Depuis quelques semaines les Verts ne perdent plus, et à Bordeaux ils ont même obtenu leur troisième victoire consécutive en championnat, toujours par le plus petit des scores, 1-0.
Si les conférences de presse d'après match sont parfois interessantes, celle de Claude Puel avant le match vaut aussi le détour, notamment en ce qui concerne le système tactique à utiliser : "jouer avec trois défenseurs, c'était un choix par rapport aux états de forme, après je ne suis pas accroché à ce système que je n'ai pas souvent appliqué. Je ne veux pas en faire un bloc dans la surface". Et pourtant, c'est ce que les Verts ont fait, après avoir bien répété leurs gammes pendant la trêve, comme le confie Saliba après le match : "ce 3-4-3 qui devient un 5-2-3 en phase défensive, on l'a travaillé depuis une semaine et demie".
Le même système comme lors du dernier match, contre Lyon, choix justifié aussi parce que les deux adversaires proposaient une approche similaire, basée sur une défense à 3. Mais avec un bloc équipe moins solide que lors du Derby, comme le remarque le coach stéphanois après le match : "le succès face à Lyon était mieux maîtrisé dans la cohésion et dans la discipline". Voici quelques exemples.
Le même système comme lors du dernier match, contre Lyon, choix justifié aussi parce que les deux adversaires proposaient une approche similaire, basée sur une défense à 3. Mais avec un bloc équipe moins solide que lors du Derby, comme le remarque le coach stéphanois après le match : "le succès face à Lyon était mieux maîtrisé dans la cohésion et dans la discipline". Voici quelques exemples.
1MT : Des espaces entre les lignes
Si le système n'a pas changé depuis le dernier match, certains joueurs si, avec des cadres expérimentés sur le banc et des surprenants titulaires, comme Fofana et Palencia :
Un 5-2-3 avec Palencia et Bouanga en pistons, Perrin entouré de Saliba et Fofana en défense centrale, M'Vila et Youssouf au milieu et une ligne de trois offensifs Khazri-Abi-Boudebouz. Du côté de Bordeaux, un système similaire, 3-4-3 (ou 5-2-3) - sur cette image on voit un des trois offensifs décrocher au niveau des milieux. Et comme contre Lyon, les Stéphanois ont bien resserré les lignes des milieux et attaquants pour empêcher les adversaires de trouver leurs milieux. Leur défense centrale combine, essaie de déplacer le jeu vers la gauche...
... donc Palencia monte un peu vers le piston adverse et Fofana suit son adversaire direct. Pendant ce temps, le pur avant-centre reste dans la défense et l'autre attaquant se trouve derrière M'Vila et Youssouf.
Le jeu revient vers la droite, le bloc stéphanois coulisse, mais il est un peu cassé. Si Youssouf serre bien un des milieux adverses, M'Vila doit quitter le sien pour suivre l'appel de cet offensif qui se balade entre les lignes. Il est recherché par une passe verticale, mais Saliba surgit et intercepte. Il trouve Khazri...
... qui monte balle au pied et le contre stéphanois est dangereux, un 3-contre 2. Malheureusement le contrôle de Khazri est trop long et un défenseur arrive à dégager.
Après les premières 10 minutes, plutôt équilibrées, les Bordelais ont mis le pied sur le ballon, avec 70% de possession jusqu'à la pause. Et même s'ils avaient une animation offensive capable de transformer cette possession en occasions, la défense stéphanoise a tenu bon, comme dans cet exemple à la 33e :
Une touche des Girondins dans leur propre moitié et le ballon est donné à la défense. Pendant 7 secondes le défenseur central garde la balle en cherchant une solution, sans être embêté :
Les deux lignes des milieux et attaquants stéphanois sont en place, les deux milieux adverses ne peuvent pas être touchés. Par contre, il y a un grand espace entre la ligne des défenseurs et les milieux, dans lequel les deux offensifs adverses s'y placent. Le même que dans l'exemple précédent est trouvé par une belle passe verticale et combine de suite avec son piston droit, pas marqué par Bouanga, mal placé. Il avance dans son couloir et centre...
... dans la surface, où Perrin et Fofana encadrent l'avant-centre. Le jeune défenseur des Verts dégage de la tête, mais dans l'axe, où le ballon est repris par un adversaire, mais Ruffier capte.
Cette possibilité de trouver un attaquant entre les lignes a été la principale faille dans le bloc stéphanois, comme le remarque l'entraîneur : "on avait des lignes écartées, on avait du mal à se replacer et à faire remonter notre défense. Les Bordelais ont été dangereux en trouvant des situations et des joueurs entre nos lignes, qui ont pu s'exprimer". Et c'était bien pire quand les Verts essayaient de faire un pressing haut :
Dans cet exemple à la 37e, le gardien de Bordeaux joue un 6 mètres dans sa surface, avec un défenseur qui lui redonne le ballon. Les trois offensifs des Verts se trouvent dans la surface, les deux milieux sont très hauts aussi, pour serrer les milieux adverses... ce qui signifie qu'ils sont très loin des défenseurs. Et les mêmes deux attaquants s'y trouvent dans cet espace, où un d'entre eux est trouvé par la passe lobée du gardien. Bouanga trop haut, décalage fait vers le piston dans son couloir...
... mais celui-ci décide de calmer l'action en jouant en arrière et l'attaque se finit une minute plus tard quand Fofana gagne son duel contre l'autre attaquant, son adversaire direct. Ces situations ont pu être observées assez souvent lors de ce match, M'Vila passant son temps à faire aller-retour entre le milieu devant lui et l'attaquant placé derrière, comme ses défenseurs étaient trop loin et comme ses attaquants ne coupaient pas bien les angles de passe.
2MT : Changements de joueurs et de système
Auteur de 4 fautes en 1MT et déjà averti par un premier jaune et verbalement avant un deuxième, Perrin a dû sortir à la pause, remplacé par Kolodziejczak, qui s'est placé à la gauche de la défense centrale, Saliba prenant le poste le plus axial :
Mais rien n'a changé dans l'animation offensive des Girondins, ni dans les failles du bloc stéphanois. Dans cet exemple à la 48e, les Bordelais combinent et envoient le ballon au piston droit, pendant que le même attaquant/milieu offensif se trouvent à hauteur de M'Vila et Youssouf. Sous la pression de Bouanga et Khazri, le piston adverse...
... joue en arrière et le jeu est envoyé vers la gauche, où l'autre attaquant décroche pour offrir une solution :
Fofana le suit, les lignes stéphanoises sont assez proches. Sous la pression de Fofana et Abi, le Bordelais joue en arrière à son tour et le ballon est passé entre les défenseurs :
Le bloc stéphanois coulisse, se remet en place...
... mais si les défenseurs se trouvent toujours à la même hauteur depuis le début de l'action, les attaquants et les milieux sont plus haut. Et le même attaquant est trouvé par une passe verticale entre les lignes. Et il décale le même piston droit, dans le dos d'un Bouanga toujours trop haut. Les deux joueurs essayent de combiner...
... mais Boudebouz fait un gros effort pour revenir et récupérer le ballon dans les pieds adverses. Malheureusement, il rate ensuite sa passe à destination de Khazri et les Verts ne partent pas en contre.
Ces derniers exemples se ressemblent énormément, alors pour varier un peu, regardons une construction d'attaque de l'ASSE en 2MT, à la 58e :
Ruffier relance avec Saliba, qui joue plus haut avec Youssouf : le (3-)4-3 des Girondins est visible, tout comme le 3-4-1-(2) des Verts, Boudebouz ayant décroché pour offrir une solution. Il est trouvé par Youssouf et joue en arrière avec Saliba, qui décale à gauche avec Kolo :
5-2-3 côté Bordeaux, avec des lignes assez distancées, mais c'est sans conséquence, les 5 "défensifs" stéphanois sont bas et jouent entre eux, sans vraiment essayer de jouer vers l'avant. Il est donc très simple pour les trois attaquants adverses de les presser...
... et le jeune Fofana n'a pas d'autre option que de jouer un long ballon à destination de Khazri, qui rate sa remise vers Abi et la possession est perdue, sans avoir réellement passer la ligne médiane.
Des Verts incapables de construire proprement, une animation offensive bordelaise qui mettait en difficulté le bloc stéphanois - la physionomie du match n'était pas à l'avantage de l'ASSE, mais il n'y a pas eu souvent un vrai danger pour Ruffier. Bordeaux n'a eu aucun tir lors des 20 premières minutes de la 2MT, mais a accéléré ensuite, les attaques devenant de plus en plus tranchantes. Et la réponse du staff stéphanois a été tactique, avec l'entrée de Cabaye à la place de Khazri :
Le système a changé de 5-2-3 à 5-3-2, avec un triangle au milieu en pointe basse, M'Vila. Son rôle est devenu celui de sentinelle, au marquage du ou des Bordelais qui se plaçaient entre les lignes. Ce replacement a tout changé, Bordeaux n'a plus eu d'occasion nette ensuite. Et quelques minutes plus tard, Boudebouz a été remplacé par Nordin :
Un changement poste pour poste, le 5-3-2 a été maintenu. Mais un changement de profil, le jeune entrant a amené de la percussion balle au pied. Et à la fin du temps réglementaire, il a subi une faute dans la surface qui a permis à Bouanga de marquer le seul but de la partie sur penalty...
Conclusions
Il y a quelques semaines, à Nîmes, les Verts avaient réussi à arrêter la série de 7 matchs sans victoire (dont 3 défaites sur les 3 derniers matchs). Et depuis ils en ont commencé une autre : 4 matchs sans défaite, 3 victoires sur 3 en Ligue 1. Les résultats sont là, mais tout n'est pas rose, surtout si on s'intéresse à la manière. Ces trois dernières victoires ont été obtenues par le plus petit des scores, souvent après avoir subi tout le match. Des buts marqués en tout fin de match ou sur CPA, mais ce sont des buts qui comptent, qui donnent des victoires qui font un bien fou au moral et qui permettent à l'ASSE de se placer à 3 points du podium. Bref, qui amènent de la sérénité, donc un cadre parfait pour continuer le travail qui associera à terme la manière aux résultats. Et qui sait, peut-être que les premiers fruits commenceront à être visibles rapidement, les trois réceptions consécutives dans le Chaudron offrant le cadre idéal pour cela.