Un derby n'est pas un match comme les autres et pour le gagner il faut faire preuve de détermination, d'envie. Il faut aussi savoir canaliser cette envie et la mettre dans le bon cadre tactique pour qu'elle porte ses fruits. 


Il y a deux aspects tactiques qui ressortent clairement de ce match : d'un point de vue système, le 4-2-3-1 avec Saivet en soutien de Söderlund, et d'un point de vue tactique, le pressing haut et agressif des Verts. Les deux éléments ne sont pas innovants, même si on regarde seulement cette saison. Le système, qui est en fait un 4-4-2 quand on n'a pas le ballon, a été utilisé plusieurs fois. Avec du succès lors des derniers matchs, comme la 2ème période contre Angers avec Hamouma en soutien de Roux, mais aussi les matchs à Toulouse (Hamouma en soutien de Roux) et Auxerre (Dabo, puis Hamouma, en soutien de Roux) - la seule défaite en ce système. Le succès relatif de ce système en janvier est probablement du aux bons stages de préparation. Quand il a été essayé fin novembre dernier, ça ressemblait plus à des errements tactiques, sans succès (0-0 contre Mainz, victoire 2-1 à Angers et 0-0 contre Marseille). Quant au pressing, on a pressé haut à Bakoucontre Nice et lors du match contre Mainz mentionné ci-dessus - sans réussir à marquer dans les deux derniers cas.
 
Donc si attaquer en 4-2-3-1, défendre en 4-4-2 et faire un pressing haut n'est pas nouveau, comment se fait-il que ce match ait été si réussi, d'où vient cette impression d'une performance très aboutie, comme on n'en avait pas encore vue cette saison ? Quelques exemples peuvent fournir des éléments de réponse...
 
 

Pressing haut dans la moitié adverse

 
 
Un coup franc sur la ligne médiane est joué en retrait par le défenseur latéral adverse, avec son central, qui prolonge jusqu'au gardien :


On voit bien la ligne de 4 et la ligne de 2 Verts qui défendent, c'est bien sûr les attaquants qui vont mettre la pression sur le gardien et les défenseurs. Leur angle de course est très intéressant, ils cherchent à empêcher une relance vers un défenseur central...


... ce qui laisse donc libre la sentinelle adverse, organisateur du jeu. Erreur de pressing...

 
... ou plutôt piège bien organisé ? 
 
 

Pression défensive dans notre moitié

 
A la 18ème, après un ballon récupéré par la défense adverse, leur milieu défensif a le ballon dans leur moitié du terrain et l'étau commence de nouveau à se serrer autour de lui...


... il arrive à trouver un coéquipier dans notre moitié, mais il est tout de suite pris :


En effet, si l'ailier adverse a décroché pour faire un appel entre les lignes, Perrin l'a suivi et l'a empêché de jouer proprement. Cette pression défensive l'oblige à jouer en retrait, le ballon est renvoyé dans la défense centrale.


Comme nos deux attaquants s'occupent toujours du milieu défensif adverse, la relance doit être faite par un des centraux - probablement moins à l'aise dans la construction du jeu. Dans ce cas il avance un peu sur son côté avant d'envoyer un long ballon...


... à destination du même ailier, toujours placé entre les lignes (nos deux lignes de 4 sont bien visibles). Cette fois-ci la pression défensive ne vient pas de Perrin, mais de Hamouma, qui arrive à lui prendre le ballon...


... à le donner à Saivet qui lance tout de suite un contre en profitant de l'appel de Malcuit, qui s'est immédiatement projeté, dès la récupération du ballon.


Malheureusement Malcuit tergiverse un peu et on ne profite pas de ce 3 contre 3 et l'action finit avec une faute sur notre latéral un peu en dehors de la surface. L'exemple pourrait s'arrêter ici, on a vu comment on empêche la sentinelle d'organiser le jeu, comment on met la pression sur l'adversaire dès qu'il reçoit le ballon dans notre moitié et comment jouer les contres quand on le récupère. La suite dans le match est un enchaînement de situations chaudes dans la surface adverse : le coup franc d'Hamouma est repris de la tête par Saivet et dévié en corner, pendant que Söderlund se faisait bien ceinturer dans la surface. Le corner de Hamouma et magnifiquement repris de la tête par Perrin et le ballon sorti sous la transversale. Le nouveau corner de Hamouma est repoussé par la défense, récupéré par KMP qui obtient une touche. Et sur la touche Söderlund touche le ballon de la main, coup franc pour les adversaires qui peuvent enfin se dégager après 3 minutes de siège.

Le long dégagement est repoussé de la tête par KTC jusqu'aux pieds de KMP, qui le perd. Le milieu adverse a donc le ballon dans notre moitié - donc on essaie de le récupérer :


La pression défensive fait de nouveau son effet, on le récupère et on cherche vite à aller vers l'avant...

 
... et la suite est connue par tous, un troisième derby consécutif emporté à domicile.

 
 

Conclusions

 
Les Verts ont montré un visage séduisant, avec une grosse détermination dans le jeu. Tactiquement ça a été bien fait, un pressing haut pour provoquer des erreurs (le premier but) et une grosse pression dès que le ballon franchissait la ligne médiane pour le récupérer et partir vite en contre (le second but). Le système 4-4-2 a été très adapté à cette tactique, similaire à celle que Monaco a faite à Geoffroy-Guichard. Le but est clairement que l'adversaire galère pour sortir proprement, mais s'il y arrive parfois, qu'il galère pour le garder dans notre moitié. Et ça a été magnifiquement exécuté : au-delà de la tactique, l'ingrédient clé pour produire une telle prestation reste l'envie, qui lors de ce match a clairement été stéphanoise.
 
 
 

 
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