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Top! Je suis un match rocambolesque, disputé sous la neige, avec pléthore de buts et les Verts qui gagnent à la fin. Je suis, Je suis... ? ASSE-Montpellier bien sûr !


La fiche du match
Mercredi 16 février 2000 - Championnat de France de D1 - Stade Geoffroy-Guichard
26e journée: ASSE 5-4 Montpellier
Spectateurs: 20.188 - Arbitre: M. Lhermite

Buteurs: Pédron (27e), Aloisio (31e sp, 81e), Alex (36e), Carotti (45e) pour l'ASSE. Wallemme (11e CSC), Loko (23e, 56e), Rui Pataca (58e) pour Montpellier

ASSE: Janot, Kvarme, Wallemme, Carotti (Guillou 72e), Potillon, Sablé, Sarr, Guel (Chavériat 72e), Pédron, Alex (Boudarène 85e), Aloisio. Entraîneur: Robert Nouzaret
Montpellier: Riou, Dzodic, Silvestre, Decroix, Dos Santos, Gouveia, Herron (Sorlin 46e), Barbosa, Delaye, Rui Pataca, Loko (Maoulida 76e). Entraîneur: Michel Mézy

Expulsion: Dos Santos (90e) pour Montpellier

Les faits du match
Ce soir-là, le Chaudron porte bien mal son surnom puisque c'est par une température polaire que les Verts reçoivent les Montpelliérains. Après un bon début de championnat marqué par le fameux 5-1 contre Marseille en décembre, les Verts se sont un peu reposés sur leurs lauriers et ont rétrogradé au classement. Face à des Héraultais bons derniers, les Verts n'ont pas le droit de se louper s'ils veulent éviter de vivre une fin de saison trop stressante. 

Devant 20.188 spectateurs frigorifiés, les Stéphanois réalisent un début de match assez catastrophique. Dès la 11e minute, Jean-Guy Wallemme détourne un centre montpelliérain dans ses propres filets (0-1) et 10 minutes plus tard, c'est Patrice Loko qui vient doubler la mise en profitant des atermoiements de la défense forézienne (0-2). Le MHSC a fait preuve de réalisme, on sent les Verts empruntés et on ne donne alors pas cher de leur peau...


Cédric Barbosa met à mal Pédron et la défense stéphanoise

Mais il était écrit que ce match allait basculer dans l'irrationnel: l'ASSE marque en effet 4 buts en l'espace de 18 minutes !
C'est d'abord Stéphane Pédron (photo) qui sonne la révolte à la 27e minute en concluant du plat du pied au second poteau une belle action stéphanoise (1-2). Quatre minutes plus tard, l'arbitre accorde un penalty peu évident aux Stéphanois et José Aloisio ne se fait pas prier pour le transformer en force et remettre les deux équipes à égalité (2-2). Survoltés et poussés par un public (un peu) réchauffé, les Verts continuent et à la 36e minute c'est Alex, qui traîne dans la surface pour reprendre une belle tête d'Aloisio et tromper Riou avec l'aide du poteau (3-2). Enfin, à la dernière minute de la première période, Bruno Carotti, sans doute hors-jeu, marque de près suite à un corner (4-2).


Bruno Carotti soigne son arrivée en marquant avant la pause

Le score à la mi-temps est de 4-2 et c'est encore loin d'être fini...

Au retour des vestiaires, les Foréziens redeviennent un peu amorphes et la lanterne rouge du championnat en profite. Coup sur coup (56e et 58e minutes), Loko (4-3) puis Rui Pataca (4-4) prennent le dessus sur des défenseurs statiques et les deux équipes se retrouvent de nouveau à égalité à une demi-heure de la fin du match. Les 30 dernières minutes sont incertaines et la neige qui commence à tomber ajoute encore à la dramaturgie de ce match fou.


La neige s'invite dans la dernière demi-heure

Plusieurs fois, Stéphanois et Montpelliérains ont le but de la victoire au bout du pied. Il faut pourtant attendre la 81e minute pour que la rencontre bascule définitivement du côté des Verts. Sur une contre-attaque, Alex lance parfaitement en profondeur son compère Aloisio, qui grille la politesse à la défense centrale adverse et frappe du bout du pied. Riou ne peut que freiner la course du ballon, qui va mourir au ralenti au fond des filets héraultais (5-4). Cette fois-ci le score ne bougera plus. C'est une bouffée d'oxygène au classement pour les Verts de l'ex-Pailladin Nouzaret et un nouveau coup de massue pour les hommes de Nicollin.

Ils ont dit
Robert Nouzaret: "Si nous n'étions pas dans la situation où nous sommes, nous pourrions dire que ce type de match est très intéressant pour le public. Mais il est vrai que, sur la touche, c'est à la limite de la crise de nerfs. Nous avons gagné à la force du physique, du moral, du mental… Nous sommes passés d'un extrême à l'autre mais à la sortie il y a trois points. Je pense qu'à huit matches de la fin, c'est ce qu'il fallait. J'ai craint le pire parce que nous sommes entrés dans le match comme on n'a pas le droit de le faire dans notre situation actuelle. Ce match fut un raccourci de notre saison. Des erreurs défensives incroyables, de l'efficacité… La situation de Montpellier ne me réjouit pas car il y a un homme que je n'oublierai jamais et qui ne mérite pas ça, c'est Louis Nicollin"

Stéphane Pédron: "Un match complètement fou, à l'image du mois qu'on vient de passer avec des hauts et des bas. Il y a eu un quart d'heure catastrophique, une demi-heure de folie et une deuxième période où on alterne le bon et le moins bon. On a eu des contres, on a été efficace contrairement à d'habitude. Ces derniers temps, les gardiens venaient à Geoffroy-Guichard et faisaient des matchs de folie. Cette fois-ci, c'est malheureux pour le gardien de Montpellier mais il commet une petite erreur et c'est bon pour nous. Le chemin est encore long. On s'était dit que ces 9 derniers matchs, c'était un peu notre Coupe du Monde à nous. Je n'ose pas imaginer ce soir si on avait fait match nul, cela aurait été catastrophique"


Alex et Aloisio, deux des héros de cette folle soirée stéphanoise

Le Saviez-vous ?
- Douzièmes à l'issue du match, les Verts sauront se reprendre et terminer la saison en trombe pour finir en 6e position. Pas de miracle pour Montpellier en revanche, qui finira bon dernier et relégué en D2.

- Ce soir-là, un jeune gardien de but dispute son tout premier match en première division sous les couleurs stéphanoises. Il s'appelle Jérémie Janot (même si le commentateur de Canal+ l'appelle Jérôme). Ironiquement, le premier but qu'il encaisse dans l'élite est inscrit par... son propre défenseur, Wallemme, contre son camp !

- En inscrivant le 3e but stéphanois, Alex marque ce jour-là le 3000e but de l'ASSE en Première Division. Le 1000e avait pour auteur René Ferrier en 1959, le 2000e était l'oeuvre de Hervé Revelli en 1974.

- Lors de la saison précédente, les Montpelliérains avaient également perdu un match 5-4 à l'extérieur. C'était à Marseille et les hommes de Nicollin menaient pourtant 4-0 à la pause !

- Formé à Montpellier et arrivé au mercato d'hiver, Bruno Carotti ne jouera que 6 mois à Saint-Étienne, de janvier à juin 2000. Le joueur prêté par le PSG n'inscrira en 13 matches que ce but de la 45e minute face à son club formateur. Il retournera à Montpellier pour y terminer sa carrière avant d'y devenir directeur sportif.

- Le milieu de terrain montpelliérain Olivier Sorlin est né à Saint-Étienne mais n'a jamais porté le maillot de l'ASSE. Il a été formé à Valence et jouera, outre Montpellier, pour Rennes, Monaco, Salonique et Evian-Thonon-Gaillard.

- L'histoire se répète parfois: 13 ans plus tard, presque jour pour jour (le 9 février 2013), les Verts disposeront à nouveau de Montpellier, alors champion de France, sur le score de 4-1 lors d'un match épique disputé là aussi sous une tempête de neige.