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Des barres d'immeubles, un terrain vague, des enfants qui se disputent un ballon, bienvenue dans la banlieue parisienne des années 80.
C'est là que le petit Fousseni s'adonne déjà à sa passion: le football: "En bas des immeubles, dès qu'il y avait un ballon qui roulait, je n'étais jamais loin..."


Imitant alors son grand frère, il signe sa première licence à 7 ans dans la petite équipe de Pierrefitte-sur-Seine. C'est là, dans ce club aux faibles moyens, où souvent le système D prédomine, que Fouss' débute donc sa jeune carrière comme latéral droit. Trois années plus tard, lors d'un petit tournoi local, il tape dans l'œil des éducateurs du club phare du département, le Red Star 93: "C'était alors le deuxième grand club d'Ile de France derrière le PSG, donc c'était une grande fierté pour moi d'y aller."
Fouss' découvre alors un club vraiment structuré, "où les ballons et les chasubles ne faisaient pas défaut les jours d'entraînement", mais surtout une discipline stricte où les règles instaurées se doivent d'être suivies. Plus qu'un club, c'est une vraie famille qui aide le jeune Fousseni a tracer sa voie de footballeur mais aussi d'homme.



Diawara (debout au centre) dans l'effectif du Red star en 1999


Côté terrain, tout se passe pour le mieux. Replacé milieu défensif, capitaine de son équipe, il enchaîne les succès comme lors de cette année 1993 qui voit le Red Star remporter le Championnat de Paris, la Coupe de Paris et de Seine-Saint-Denis: "Vu le niveau des équipes en région parisienne, nous étions très fiers de ne pas avoir connu la défaite." Deux ans plus tard, en U15 nationaux lors des phases finales du championnat de France, où le Red Star pouvait nourrir de grandes ambitions, il "oublie" de se coucher à la veille d'une rencontre importante avec quelques coéquipiers. Résultat, le lendemain, l'AJA du jeune Olivier Kapo passe 5 buts à une équipe francilienne endormie: "Cette erreur a été le déclic pour moi". Fousseni comprend donc que le football est quelque chose à prendre au sérieux. D'autant plus que l'école ne le passionne pas forcément, si bien qu'il choisit d'arrêter celle-ci à 16 ans et demi après une première année de BEP.
C'est à ce moment là qu'il décide de faire tout son possible pour passer professionnel. Il redouble d'efforts, s'astreignant à deux entraînements quotidiens et cela finit par payer puisqu'il intègre peu avant ses 17 ans l'équipe réserve du club en CFA 2. Il joue une saison avec cette dernière avant d'être appelé à 18 ans en National avec l'équipe première. Il y dispute son premier match à Geoffroy-Guichard en Coupe de la Ligue où l'ASSE, pourtant en pleine ascension, coule 3-1 à domicile. Ce soir-là, son coéquipier Karim Fellahi séduit les dirigeants adverses, Fousseni aussi.



Fouss' à son arrivée à l'ASSE en 2000


La proposition du Forez ne tarde pas à venir: au sortir de deux saisons convaincantes, Fouss' rejoint les rangs de l'équipe stéphanoise à l'orée de la saison 2000-01. C'est un nouveau changement de dimension pour le jeune Diawara qui découvre l'élite à 20 ans: "Le changement était radical pour moi. A mon arrivée, j'ai été marqué par le poids de l'histoire, les infrastructures et aussi la qualité de certains joueurs comme Alex et Aloisio". Impressionné certes, le jeune malien ne se laisse tout de même pas aller et se donne à 200% aux entraînements. Venu à l'origine pour jouer les doublures,il profite de la blessure de Mettomo pour goûter aux affres de la D1 plus vite que prévu. Lancé par… Gérard Soler lors de sa seule pige sur le banc, un triste match contre Rennes (0-2) en remplacement d'Allan Olesen, Fousseni est enfin titularisé pour la première fois fin novembre 2000 dans l'antre du Vélodrome où il est chargé d'un certain George Weah (défaite 2-1). Fousseni joue finalement à 20 reprises (essentiellement des bouts de matches) lors de cette triste saison pour les Verts qui retrouvent la D2 après la sombre affaire des faux passeports.



Diawara reste fidèle au club en 2001-02


Exit Nouzaret, Soler, Toshack, le duo Wallemme-Garcia et place désormais à l'ex-entraîneur grenoblois Alain Michel. Fouss' est régulièrement aligné en charnière centrale en ce début de saison 2001-02, soit aux cotés de Stéphane Hernandez, soit aux cotés de la nouvelle recrue italienne, Giovanni Bia. Mais les résultats plus que médiocres et la perméabilité de la défense verte auront finalement raison d'Alain Michel et de Fousseni. Après une énième défaite à Beauvais, Frédéric Antonetti prend les commandes de l'équipe et annonce ne vouloir utiliser le jeune Malien que sporadiquement: "Quand Antonetti est arrivé, il m'a clairement fait comprendre, qu'il ne comptait pas sur moi. Cela m'a fait mal car je sortais pourtant d'une bonne première saison."
Pourtant le technicien corse ne joint pas les actes à la parole: certes il fait signer au mercato hivernal le défenseur central brésilien de Sedan, Eduardo Oliveira mais il continue paradoxalement d'aligner Diawara sur ses feuilles de match. Sur cette saison, où les Verts terminent finalement 13e, Fousseni enfile le maillot vert à 33 reprises, quasiment toujours titulaire en défense centrale, que ce soit sous l'égide d'Alain Michel ou de Fred Antonetti. Autre satisfaction: Diawara devient international malien pour la première fois.



Diawara devient un aigle du Mali en 2001


Pour autant, la saison 2002-03 s'annonce clairement bouchée pour Fouss', d'autant plus qu'un nouveau défenseur central expérimenté est recruté, en la personne de Vincent Hognon. Les Verts alternent le bon, le moins bon et le franchement pathétique (dont une défaite à domicile 3-0 contre Gueugnon) et Fousseni n'apparaît que 5 petites fois pour une seule titularisation.

Mis au placard, la saison 2003-04 s'annonce identique à la précédente pour le Malien. Barré par Hognon, Hernandez et désormais Morestin, Fouss' a quand même l'occasion de se montrer pour la réception de Troyes à la fin du mois d'août (suite à l'expulsion d'Hernandez lors du match précédent). Mais alors que les Verts dominent largement le candidat déclaré à la montée (2-0 à la mi-temps), Fouss' permet aux Aubois de revenir dans la partie en laissant filer Akrour au but et battre Janot. Fébrile, Diawara montre beaucoup de difficultés à contenir les vagues bleues des 20 dernières minutes et contre toute attente, l'ESTAC remporte le match 2-3. Fousseni vient de griller son joker. Quelques semaines plus tard, il est prêté au Stade Lavallois, un autre club de D2.
Alors que les Verts se dirigent tout droit vers la D1, Fousseni se bat, quant à lui, pour maintenir le club mayennais en deuxième division. Auteur de 3 buts en 20 apparitions sous le maillot tango, Fouss' peut se prévaloir d'une bonne saison. Mais du coup, il n'est pas sur les marches de l'Hôtel de Ville à la réception du trophée récompensant le champion de L2.


Sous le maillot tango le temps d'une saison


De retour dans le Forez, Fouss' découvre à l'instar de ses coéquipiers, la tête de son nouvel entraîneur, Elie Baup. Mais sans surprise, comme tout joueur prêté qui revient au bercail, il ne semble pas plus avoir la confiance du technicien haut-garonnais que de son prédécesseur, c'est donc avec la réserve qu'il commence la saison. Alors que d'autres auraient traîné les pieds à l'idée de s'entraîner et de jouer avec la CFA, Fousseni se sert de cette opportunité pour rebondir et totalement se relancer: "Ce passage en réserve m'a beaucoup apporté. J'ai pu me remettre en confiance, avoir du temps de jeu, garder le rythme de la compétition."
Bien lui en prend puisque à l'étage supérieur, le poste de latéral droit ne donne pas satisfaction à Elie Baup et ce malgré l'arrivée de l'Espagnol Javier Garrido. L'entraîneur stéphanois prend alors le pari de relancer Fouss' à ce poste lors d'une soirée novembre à Furiani. Résultat: une victoire 0-3 sans appel des Verts avec un Fousseni solide: "Ce soir là, j'ai réalisé une bonne prestation. Après ce match, j'ai continué à travailler dur pour rester dans l'équipe".
Diawara a su saisir sa dernière chance. La patience, la volonté et le travail finissent par payer puisque Fouss' reste jusqu'à la fin de la saison membre de la 3e défense la plus hermétique du championnat avec le trio Ilunga - Camara - Hognon.


Un des rares buts de Diawara en vert (ASSE-OM en 2006)


Bien ancré à son poste, Garrido et Carteron définitivement partis, Fouss' entame la nouvelle saison avec le statut de titulaire incontesté à droite de la défense. Malheureusement pour lui, ses performances s'étiolent avec celles de l'équipe et sans être ni vraiment mauvais ni extraordinaire, Fouss' paie petit à petit son manque d'allant offensif et sa technique limitée dans le frileux système baupien. Mis en concurrence quelques matches avec le jeune Loïc Perrin, il ne récupère sa place qu'à la faveur de la blessure de ce dernier à Marseille. Dans un Vélodrome qui s'avère être également un mauvais souvenir pour Fousseni avec un célèbre épisode d'oubli de maillot. Fouss' est néanmoins titulaire à 31 reprises durant la saison 2005-06.



L'un des derniers matches de Diawara à l'ASSE face à l'OM en 2007


Puis c'est Elie Baup qui s'en va, la nouvelle équipe technique se met alors à la recherche d'un latéral droit pour renforcer le poste. Ce joueur, ce sera le Sénégalais Lamine Diatta, transfuge de l'OL où il a obtenu deux titres de champions de France. Bien que pas franchement transcendant, le nouveau pique la place de l'ancien et après une demi-saison sur le banc (il ne joue que 7 matches dont 3 de coupe), Diawara est prêté à Sochaux lors du mercato hivernal. Pas super concluant, son prêt se conclut à l'été suivant avec seulement 3 matches disputés avec les Lionceaux.
Fousseni sent alors que ses années vertes sont derrière lui. Laurent Roussey, remplaçant d'Hasek, ne compte pas sur lui et le fait jouer en CFA. Il ne dispute que 4 matches de championnat, en tant que remplaçant jusqu'à l'hiver 2008 où il met définitivement un terme à son aventure stéphanoise. Adieu la neige et le froid foreziens et bonjour au soleil de l'Attique: Diawara est le nouveau latéral droit du Panionios d'Athènes. Le club grec le fait néanmoins peu jouer (20 matches sur deux saisons, dont 6 en coupe) et il est laissé libre à l'été 2009.



Sochaux, Panionios, Istres: Diawara à la recherche du bonheur

 

C'est donc le retour en France. Maintenant qu'il a pris goût au soleil, Fouss s'implante au sud. D'abord à Istres le temps d'une saison moyennement remplie en L2 (20 matches) puis en Corse où il trouve un terrain d'entente avec l'AC Ajaccio, alors en Ligue 2. C'est un nouveau départ pour lui: l'équipe tourne bien, il fait beau, il s'entend à merveille avec son coach Pantaloni, il est titulaire et cerise sur la coppa: Ajaccio finit second de L2 et accède à la L1. Un retour par la grande porte pour le latéral de 31 ans qui y dispute encore 2 saisons durant lesquels l'ACA parviendra à assurer son maintien dans l'élite. Il disputera 47 matches durant cette période et aura même l'audace de marquer un but à Geoffroy-Guichard lors d'une défaite corse 3-1, l'un de ses 5 marqués sur ces 2 saisons.



Face à Aubameyang lors de ASSE-Ajaccio en 2011


Mais alors que l'ACA s'assure une 3e saison d'affilée dans l'élite et qu'il a même pu regoûter aux joies de l'équipe nationale malienne (9 capes supplémentaires en 2012-13), Diawara est contraint de quitter le club corse. Le nouvel entraîneur Fabrizio Ravanelli ne compte pas vraiment sur lui. Ce joueur de devoir vieillissant n'en a pas fini avec le football, il rejoint le FC Tours, terre d'accueil des pré-retraités de tous horizons où il signe un contrat de 2 ans. Un choix qui n'est pas anodin: le club de Tourraine est en effet entraîné par... Olivier Pantaloni.
Alors que l'ACA de Ravanelli coule et se retrouve relégué en L2, le FC Tours de Pantaloni flambe mais échoue de peu à décrocher la promotion en L1: "Quand on fait le bilan, cette saison est frustrante. On a pris des coups sur la tête, on est tombé de haut. Comme tout le monde, je suis frustré personnellement et je me remets en question. On a donné de l'espoir à tout le monde d'entrée, à nous-mêmes y compris. A l'arrivée, on a tous pris une grosse claque"

Et pas que lui: aux prises avec le Nancéien Jeff Louis lors d'une altercation visiblement provoquée par son adversaire, Diawara se fait justice et subit 4 matches de suspension de la part de la commission de discipline: "Mon altercation avec Jeff Louis a été un moment très difficile à vivre. Je n'ai pas montré l'exemple. Ce n'était pas moi ! Je veux montrer un autre visage, et le montrer aussi sur le terrain. D'une certaine façon, je veux redorer mon blason".
Ce
 geste étonnant pour ceux qui le connaissent ne l'empêche pas de rempiler à 34 ans en Indre-et-Loire mais cette fois, au poste de défenseur central: "Je joue depuis une dizaine d'années au poste de latéral. Avec les années, c'est plus difficile. Je connais le poste de défenseur central puisque j'ai commencé là, et que j'y ai évolué en Ligue 1 à Saint-Etienne. C'est aussi mon poste en sélection nationale. Je ne pars vraiment pas dans l'inconnu. Alors, j'ai exprimé ce souhait auprès du staff. Aujourd'hui, ils me font confiance".
Ce dernier sait qu'il pourra compter sur un joueur d'un professionnalisme exemplaire et toujours prêt à se sacrifier pour son maillot, qu'il soit Vert ou non.



Le FC Tours, une deuxième jeunesse pour Fousseni Diawara

 

Le Saviez vous?
- Fouss' est international malien et compte 47 sélections

- En 2013, il parvient avec l'équipe du Mali à la 3e place de la CAN, sa meilleure perf à ce jour.

- Il a un autre frère qui joue au football, Samba, ancien international et joueur de D2 française et belge, ainsi qu'un cousin, Mamedy Diawara, basketteur à Sainte-Marie/Metz (4e division)

- C'est l'un des intervenants les plus réguliers sur Poteaux-Carrés. Consultez ses nombreuses interviews sur le site !