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Le derby reste toujours un match à part. Celui de la saison 2000-01 ne déroge pas à la règle.
Mais une fois n'est pas coutume, c’est dans les coulisses plus que sur le rectangle vert, que celui-là va se jouer...


La feuille de match
Mercredi 6 septembre 2000 - Championnat de France de D1 - Stade Geoffroy-Guichard
6e journée: ASSE 2-2 OL
Spectateurs: 28.446 - Arbitre: M. Colombo

Buteurs: Pédron (11e) et Potillon (50e) pour l'ASSE. Anderson (10e) et Marlet (41e) pour l'OL

ASSE: Levytsky - Kvarme - Mettomo - Wallemme - Potillon - Sablé – Sarr (Huard 76e) - Guel (Fellahi 45e) - Pédron - Panov - Sanchez (Masudi 45e). Entraîneur: Robert Nouzaret
OL: Coupet - Bréchet - Laville - Deflandre - Edmilson - Dhorasso (Malbranque 81e) - Foé - Violeau (Muller 85e) - Anderson - Marlet. Entraîneur: Jacques Santini

Les faits (sportifs) du match
Le début de saison des Verts est plutôt bon au coup d'envoi. Avec huit points au compteur (deux victoires, deux nuls, une défaite), les Stéphanois comptent deux unités d’avance sur les voisins d’outre A47, qui avec une seule victoire en 5 matches ont connu un début assez poussif.
La double mission qui s’impose donc aux joueurs de Robert Nouzaret est de garder le rythme des équipes de tête et de donner la fessée aux vilains Gones.


Steve Marlet, serré de près par Kvarme et Wallemme (photo le Progrès)

Pourtant, Lyon prend le match en main dès le coup d’envoi et les Verts se montrent trop attentistes. Jouer à ce petit jeu contre cette équipe rompue aux joutes européennes s’avère dangereux et c’est tout naturellement que les méchants Lyonnais ouvrent la marque par l'inévitable Sonny Anderson qui, bien lancé par Marlet, élimine Levytsky pour frapper dans le but vide (1-0, 10e).
Échaudés mais ne craignant pas l’eau froide, les Stéphanois réagissent moins de 120 secondes plus tard. Sur un coup franc, légèrement détourné, Stéphane "Magic" Pédron distille alors un maître tir des 25 mètres. Grégory Coupet en reste pantois et ne peut que regarder le ballon échouer dans ses filets (1-1, 11e). 


Stéphane Pédron, l'égalisateur au poing rageur (photo le Progrès)

Le match s’équilibre mais les monstres du 69 rentrent au vestiaire avec l’avantage puisque Anderson rend la politesse à Marlet en servant l’ex-Auxerrois pour le second but vilain (1-2, 41e)
Au retour sur le pré et après un "coaching à la Nouz’" (Fellahi et Masudi rentrant dès la mi-temps), les Verts repartent du bon pied. C'est alors Popote qui reprenant de la tête un corner de Pédron, permet aux Verts d’égaliser (2-2, 50e). Le jeu est ouvert, les occasions se succèdent et le suspense demeure total jusqu’à la fin. Mais à l’arrivée ce derby accouche encore une fois d’un match nul.


Potillon permet aux Verts d'encore revenir à la marque (photo le Progrès)

Ils ont dit
Robert Nouzaret: "Si on avait pris une bonne déculottée, il n'y aurait rien eu à dire. C'est le seul point positif de la soirée. Il y a eu trop de comportements inhabituels chez la plupart de nos joueurs. Alors pourquoi contre Lyon? Pas de jeu, pas d'agressivité, pas de fraîcheur, pas de plaisir, que du "hourra-football", seulement quelques réactions épidermiques… Il n'y a aucune excuse. J'ai appris à 16 heures qu'Alex ne pourrait être aligné. On ne pouvait pas faire autrement. Il ne sera pas remplacé car Luiz Alberto fait office de joker. Cela tient au retard dans l'acquisition du passeport grec de Maxym Levytsky"

Jean Guy Wallemme: "Il faut retenir que nous sommes revenus deux fois à la marque. Pour ma part, j'étais au ralenti mais j'ai essayé de m'accrocher pour ne pas lâcher le morceau. Nous sommes déçus par notre prestation mais on essaie de positiver, car il le faut avant d'aller à Paris. Je n'ai pas à commenter la décision du départ d'Alex. Elle appartient aux dirigeants. Nous l'avons appris à chaud et cela n'a pas été notre souci"

Les faits (extra-sportifs) du match
Le match, très plaisant, aura finalement été éclipsé par la mystérieuse absence d’Alex Dias. En effet, le prolifique buteur brésilien est absent de la feuille de match au coup d'envoi et annoncé en partance pour le Betis Séville. Retour sur l’affaire avec Robert Nouzaret et Bernard Lacombe...

Robert Nouzaret: "Gérard Soler m’a appelé avant le match pour me dire de ne pas faire jouer Alex. Il y avait des contacts avec le Betis Séville et ses dirigeants ne voulaient pas qu’il se blesse. En arrivant au stade, la version était toute différente. Soler m’a expliqué que Jean-Michel Aulas mettait la pression car le passeport d’Alex n’était pas en règle. Soler m’assurait qu’il n’y avait pas de problème mais qu’il ne fallait pas le faire jouer. Je l’ai donc écouté et je n’ai pas aligné Alex. Il était hors de question de perdre ce match sur tapis vert. Plus tard j’ai appris le fin mot de l’histoire: lors d’un voyage au Brésil, Soler a eu la bêtise de raconter à Lacombe l’histoire des faux passeports. Lacombe s’est empressé de tout répéter à son patron. Que les dirigeants stéphanois utilisent ce genre de stratagème pour avoir des joueurs supplémentaires est une chose mais qu’Aulas se serve de ça pour déstabiliser une équipe en est une autre"


Alexander Panov, pris dans la nasse lyonnaise (photo le Progrès)

Bernard Lacombe: "Nous avions bien posé une réserve avant le match et demandé aux dirigeants de l’ASSE de ne pas faire jouer Alex et Aloisio car ils avaient des faux passeports. Ils se sont énervés et c’est à ce moment que Gérard Soler a dû se mettre au courant de l’histoire. Il n’y avait pas de problème pour Aloisio car il était blessé. Ils ont dû en revanche trouver une solution pour Alex. Son transfert au Betis était peut-être un prétexte.
Ce n’est pas Gérard Soler qui nous a révélé cette affaire, même si nous sommes bien revenus du Brésil ensemble. C’est José Fuentes, l’agent d’Edmilson, qui nous l’a annoncé. Il devait avoir un compte à régler avec Edinho, l’agent d’Alex et d’Aloisio.
Nous étions les premiers à être mis au courant et il était inconcevable de laisser l’ASSE aligner ces deux joueurs. Je le répète, je n’ai rien à voir avec cette affaire. Il y a d’ailleurs eu un procès et je n’ai même pas été convoqué…"


Alain Masudi s'interpose devant David Linarès (photo le Progrès)

Le Saviez-vous ?
- C'est le 85e derby de l'histoire et le 4e match match nul d’affilée pour un ASSE-OL. La dernière victoire des Verts remonte alors à la saison 1993-94 pour une victoire 3-0 avec un doublé d'Étienne Mendy et un but de Despeyroux. La suivante n'aura lieu que 14 ans plus tard...

- Peu de gens gardent en souvenir des images de ce derby car c'est TPS, le bouquet satellite de TF1, qui le diffuse, Canal+ lui ayant préféré le champion Monaco qui recevait Marseille. TPS ne diffusant qu'un seul match exclusif par journée, peu de foyers ou de bars sont alors abonnés à cette offre qui sera rachetée par Canal+ en 2005. Mécaniquement, l'audimat est donc très faible pour cette rencontre.

- C’est lors de ce match que les "supporters" lyonnais déploient la désormais célèbre banderole "Les gones inventaient le cinéma quand vos pères crevaient dans les mines". L'une des plus méchantes de l'histoire des derbies...

- Hasard ou destinée ? Lors du derby ASSE-OL de la saison précédente, Anderson avait déjà ouvert la marque en début de rencontre et Pédron avait lui aussi égalisé d'une superbe frappe de loin !

- Trois Lyonnais ont déjà ou vont bientôt porter le maillot vert: bien sûr, personne n'a oublié Grégory Coupet (formé à l'ASSE et transféré à Lyon en 1996) ni Jacques Santini (à l'ASSE de 1970 à 1981) du côté du Forez mais peu se doutent alors que Steed Malbranque revêtira brièvement le maillot vert quelques 11 ans plus tard. Une bien mauvaise blague pour les supporters stéphanois...

- Au match retour, les Verts concèderont une défaite 2-1, Delmotte donnant la victoire aux Lyonnais à la 90e minute. Le même permettra à l'OL de remporter un autre derby en 16e de finale de Coupe de France quelques semaines plus tard en inscrivant le tir au but décisif (1-1 ap). Ajoutez à cela la 2e place finale de l'OL, sa victoire en Coupe de la Ligue et la relégation en D2 de l'ASSE à la fin de saison et vous obtenez une saison sacrément pourrie...