Robert Nouzaret nous explique pourquoi il suivra avec attention le match de clôture de la 17e journée de L1 qui opposera l'OM à l'ASSE ce soir au Vélodrome.
Bryan Dabo a déclaré : "Tout Marseillais est supporter de l’OM." C’est ton cas ?
Je ne suis pas particulièrement supporter de l’OM car je suis parti trop tôt de Marseille, dès l’âge de sept ans. Aujourd’hui je suis l’OM parce que Rudi est là-bas. Déjà à Saint-Etienne, je sentais très bien qu’il était capable de devenir un excellent entraîneur. A l’ASSE, je l’ai utilisé un an comme préparateur physique. Je me suis vite rendu compte que ce poste-là était insuffisant pour lui, il méritait mieux. C’est pour ça qu’il est devenu mon adjoint numéro un l’année suivante. Je suis resté proche de lui. Rudi est compétent, il a de la personnalité et du caractère. C’est nécessaire dans ce métier pour ne pas se faire marcher sur les pieds par qui que ce soit. Il a su créer une liberté dans ses choix, c’est très important pour un entraîneur à l’heure actuelle.
Sur le banc stéphanois, il y aura un autre de tes anciens protégés, Julien Sablé.
Je l’ai eu tellement jeune comme joueur que je ne me suis pas posé la question de sa reconversion. Mais vu son caractère et son parcours, je ne suis pas surpris de le voir entraîner les Verts aujourd’hui. Il a un gros vécu de joueur professionnel, il a porté le brassard de nombreuses années à Sainté. Il a eu l’intelligence de commencer en bas de l’échelle en entraînant des jeunes, d’abord les U15 puis les U19. Ça lui plaît d’entraîner. Julien est un passionné et un travailleur. Je connais par cœur le poste qu’il avait joueur car c’est celui que j’occupais. Ce poste de milieu défensif requiert beaucoup de volonté, d’abnégation, des qualités indispensables quand on veut entraîner. Sa compétence d’entraîneur va venir petit à petit car il sera bien aidé par Jean-Louis Gasset.
Tu connais bien ce dernier pour l’avoir eu sous tes ordres à La Paillade…
Je l’ai d’abord connu quand je jouais à Montpellier Littoral. Jean-Louis était alors dans les juniors. Je l’ai eu comme joueur quand j’entraînais La Paillade, on a fait un petit parcours ensemble. Lui aussi joueur avait un profil identique à celui de Julien. C’était un 6 voire un 8. Ce poste nécessite du courage mais aussi de l’intelligence par rapport à la relance et au placement. J’avais l’habitude de donner le mercredi après-midi la responsabilité de l’école de foot à un professionnel. Jean-Louis s’occupait des pupilles. Il arrivait à leur faire faire des choses tactiquement que je ne vois pas actuellement sur les terrains dans cette même catégorie. J’étais convaincu que ça deviendait un technicien de haut niveau, il l’a prouvé notamment aux côtés de Laurent Blanc.
C’est l’adjoint idéal pour Juju ?
Autant par l’expérience que par le caractère, je ne vois pas meilleure personne que Jean-Louis ! Il aura la délicatesse et l’intelligence d’aider Julien sans essayer de lui passer devant. Jean-Louis a accepté cette mission d’abord pour rendre service, mais aussi pour s’occuper l’esprit. Je le rencontrais de temps en temps à Montpellier avant qu’il ne relève le défi stéphanois. Il broyait du noir car c’est un gars qui n’aime pas rester inactif. Il rongeait son frein et avait hâte de revenir sur les terrains. Il n’y a pas meilleur professeur pour Julien que Jean-Louis. Julien peut être tranquille, Jean-Louis ne lui mettra pas des peaux de banane pour piquer sa place. Jean-Louis vient pour aider Julien en espérant trouver un nouveau challenge la saison prochaine avec Laurent Blanc.
Avec toi, on a marqué 11 buts en 3 matches contre l’OM. Même si Jean-Louis est l’adjoint idéal, ça ne te dirait pas de venir toi aussi sur le banc stéphanois ce dimanche au Vélodrome, avec Alex si possible ?
(Rires) Ça va être difficile, je suis dans une situation cornélienne ce soir car j’apprécie Julien et Jean-Louis mais aussi Rudi ! Je serai partagé ce soir par rapport aux hommes, pas par rapport aux équipes. Je n’ai pas travaillé à l’OM alors que l’ASSE m’a marqué à vie. Que le meilleur gagne ce soir. Rudi, Julien et Jean-Louis, démerdez-vous mes petits ! (Rires) On a connu des bons moments avec les Verts contre Marseille, hein ? Il y a eu bien sûr nos larges victoires à la maison, que ce soit le 5-1 ou le 3-0. Mon on avait aussi fait 3-3 au Vélodrome où on était revenu trois fois au score grâce à doublé de Stéphane Pédron et un retourné de Pape Sarr. J’ai le souvenir de matches spectaculaires, qui faisaient vibrer le public mais surtout qui nous faisaient vibrer nous. Tout était réuni pour avoir la confiance et apprécier.
Johnny est parti mais Diony est toujours là. Va-t-il allumer le feu ce soir au Vélodrome ?
Ne lui mets pas la pression ! (rires). Mais on ne sait jamais… Il suffira d’une étincelle ! (Rires) Ce serait bien qu’il ouvre son compteur buts, pour sa confiance et celle de toute l’équipe stéphanoise. Je ne sais pas s’il va allumer le feu, mais j’aime bien cette chanson de Johnny. Elle était diffusée avant nos matches à domicile, la saison de la montée, en 1998-1999. Ce n’est pas moi qui ai eu cette idée, mais bravo à celui qui l’a eue, c’était très bien. On a vécu des moments extraordinaires cette saison-là, sur le terrain comme en dehors. On jouait en deuxième division mais le stade était souvent plein, on sentait qu’il se passait quelque chose. Je n’ai pas oublié cette formidable ambiance.
"Noir c’est noir" est un titre de Johnny qui hélas semble hélas plus approprié aux Verts d’aujourd’hui.
Effectivement. Tu dis "les Verts" mais ils ont joué en noir lors de leur dernier match contre Nantes. Je regrette qu’on oublie certaines valeurs pour des intérêts financiers. Les clubs changent de couleur de maillot pour faire de l’argent, constamment et de plus en plus. C’est le nerf de la guerre, OK, mais il ne faut pas pousser. L’ASSE, c’est les Verts, et basta ! Pour moi les Stéphanois c’est pas les Noirs. Pour revenir à ton allusion à Johnny, noir c’est noir mais il y a quand même de l’espoir. L’ASSE a quand même un assez bon effectif. Il faut quand même remettre de l’ordre dans tout ça. C’est le charme du foot. Dans des périodes comme ça, il faut montrer beaucoup de volonté à défaut de montrer beaucoup de talent. Les Stéphanois ont l’avantage d’avoir un public qui va les aider.
Beaucoup de supporters craignent une relégation, certains font le parallèle avec la saison 2000-2001.
Pour moi ce n’est pas vraiment comparable, à l’époque c’est l’affaire des faux passeports et le retrait de points qui ont plombé le club. Sincèrement, je ne vois pas l’ASSE descendre. Maintenant, je reconnais que la situation est quand même un peu inquiétante dans ce championnat très serré où seul le FC Metz semble condamné. Les joueurs en ont conscience, certains ont déclaré que l’objectif est le maintien. S’ils l’évoquent, c’est qu’ils ont peur de descendre. Quand on a peur, on fait attention a beaucoup de choses. On fait peut-être de moins en moins d’erreur car on est humble et on retrouve d’autres valeurs qui ont fait partie des forces de l’ASSE à beaucoup de moments de son histoire. Et après on s’en sort. C’est tout le mal que je souhaite à Julien et à son équipe.
Merci à Robert pour sa disponibilité