Arriver à être dangereux offensivement tout en restant solides défensivement, c'est l'équation que chaque entraîneur de foot cherche à résoudre. Retour sur la dernière expérimentation des Verts.


Comme on l'a déjà expliqué, l'avant-centre stéphanois est assez isolé et n'arrive pas à se créer d'occasions. Une des solutions envisagées par le staff des Verts a été de jouer avec un "10" en soutien. Ça peut aider, mais ça déséquilibre l'équipe, qui n'est plus si forte défensivement - et la recherche de l'équilibre passe par plusieurs changements tactiques, parfois en cours de match.
 
Une autre solution, la plus récente, c'est l'utilisation d'un système 3-4-3. Mais ce système, est-ce qu'il répond aux deux besoins, est-ce qu'il offre du soutien à l'avant-centre, tout en gardant un bon équilibre défensif ? Commençons avec l'aspect défensif.
 
 

Défendre en 3-4-3...

 
... est une tâche difficile, surtout contre une équipe qui joue avec trois milieux axiaux et avec deux joueurs dans chaque couloir, comme les classiques 4-3-3 ou 4-2-3-1. Pendant la première période à Anderlecht on a pu ainsi recensé plusieurs défauts d'une défense en 3-4-3 : qui prend qui dans le couloir et comment faire pour ne pas trop étirer la ligne défensive de trois centraux. La solution utilisée lors de la deuxième période à Bruxelles a été une défense en 4-4-2 : un de nos joueurs de couloirs joue dans la défense à 4, l'autre et un des attaquants dans un milieu à 4, les deux derniers attaquants formant le premier rideau défensif.
 
Contre Guingamp, la solution a été différente : si 3 joueurs en défense sont trop étirés sur la largeur, on en place 5, c'est à dire les deux joueurs de couloirs défendent sur la même ligne que les centraux - on défend ainsi en 5-2-3 :
 
 
Si cette défense peut résoudre le problème des couloirs, elle laisse toujours en place le problème des milieux axiaux, les deux seuls Verts sont obligés de courir au milieu d'un espèce de toro avec les trois adverses. Dans le dernier match, Guingamp a décidé de s'appuyer sur cet aspect après la pause, en utilisant un de leurs axiaux assez haut, créant beaucoup d'espace au centre du terrain, espace que seulement deux Verts (Pajot et Veretout) ne peuvent pas couvrir sans laisser la défense en sous-nombre :
 
 
La solution ? Soit le 4-4-2 comme à Bruxelles, soit le 5-4-1 - on fait reculer deux attaquants et une ligne de 4 au milieu couvre toute la largeur, donc les axiaux s'occupent seulement du centre du terrain, où ils sont en meilleure position pour couper les angles de passe : 
 
 
A noter que le staff des Verts a été si satisfait de ce système défensif que, à la 80ème, quand Malcuit s'est blessé, au lieu de faire entrer un milieu axial et passer donc dans un 4-1-4-1, il a reculé Monnet-Paquet en piston droit et a fait entrer Polomat en milieu excentré gauche, pour garder le même 5-4-1 :
 
 
On a donc du mal a défendre en 3-4-3 ou 5-2-3 et les solutions trouvées sont soit de passer en 4-4-2, soit en 5-4-1 quand on n'a pas le ballon. Mais d'un point de vue offensif, ça donne quoi ?
 
 

Attaquer en 3-4-3...

 
... est une question de déséquilibre. Il y a une grande différence entre les 3 de devant dans ce système par rapport à un système comme le 4-3-3. Les ailiers ne sont pas des vrais ailiers, mangeurs de craie. Leur rôle c'est d'être vers l'axe, proche de l'avant-centre (le but recherché), tout en laissant les couloirs pour les montées des pistons. Ainsi, à Bruxelles, on a souvent vu une attaque Stéphanoise à 5 joueurs, parfois tous sur la même ligne : Polomat, Nordin, Söderlund, KMP, Malcuit.
 
Contre Guingamp, par contre, le choix a été fait de chercher le déséquilibre : Tannane plus ailier / joueur de couloir et Hamouma en deuxième avant-centre, à côté Söderlund. Mais, contrairement aux attentes, le but n'était pas de libérer le couloir gauche pour la montée de MBengue. Non, on cherchait pas à créer des décalages dans les espaces vides. On cherchait à mettre deux joueurs techniques, Malcuit et Tannane, en situation de créer le déséquilibre par des dribbles ou des passes, mais aussi les autres attaquants en situation de 1 contre 1.
 
Prenons deux exemples, le premier à la 10ème minute, avec KTC qui lance Malcuit dans son couloir - on voit très bien le 3-4-3 des Verts dans cette capture d'écran :
 
 
Malcuit monte avec le ballon dans son couloir, poursuivi par son adversaire direct dans cette situation, l'ailier. Les 4 défenseurs adverses sont occupés avec nos trois attaquants, dont Tannane qui se place entre un central et un latéral. Ainsi, quand il fait un appel dans le même couloir que Malcuit, il aspire les deux :
 

Le un-deux entre Malcuit et Tannane fonctionne parfaitement et à eux deux ils ont pris 4 adversaires : deux défenseurs éliminés pas la passe de Tannane, l'ailier qui suit Malcuit et la sentinelle qui doit couvrir :

Le centre de Malcuit est repoussé en corner, mais on était à deux attaquants pour deux défenseurs dans la surface - chose à éviter pour toute défense qui veut ne pas trembler.
 
 
Un quart d'heure plus tard, Perrin joue sur Tannane, qui combine avec Veretout au milieu, ce dernier lance de nouveau Malcuit dans son couloir :
 


Comme avant, Tannane vient l'aider sur le côté et, avec sa passe acrobatique, il élimine deux joueurs. On attaquait à 4 contre 5, pas de déséquilibre, on est en situation de 3 contre 3 maintenant :

 
Mieux que ça, Malcuit élimine son adversaire direct en un contre un, l'autre défenseur central doit couvrir, Söderlund fait un appel pour aspirer le dernier défenseur et Hamouma se retrouve absolument seul à l'entrée de la surface pour réceptionner le centre en retrait de Malcuit. Pas besoin d'une capture d'écran pour la suite, tout le monde la connaît...
 
Deux actions très similaires, dans lesquelles l'animation offensive a été faite dans le couloir droit, où la qualité technique nous a permis d'éliminer des défenseurs, ce qui se traduit dans la création d'une situation dangereuse dans l'axe.
 
 
 

Conclusions

 
La recherche d'une animation offensive, d'une présence forte dans la surface, continue du côté du staff stéphanois. Et comme toujours, elle doit être accompagnée d'un bon équilibre défensif. Le 4-2-3-1 a été essayé, le 3-4-3 aussi. Il y a des pour et des contre pour les deux systèmes et ça dépend de l'adversaire, mais surtout des joueurs disponibles et leur forme. Dans le premier cas, un bon "10" fait toute la différence, dans le deuxième des joueurs de couloir rapides et techniques sont essentiels. Et dans les deux cas, Selnaes n'a pas vraiment une place ou un rôle qui lui permet d'utiliser ses qualités principales...
 
D'autres choix sont possibles, bien sûr, par exemple un 4-3-3 à la Nice ou PSG, avec des "ailiers" qui jouent très central, à côté de l'avant-centre et des latéraux très offensifs, tout en gardant une "sentinelle" pour l'équilibre défensif. Encore une fois, c'est une question des joueurs disponibles et nul doute que le staff stéphanois arrivera à trouver la bonne formule d'ici peu. Ce qu'on ne peut clairement pas leur reprocher, c'est de ne pas essayer...
 
 
 

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