Pour les 25 ans des Magic Fans, contre un adversaire de calibre et devant un Chaudron bien rempli, les Verts ont produit un match d'une rare intensité. Et si la victoire n'a pas été au rendez-vous, c'est principalement dû à la qualité du jeu et surtout du pressing adverse, qui a bien gêné la relance stéphanoise.
Le 4-4-2 à plat revient peu à peu à la mode, plusieurs équipes utilisant de nouveau ce système classique. L'A.S. Monaco en fait partie et il suffit de la regarder jouer pour comprendre que le système est moins important que ce qu'on fait avec. Opposés à une équipe qui joue avec trois milieux axiaux, comme l'ASSE, ils ont théoriquement un désavantage numérique au centre du terrain. Et pourtant, le bon placement défensif pour couper les angles de passe et les pressing incessant sur le porteur du ballon rendent cette équipe très performante et difficile à jouer. Retour en exemple sur ces aspects.
L'espace entre les lignes
Comme les Monégasques défendent avec deux lignes de 4, sans sentinelle, il y a un espace entre les lignes. Les Verts jouent sans un "10" traditionnel, mais il était dommage de ne pas profiter de cet espace. Si en seconde période c'est Saivet qui l'a plutôt occupé (notre équipe ressemblant plus à un 4-2-3-1), en première mi-temps c'est notre faux milieu excentré Tannane qui l'a fait, comme dans cet exemple pris à la 8ème.
KMP et MBengue combinent dans leur couloir gauche, pris par le défenseur et le milieu latéraux, Beric est pris entre les deux centraux et on voit Tannane qui se place entre les lignes. Il va être surveillé par un des milieux centraux, ce qui accentue le problème monégasque dans l'axe, pour bloquer notre trio Selnaes - Saivet - Veretout il reste un milieu central (Fabinho, qui a souvent fait un marquage individuel sur Saivet) et le milieu latéral gauche qui abandonne son couloir (et Malcuit...) pour aider dans l'axe :
Saivet aide à combiner dans le couloir (jeu normal dans un 4-3-3) et se retrouve face au jeu - il aimerait bien donner le ballon à Tannane, idéalement placé entre les lignes, mais les angles de passe sont bouchés. On peut aussi remarquer que notre surnombre au milieu est compensé par un avant-centre qui descend - une bonne discipline tactique est la clé quand on défend en 4-4-2 :
Sans autre solution, Saivet tente un un-deux avec KMP, puis se retourne et 7 secondes plus tard il se retrouve exactement dans la même situation :
Sauf que le déplacement de KMP et le placement de Selnaes ont cassé le positionnement des milieux axiaux adverses, Saivet a maintenant un bel angle de passe pour Tannane, qu'il trouvera d'une passe précise et ajustée. Il faut aussi souligner le placement de KMP, sur un défenseur central, laissant un seul autre pour Beric (c'est pour ça qu'on joue avec deux centraux pour un avant-centre, pour qu'un puisse compenser ailleurs). Tannane reçoit donc le ballon entre les lignes, combine avec KMP et le plan suivant nous permet de voir l'intérêt de ce jeu dans un petit périmètre :
Il avait ouvert des larges espaces de l'autre côté. Non seulement le milieu latéral aidait dans l'axe, mais le défenseur latéral a du prendre Beric, le central devant monter sur Tannane (pas de sentinelle...), ce qui laisse Veretout et Malcuit complètement libres. Malheureusement le ballon ne leur parvient pas, mais ça reste néanmoins une attaque extrêmement bien construite. Non seulement techniquement (le jeu en petit périmètre), mais surtout tactiquement, en appuyant sur les points faibles du système adverse, le sous-nombre au milieu et l'espace entre les lignes.
Le pressing monégasque
Malgré ces points faibles qu'on a essayés d'exploiter, notre adversaire du jour reste une équipe très difficile à jouer, notamment grâce à un pressing omniprésent qui fait très mal dans la phase de construction. Leur philosophie de jeu semble être de gêner la relance adverse, soit pour récupérer le ballon et se projeter vite vers le but, soit pour l'empêcher d'arriver avec du jeu construit dans les derniers 30m, là où ils ont des failles. Et comme on parle d'une machine très bien huilée, la relance stéphanoise dans ce match a été ainsi considérablement gênée.
Dans cette relance à la 30ème, on voit bien le triangle Vert au milieu avec Selnaes en pointe basse, les deux pointes hautes prise par les milieux axiaux adverses. Le rôle des deux avant-centres monégasques est de couper le jeu entre nos deux centraux et Selnaes, donc Perrin joue avec Lacroix en passant par Ruffier :
La seule manière de se sortir de ce pressing des deux avant-centres est d'être très juste techniquement et ne pas rater ses passes. Lacroix y arrive et trouve Selnaes - théoriquement on a passé le premier rideau, Selnaes a du champ libre devant lui (souvenez-vous, on est en surnombre dans l'axe), mais le milieu latéral serre très vite au centre pour continuer le pressing :
De nouveau la justesse technique est nécessaire pour s'en sortir, Selnaes, pressé par deux joueurs, ne panique pas et arrive à sortir le ballon dans le couloir gauche (laissé libre) en passant par Perrin :
A noter aussi que Tannane était descendu offrir une possibilité de passe supplémentaire, mais suivi de très près par un défenseur, un pressing ne fonctionne que s'il est effectué par toute l'équipe. Dans cette action on s'en est sorti, mais sans la place pour la moindre erreur : une mauvaise passe de Lacroix entre deux adversaires pour Selnaes ou un mauvais contrôle du dernier et l'adversaire se crée immédiatement une situation de but.
En deuxième période le pressing adverse a doublé d'intensité et on est passé de 80% passes réussies en 1MT à seulement 67% après la pause. Dans l'exemple suivant, la configuration est presque la même, le trio Perrin-Selnaes-Lacroix étant pressé par les deux avant-centres :
On peut noter le positionnement de Saivet, en "10", entre les lignes, ce qui oblige les milieux adverses à ne pas monter trop haut. Perrin n'a pas vraiment d'options, s'il joue avec MBengue, le milieu adverse se tient près à aller le chercher, donc il change de côté en passant par Selnaes :
Lacroix se retrouve dans la même situation, donc il change de nouveau de côté, en passant par Ruffier. L'angle de passe entre Perrin et MBengue est bouché par le milieu latéral, le premier joue donc avec Selnaes entre les avant-centre adverses. Celui-ci a la possibilité de se tourner et avancer avec le ballon, il y a de l'espace entre les lignes adverses, Veretout lui propose une option. Mais ça serait une prise de risque, les avant-centres adverses sont très rapides dans le pressing, alors il joue avec Ruffier :
Le pressing du milieu latéral a laissé MBengue libre, Ruffier lui envoie un long ballon... mais le pressing monégasque est complet et c'est le défenseur latéral qui monte le chercher et qui gagne le duel aérien.
Conclusions
Dans ce match très intense, la bataille tactique a été très forte. De notre côté, on a essayé d'exploiter une petite faille, en plaçant un joueur en "10", entre les lignes. Ça a plus marché pendant la première période, quand ce joueur était Tannane, on a gardé nos milieux relayeurs et on a pris des risques pour se sortir du pressing. Par contre, après la pause, on a sacrifié un milieu relayeur, Saivet, pour le placer là, le pressing adverse a été plus intense et notre prise de risque moindre. Le résultat ? On a raté plus des passes et on n'a pas réussi à trouver ce joueur entre les lignes. Néanmoins, ça reste un bon point de pris contre un adversaire qui nous était clairement supérieur à la fois collectivement et individuellement.
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