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Homme de terroir, même si sa carrière l’a beaucoup fait voyager, Jacques Santini a gardé des traits caractéristiques des gens de l’est: discrétion, altruisme, travail, abnégation et honnêteté. Autant de qualités qui ne pouvaient que lui permettre de réussir sous le maillot vert...
Jacques Santini voit le jour le 25 avril 1952 à Delle (Territoire de Belfort). Il fait ses premiers pas de footballeur à Fesches (25) entre 1964 et 1969 mais par la suite, il effectue quasiment toute sa carrière professionnelle à l’AS Saint-Étienne, dont il porte les couleurs entre 1969 et 1981. Santini connaît ainsi les grandes heures de l’Épopée des Verts, avec lesquels il remporte 4 championnats de France (1974, 1975, 1976 et 1981, cette dernière année avec Michel Platini, devenu l’un de ses proches depuis) et deux Coupes de France (1975 et 1977).
La carrière de Jacques Santini en un clin d'oeil. Cherchez l'intrus...
D'abord considéré comme un joueur d’appoint par Robert Herbin, il doit d'abord composer avec la concurrence de l'emblématique Georges Bereta et d'une grave blessure qui le prive presque totalement de la saison 1973-74 et donc de la Coupe de France qui va avec (laquelle ne figure du coup pas à son palmarès). Il gagne ses galons de titulaire durant la grande épopée de 1975-76 et est l'un des acteurs de la fameuse finale de mai 1976 contre le Bayern. Acteur malheureux puisque sa tête s'écrase sur la barre transversale carrée d'Hampden Park.
Foutus poteaux carrés...
Il joue au total, près de 330 fois sous la prestigieuse tunique (dont 259 en D1) pour 50 buts inscrits tout rond. Il signe 6 doublés dans sa carrière et uniquement lors de victoires, faisant de lui un élément décisif. Lors de ses 32 matches européens avec les Verts (12 en Coupe d’Europe des Clubs Champions, 2 en Coupe des Vainqueurs de Coupe, 8 en Coupe Intertoto et 10 en Coupe de l'UEFA), il est d'ailleurs l’un des buteurs du fameux 6-0 contre le PSV Eindhoven (1979-80).
Lors de son ultime match avec les Verts, la finale de la Coupe de France 1981, il marque sur penalty face à Bastia mais les Verts s'inclinent 2-1.
Ultime match (et but) de Santini sous le maillot vert: ASSE-Bastia 1981
Loulou Nicollin, grand collectionneur d’icônes vertes devant l’éternel, lui offre une fin de parcours au Montpellier la Paillade, de 1981 à 1983. Il y goûte même pour l’occasion, aux joies de la D2.
De 1983 à 1985, Jacques Santini entame une reconversion comme entraîneur-joueur avec le club amateur du CA Lisieux, en Division 3. Mais déçu de ne pas avoir vu la Vierge, il retourne dans l’impitoyable monde professionnel. De 1985 à 1989, il est ainsi sur le banc du Toulouse FC.
Le début d'une longue carrière de technicien
Puis, de 1989 à 1992, il prend la direction du Nord, au LOSC. Il revient à son club formateur en 1992 pour remplacer un autre ancien vert: Christian Sarramagna. Il y restera jusqu’à décembre 1994, où il est débarqué et remplacé par son adjoint de l’époque: Elie Baup. Depuis ce jour, les deux hommes sont d'ailleurs toujours fâchés (Baup est d'ailleurs en froid avec Antonetti pour la même raison...)
Santini expliquera cette discorde lors d'une interview donnée au Progrès vingt ans plus tard: "J’avais lancé une nouvelle génération qui fut par la suite très performante dans les autres clubs. Mes amis me disent que si j’étais resté, peut-être que l’ASSE aurait été à la place de Lyon bien avant et n’aurait pas attendu plus de trente ans avant de gagner quelque chose. Surtout qu’à cette époque j’étais seul. Jean-Michel Larqué ne m’a pas suivi, Elie Baup a tout fait pour me faire virer. J’ai prouvé ailleurs ce dont j’étais capable lorsqu’on me soutenait"
Santini sur le banc de l'ASSE en 1992 (photo l'Équipe)
Jacquot rejoint alors le FC Sochaux-Montbéliard jusqu’en juin 1995. Après une saison sans club, il est nommé directeur technique de l’Olympique Lyonnais en 1997, club dont il devient l’entraîneur de 2000 à 2002. Il signe l’exploit incommensurable de faire de l’OL un champion de France en 2002, brisant ainsi net un mythe. Il avait par ailleurs également gagné une Coupe de la Ligue en 2001 avec les Vilains.
Coupet et Santini font de bien vilains champions de France en 2002
Après l’échec des Bleus lors de la Coupe du Monde 2002 en Asie sous les ordres de Roger Lemerre, il est nommé en août de la même année sélectionneur de l’équipe de France. Il parvient à remporter la Coupe des Confédérations en 2003 et qualifie facilement les Bleus pour la phase finale de l’Euro 2004 au Portugal. Fort de ce bilan, il souhaite obtenir une prolongation de son contrat au-delà de cet Euro, tandis que la Fédération souhaite attendre les résultats de l’Equipe de France au Portugal avant de lui renouveler sa confiance. Santini prend alors tout le monde de vitesse, une fois n’est pas coutume, en annonçant quelques jours avant le début de l’Euro sa signature dans le club anglais de Tottenham pour la saison 2004-05.
Un bilan en Bleu très honorable plombé par une seule défaite
Bien lui en prend: à l’Euro, les protégés de Santini ne brillent pas. Après un premier tour laborieux, ils se font éliminer 1-0 en quart de finale par la Grèce, futur triste vainqueur de la compétition. Son bilan chiffré à la tête de la sélection ne comporte pourtant que deux défaites (contre la Grèce donc et face à la République Tchèque) pour 4 nuls et 22 victoires, en 28 matches. Certains de ses succès (3-0 en Allemagne, 3-0 contre la Yougoslavie, 2-1 contre l’Angleterre) restent d'ailleurs des références pour les Bleus durant plusieurs années. Toujours fidèle à ses idées, Santini n’est pas homme à accepter des compromis (en témoigne l'épisode Anelka).
Rendu bien plus médiatique, Jacques Santini est alors décrit par les journalistes comme un mystère. En effet, plus encore que ses prédécesseurs Aimé Jacquet et Roger Lemerre, Santini est rétif à parler aux journalistes et parvient à éluder les questions gênantes. Les Guignols de l’Info caricaturent ce trait en faisant de lui une personne franche, mais qui parle très lentement, popularisant ainsi le "Jeu du Santini" où il s'agit de deviner le prochain mot énoncé par l'ex-sélectionneur. Le parisianisme de certains journaux ne l’épargne guère. Pourtant, de l’avis de nombreux joueurs qui l’ont cotoyé, l’ancien joueur et entraîneur des Verts est d’une droiture sans égale ainsi qu'un véritable homme de principes.
C’est Raymond Domenech qui lui succédera à la tête des Bleus.
Le fameux jeu du Santini cher aux Guignols de l'Info
Lui rejoint donc les Spurs. Mais son aventure outre-manche est brève. Moqué pour son anglais approximatif, il démissionne de son poste après seulement cinq mois et 13 matches à la tête de l’équipe suite à des rapports difficiles avec Franck Arnesen, manager du club. Le 8 juin 2005, il remplace Guy Roux au poste d’entraîneur de l’AJ Auxerre.
L'AJA passe avec lui de la 8e à la 6e place du championnat, ce qui lui permet de jouer l'Intertoto. Pour autant, Jacques Santini annonce qu'il quitte le club bourguignon en mai 2006.
En 2008, il refuse plusieurs propositions, dont celles de l'équipe nationale de Tunisie (désaccord sur la date du contrat et sur son adjoint qu'il voulait français alors que la fédération tunisienne le voulait local) et d'un club écossais. Il se fait oublier un temps et ce n'est qu'en 2010 qu'il revient à son plus grand amour: l'ASSE.
Santini à Saint-Étienne en 2010
Il est en effet nommé en tant que Président de la commission sportive du club. Mais ces re-retrouvailles sont de courte durée puisqu'il démissionne à peine quelques mois plus tard, à l'issue de la saison.
Il rejoint alors le RCL où il est censé jouer un rôle de conseiller auprès de l'entraîneur en poste, une vieille connaissance aussi de l'ASSE: Jean-Guy Wallemme. De nouveau, il s'agit d'un contrat de très courte durée puisqu'en janvier 2011, Wallemme est remercié et le contrat de Jacques Santini s'arrête au même moment.
Consultant pour Canal+, Jacques Santini finit par accepter en janvier 2013 un poste de manager général au FC Paris. Pour changer, ce sera une expérience qui sera de courte durée (seulement quelques mois) et à l'issue de laquelle il prendra une retraite bien méritée.
Son sens de la loyauté semble en effet ne plus coller à l'univers de ce sport si populaire et si rongé de l'intérieur par les mauvaises gens. Mais la question demeure: comment un homme si droit put-il réussir à ce point sous la direction d'un homme comme Jean-Michel Aulas ?
Utime brève aventure au Paris FC en 2013 pour Santini
Notre héros du jour a un fils, Stéphane qui en son temps, porta également le maillot vert. C'est d'ailleurs Santini père qui lance Santini fils dans le bain de la D1 au Stade de la Meinau en 1993. Stéphane a alors 20 ans.
Ce dernier restera quant à lui 5 saisons sous le maillot vert avant d'intégrer le FC Sochaux, un retour aux sources familiales (son père étant né, rappelons-le, dans le Territoire de Belfort).
Après différents clubs, il reviendra lui aussi dans le Forez, à Andrézieux-Bouthéon, pendant cinq saisons. En tant que joueur d'abord (2005-06), puis en tant qu'entraîneur des U18 (2006-07) et enfin en tant qu'entraîneur de l'équipe 1 (de 2006 à 2011).
En septembre 2012, il devient l'entraîneur de Compiègne (club de CFA) puis de Monts-d'Or Azergues (renommé depuis Goal FC) dans le Rhône. Par la suite, il se consacre à une carrière d'adjoint à Chasselay et à Béziers où il laisse la place à... Didier Santini, pourtant simple homonyme de cette illustre famille !
Stéphane Santini sous le maillot de l'ASSE en 1996 (photo L'équipe)
Désormais, le suspens reste entier: qui du père ou du fils re-re-reviendra le premier dans le Forez ?