Après 30 matchs étalés sur 5 mois de compétition, un premier bilan peut être fait sur la première partie de la saison des Verts : quels joueurs ont le plus joué, et dans quel système tactique ? Quelle a été l'équipe-type et quel impact ont eu les blessures ?


 

Systèmes de jeu


On peut identifier 4 systèmes de jeu utilisés par les Verts, sans compter le 4-4-2 utilisé lors des premiers matchs de préparation ou lors des fins de matchs quand on cherchait à revenir au score. La différence entre ces systèmes est faite principalement par le nombre de défenseurs centraux (2 ou 3) et par le nombre et le positionnement des milieux axiaux (2 ou 3, avec un "6" ou un "10").
 
 
L'ASSE a démarré trois matchs en 3-1-4-2
 
Ce système, basé sur un axe du terrain très aggloméré avec trois centraux et trois axiaux (dont une sentinelle), a été utilisé trois fois cette saison : à Paris, contre Anderlecht à domicile et contre Nice. Si dans le deuxième cas le choix a peut-être été imposé par le nombre des blessés (10), dans les autres c'était une adaptation tactique au jeu adverse. Voici les joueurs les plus titularisés dans ce système, avec le nombre des matchs commencés par chacun :
 

 

L'ASSE a démarré six matchs en 3-4-3
 
La différence avec le précédent vient du fait que la sentinelle est remplacée par un troisième attaquant, donc on protège moins la défense, mais on a une présence plus importante en attaque (en théorie). Il a été utilisé parfois par contrainte (Montpellier, réception de Beitar, Lille), mais aussi par choix lors de trois matchs consécutifs en décembre (à Bruxelles, contre Guingamp et en Coupe de la Ligue).
 
 
 
L'ASSE a démarré trois matchs en 4-2-3-1
 
Comme pour le système précédent, il s'agit des matchs en fin d'année, consécutifs : la réception de Mayence, à Angers, contre Marseille - pour être précis, seulement la 1MT du dernier match, on était passé en 4-3-3 à la pause. On ne protège toujours pas la défense avec une sentinelle, mais on place un joueur supplémentaire (le "10") à côté de l'avant-centre pour qu'il soit moins isolé.
 
 
 
L'ASSE a démarré les dix-huit autres matchs en 4-3-3
 
Ce système, qui utilise une sentinelle entre les lignes pour aider la défense (parfois décrit donc 4-1-4-1), est un des plus fréquent dans le foot moderne. Il a été clairement le système de base de cette première partie de saison.
 
 

 


Équipe-type

 
Avec plusieurs systèmes tactiques utilisés, il est presque impossible d'identifier une équipe-type - une fâcheuse habitude des Verts. Si on regarde seulement les 18 matchs joués en 4-3-3, la triplette titulaire au milieu le plus souvent ensemble est Selnaes, Veretout, Saivet (4 matchs démarrés ensemble dans ce système). La triplette offensive alignée le plus souvent ensemble est Tannane, Beric, KMP (4 matchs). Et les 6 joueurs alignés tous ensemble dans le onze de départ, c'est arrivé seulement deux fois, contre Monaco et à Gabala.
 
Dans l'esprit de tout le monde, c'est Hamouma qu'il faut mettre dans l'attaque type et non KMP : Tannane, Beric, Hamouma ont démarré ensemble 3 matchs : deux en début de saison à Athènes et à Bordeaux et un à la fin, à Lorient... pour seulement 10 minutes (sortie de Beric après le carton rouge de Moulin).
 
Pour se donner donc une idée de l'équipe-type, on peut regarder le nombre des minutes jouées à des différents positions, peu importe si en tant que titulaire ou en remplaçant. Ainsi, si on considère le 2700 minutes possibles sur cette partie de la saison, les joueurs qui ont joué au moins la moitié (1350) à un poste précis sont :
 
 
 
Certaines positions n'ont pas de joueur associé parce qu'il est difficile d'en tirer un titulaire :
 
en latéral gauche (défense à 4 ou à 5), MBengue n'arrive pas à la moitié des minutes (1100), tout comme Pajot en 3ème milieu axial (1300) ou KMP en ailier gauche (1300)
 
Hamouma ne dépasse pas la barre de 1000 minutes (950), ni Roux (940), Beric à peine plus (1060)
 
Il faut cependant noter que d'autres joueurs ont un temps de jeu plus élevé, mais ne sont pas dans l'équipe type à cause de leur polyvalence : par exemple, KTC a beaucoup joué, 900 minutes dans l'axe et 900 sur le côté de la défense et avec ses dépannages en défense KMP dépasse les 1700 minutes. Les chiffres dans l'image ci-dessus représentent seulement les minutes (arrondies) passé à chaque poste spécifique - le temps de jeu total est disponible dans les potins.
 
 

Blessures

 
Le faible temps de jeu de la plupart des joueurs est partiellement expliqué par la rotation mise en place (matchs tous les trois jours), mais surtout par le nombre impressionant des blessures. Les plus absents, ceux avec le plus grand nombre des matchs manqués sont : Lemoine (15 matchs manqués), Hamouma (11), MBengue, Polomat et Beric (10 chacun). On compte seulement les matchs ratés tant qu'ils étaient à l'infirmerie, mais leur absence a été plus longue que ça : après les longues blessures, le joueur ne joue pas tout de suite, il joue parfois avec la CFA, il fait partie du groupe mais il n'entre pas, ou seulement pour 15 minutes à la fin du match, etc.

Ça serait trop long de lister tous les joueurs qui ont été blessés au moins une fois, comme on l'a fait en fin de saison dernière. C'est plus simple de citer ceux qui n'ont (presque) pas été gênés par des blessures :
 
Aucun match à l'infirmerie : Pajot, Veretout et Lacroix
 
Un seul match à l'infirmerie : KMP (celui à Angers pour des douleurs musculaires) et Tannane (le dernier, contre Nancy, pour des douleurs aux adducteurs)
 
Pour des raisons évidentes, on ne liste pas Moulin, Maisonnial, Clément, Karamoko, Saint-Louis ou Nordin - seulement le dernier a eu un temps de jeu correct (plus de 500 minutes).
 
 
Si on regarde attentivement, les joueurs peu blessés ont un point un commun : ils n'ont pas effectué les trois premières semaines de préparation avec le reste du groupe. Lacroix et Veretout nous ont rejoint en fin de mercato après avoir fait la préparation avec leurs équipes précédentes. Pajot et Tannane ont soigné des blessures musculaires et ont repris tard, en manquant respectivement les 3 et 2 premiers matchs amicaux (et la préparation avant). A titre de contre-exemple, KMP a effectué cette préparation complètement sans être blessé par la suite, mais Saivet et Söderlund ne l'ont pas effectuée et ont eu tous les deux des blessures musculaires.
 
 

Conclusions


Pour avoir des belles performances, surtout offensivement, on peut se baser sur un-deux joueurs d'exception, capables de faire la différence et de changer le cours du match. Malheureusement, il est difficile de se permettre de tels joueurs pour un club comme l'ASSE et, si on y arrive, il y a une forte probabilité qu'ils soient souvent blessés. Ou on peut se baser sur un jeu collectif très huilé, à base d'automatismes et des joueurs interchangeables. Malheureusement, il est difficile de le mettre en place quand on change le schéma de jeu régulièrement et quand les joueurs ne jouent pas à leur poste ou ils n'ont pas la plénitude de leurs moyens.

En faisant cette rétrospective de la première partie de la saison 2016-17, il est vraiment difficile de se faire une idée claire sur la stratégie tactique des Verts. Peut-être que l'idée initiale était d'avoir une stratégie complète, un jeu collectif à la fois défensif et offensif. Ou peut-être que la stratégie initiale était d'avoir un jeu collectif jusqu'aux derniers 30m et après laisser s'exprimer le talent individuel des joueurs qui vont porter l'équipe vers le haut. Difficile à dire quelle était l'idée initiale - mais il est facile à voir qu'elle n'a pas pu être mise en place...