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On a beau être en D2, atomiser l'OL chez lui, ca vous sauve une saison...


La feuille du match
Dimanche 24 février 1985 - Championnat de France de D2, groupe B - Stade Gerland
24e journée: OL 1-5 ASSE
Spectateurs: 26.785 environ - Arbitre: R. Wurtz

Buteurs: L. Fournier (90e) pour Lyon.  J.F. Daniel (30e), J.L. Ribar (46e, 51e), P. Ferri (69e), C. Diarte (75e) pour l'ASSE
 
OL: J.M. Raymond - J.J. Nono, H. Zambelli, J.F. Larios, E. Boucher - A. Ferri, R. Bocchi, F. Durix, L. Fournier - Sevcenko (O. Rouyer 63e), S. Bex. Entraîneur: Robert Herbin
ASSE: J. Castaneda - E. Clavelloux, T. Oleksiak, D. Gilles (R. Sab 28e), P. Ferri - G. Peycelon, J.F. Daniel, J.L. Ribar - D. Sanchez, R. Milla (C. Diarte 40e), E. Bellus. Entraîneur: Henryk Kasperczak

Les faits du match
En ce dimanche après-midi de février, Gerland est en ébullition, parsemé de notes rouges, bleues et vertes. C'est la première saison que les deux ennemis jurés, l'ASSE et l'OL, se rencontrent en seconde division. Le derby du match aller s'est achevé sur un score nul et vierge à Geoffroy-Guichard et les Verts, qui ambitionnaient de remonter rapidement dans l'élite, se sont embourbés dans son antichambre. Pourtant, avec l'hiver, les Stéphanois se réveillent et plusieurs victoires les emmènent à la seconde place, qu'ils occupent au moment de se rendre à Gerland y défier des Lyonnais en quête de renouveau.

Mélangé aux supporters lyonnais, le parcage
stéphanois peut donner de la voix

Car l'OL n'entretient plus qu'une maigre chance de remonter en D1. La réception de leur voisin est l'occasion, espère Robert Herbin, de redonner une dynamique victorieuse aux siens. Pour cela, il va bouleverser ses habitudes et miser sur les ailes, avec le jeu rapide et précis de Jean-François Larios, Franck Durix et Laurent Fournier. Il demande aux Gones de brusquer leur adversaires, de jouer dur et de prendre l'ascendant psychologique.
Et ça marche: non seulement, les Lyonnais asphyxient leurs adversaires mais ils obtiennent rapidement la blessure de Didier Gilles, qui doit laisser sa place à Robert Sab. Henryk Kasperczak comprend alors qu'il faut changer son fusil d'épaule et profite d'un temps mort réorganiser son équipe. Le résultat ne tarde pas à se faire sentir.


Coup dur: Roger Milla doit quitter le terrain avant la pause

A la demi-heure de jeu, Jean-François Daniel ouvre le score en éliminant Larios puis en crucifiant Raymond dans un angle fermé. Les Lyonnais réagissent en jouant encore plus dur. C'est au tour de Roger Milla de quitter le terrain, victime des coups lyonnais, puis c'est Gilles Peycelon qui se met à boîter bas mais les Verts accentuent leur domination, sans pouvoir doubler la mise.
Cela devra attendre la reprise lors d'une seconde période de folie: un étincelant Jean-Luc Ribar, prometteur champion d'europe junior 1983, tue le match en réalisant un doublé lors des 5 premières minutes. Dans la foulée, Gilles Peycelon (photo) doit finalement quitter le terrain, victime en réalité d'une rupture des ligaments croisés. Seuls deux changements sont autorisés, les Verts doivent donc terminer le match à 10 !


Eric Bellus ne se laisse pas intimider par Franck Durix et André Ferri

Cela ne les empêche pas de survoler les débats et de définitivement enterrer leurs hôtes par l'intermédiaire de Patrice Ferri sur coup-franc direct et du Paraguayen Carlos Diarte, qui avait remplacé Milla en première période.
Laurent Fournier sauve l'honneur en toute fin de match au terme d'une belle percée collective mais le mal est fait: l'OL vient de vivre son plus gros revers de la saison. Le lendemain, le Progrès titrera: "Le derby de l'humiliation"


Jean-François Larios aura raté son match face à son club formateur

Ils ont dit
Gilles Peycelon: "Je me suis fait mal tout seul, en me tordant le genou (...) Henryk Kasperczak avait un peu insisté pour que je continue mais en constatant la blessure, le kiné a mis son véto. C'est pour cela que l'équipe a joué à 10 pendant 40 minutes. Mais mes coéquipiers se sont surpassés en infériorité numérique. D'autant que quand je suis sorti, nous ne menions que 2-0. Plus que l'ampleur du score, c'est surtout la capacité de réaction des joueurs qu'il faut retenir. Ce fut une véritable satisfaction collective. Ce fut un grand moment"

Jean-Luc Ribar: "C'était un match parfait, un grand moment de ma carrière. Gagner un derby, c'est déjà terrible mais en plus sur ce score ! J'imagine qu'il faut remonter loin pour trouver pareil écart. On les avait vraiment fait tourner en bourrique. Deux jours avant mon anniversaire, quel plus beau cadeau qu'une victoire dans le derby ?"

- Patrice Ferri: "Je me souviens bien de ce match qu’on avait disputé l’après-midi, j’ai marqué le quatrième but sur coup-franc. Étant défenseur, j’ai marqué peu de buts dans ma carrière. Je dois dire que celui-là, marqué à Gerland, a une saveur particulière pour le Lyonnais que je suis".

- Laurent Fournier: "C’était un dimanche après-midi, sous un ciel bleu et un soleil d’hiver… On avait pris une grosse branlée, vraiment une belle gifle, 5-1 à Gerland, c’était choquant. Et même si j’ai encore pris des tôles après, celle-là est forcément marquante"


Gilles Peycelon et Roger Milla ne résisteront pas
aux coups de Ferri, Fournier et des autres

Le Saviez-vous ?
- A l'issue de cette saison 1984-85, l'ASSE terminera à la deuxième place du classement du groupe B de deuxième division, à 2 points de Nice. En pré-barrage, les Rennais élimineront les Verts 2-0. Quant à l'OL, il terminera à sa place, la 7e...

- Pour répondre à Jean-Luc Ribar, trouver pareil écart n'est pas si difficile, les Verts ayant explosé l'OL 4-0 en 1981. Mais pour retrouver un succès stéphanois de plus de 4 buts et à Gerland, il faut remonter en effet à la saison 1969-70, lors de laquelle les coéquipiers de Keita et Revelli avaient infligé un violent 7-1 aux Lyonnais sur leur terrain.

- Robert Herbin entraîne l'OL depuis février 1982 et sera remplacé par Robert Nouzaret en fin de saison. Le Sphinx garde un souvenir cuisant de cette déroute des Gones: "De toute ma carrière de joueur puis d’entraîneur, c’est le derby qui m’a le plus marqué, le plus meurtri devrais-je dire. Alors que ce devait être le tournant de la saison, j’ai vraiment vécu cette défaite comme une humiliation". En même temps, il l'avait cherché...

- Avec ses 26.785 spectateurs, Gerland sonne un peu creux pour ce Derby mais cela n'en reste pas moins sa meilleure affluence de la saison. Loin, tellement loin pourtant de ce qui représente alors son record (et celui de tout le championnat): le Derby du 9 septembre 1980 (48.852 spectateurs)

- Comme Patrice Ferri, Laurent Fournier aura joué à l'OL (de 1980 à 1988) et à l'ASSE (de 1988 à 1990). L'ancien vainqueur de la Coupe des Coupes compte 3 sélections en équipe de France. De son côté, Jean-François Larios, copieusement sifflé par le public des deux camps (auquel il répondra par des doigts d'honneur), ne restera à l'OL que cette saison. Formé à l'ASSE, il avait joué pour les Verts de 1973 à 1982, à l'exception d'une belle saison à Bastia en 1977-78.

- Ce derby est le second à avoir lieu en D2, où Lyonnais et Stéphanois ne se sont affrontés que 4 fois. Le bilan est de deux victoires de l'ASSE, une de l'OL et un nul.