Malgré quatre attaques stéphanoises contre Angers passées à la loupe, des questions restent sans réponse.


Quand on parle d'une attaque placée, partie de sa propre moitié, avec le terrain remonté graduellement jusqu'à l'arrivée aux abords de la surface adverse, l'équation que tout entraîneur doit résoudre est de garder l'équilibre entre l'attaque et la défense : plus on a de joueurs dans les 25 derniers mètres, plus on est dangereux, mais aussi découverts derrière. La question est donc, à combien il faut attaquer, combien et quels joueurs faut-il placer dans ces 25 derniers mètres ?

Pour une équipe qui joue en 4-3-3 (ou 4-1-4-1 si on veut), il y a clairement trois éléments offensifs, l'avant-centre et les deux ailiers / milieux excentrés. Pour une équipe qui attaque surtout sur les côtés, il y a souvent un quatrième, le latéral de ce côté-là. Quatre joueurs, c'est la base, mais ça fait peu pour déstabiliser une défense, alors il faut en rajouter d'autres. Il existe plusieurs autres possibilités : l'autre latéral pour pouvoir jouer à deux dans chaque couloir. Ou les deux milieux axiaux relayeurs - ou un seul d'entre eux - peuvent monter du centre du terrain jusqu'à la surface adverse aussi. On peut varier ainsi entre 4 et 7 éléments offensifs - mais quel est le bon nombre ?

Retour en exemples sur les choix stéphanois contre Angers.


Première période


Lors d'une attaque placée à la 26ème, le ballon circule entre les défenseurs centraux pour arriver à Selnaes en organisateur du jeu. On remarque le positionnement des deux relayeurs, Lemoine à sa gauche un peu plus haut et Veretout à sa droite, moins haut :
Selnaes monte un peu avec le ballon et ses coéquipiers lui proposent plusieurs options de passe, Lemoine, KMP et Hamouma s'étant bien placés entre les lignes :
Selnaes réussit une très belle passe qui casse la ligne et trouve Lemoine, qui continue ensuite dans le couloir avec Polomat :
Le centre de notre latéral gauche est complètement raté, en arrivant de l'autre côté de la surface, mais on peut néanmoins remarquer la forte présence stéphanoise dans les 25 derniers mètres : les trois attaquants, les deux latéraux et les deux relayeurs - un grand vide étant laissé entre eux et le centre du terrain gardé par Selnaes, Perrin et KTC qui accompagnent deux adversaires.
 
 
Ce genre de présence offensive est très risqué. On l'a vu pendant la première mi-temps à Bruxelles, à domicile contre Nancy en Coupe de la Ligue, avoir seulement trois joueurs derrière rend l'équipe vulnérable aux contres. Surtout quand c'est une équipe qui est venue défendre bas et jouer les contres à fond, comme Angers qui s'est procuré plusieurs occasions (et un but) en jouant comme ça. Si on regarde une action qui se passe 6 minutes avant le premier exemple, on voit la même construction type, le ballon qui circule sur le trajet KTC - Perrin - Selnaes, cette fois-ci avec Veretout à gauche et Lemoine à droite dans l'axe :
Veretout descend relayer le ballon de Selnaes et ses coéquipiers se placent entre les lignes, comme dans le premier exemple. Sauf que Lemoine et Hamouma font tous les deux le même appel, au même endroit - Veretout essaie quand-même la passe, mais elle est interceptée : 
Le ballon arrive de nouveau à KTC et circule encore une fois via Perrin jusqu'à Selnaes. A noter que les deux latéraux sont sur la même ligne, à la hauteur des milieux relayeurs : 
C'est au tour de Lemoine de venir relayer le ballon de Selnaes et de s'essayer avec une passe verticale, vers KMP cette fois-ci. Nos deux latéraux sont montés tous les deux très haut, quasiment à la hauteur de la défense adverse (pour étirer les latéraux, vu que nos deux ailiers faisaient des appels dans l'axe):
La passe de Lemoine est aussi interceptée et le contre est très vite lancé :
Comme nos deux latéraux étaient montés très haut, les ailiers adverses sont partis dans leur dos, avec des bons mètres d'avance. Ils ne peuvent plus être rattrapés et le fait d'avoir gardé 2 défenseurs et un milieu en retrait ne suffit pas. Fort heureusement, Moulin fait l'arrêt qu'il faut pour empêcher un autre but pris en contre. 
 
 

A la pause


Même si en première période on a pu voir des exemples de l'animation offensive si chère à Romain Revelli (les appels entre les lignes et des passes qui essayent de casser le rideau adverse, parfois réussies, parfois non), on ne s'est pas créé plein d'occasions franches. Pire, on s'est mis en déséquilibre et on a été punis en attaquant à 7. Deux changements sont intervenus ainsi à la pause, pour adresser la part variable dans le nombre des joueurs offensifs. Aux quatre joueurs qui attaquent (avant-centre, deux ailiers, un latéral), c'était une mauvaise idée contre Angers de rajouter un latéral, alors on ne l'a plus fait après la pause. Quant aux deux relayeurs, le problème est que ça dépend d'eux ou que ça soit très bien préparé, sinon on peut se retrouver avec les deux qui montent ou aucun. Alors un changement de système (de 4-3-3 à 4-2-3-1), plus un changement de joueur (milieu remplacé par un attaquant) peuvent résoudre le problème : un avant-centre, deux ailiers, un milieu offensif/deuxième attaquant et un latéral, ça fait déjà 5 joueurs et la part variable reste l'autre relayeur, qui décidera s'il sera le 6ème ou pas.

Compliqué ? Pas tout à fait, Galtier s'en est rendu compte de la 23ème minute, même s'il a attendu la pause pour changer et c'est assez facile à voir sur deux exemples coup sur coup.
 

Deuxième période

 
 
A la 56ème, Selnaes récupère un ballon dans notre propre moitié, ouvre à gauche sur KMP qui s'appuie sur Polomat avant de faire un appel en profondeur :
Polomat le lance bien dans son couloir et la partie offensive de l'équipe se projette vers l'avant : les quatre attaquants, un des milieux (Lemoine) et le latéral du côté du jeu, Polomat :
Rattrapé à la course par son adversaire, KMP temporise, cherche du soutien, puis décide d'aller tout seul. Il élimine facilement son adversaire direct et adresse une merveille de centre au deuxième poteau, où la reprise de volée de Keyta marque la plus belle occasion stéphanoise dans le jeu :
 
Une attaque à 6, avec un jeu en triangle (latéral-ailier-relayeur) possible sur un côté - pas nécessaire vu le dribble de KMP - et avec une bonne présence dans la surface accompagnée des appels coordonnés : Roux au premier poteau, Keyta au deuxième et Hamouma pour un centre en retrait.
 
 
 
Après la remise en jeu et une courte possession d'Angers, Keyta intercepte un ballon dans notre moitié et s'appuie sur Malcuit :
Notre latéral élimine par un dribble (11 tentés, 4 réussis lors de ce match, quand-même !) son adversaire et avance avec le ballon, avant de servir de nouveau Keyta dans le couloir. Sur la capture suivante on voit Selnaes dans le rond central, il n'est pas monté plus haut lors de cette action et Lemoine et Polomat non plus :
 
Keyta profite de l'appel de Malcuit pour entrer avec le ballon vers l'axe et s'appuie sur Hamouma pour un un-deux dans la surface :
Malheureusement ça ne fonctionne pas et cette attaque menée à 5 (quatre attaquants + un latéral) se finit par un hors-jeu d'Hamouma. On s'est créé ainsi plus d'occasions en attaquant moins nombreux (5 ou 6) en deuxième période qu'en première (7), tout en se découvrant moins. Et si on compte attentivement, sur chacun des quatre exemples pris, Angers défend avec 8 joueurs dans leurs 25 mètres, laissant toujours seulement 2 éléments à hauteur de la ligne médiane.
 
 
 

Conclusions

 
L'évolution tactique dans ce match a été surprenante, surtout vu le contexte actuel de l'équipe. Tout d'abord, a-t-on besoin de concéder plusieurs contres et encaisser un but pour ce rendre compte que c'est une erreur d'attaquer à sept ? Mais surtout, après deux stages de préparation, a-t-on besoin de changer de système à la pause pour trouver enfin la bonne présence aux abords de la surface ? Le plus inquiétant reste la déclaration de Galtier qui s'est rendu compte pendant le match qu'il faut attaquer différemment. Et que donc probablement la partition récitée lors de la première période a été celle répétée pendant le stage et que celle de la deuxième a l'air d'avoir été improvisée à la mi-temps. Sans avoir été brillante ou efficace, la deuxième a eu au moins le mérite de générer des occasions, même si la victoire est arrivée grâce à des faits de jeu très favorables.
 
 
 
 
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