ASSE 0-0 Mainz
Si la deuxième période fut compliquée (c'est un euphémisme), n'oublions pas l'entame qui aurait pu permettre de tuer rapidement le suspens.
Je n’ai pu m’asseoir devant le match qu’aux alentours de la 55è minute. Mayence tenait le ballon, les Verts étaient très bas sur le terrain ; chaque récupération n’était en réalité qu’un renvoi que Mayence récupérait facilement. Jouait-on à dix ? Même pas. La fin de match fut pénible. Mais comme tout le monde l’a remarqué et que je n’ai pas envie de tirer sur l’ambulance, nous n’en parlerons pas dans cet article. En revanche, les chanceux qui avaient pu prendre le match au démarrage louaient sans réserve la première demi-heure. Cela valait donc la peine de s’y pencher.
D’abord la composition. A sa lecture, je m’attendais (tout comme le coach allemand ?) à voir un 4141 des familles – Selnaes sagement positionné entre deux lignes de quatre ; Roux tout seul devant en fantôme de Brandao. Nenni ! C’était ni plus ni moins qu’un 442, Saivet se positionnant à la hauteur de Roux. Pourquoi ce choix ? C’est simple.
Mainz étant positionné en 442 lorsqu’il s’agit de défendre dans son camp, les deux équipes se trouvent symétriquement opposées.
Or le 442 a un point faible : l’espace entre les lignes.
Ce point faible ne peut être combattu que par un bloc serré, sinon arc-bouté sur son propre but. Or Mayence doit absolument marquer et ne peut pas se contenter d’attendre : le point faible ne sera pas protégé. Reste à savoir : comment l’exploiter ? La solution la plus courante, c’est d’avoir l’un des deux attaquants qui décroche (quand l’un de ces joueurs a un profil moins buteur et plus meneur, Eysseric par exemple, on parlera de 4231 mais la différence avec le 442 est ténue). Pour notre match, cela veut dire que Saivet aurait passé son temps à décrocher.
Or nous ne l'avons guère vu le faire. En effet, pour l'adversaire, la solution est aisée : le défenseur central suit son attaquant en marquage individuel, et on n’en parle plus. Non, l’ASSE a tenté quelque chose d’un poil plus subtil : c’est Tannane, l’ailier, qui a joué l’intercalé.
On le voit bien : les défenseurs centraux allemands ne peuvent pas sortir, ou alors le risque est énorme de se retrouver à 1 contre 2. Les milieux, eux, ont un bête problème physique : ça se passe dans leur dos. Le temps nécessaire pour se retourner est rédhibitoire si les Stéphanois combinent bien. Laisser Tannane tout seul balle au pied ? Il peut très vite y avoir le feu : la défense de Mayence est haute ; il y a de l’espace dans son dos. Une passe bien ajustée dans le bon timing, et le gardien se retrouve seul face à l’attaquant. Non, le seul qui peut suivre, c’est le latéral, qui déserte ainsi son côté.
Cela tombe bien, le mouvement est prévu par les Verts : KTC n’a qu’à plonger dans l’espace libéré. Là encore, les défenseurs centraux ne peuvent pas se déplacer pour couvrir : il faut que l’ailier suive KTC. Mais ce dernier est face au jeu et donne l’impulsion : il est aisé pour lui de prendre le mètre d’avance qui fait la différence et permet d’aborder à la surface.
En bloquant simplement ses défenseurs centraux, l'adversaire est complètement déséquilibré. Ne reste plus qu’à transformer le décalage en occasion - mais ça, c’est un autre problème. En attendant, grâce à une analyse juste du jeu allemand, les Stéphanois ont su se donner un coup d'avance qui explique en partie leur bon début de match, d’autant que les Verts ont su mettre l’impact nécessaire pour s’assurer de la maîtrise de l’entrejeu.
En seconde période, ce sera autre chose : le coup est éventé et mieux anticipé ; les milieux Allemands prennent le dessus physiquement au point que Saivet doit régulièrement redescendre donner des coups de main ; grâce à une participation au jeu plus basse de Malli, Mayence pratique un jeu moins direct et plus patient – par conséquent conserve plus facilement le ballon ; les offensifs stéphanois disparaissent de la circulation ; enfin l’enjeu de préserver le 0-0 prend le pas sur le jeu.
Potins