Malgré le deuxième match nul à domicile de la semaine, il y a des éléments positifs à retenir de la prestation des Verts contre Amiens.


Si lors de certains matchs précédents l'ASSE a obtenu un bon résultat sans avoir proposé grande chose en terme de jeu, ce match représente un peu le revers de la médaille. Il y a clairement eu du mieux dans le jeu, mais un manque de réussite offensive et des erreurs défensives ont fait que le résultat n'a pas suivi. La déclaration de Claude Puel après le match est très claire dans ce sens : "Je suis satisfait du contenu de notre match et un peu déçu d'avoir concédé un résultat nul à domicile (...) On gommera peu à peu les erreurs en essayant de garder une qualité de jeu. Je pense déjà que l'on ressort mieux le ballon. C'est notre meilleur match dans le jeu, les intentions et tout ce que l'on a essayé de faire".

Voici quelques exemples.
 

1MT : Attaques et contre-attaques

 
Le staff stéphanois a décidé d'aligner le même système 5-2-3 et les mêmes joueurs qu'à Bordeaux, à l'exception de Palencia, qui a pris la place de Debuchy dans le couloir droit :


Bouanga a conservé son rôle de piston gauche, les jeunes Fofana et Saliba ont accompagné Perrin en défense, le jeune Abi a eu Khazri et Boudebouz en soutien et la paire M'Vila-Youssouf a été reconduite au milieu, avec le premier de nouveau à gauche. En face, Amiens a joué en 4-4-2 (4-2-4 sur cette image).


Le premier quart d'heure a été largement à l'avantage des Stéphanois, qui ont varié les attaques, comme dans cet exemple à la 13e minute :



Un long ballon amiénois est récupéré par la défense, les joueurs sont en place et combinent malgré la présence adverse haute. Le ballon arrive à droite à Palencia...



... et il est ensuite envoyé de l'autre côté, à Bouanga, via Perrin, Youssouf et Saliba, avec des passes courtes.


Bouanga échange des passes avec M'Vila et Saliba, on est toujours en phase de préparation, tout le monde se met en place, y inclus le bloc adverse, qui recule dans sa moitié. Les Verts changent de nouveau de côté et Fofana monte un peu avec le ballon :


Si Abi se place dans la défense, Khazri se trouve entre les lignes adverses. Quant au troisième offensif, Boudebouz s'excentre dans le couloir droit - comme Amiens joue avec deux joueurs de couloir, il faut aider son piston, qui se trouverait en infériorité numérique sinon. Il est servi par Fofana, mais le jeu n'est pas de ce côté. Boudebouz joue en arrière avec Perrin et sa transversale trouve parfaitement Bouanga dans le couloir opposé :



Son centre trouve Abi, qui remet de la poitrine en retrait pour Khazri, mais sa reprise de volée passe au dessus. La remise en jeu est gagnée immédiatement par les Verts, qui recommencent à construire :



Sauf que maintenant, le bloc adverse (toujours bien formé en 4-4-2) est bien plus haut, la ligne des milieux se trouve sur les 30 mètres stéphanois. Ce qui veut dire qu'il y a de l'espace entre les lignes...


... et Boudebouz s'y trouve complètement libre. La passe de Ruffier n'est pas très précise, mais elle est récupérée par Abi, qui avait décroché...

 
... et qui dévie de la tête pour Boudebouz. Leur milieu passé, les Amiénois doivent défendre en reculant. Khazri est complètement libre à gauche, mais la montée de Palencia à droite offre une solution aussi :
 

Un double une-deux Boudebouz-Palencia décale parfaitement ce dernier, qui arrive dans la surface :


L'appel d'Abi fait reculer tous les défenseurs, Khazri est libre au point de penalty, mais c'est le jeune avant-centre qui est recherché. Malheureusement, le gardien capte le centre.

Une animation offensive qui cherche à mettre en bonne position les deux joueurs de couloir, soit avec des changements de côté successifs (possibles grâce à une bonne maîtrise technique), soit avec un joueur trouvé entre les lignes et des combinaisons entre le piston et un offensif qui s'excentre dans son couloir. Le but de Khazri juste avant la pause vient de ce deuxième type de situation, il est trouvé par Boudebouz entre les lignes et combine à gauche avec Bouanga avant de tromper le gardien avec un tir dévié...


Après la maîtrise du premier quart d'heure (84% de passes réussies), les Stéphanois ont eu un coup de mou. Et leurs pertes de balle (74% passes réussies ensuite jusqu'à la pause) ont permis à Amiens de se montrer dangereux, comme dans cet exemple à la 26e :


Les Amiénois cherchent à sortir proprement, mais ils sont embêtés par le pressing stéphanois. Palencia bloque le latéral gauche adverse, Boudebouz presse un milieu axial et Youssouf intercepte la passe vers un ailier. Ballon récupéré haut, mais pas pour longtemps...


... car Boudebouz rate sa passe en arrière à destination de M'Vila et un avant-centre récupère le ballon, avant de décaler rapidement son ailier gauche :


Palencia étant haut, à hauteur du latéral, c'est à Fofana de couvrir dans le couloir. Les avantages de la défense à 3 sont là, il y a toujours des défenseurs pour couvrir, Perrin et Saliba peuvent s'occuper de l'avant-centre et Bouanga n'est pas loin de l'autre ailier. Mais pour ne pas concéder des occasions, il faut suivre...


Le latéral gauche adverse part de derrière Palencia et propose une solution en profondeur. Le piston droit stéphanois ne le suit pas du tout (il n'est même pas visible dans cette capture d'écran). Et quand l'ailier opposé se propose au point de penalty, Bouanga ne serre pas dans l'axe pour le bloquer non plus. Heureusement, Perrin bloque le tir adverse...

Malgré une possession à son avantage, c'est bien en contre qu'Amiens a été le plus dangereux et c'est d'ailleurs comme ça que les Picards ont réussi à égaliser en deuxième période.

 

2MT : Erreurs défensives

 
Le tournant du match est intervenu à la 68e, quand le coup franc de Boudebouz s'est écrasé sur le poteau et les Amiénois ont marqué ensuite en contre, après un cafouillage dans la surface stéphanoise et un ballon touché par le bras de l'attaquant - les arbitres assistant à la vidéo n'étant probablement pas au courant du changement de règlement concernant les mains "offensives" à partir de cette saison.

Par contre, cette égalisation a été une conséquence logique de la baisse de régime des Verts, qui n'ont pas spécialement bien joué lors du premier quart d'heure de la 2MT. La possession laissée à l'adversaire (plus de 60%), le 5-2-3 s'est plutôt transformé en 5-4-1 et le bloc équipe n'a pas été toujours bien en place, comme dans cet exemple quelques minutes avant le but :


La défense à 5 est alignée, Khazri et Boudebouz sont assez excentrés pour couvrir dans les couloirs (où les Stéphanois sont en infériorité numérique sinon). Le latéral gauche adverse porte le ballon vers l'axe sans être attaqué et trouve un avant-centre, qui avait décroché sans être suivi par un défenseur. Il organise ensuite le jeu...


... en échangeant des passes avec son ailier, pendant que les Verts se trouvent dans une espèce de 5-1-4, Youssouf couvrant entre les lignes et Abi prenant sa place dans la ligne des milieux. Il y a deux offensifs amiénois qui combinent sur les 30 mètres sans être inquiétés, aucun des 5 défenseurs ne sort pour aider son milieu, mais ils ne couvrent pas bien le couloir non plus. Quand le latéral droit est lancé en profondeur, ni Khazri, ni Bouanga ne le suivent. Son centre est repoussé par Fofana, mais le ballon est vite récupéré et une nouvelle attaque commence :


Maintenant le 5-4-1 des Verts est bien visible, un bloc bas, mais facilement transpercé par les passes verticales. Un ailier est trouvé entre les lignes, d'où il lance en profondeur un milieu axial qui s'était projeté :


Pas moins de 3 Stéphanois le suivent, M'Vila (c'est son adversaire direct), mais aussi Saliba et Bouanga, qui ne se préoccupent donc pas de l'ailier ou du latéral, qui reste en retrait, où il est servi. Et comme Khazri n'avait fait aucun effort pour suivre, il a le temps d'ajuster son centre :


Il y a bien sûr un décalage dans la surface, la remise de la tête d'un ailier trouve un coéquipier complètement seul au point de penalty. Son tir est contré, mais arrive à l'autre avant-centre et Ruffier fait une belle parade pour combler les lacunes défensives de son équipe. Si les Verts avaient encaissé plusieurs buts en début de saison suite à des erreurs défensives, elles s'étaient faites plus rares le dernier temps...


Pour essayer de restructurer son bloc équipe, le staff stéphanois a effectué deux changements coup sur coup à un quart d'heure de la fin. Avec Nordin à la place de Palencia et Hamouma à celle de Boudebouz, l'ASSE est passée à une défense à 4 :


Khazri est positionné en soutien d'Abi, Hamouma et Nordin sont ailiers, Fofana à droite de la défense et donc Bouanga en latéral gauche - de stade c'était visible comment Perrin lui indiquait où se placer, plus bas que dans son précédent rôle de piston. Mais il n'est pas un défenseur, et ça s'est malheureusement tout de suite vu, quand un long dégagement du gardien adverse a été repoussé de la tête par Perrin jusqu'à un adversaire...


... qui a vu que Bouanga n'était pas bien placé par rapport à son adversaire direct et ainsi, en moins de 10 minutes, Amiens est repassé devant au score.

Heureusement, seulement 4 minutes plus tard, Bouanga a pris sa revanche sur l'ailier amiénois. Ça part d'un échange de passes entre Saliba et Ruffier...


... le premier monte ensuite avec le ballon et trouve Hamouma, qui avait décroché entre les lignes, suivi par son adversaire direct, le latéral droit adverse...


... qu'il élimine d'un magnifique contrôle orienté. Bouanga sprinte dans son couloir, pas suivi par son ailier et se présente dans la surface. Avec un peu de chance, les Verts égalisent.

Le problème défensif à gauche étant toujours présent, le dernier changement de l'ASSE a vu l'entrée de Debuchy en latéral de ce côté, Bouanga montant d'un cran et Hamouma passant en soutien de Khazri, resté le seul attaquant :

 
 
 
 

Conclusions

 
Le public de Geoffroy-Guichard commence à devenir impatient, et c'est normal si on considère qu'il n'y a eu qu'une seule victoire à domicile cette saison, lors du Derby. Et après le nul concédé trois jours plus tôt en Coupe d'Europe, c'est frustrant de voir un autre résultat d'égalité, en Ligue 1 cette fois-ci. Mais comme il ne fallait pas que le résultat à Nîmes ou à Bordeaux cache la pauvreté du jeu produit, il ne faut pas non plus retenir seulement le résultat de ce match contre Amiens. Des belles sorties de balle, des décalages créés sur les côtés ou entre les lignes adverses, il y a du mieux dans l'animation offensive stéphanoise, peu importe le système en 3-4-3 ou plus classique en 4-2-3-1. Tout n'a pas été parfait, il y a aussi eu des nombreuses erreurs de placement, des passes ratées et le dernier geste n'a pas toujours été inspiré. S'il y a donc une progression dans le jeu des Verts, il leur manque maintenant un match référence, maîtrisé du bout au bout et qui allie la manière et le résultat...