L'impression laissée par les Verts lors des derniers matchs est celle d'une équipe qui joue bien au ballon, mais qui n'est pas dangereuse offensivement. Est-ce que c'est vrai et, si oui, c'est quelque chose de nouveau ou cette situation date depuis un moment ?


Dans les dernières analyses de match, on a pu apercevoir un beau jeu collectif, mais qui n'a pas abouti à une grosse occasion, comme par exemple contre Dijoncontre Qabala et à Caenà Bakou ou à Metz. Comme même Galtier pointe le bilan insuffisant des attaquants, il est temps d'essayer de comprendre le pourquoi du comment, grâce aux données statistiques du site whoscored.com. On a ainsi comparé les matchs de L1 de la saison passée avec ceux de cette saison (12, presque un tiers), en essayant de voir une éventuelle évolution dans les tirs ou passes effectués par les Verts. Ce qui nous intéresse le plus c'est l'animation offensive, pas l'efficacité sur CPA, donc les corners, touches ou coups de pied arrêtés ne sont pas comptés. La question qu'on se pose est simple : est-ce qu'on arrive à trouver, dans le jeu, nos attaquants dans des bonnes positions pour tirer ?

 
 

Centres et passes

 

Si on regarde d'abord les centres effectués dans le jeu (donc pas les corners et les coups francs), ainsi que les passes clés (passes - centres inclus - qui sont suivies par un tir, mais pas sur CPA ou touche), on se rend compte que cette saison on est légèrement mieux que la saison dernière :

 

 

Avec 5,5 centres réussis par match, l'ASSE est deuxième de la L1 cette saison (après Caen) - on était 10èmes la saison précédente. Si on se compare à la saison précédente, en prenant en compte les joueurs qui ont joué au moins un quart des matchs à un poste, on est en progression :
 

 

Les chiffres affichés à un poste représentent la moyenne des joueurs listés à ce poste (on a pris seulement les joueurs ayant joué au moins 10 matchs la saison dernière ou 3 cette saison - un quart des matchs donc). On centre mieux de la droite que de la gauche et Veretout fait mieux à lui tout seul que le trio du milieu de la saison passée ensemble. Quant aux passes clés, la différence est moins évidente :
 
 
A noter que la moyenne du "10" est baissée par Corgnet et Cohade, Eysseric étant à 2,1 passes clés par match. Par contre, on voit clairement que cette saison il y a moins des passes clés venant de l'axe et plus des côtés - normal vu le système utilisé.

 

Ceux dotés d'une bonne acuité visuelle l’ont déjà remarqué, il y a un joueur de moins sur les schémas de cette saison par rapport à celle d’avant. Le changement du système de jeu fait qu’on ne joue pas avec un "10", mais avec un "6". Celui-ci, Selnaes, n’apparaît pas dans ces stats parce que ce n’est pas son rôle de faire des centres, ni de faire la dernière passe. Et les chiffres ci-dessus le montrent clairement, on arrive à faire aussi bien, voir même mieux avec un joueur (le "10") en moins. Grâce probablement à la qualité du duo Veretout-Saivet, mais aussi les couloirs ont une importance plus grande qu’avant. Bref, le système de jeu n'est pas relevant, cette année comme celle d'avant, on a des centres qui trouvent nos joueurs dans la surface et des passent qui amènent des tirs. Mais si les centres arrivent à un de nos joueurs, est-il vraiment en position de tirer ? Et s'il le fait, a-t-il la possibilité de bien le faire ? 

 

 

Tirs


Si on regarde le nombre de tirs effectués par l'ASSE, on voit qu'on suit le même rythme que la saison dernière - normal vu le nombre relativement constant des centres et passes clés :

Par contre, on cadre un peu moins, mais sans que ça soit relevant (un tir cadré de moins tous les deux matchs). Ce qui reste quand même surprenant, vu qu'on tire plus souvent de la surface qu'avant. Après, si on s'intéresse à l'animation offensive, les tirs suite à des CPAs ne sont pas intéressants - dans le jeu on est légèrement moins bien qu'avant, mais pas trop loin.

 
Cette sensation de manque de progression est d'ailleurs illustrée par le nombre des buts marqués, quasiment identique en championnat (1,1 par match en 2015-16, 1,15 par match cette saison). Mais la situation n'est plus du tout la même si on regarde en détail la contribution de chaque joueur :
 

 

Nos 5 joueurs offensifs cette saison cadrent moins que les 6 d'avant, mais ce n'est pas le fait qu'on ait un de moins (le "10") qui fait la différence : les deux milieux axiaux offensifs de cette année font aussi bien que les trois d'avant. Si à l'aile droite Hamouma et Tannane ont quasiment la même moyenne que la saison dernière (au fait, Hamouma cadre plus et Tannane moins qu'avant), à gauche il y a une grande différence. KMP, par exemple, cadrait 0,5 tirs / match la saison dernière (ce qui est peu), mais il cadre seulement 0,1 tirs par match cette saison ! C'est encore pire pour nos avant-centres, qui cadrent beaucoup moins des tirs qu'avant. Si en pourcentage c'est plutôt pareil (Beric - autour de 50% de ses tirs sont cadrés, Söderlund - autour de 25%, seul Roux est passé de 40% avant à 25% maintenant), c'est surtout qu'ils tirent moins souvent qu'avant. 
 
Donc même si l'équipe tire autant qu'avant, nos avant-centres le font moins. C'est encore plus intéressant si on regarde les tirs dans le jeu :
 

 

Rien qu'à lui, Beric a perdu un tir dans le jeu en moyenne entre la saison précédente et celle-ci, Roux presque pareil.

 

 

Conclusions


Même si on centre et on fait des passes clés autant qu'avant, même si l'équipe tire au but autant qu'avant, on a un problème : nos avant-centres sont moins trouvés en position de (bien) tirer. Et quand on sait que Beric marque un but tous ses 2,4 tirs en L1 (ce qui est énorme), c'est encore plus dommage. Pour finir, une dernière analyse - le nombre des ballons touchés par l'avant-centre titulaire dans la surface et dans le jeu lors des matchs de championnat cette saison :


Avec l'utilisation de ces ballons par l'avant-centre : les tirs effectués, les autres ballons bonifiés (une passe, un dribble) et pas bonifiés (contrôle raté, hors-jeu, faute commise, etc.). Le déchet est normal, mais avec seulement 3 ballons touchés en moyenne par l'attaquant de pointe lors d'un match, il est plutôt clair d'où vient notre inefficacité offensive. A titre de comparaison, lors de la réception de Reims l'année dernière, Beric a touché 9 ballons dans la surface, dont 5 tirs et 3 passes...

Bref, malgré une belle circulation du ballon et des jolis mouvements, les Verts n'arrivent pas à trouver leur avant-centre souvent et dans des bonnes conditions - ce qui ne transforme donc pas ce jeu collectif dans des occasions de but et laisse une impression d'inefficacité offensive.
 
 
 
 

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