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Sept clubs pour démarrer sa carrière, deux clubs pour l'achever: Zoumana Camara est un jeune chien fou qui a su revenir aux sources pour trouver la sagesse...


Zoumana Camara voit le jour le 3 avril 1979 à Colombes, tout près d’un stade mythique. C’est donc dans la région parisienne, formidable vivier s’il en est, qu’il fait ses premiers pas de footballeur.
Au milieu des années 90, repéré par l’AS Saint-Étienne, Zoumana Camara passe d’un stade mythique à un autre et découvre alors Geoffroy-Guichard. Souvent comparé à Mettomo à ses débuts (du moins par les moins physionomistes de ses observateurs), il fait ses premières apparitions en équipe première pendant la piteuse saison 1996-97, en D2. Mais s'il ne joue que 6 matches pour ses débuts, c'est la saison suivante que ce joueur athlétique de 1,82 m pour 76kg évoluera régulièrement dans l’axe de la défense verte: 26 maches pour un but marqué.
Avec son compère Lilian Astier ainsi que son futur coéquipier David Hellebuyck, Camara avait remporté à l'été 97 l'Euro U19 en Islande et s'était fait un nom à l'international. Un an plus tard, les Verts ne vont pas mieux, lui est prometteur, on se doute alors que le solide défenseur des Verts ne va pas faire long feu dans le Forez.


Zoum sous son premier maillot en 1997 (photo le Progrès)

Aussi, bercé par les sirènes italiennes, il rejoint la série A et le prestigieux Inter de Milan en 1998: "Mon départ de Sainté à l'Inter en 1998 avait fait un peu de bruit. J'avais joué quelques matches de deuxième division avec les Verts. J'étais un espoir du club mais j'aspirais à découvrir la L1. J'arrivais en fin de contrat espoirs. J'ai profité des règlements de l'époque pour m'en aller. Mais ma priorité, c'était de rester en France. A l'époque, Sainté avait quelques difficultés financières. En première division, j'avais bien quelques touches mais l'ASSE réclamait des sommes trop importantes aux yeux des équipes françaises intéressées. Je ne pense pas avoir été ingrat avec mon club formateur, d'ailleurs mon transfert s'est bien passé. Il y a eu une indemnité de formation pour l'ASSE et la promesse par l'Inter de Milan d'organiser un match amical dans le Chaudron pour permettre au club de faire une jolie recette billetterie".

Mais à une époque où le pillage des centres de formation français par les grosses écuries anglaises et italiennes bat son plein, il n'est pas surprenant que Camara ne soit pas en mesure de trouver sa place au sein du pléthorique effectif milanais: s'il disputera bien le match amical ASSE-Inter dans le Chaudron en 1999 ainsi que deux matches de Coupe, il ne verra jamais la Série A sous le maillot nerazzuri ! C'est pourquoi il accepte par dépit d’être prêté quelques mois plus tard dans le modeste club d’Empoli qui se bat pour le maintien dans l'élite. De janvier à juin 1999, il découvre ainsi la rudesse du Calcio au travers de 12 matches.


L'Inter n'aura pas été une terre
de Cocagne pour Camara

Puis, toujours sous forme de prêt, il fait enfin ses grands débuts en D1 avec Bastia, le temps d’une saison. Il réalise ainsi son premier match dans l’élite un 19 septembre 1999, face aux maillots verts de… Sedan, pour une défaite 2-0. Pendant cette saison 1999-00, il jouera 27 matches (dont ses premiers affrontements avec l'ASSE) pour un but.
Révélé sous le maillot corse, il est alors transféré à l’Olympique de Marseille. C'est déjà une petite victoire pour un exilé aussi précoce mais l'OM de l'époque n'est pas au mieux et se bat pour le maintien. Son prestige n'en est pas affecté pour autant puisqu'à la surprise générale, sa carrière décolle véritablement lorsqu'il est appelé par Roger Lemerre pour disputer la Coupe des Confédérations en 2001 en Asie !
Il y honorera sa première et unique sélection le 1er juin 2001 à Taegon, lors d’une défaite 1-0 contre l’Australie. Cette Coupe des Confédérations sera du reste, la première ligne de son palmarès.


L'unique sélection de Papus en Bleu face à l'Australie en 2001

Si sa première année à l’OM (2000-01) est couronnée de succès (31 matches pour un but - le but syndical il faut croire), la suite sera moins réjouissante pour celui qu'on surnomme désormais Papus. Une blessure récurrente aux adducteurs ralentit son évolution et Bernard Tapie, revenu brièvement aux affaires, tient même à son égard des propos durs, affirmant que "Zoumana a tellement les adducteurs broyés, que le jour où il rejouera, il pleuvra de la merde". Une phrase qui ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd.


A Marseille, les temps sont troubles et Camara rouille

Ses 11 apparitions en 2001-02 sous le maillot olympien laissent en effet présager le pire pour ce défenseur technique, sobre et efficace. Mais Camara rejouera au football et pour longtemps, laissant l’ancien président de l’OM gérer les aléas de sa météo personnelle.
Pourtant, tout n'est pas facile pour lui lorsqu'en janvier 2002, il prend la direction du RC Lens dans le cadre d’un échange blessé contre blessé avec… Lamine Sakho, un autre futur Vert. Il met près d’une année à retrouver les terrains, jusqu'à l’hiver 2003 très exactement et joue finalement 14 matches avec les Sang et Or, se retrouvant à nouveau prêté à Leeds en 2003-04 où il se refait la cerise au travers de 13 matches (et un but donc).


2004: enfin le retour de Papus à la maison

En juillet 2004, l'ASSE, son club formateur à peine promu en L1, ne souhaite pas forcément continuer avec Laurent Morestin et hésite à confier les clés de la défense à Stéphane Hernandez. Le club désire trouver un bon partenaire à Vincent Hognon en défense centrale et flaire le bon coup en faisant (re)signer Zoumana Camara. Si d'habitude, ce genre de retour est peu couronné de succès, ce coup-ci les Verts récupèrent un joueur régénéré, désireux d'enfin se fixer et le pari tenté par la maison verte s’avère payant.
Son entente avec Vincent Hognon en charnière centrale est exemplaire et les deux hommes commandent ainsi l'une des arrières-gardes les plus redoutables du championnat. Camara joue 36 fois en L1 en 2004-05 avec ce maillot qui lui va si bien. Plus de quatre ans après son unique sélection, il est même appelé par Raymond Domenech en octobre 2005 pour des matches de qualification de la Coupe du Monde 2006. Mais ni en Suisse ni à Chypre, il n’aura pas la chance d’honorer sa seconde sélection.


Camara et Hognon, une défense de fer dont Govou peine à se défaire

Pour autant, à 26 ans, Zoumana Camara revient de loin et cette marque de confiance du sélectionneur français est une récompense pour le joueur et pour son club. Car à l'époque, il faut remonter loin pour trouver un Stéphanois en équipe de France (Laurent Blanc, dont la dernière sélection stéphanoise date du 26 avril 1995). Avant lui, Jean-Pierre Cyprien (16 février 1994 contre l’Italie) et Philippe Tibeuf (17 novembre 1990 contre l’Albanie) avaient honoré la sélection en tant que joueur de l’ASSE. Le prochain Vert qui y parviendra sera Bafé Gomis en 2008, rapidement suivi de Dimitri Payet, Blaise Matuidi, Josuha Guilavogui, Stéphane Ruffier et Kurt Zouma.

Malheureusement, en juillet 2007, après une lutte acharnée en coulisses, Papus quitte de nouveau les Verts pour rejoindre le PSG, un contrat de 4 ans à clé, pour un transfert de 6 M€: "J'ai passé trois belles années de 2004 à 2007 mais j'ai quand même un petit regret: ne pas avoir écrit une ligne du palmarès du club. On avait une très bonne génération avec les Sablé, Zokora, Perrin, Piquionne, Feindouno, Gomis. Malheureusement, ça ne se valide qu'au travers des titres"
Sa saison démarre mal, mais il finit par s'imposer en défense centrale aux côtés de Mario Yepes. S'il était parti à la base pour 4 ans, Papus va finalement en passer le double à Paris !
Au PSG, il remporte une Coupe de la Ligue en 2008 et est régulièrement titulaire jusqu'à l'arrivée d'Antoine Kombouaré au début des années 2010 qui lui préfère Mamadou Sakho. A l'été 2011, son contrat au PSG est prolongé juste au moment où les Qataris de QSI Investissent le club de la capitale.


Camara affronte ses anciens partenaires, comme Gomis en 2008

S'il joue la moitié des matches en 2011-12, Zoum n'est titulaire que 2 fois la saison suivante en championnat. Il dispute les Coupes bien sûr et démontre que le vieux défenseur de 34 ans n'est pas mort ! L'ère qatarie donne au PSG une puissance sportive et financière incroyable qui le relègue inévitablement sur le banc, bien que Carlo Ancelotti puis Laurent Blanc lui témoignent régulièrement leur confiance. Barré par le quatuor brésilien Thiago Silva-Alex-Marquinhos-Maxwell, il ne joue plus que des bouts de match symboliques mais remporte néanmoins son premier titre de champion de France en 2013, son second un an plus tard en même temps que sa deuxième Coupe de la Ligue puis quitte à finir en beauté, un triplé Championnat-Coupe de France-Coupe de la Ligue en 2015. Il prend sa retraite sur ce dernier coup d'éclat, intégrant alors le staff technique du club parisien.


La carrière de Papus Camara en un clin d'oeil

Ravi de son sort, il déclarait en février 2013 au micro de RMC: "Vu l’envergure que prend le club aujourd’hui, côtoyer les joueurs qui arrivent et qui sont déjà là, c’est exceptionnel. Je suis très content ici. Je vis des moments incroyables. Jouer avec des partenaires comme Zlatan ou Beckham, c’est une chance. J’aimerais, pourquoi pas, finir ici."
Non seulement ce sera le cas mais Papus fra bien plus: à peine les crampons raccrochés, il enfile le survêtement. Camara devient l'inamovible entraîneur-adjointde tous les grands entraîneurs qui se succèdent sur le banc parisien avec le même succès national et les mêmes échecs européens (Laurent Blanc, Unai Emery, Thomas Tuchel et Mauricio Pochettino).

En 2021, il est promu à la tête des U19 parisiens, une équipe redoutable dont la sélection est féroce au sein du bassin francilien.
PSG, éleveur de champions ! Vous n'entendez pas la musique d'Ennio Morricone du "Professionnel" avec Bébel ? Zlatan et Beckham courant cheveux z'au vent, tels deux bergers z'allemands nourris au Royal Canin ? Vous me direz, c'est pas pire que d'avoir Rapid Croq' affiché sur les fesses...
Mais Zoum', lui, n'en a cure, son nom est au PSG mais son coeur reste vert: "Les Verts, ça reste mon club de cœur. C'est le club où suis arrivé à l'âge de 15 ans pour y être formé. Celui où je suis devenu professionnel. Je suis content que les Verts s'affichent sur la scène européenne"
Et nous de même, on est content pour toi. Bonne route Papus !


Zoumana Camara prépare avec amour les jeunesses parisiennes