Même si le jeu offensif des Verts passe toujours principalement par les côtés, lors du match contre Lille on a pu appercevoir des éléments inhabituels dans l'animation stéphanoise.


 

Du jeu sur les côtés

 
Lors d'une discussion sur le forum, on a pu remarquer que le jeu des Verts passe surtout sur les côtés et rarement dans l'axe. Ce n'est pas une caractéristique de cette saison, depuis 5 saisons maintenant on ne passe pas la barre de 24% des attaques dans l'axe et souvent on atteint la barre de 40% sur un côté (la droite en général). Cependant, si passer par les côtés reste une caractéristique du jeu de l'ASSE sous Galtier, il y a différentes manières de s'y prendre. Et ça dépend principalement des joueurs disponibles, bien évidemment - on n'attaque pas à droite avec Aubameyang comme quand on le fait avec Tannane.
 
En parlant du dernier, le jeu développé par les Verts en novembre-décembre 2016 s'axait sur son utilisation en faux ailier. Les exemples pris contre Metz sont très parlants : il quitte son aile droite et aspire ainsi le latéral avec lui, laissant ainsi notre latéral droit dans un couloir plutôt vide. Et si on lance ce latéral par une bonne passe, dans le dos de son adversaire direct, le décalage est fait - une tactique taillée pour profiter des points forts de Malcuit.
 
Il est bien sûr préférable de pouvoir utiliser ce genre de tactique des deux côtés, en alternant pendant le match et même pendant la même action, pour déséquilibrer le bloc adverse. Au delà de la question de profil des joueurs (Malcuit à droite semble plus à l'aise offensivement que nos latéraux gauches Polomat et MBengue), il faut aussi garder un certain équilibre. Il est assez rare d'avoir une équipe (dans un système à deux défenseurs centraux) envoyer ses deux latéraux très haut sur la même action - il faut une grosse maîtrise du ballon pour minimiser les chances d'une perte de balle et un déséquilibre en contre.
 
Ce n'est pas le cas de l'ASSE, donc quand on attaque avec le latéral gauche, le droit reste en général en défense, comme dans les exemples pris contre Nancy en décembre dernier. Ces exemples sont aussi intéressants parce que la paire d'ailiers lors de ce match était Hamouma (à droite) et KMP (à gauche). Tannane est blessé et sera absent pour trois mois, et à moins qu'il soit remplacé pendant le mercato par un profil similaire, il faudra jouer différemment. Toujours sur les côtés (peu probable que ça change après 5 ans), mais peut-être plus classiquement, sans ailiers inversés.
 
Cette saison, Hamouma et KMP ont démarré ensemble le match à Jérusalem (avec Hamouma sorti sur blessure à la pause), le match à Nantes (avec KMP passé en défense dès la 21ème minute) et... les trois derniers matchs (le dernier de 2016 contre Nancy et les deux premiers de 2017). Autrement dit, il faudra s'habituer à voir des attaques différentes de ce qu'on a vu majoritairement en première partie de saison.
 
 

Dans le couloir gauche

 
Après cette longue introduction théorique, passons à la pratique : comment ont attaqué les Verts à Lille ? Tout d'abord, le système était très classique : un 4-1-4-1 avec Veretout en sentinelle, Hamouma à droite et KMP à gauche :
 

 

Assez surprenant par rapport à nos habitudes, le jeu a penché côté gauche, surtout en première période : le duo Polomat-KMP a touché 60 des ballons, contre seulement 37 pour Malcuit-Hamouma lors des premières 45 minutes. Et si toutes les attaques ne se ressemblent pas, on a enfin pu voir un vrai jeu en triangle sur les côtés avec les deux joueurs de couloir et le milieu relayeur correspondant. Par exemple, à la 33ème, après une perte de balle par ses coéquipiers à droite, Veretout le récupère dans l'axe, le donne à Dabo, qui ouvre à gauche sur Polomat: 
 

 

Polomat se trouve sans soutien dans son couloir, alors il joue en arrière avec Perrin, qui attend que ses coéquipiers se mettent en place. Quelques secondes plus tard, il élimine le premier rideau avec une passe qui trouve Dabo entre les lignes :  

 
 
Dabo joue de nouveau avec Polomat, mais avant de continuer l'action, il faut souligner le très bon placement d'Hamouma. Comme le jeu est à gauche, il a quitté son aile droite, il est dans l'axe et entre les lignes, tout comme Dabo. Le milieu central adverse se trouve ainsi entre les deux et en impossibilité de serrer sur Dabo (son adversaire direct). Le défenseur droit adverse se trouve lui aussi devant un dilemme : il prend Dabo (délaissé par le milieu) ou Polomat (la passe de Perrin a éliminé l'ailier qui devrait le suivre) ? Dans tous les cas, KMP en profite pour faire un appel dans son dos...
 
 
Dabo et Polomat font un un-deux et le premier lance KMP en profondeur. Il faut remarqué que Roux n'a quasiment pas bouger sur cette action, ce qui n'est pas important vu que KMP se trouvait légèrement hors-jeu. Cette action n'a donc rien apporté, mais elle mérite d'être remarquée par le placement intelligent entre les lignes, mais surtout par le jeu en triangle latéral-relayeur-ailier, une phase de jeu classique qu'on n'a que trop rarement vu le dernier temps... 
 
 
 

Du jeu vers l'avant

 
Depuis le début de l'année 2017 on a plusieurs fois entendu Galtier parler du jeu vers l'avant. L'idée est simple en théorie et un exemple lors de la deuxième période nous permet de l'illustrer, ainsi qu'une attaque plutôt familière sur les côté droit. A la 56ème, après un corner Lillois, un contre Stéphanois est tenté côté gauche, mais la défense se remet rapidement en place :
 

 

Comme tout le monde se trouve côté gauche, Malcuit est tout seul dans son couloir, il appelle pour avoir le ballon et il est vu, par ses coéquipiers, mais aussi par ses adversaires. Pour lui faire parvenir le ballon, le plus simple (pas le plus rapide), c'est de passer par la défense. On revient ainsi jusqu'à Perrin, qui combine avec Lemoine qui ouvre vers KTC :
 

 

Sur l'image ci-dessus on voit le latéral gauche adverse demander à son ailier d'aller chercher Malcuit (et de lui laisser Hamouma). Il avait raison de s'inquieter, après avoir attiré tout le monde côté gauche, les Verts allaient clairement attaquer à droite. Mais comme l'ailier adverse coupait l'angle de passe entre KTC et Malcuit, ils s'y sont mis indirectement :
 

 

Deux simples passes vers l'avant et trois adversaires sont éliminés : la passe verticale de KTC pour Veretout élimine le milieu offensif. Comme Dabo et Malcuit sont dans le dos de leurs adversaires directs, la passe de Veretout pour le premier élimine ceux-ci aussi. Galtier était probablement content de voir ses consignes enfin appliquées, surtout quand elles étaient accompagnées des beaux appels de Hamouma et Roux. Chacun s'est placé entre deux défenseurs et en faisant un appel, ils les ont gardé sur eux, créant ainsi le décalage :

 

 
La passe de Dabo (vers l'avant aussi) trouve donc parfaitement Malcuit, qui se trouve en position de centre et à la réception on a : Hamouma qui fait un appel au premier poteau, Roux vers le point de penalty (en prenant avec lui deux défenseurs), Lemoine (sans adversaire) pour un centre en retrait et KMP (sans adversaire) vers le deuxième poteau. C'est exactement à ça que servent les passes vers l'avant, qui coupent les lignes, et un décalage sur le côté.
 
Malheureusement Malcuit rate son centre...
 
 
 

Conclusions

 
Ce n'est pas parce qu'on joue souvent sur les côtés qu'on le fait toujours pareil. Même avec l'absence de Tannane, on continuera à voir du jeu censé créer de l'espace dans le couloir droit pour les montées de Malcuit. Mais on pourra aussi voir du jeu en triangle sur les côtés et même des passes verticales qui cassent les lignes adverses. De la variation, nécessaire pour déséquilibrer les défenses adverses. Il ne reste plus qu'à transformer ces déséquilibres en occasions et les concrétiser ensuite... aspect dans lequel on pêche toujours.
 
 
 
 
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