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Une bonne bouille, une grosse frappe et de belles valeurs, joyeux anniversaire à Maurice Bouquet !


Né à Chadrac (Haute-Loire), Maurice Bouquet voit la vie en vert dès son plus jeune âge: mangeant dans son assiette Dominique Rocheteau, "Momo" se nourrit des exploits européens des Stéphanois. Spectateur du fameux match contre Kiev, Bouquet rêve de marcher sur les pas de ses idoles: "Je suis un enfant du Puy-en-Velay qui se trouve à 70km de Saint-Étienne et comme tous les gamins du coin, j'étais vert. Mon père m'amenait voir les matchs. Ce sont des sacrés souvenirs d'enfance". Au Puy-en-Velay, Momo démontre ses qualités de battant au milieu de terrain. A 16 ans, il fait ses débuts en troisième division avec le club ponot.


La carrière de Maurice Bouquet en un clin d'oeil

Mais les débouchés dans le 43 sont peu nombreux et le grand club voisin passe à côté de son talent. Le jeune Bouquet met donc le cap à l'ouest et rejoint le Véloce Vannetais, club breton évoluant également en D3. Ses prestations dans le Morbihan sont remarquées dans le Finistère aussi Momo rejoint en 1982 le club phare de la région: l'ambitieux Brest Armorique, qui a rejoint l'élite du football français la saison précédente.
Maurice gardera de très bons souvenirs de ses 9 années brestoises. Dans ce club familial, il progresse au contact d'internationaux sud-américains (Roberto Cabanas, Julio Cesar, Jose-Luis Brown, Sergio Goycochea) et de futurs joueurs de l'équipe de France: Bernard Lama, Paul Le Guen, Vincent Guérin, Corentin Martins, David Ginola, Stéphane Guivarc'h.
Mais la longue aventure brestoise de Momo finit mal: plombé par sa trésorerie opaque et désastreuse, le club présidé par François Yvinec est rétrogradé en deuxième division. Maurice Bouquet entame la saison 1991-92 en D2 puis le club fait faillite en décembre et est donc rétrogradé en D3, une division qui lui colle décidément à la peau...


Bouquet sous le maillot brestois face au FC Metz en 1986

Heureusement, Momo n'a pas le temps de gamberger trop longtemps: le président de l'ASSE, André Laurent, lui propose de rejoindre les Verts. Malgré les propositions financièrement plus intéressantes de Lille et Auxerre, Momo n'hésite pas une seconde à rejoindre le club de son coeur. C'est à Rennes qu'il joue son premier match sous le maillot vert. La semaine suivante, il réalise son rêve de gosse en jouant à Geoffroy-Guichard. Au bord des larmes, Momo se souvient bien de ce premier match à domicile, disputé dans le brouillard contre Caen. Apprécié par l'entraîneur Christian Sarramagna, Maurice Bouquet mouille le maillot et est donc très vite adopté par le public stéphanois. Titularisé au milieu de terrain aux côtés de Moravcik, Mège et Chaintreuil, il se défonce sur le terrain et les Verts terminent la saison 1991-92 à la 10e place du classement.

A l'intersaison, Jacques Santini revient dans le Forez pour remplacer Sarramagna au poste d'entraîneur. D'emblée, le courant ne passe pas entre Jacquot et Momo. Mais ce dernier ne se décourage pas et marque contre Toulouse un but d'anthologie: sur une frappe des 30 mètres d'une puissance robertocarlesque qui vient se ficher dans la lucane droite de l'infortuné Pédemas, Momo inscrit le but de la victoire deux minutes après son entrée en jeu.


Le fabuleux but de Maurice Bouquet lors de ASSE-TFC (3-2)

Hélas, Santini reste insensible à cette action de Bouquet, sans doute trop belle pour lui... Titulaire les cinq premières journées, Momo est relégué sur le banc et ne fera plus qu'une dizaine d'apparitions en cours de match.
Le journaliste Benjamin Danet expliquera plus tard les raisons de cette mise à l'écart: "Aux premières heures du mois de septembre, André Laurent s'est proposé de faire signer à Bouquet un contrat de longue durée pour qu'il puisse s'occuper du centre de formation à l'issue de sa carrière. Parue dans Le Progrès, l'information avait modifié l'attitude de Santini. Il ne lui adressait quasiment plus la parole. Oublié pour le dépacement au Havre, remplaçant lors du derby contre l'Olympique Lyonnais, Bouquet semble condamné. Pire, ses rapports avec Jacques Santini se dégradent à nouveau lorsque ce dernier apprend avant tout le monde qu'il vient de présenter Charly Chaker à André Laurent"


Le but inscrit face à Toulouse aura été l'unique
de Bouquet en Vert (photo Le Progrès)

Momo connaît une année noire comme une caisse: il se blesse au psoas iliaque sur une frappe et est indisponible toute la fin de saison. Sur le terrain, les Verts affichent leurs ambitions européennes. Mais dans les coulisses, le funeste duo Larqué-Guichard fourbit ses armes. Jean-Mimi défouraille à l'occasion du Téléfoot du 6 juin 1993, à quelques heures de la demi-finale entre Saint-Étienne et Nantes. Scandalisé par l'attitude de l'ancien meneur de jeu stéphanois, Momo téléphone à André Laurent pour le soutenir et lui annoncer la future défaite des Verts. Ses prédictions se confirment, et Momo est contraint à quitter le club suite au départ d'André Laurent. Triste Bouquet final !

Aujourd'hui encore, Momo éprouve une certaine amertume en repensant aux circonstances de son départ. Il garde toutefois de bons souvenirs de ses anciens coéquipiers, notamment Gérald Passi, Lubomir Moravcik et Sylvain Kastendeuch. De son passage à Sainté, il retient avant tout "le contact extraordinaire avec les supporters". On l'aperçoit également comme intervenant sur la VHS du mythique documentaire "L'Épopée des Verts".
Comme deux autres bannis stéphanois (Christophe Chaintreuil et Didier Tholot), Maurice Bouquet trouve refuge à Martigues. Dans les Bouches-du-Rhône, Momo retrouve son ancien entraîneur Christian Sarramagna et sous les couleurs martégales, il marque un nouveau but exceptionnel (un lob magnifique contre le PSG).


Maurice Bouquet achève sa carrière à Martigues en 1995

Sollicité par Bordeaux à l'issue de la saison 1994-95, Maurice Bouquet préfère rejoindre sa Haute-Loire natale: entraîneur-joueur au Puy pendant trois ans (1995-98), il arrête de jouer pour se cantonner à ses fonctions d'entraîneur du club ponot (1998-2002). Sous sa direction, le club passe de la division d'honneur à la CFA2. Maurice Bouquet prend ensuite les rênes de l'Eveil Mendois (CFA2) et passe en parallèle ses diplomes d'entraîneurs. En 2004, il entraîne l'équipe de Montélimar (CFA2) puis se rend à Blois en 2009 où il entraîne alors le Blois Foot 41 (CFA2) à qu'il ne peut éviter la relégation en DH à l'issue de la saison 2009-10. En juin 2013, alors que Momo est passé directeur sportif du club, ce dernier devient l'un des partenaires de l'ASSE. Il fait même venir son ancien coéquipier stéphanois Loïc Lambert sur le banc du club loir-et-chérien en 2017.


Maurice Bouquet, moins chevelu, à Blois en 2011

Alors, forcément quand après 10 ans de bons et loyaux services, Momo résilie son contrat blésien pour s'engager chez ces Nordistes de Chartres en 2019, l'annonce étonne. Mais il ne part pas dans l'inconnu puisque le C'Chartres (National 2) est entraîné par Jean-Guy Wallemme et présidé par Gérard Soler, deux anciens de la maison verte: "Je suis très heureux de retrouver Gérard, un ami de longue date. Le prochain départ du président de Blois est un élément qui est entré en ligne de compte dans ma réflexion (...) Le C’Chartres est né d’une fusion récente, il y a un an. Il compte 957 licenciés, 60 équipes. Il y a un gros travail de structuration à mettre en place, il faut réfléchir à une nouvelle organisation tout en mettant l’accent sur la formation des éducateurs."
A Chartres, Bouquet s'occupe des jeunes pousses (logique) et construit les fondations en structurant les sections jeunes, y compris lorsque JGW est remplacé par JPP deux ans plus tard (il en devient même l'adjoint).
Mais l'aventure se termine à l'été 2022: à 59 ans, Momo aspire à se rapprocher de sa famille. Retour dans la cité des rois de la Renaissance, à Blois, où il retrouve son poste abandonné trois ans plus tôt. Une façon comme une autre de boucler la boucle...


Maurice Bouquet et Jean-Pierre Papin se séparent à Chartres en 2022
(photo L'Équipe)

Momo, de son côté, continue de suivre avec attention les résultats de l'ASSE, mais il se déplace rarement à Geoffroy-Guichard. Il ne va jamais dans le Chaudron quand ça va mal pour les Verts, car il redoute la médisance de ceux qui interpréteraient mal sa présence. Mais même si son coeur est devenu brestois avec le temps, Momo n'a jamais renié son amour d'enfance: "Il faut rester fidèle à ses racines. Il y a un respect à avoir. Quand je vais à Saint-Étienne, je suis très bien reçu en tant qu’ancien joueur"

Sources

Ils ont tué les Verts
- Benjamin Danet (Solar, 1997)
Old-School Panini