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"Je suis un pauvre fossoyeur" fredonnait Brassens. Ce match serait plutôt un pauvre remueur de couteau dans la plaie béante laissée par une saison qui mériterait le titre de "la plus noire de l’histoire de l’ASSE"...


La feuille de match
Jeudi 21 décembre 2000 - Championnat de France de D1 - Stade Gerland
22e journée: OL 2-1 ASSE
Spectateurs: 39019 - Arbitre: A. Sars

Buteurs:
  S. Anderson (4e), C. Delmotte (90e) pour l'OL. D. Alex (70e) pour l'ASSE

OL: G. Coupet - E. Deflandre, J. Edmilson, P. Muller, C. Delmotte - V. Dhorasoo (S. Malbranque 81e), P. Violeau, D. Linarès, P. Laigle (J.M. Chanelet 62e) - S. Anderson, S. Marlet (S. Govou 81e). Entraîneur: Jacques Santini
ASSE: J. Janot - P. Carteron, B.T. Kvarme, J.G. Wallemme, L. Potillon - L. Huard, Luiz Alberto, P. Sarr (T. Guel 79e), S. Pédron (J. Sablé 75e) - C. Sanchez (F. Diawara 56e), D. Alex. Entraîneur: John Toshack


Admirez le clown qui agite le drapeau des Vilains

Les faits du match
Poussé par une pulsion qui hésite entre le morbide et la nostalgie, pulsion qu’on qualifiera donc de morbalgique, j’ai décidé de revoir le dernier Derby avant la chute. Allant au bout de cette pulsion, j’me suis proposé de vous conter cette rencontre.
Pour commencer, si je devais suivre les règles habituelles de l’éphéméride, je vous peindrais un peu le contexte, le tableau verdunesque de cette saison qu’on qualifie laconiquement de saison des "FP" (comme "faux passeports" mais aussi "faux procès" ou encore "franche pourriture" ou encore... bref). Quelque chose me dit que je vais vous l’épargner.


Patrice Carteron effectue son grand retour à Gerland (photo le Progrès)

Évitons donc le graveleux, restons collés aux faits. Les Verts entrainés par un Gallois du Talion cherchent à se venger du voisin honni et de ses basses manœuvres en allant chercher enfin une victoire Alex térieur, non encore décrochée avant cette 22e journée.
A quatre jours de Noël, l’ASSE, qui s’appuie sur une défense renforcée, pointe à la 12e place après avoir battu Auxerre 2-0 grâce à ses deux blonds de l’aile gauche, Pédron et Popotte.
Le match démarre de façon catastrophique, Sonny Anderson ouvrant la marque  sur corner après 4 petites minutes. Dans la foulée, malgré les éclairs d’Alex que seuls les ceinturages d’Edmilson peuvent arrêter et quelques arrêts réflexes de Gregory Coupet, Lyon affiche une assez nette domination jusqu’à la mi-temps. Le short noir est de sortie, et à l’issue de la première période, on ne peut que constater qu’il porte encore la poisse.


Anderson ouvre rapidement la marque
mais échouera ensuite face à Janot

En 2e période, d’abord de façon intangible puis ensuite franchement, les Verts reprennent le dessus et se montrent de plus en plus régulièrement dangereux. Une tête à bout portant de Luiz Alberto, une frappe d’Alex, les rares marioles rouge et bleu qui chantaient jusqu’à présent se sont tus, et arrive enfin la délivrance. On joue la 71e minute et sur un ballon renvoyé par la défense, Alex Dias arme une frappe sèche déviée dans ses propres filets par une main de Linarès. Le parcage stéphanois ainsi que le Rond-Point, rendez-vous traditionnel de la diaspora verte à Paris, explosent comme rarement.


Steve Marlet sera impuissant devant la solide défense de Kvarme

Mais tels des Romains se retranchant dans Petibonum à la vue d’une horde de Gaulois, nos petits Verts reculent aussitôt et nous rejouent Fort Alamo. Ah, ça change de la Nouz’attitude !!
Hormis un superbe contre sur lequel Juju Sablé perd son duel avec Coupet, la fin de match est une séance ininterrompue de serrage de fesses collectif. Jérémie Janot accomplit déjà des miracles notamment sur des coups de tronche d’Anderson mais que serait un derby sans sa grosse désillusion qui va avec ?
Malgré les avertissement du coach Toshack, le portier ne peut rien sur un énième et cruel coup de tête de Delmotte (photo), cette fois-ci sur un coup franc frappé de la droite par Violeau le poète. On joue la 90e minute. Ca vous rappelle quelque chose ? Oui je sais c’est ça, la morbalgie.

Ils ont dit
Sonny Anderson: "On a pas le droit de perdre contre Saint-Etienne. Quand on est de Lyon, il faut battre les Verts et puis c'est tout"

John Toshack: "Le derby va être dur pour Lyon..."


Alex marque ici son seul but dans un derby

Le Saviez-vous ?
- L'Olympique Lyonnais n'a encore jamais été champion à cette époque et ce ne sera pas non plus pour cette année-là. Tandis que les Verts seront relégués, l'OL finira 2e juste derrière le FC Nantes et devra attendre la saison suivante pour fêter son premier titre de champion. Les Vilains remporteront quand même la Coupe de la Ligue face à Monaco.

- Ils seront 4 Stéphanois à toujours porter les couleurs des Verts lors du derby suivant... 4 ans plus tard (Janot, Carteron, Sablé et Diawara). Côté lyonnais, seul Coupet sera encore de la partie.

- Ce match ressemble certes à beaucoup de derbies ultérieurs mais il ressemble aussi furieusement dans son scénario au Marseille-ASSE joué quelques semaines auparavant et perdu 2-1 dans les arrêts de jeu après l’égalisation de Laurent Huard.

- De l’équipe type de Nouzaret, Guel et Sablé seront les deux principales victimes de la méthode Toshack, leur place étant prise par Huard, Luiz Alberto ou le jeune Fousseni Diawara.

- C'est d'ailleurs le dernier match de John Toshack sur le banc stéphanois. Le lâche coach gallois prendra ses cliques et ses claques début janvier, laissant les clés de la tactique verte à son adjoint Rudi Garcia.

- Ce foutu Christophe Delmotte, joueur moyen mais vaillant, fera à nouveau plier les Verts deux mois plus tard en Coupe de France en inscrivant le dernier tir au but qui verra l'OL éliminer l'ASSE (1-1 puis 4-3 aux tab) en 16e de finale.

- Le Lyonnais Steed Malbranque partira bientôt rejoindre l'Angleterre en fin de saison (Fulham, Tottenham, Sunderland) avant de faire un passage éclair à l'ASSE en 2011. Il rompra presque immédiatement son contrat après 2 mois et 30 minutes jouées puis rejoindra l'OL à nouveau la saison suivante. Quel vilain !

- A l'issue de ce match, les Verts n'ont pas battu l'OL depuis 6 ans. Il leur faudra encore attendre 10 ans de plus pour enfin terrasser les Lyonnais, lors d'un derby épique à Gerland (0-1, Payet, le 25/09/2010)