séléctionnez une date pour un autre éphéméride

Dias de Almeida, dit Alex, est né deux fois.
La première fois, le 26 mai 1972 au Brésil, à Rio… Brilhante la bien nommée.
La seconde fois, le 20 août 1999 à Geoffroy-Guichard lors d’un ASSE-Nancy qui appartient à l'histoire...


Alex Dias de Almeida a bien entendu commencé le foot dans la rue, comme c'est une tradition au Brésil. Rapidement repéré pour sa technique, il fait ses débuts professionnels au Clube de Remo, à Belém en 1993. Suite à une tournée au Portugal, il brille face au Boavista Porto qui décide de le recruter à l'été 1994.


Alex Dias, âgé de 21 ans au Clube do Remo (Brésil) en 1993

Malheureusement, ce premier essai en Europe n'est pas très concluant ni pour lui (malheureux et ayant le mal du pays) ni pour son club (13 matches pour un seul but). Le Boavista souhaite le conserver mais Alex veut revenir au bercail où le Goias ES lui fait les yeux doux.
Choix gagnant: avec son nouvel ami José Aloisio, Alex brille à Goiânia et quand Gérard Soler décide de recruter le taureau Aloisio, on lui parle de ce petit attaquant de poche avec lequel il joue si bien. Une simple démo sur une VHS dégueulasse et l'affaire est dans le sac: Alex et Aloisio s'engagent avec l'ASSE.


Alex et Aloisio sont amis mais pas autant désirés par le staff stéphanois

Pourtant, les débuts à Saint-Etienne sont contrastés. Si Aloisio brille dès son premier match en inscrivant un lob superbe à Fabien Barthez, alors champion du monde, Alex ne plait pas à Robert Nouzaret, le coach de l'ASSE. Ce dernier le trouve désinvolte, caractériel et frivole. Il refuse de le faire jouer... jusqu'à la 4e journée, le 20 août 1999.
Ce soir là, les Verts jouent à domicile et sont menés 1-0 par les Lorrains. Remplaçant, Alex rentre à la 55e minute sur le terrain à la place de Patrick Revelles. Interrogez l’un des 28.924 spectateurs présents ce soir là, et vous comprendrez le phénomène Alex. Le plaisir déborde encore des yeux brillants de ceux qui ont eu la chance de voir ça.

35 minutes, un but, une passe décisive et quelques coups du sombrero plus tard, le Chaudron était conquis. Fiat lux !
35 minutes pour passer du statut de banni au statut d’idole. 35 minutes pour que nos dirigeants déchirent le billet d’avion réservé pour un retour définitif au Brésil.

Alex ouvre son compteur buts lors de cette 4e journée, il marquera dans la foulée lors des 6e, 7e, 8e, 9e, 10e, 11e et 13e journées soit 8 journées sur 10 consécutives. A l’époque, mis à part Pauleta, personne ne tient un rythme pareil. Alex c’est le nec plus ultra.
Son duo avec le grand Aloisio fait merveille. Alex tourne autour du pivot qu’est José, bénéficie de ses remises, et par sa vivacité, son coup d’œil, son sens du but et sa technique au dessus du lot, il s’impose comme le meilleur attaquant qu’ait connu Sainté depuis Philippe Tibeuf.


Le Havre compte parmi les victimes du prodige brésilien
(photo le Progrès)

Un club c’est une histoire, des grands matchs, des dates gravées dans le marbre, pas nombreuses, 4 ou 5. Le 12 décembre 1999 en fait probablement partie.
Ce soir-là, Aloisio n’est pas là pour épauler son compère, face à Marseille, notre ennemi juré, ce club qu’on n’a plus battu en championnat depuis la fin des années 70. Revelles a pris la place de José et Alex écrit la plus belle page de son histoire en vert en claquant 4 pions à un Porato à l’agonie.


Alex abat Porato à 4 reprises lors de ASSE-OM 1999 (photo l'Équipe)

A lui seul, il met fin à 15 ans de domination marseillaise sur les Verts et de quelle façon ! At honorem nostrum interest. Les images sont restées, une frappe parabolique, une panthère, des sièges arrachés, une tribune vide, un bus dans la nuit, ce soir-là au stade, il faut se pincer pour y croire.
Déjà essentiel à l’équipe, il en devient alors là la star, son coup d’éclat déclenchera une vague de sollicitations médiatiques qui nuira (un peu) à son rendement.
En mai 2000, Alex finit la saison à 17 buts dont 15 en championnat en 29 journées.

La saison suivante, agacé par le comportement d’Alex, Robert Nouzaret décide de lui mettre un concurrent dans les pattes. Alexander Panov, dont la carte de visite est flatteuse mais la santé hélas douteuse, a un registre proche de celui d’Alex. Il joue le premier match du championnat (2-2 à Guingamp). Lors de la deuxième journée l’ASSE reçoit Marseille et Alex cire toujours le banc de touche. A la 66e les Verts menent 1-0 lorsque Nouz’ le fait rentrer à la place de Panov. 6 minutes et 2 buts plus tard, Alex s’est cruellement rappelé aux bons souvenirs des Marseillais. Trevisan a encore le tournis en pensant aux crochets de la panthère. Bis repetita placent.


Alex à la lutte avec Philippe Violeau lors du derby 2000 (photo le Progrès)

La suite sera moins belle: les blessures puis les affaires coupent les Verts dans leur pourtant si bel élan. Orphelin de son compère Aloisio opéré des ligaments croisés, puis suspendu deux mois, Alex maintient comme il peut le navire vert à flots. Mais Ad impossibilia nemo tenetur et malgré quelques fulgurances (les 3 buts lors de la victoire contre Troyes 4-1, la victoire 1-0 contre Monaco, son dernier but et les 60 premières minutes lors du match retour à Monaco), l’histoire d’amour finit mal comme le dit la chanson, en général.


Aloisio, Alex et Gerard Soler lors de l'affaire des
faux passeports en 2001 (photo le Progrès)

En dépit de toutes les difficultés endurées cette saison, le bilan d’Alex reste très présentable puisqu’en 25 matchs de championnat, il aura marqué 13 buts.
En 2 saisons de D1 à l’ASSE, avec 28 buts (dont 20 à Geoffroy-Guichard) pour 54 matchs, il aura tenu la très belle moyenne de 0,52 but par match. Qui dit mieux ?
Les Verts touchés puis coulés, Alex part en prêt au PSG accompagner Aloisio. Victime du turnover de notre Luis Fernandez national, il fait 17 apparitions sur le terrain pour 3 buts.


Petite parenthèse parisienne pour Alex (ici face au Rapid Vienne) en 2001

La saison suivante (2002-03), faute de proposition alléchante, il termine son contrat à l’ASSE, en D2, en aidant le club à se remettre dans le bon sens lors de la 2e saison de Frédéric Antonetti: il marquera 6 buts en 29 matchs. Le cœur y est moins, mais le talent est resté, on l’entrevoit notamment lors de la victoire 1-0 face au champion de D2 (Toulouse) ou lors de cette victoire 4-1 contre Amiens qui verra une autre figure verte (Cartoche) marquer l’un de ses plus beaux buts sur coup franc. Alex joue le jeu et Anto, qu’on sait si exigeant, le maintient dans le 11 de départ.


Alex se démène en L2 lors de la saison 2002-03 (photo le Progrès)

Libre à la fin de saison, Alex décide de retourner au Brésil où, il se met à enfiler autant les maillots (13 en 9 ans) que les buts.
Il y étoffe son palmarès en remportant deux titres nationaux avec Cruzeiro (2003) et Sao Paulo (2006), où il joue avec son compère de toujours Aloisio.
Après de très nombreux courts et peu prolifiques transferts, il raccroche définitivement les crampons en 2012 pour se reconvertir dans le métier de promoteur immobilier à Goiânia. Il possède également une licence d'agent de joueur et l'un de ses projets est alors de réaliser son jubilé à Geoffroy-Guichard.


Alex, Danilo et Aloisio, champions du Brésil 2006 avec Sao Paulo

Son vœu sera plus ou moins exaucé en 2015, à l'occasion d'un match All Stars contre la Pauvreté disputé à Geoffroy-Guichard. Sous son maillot vert qui l'a rendu célèbre, Alex y ouvre la amrque d'une superbe reprise de volée avant de laisser un peu plus tard sa place à d'autres légendes du club stéphanois.

Car depuis l’ère Platini, Alex est avec Moravcik, Laurent Blanc, Feindouno et Aubameyang l’un des quelques grands joueurs à avoir enivré Geoffroy-Guichard. C’est peu, c’est rare, c’est précieux.

Alex ad vitam aeternam


Alex Dias lors de son retour à GG en 2015

La prolifique carrière d'Alex en détails
1986-1988 A.R.B.A (Brésil)
1989-1991 EC Águia Negra (Brésil)
1992-1992 EC Comercial (Brésil)
1993-1994 Remo 21 (1) (Brésil)
1994-1995 Boavista FC 13 (1) (Portugal)
1996-1999 Goiás EC 73 (18) (Brésil)
1999-2001 AS Saint-Étienne 60 (31) (France)
2001-2002 Paris SG 28 (3) (France)
2002-2003 AS Saint-Étienne 31 (6) (France)
2003-2004 Cruzeiro EC 8 (0) (Brésil)
2004-2004 Goiás EC 41 (22) (Brésil)
2005-2005 Vasco de Gama 34 (19) (Brésil)
2006-2006 São Paulo FC 26 (3) (Brésil)
2007-2007 Fluminense FC 42 (13) (Brésil)
2008-2008 Goiás EC 1 (0) (Brésil)
2008-2008 Brasiliense FC 15 (0) (Brésil)
2009-2009 CRAC 19 (7) (Brésil)
2009-2009 Mixto EC 4 (1) (Brésil)
2009-2009 Vila Nova FC 15 (2) (Brésil)
2010-2010 EC Pelotas 11 (4) (Brésil)
2010-2011 América FC 4 (1) (Brésil)
2012-2012 AA Aparecidense 3 (0) (Brésil)

Palmarès
Champion du Brésil: 2003 (Cruzeiro) et 2006 (São Paulo)
Vainqueur de la Coupe du Brésil: 2007 (Fluminense)
Vainqueur de la Coupe Intertoto: 2001 (Paris Saint-Germain)
Champion de l'État du Pará: 1993 et 1994 (Remo)
Champion de l'État de Goiás: 1997, 1998 et 1999 (Goiás ES)
Champion de l'État du Minas Gerais: 2004 (Cruzeiro)
Finaliste de la Copa Libertadores: 2006 (São Paulo)
Meilleur étranger de Ligue 1: 1999-00 et 2000-01 (AS Saint-Étienne)

Retrouvez ici l'interview exclusive qu'a accordé Alex à Poteaux-Carrés en 2014