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La pointe d'une éphémère attaque de rêve...
Handicapé par ses jambes rachitiques, son torse énorme et son mètre cinquante-deux, Henri de Toulouse-Lautrec comprit très vite qu'il devrait renoncer au football et que sa seule chance de caresser le cuir passait par la fréquentation assidue des maisons closes.
Né à Albi comme le peintre mais doté d'un meilleur physique, Gérald Passi choisit une autre maison pour commencer sa carrière de footballeur: chez "Loulou", le célèbre tenancier héraultais.
La carrière de Gerald Passi en un clin d'oeil
Lors de la saison 1981-82, Gérald fait ses grands débuts en pro. Il venait d'avoir 18 ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme. Mais Montpellier enfile les défaites comme des perles et termine bon dernier du championnat de D1, gagnant son ticket pour l'étage inférieur.
Dans une équipe à forte connotation "poteaux-carrés" (Sarramagna-Santini), Passi marque la saison suivante le premier but de sa carrière en Coupe de France, face au Club Franciscain. Lors de ses deux dernières saisons montpelliéraines, il progresse sous la direction de Robert Nouzaret et s'éclate aux cotés de Laurent Blanc et Kader Ferhaoui.
Gerald Passi devant Robert Sab lors d'un ASSE-Montpellier en 1984-85
A l'issue de la saison 1984-85, Passi rejoint Toulouse (mais pas Lautrec) où il retrouve Jacques Santini, le nouvel entraîneur du "Téfécé". Entouré d'anciens et de futurs Verts (Bellus et Lestage, Despeyroux et Delpech), Gérald goûte aux joies de la Coupe d'Europe: après avoir éliminé le Naples de Maradona, il réussit l'exploit de marquer trois buts au meilleur gardien du monde de l'époque, Rinat Dassaev. Le TFC s'impose 3-1 mais au match retour le Spartak Moscou inflige un tonitruant 5-1 à Passi et les siens...
Passi aura tout tenté face au Spartak Moscou (photo OldSchoolPanini)
Néanmoins, grâce à ses exploits dans la ville rose, Gerald élargit sa palette de couleurs et rejoint logiquement les Bleus. Sa première sélection, en avril 1987 face à l'Islande, coïncide avec le dernier match international de Michel Platini. Est-ce à dire que Gérald est le nouveau Platoche ? Pas si simple... Ses débuts sont encourageants, il marque 2 buts en match amical (contre la Suisse et l'Espagne) mais sa prestation fantomatique face à Chypre (1-1) en éliminatoire de Coupe du Monde sonne le glas de son sélectionneur Henri Michel mais également de sa carrière en équipe de France.
Première des 11 sélections de Passi: face à la Norvège en 1987
(photo OldSchoolPanini)
Passi gamberge, et c'est la lose à Toulouse suite au départ de Santini. Gérald rejoint Monaco à l'été 1990. Face à la mer, pas de Calogero mais Passi retrouve le moral et une équipe talentueuse (Djorkaeff, Weah), les Monégasques terminant à la 2e place du championnat derrière l'OM. Les deux équipes se retrouvent même en finale de Coupe de France: devant la tribune Auteuil, Passi marque à la dernière minute de la rencontre après un beau une-deux avec Ramon Diaz et remporte le premier (et le seul) titre de sa carrière. La saison suivante, Gérald Passi participe à la belle aventure européenne de Monaco, qui s'incline en finale de la Coupe des Coupes face à Brême, quelques jours après la tragédie de Furiani.
Passi (à droite) empoigne l'unique trophée de sa carrière:
la Coupe de France 1991 avec Monaco
Pourtant, lassé des casinos de la French Riviera, Passi ne rêve plus que du Géant Casino de Saint-Étienne. Il choisit donc de rejoindre les Verts et leur nouvel entraîneur qui n'est pas nouveau pour lui: Jacques Santini.
A l'image de l'équipe, Passi réalise une très belle saison 1992-93, il fait partie des points forts d'une équipe dotée de joueurs talentueux (Bell, Cyprien, Kastendeuch, Moravcik) et généreux (Despeyroux, Bouquet). Remarquable passeur, Passi est également buteur: il marque ainsi à 6 reprises lors de sa première saison stéphanoise. En février 1993, il ouvre le score à Gerland lors d'un derby que les Verts remportent 2-0. Face à l'OM, en quart de finale de la Coupe de France, Passi inscrit un but sur une action mémorable: Moravcik efface deux Marseillais côté gauche en faisant passer le ballon derrière sa jambe d'appui par une talonnade pour lui-même. Il sert ensuite Passi qui se trouve à l'entrée de la surface, légèrement à gauche de la cage. Ce dernier décoche alors une frappe violente qui touche la barre, rebondit juste derrière la ligne, puis remonte dans les filets derrière la barre.
Les Verts éliminent Marseille, mais échoueront ensuite aux portes de l'Europe, aussi bien en championnat (ils terminent à la 7e place du classement) qu'en Coupe de France (les Canaris éliminent l'ASSE à Geoffroy-Guichard en demi-finale).
Un but tout en finesse et en force brute
Là encore à l'image de l'équipe, Passi réalise une saison 1993-94 très moyenne. L'équipe dirigeante a changé, la dream-team voulue par le duo Guichard-Larqué déçoit et Gérald est blessé une partie de la saison.
Il joue 14 matches de championnat et ne marque que deux fois: contre l'AS Cannes de Lemasson, Ferhaoui et Priou et contre le TFC de Kastendeuch. Les Verts terminent à la 11e place, et Jacques Santini est remplacé par son adjoint, Elie Baup.
Gerlad Passi s'impose devant Maurice Bouquet
lors d'un ASSE-Martigues en 1993-94
Lors de la première journée de la saison 1994-95, Passi marque sur penalty son 9e et dernier but en vert, face à une équipe de Rennes composée notamment de Carteron, Ohrel, Lambert, Huard et Ribar. Après un début de championnat prometteur (4 victoires et 3 nuls lors des 8 premiers matches), les Stéphanois s'effondrent et Gérald ne veut pas voir ça. Confronté à des problèmes physiques, il demande un entretien à Michel Vernassa et l'informe qu'il souhaite mettre un terme à sa carrière. Afin d'alléger la masse salariale du club, le nouveau président des Verts répond favorablement à la demande de Passi: il le licencie, en lui accordant 800.000 F d'indemnités.
Passi quitte l'ASSE à l'automne 1994
Après avoir accepté le coût du saqué, Passi révèle son goût du saké et son amour Durix: il trompe le monde et part à Nagoya (Japon) en janvier 1995 pour rejoindre le Franck sus-cité, "Pixie" (Dragan Stojkovic) et Arsène Wenger, son ancien entraîneur monégasque. Il y jouera 25 matches et marquera 3 buts.
Après cette année au Japon, Gérald Passi met enfin un terme à sa carrière de footballeur pour réaliser son rêve: devenir designer. Diplômé du "Strate Collège Designers" d'Issy-les-Moulineaux (promo 1999), Passi s'établit à Annecy au début des années 2000, imaginant et conceptualisant des produits, notamment industriels, pour des marques et des sociétés.
Avec Durix et Wenger, Passi découvre
les joies du pays du soleil levant en 1995
Mais après quelques années et le lancement d'une société d'import-export, Gerald finit par céder à l'appel de la pelouse en intégrant la cellule de recrutement de l'ASSE en 2009: "Je n'avais pas tiré un trait sur le foot, disons plutôt que je m'en étais éloigné. Suite à des considérations d'ordre professionnel et familial, ma vie a un peu changé. Je me suis remis en question. J'ai eu l'opportunité de faire du recrutement de joueurs, ça m'a plu et je me suis réengagé dans cette voie-là".
Non reconduit à Saint-Étienne, il travaille un temps avec le club de Villaréal en Espagne pour finalement devenir recuteur de l'OGC Nice à partir de l'été 2013 puis de l'AS Monaco jusqu'à la pandémie de COVID de 2020.
Scout sur la Côte d'Azur, il y a pire ! Mais l'histoire ne s'arrête pas là puisque face à la mer, Passi se retrouve face au lac en rejoignant le FC annecy (L2) à l'été 2022.
Et si son prochain défi était de devenir entraîneur ?
Spécialiste en la matière, Passi à la Cité du Design de Sainté en 2011,
face à Patrick Revelli et Georges Bereta