupes de France (1970-1974-1975-1977)
1 Coupe Gambardella (1970)
264 matches professionnels (46 buts)
4 sélections en équipe de France de 1973 à 1976
9 matches en Coupe d’Europe (1 but)
En tant qu'entraîneur:
1 titre de Champion de D2 (Martigues 1993)
1 titre de Champion de DH (Bayonne 2002)
2 titres de Champion de CFA 2 (Bayonne 2003-2004)
1 Coupe d'Aquitaine (Bayonne 2002)
Sarramagna durant l'épopée des Verts
L'avis de Robert Herbin sur Christian Sarramagna en 1976: "Il a traversé des périodes noires, mais j’espère que maintenant tout est terminé. C’est un vrai gaucher, un ailier qui ne cesse de progresser, et si je dois lui faire un reproche, c’est de ne pas utiliser assez son exceptionnelle frappe du gauche pour tirer au but. Il devrait causer des ravages"