Adrien Ponsard, attaquant stéphanois lors de la saison 1998-1999 et prêté à Nîmes la saison suivante, a accepté de répondre à nos questions dans l'attente de la double-confrontation à venir.


Tu signes ton premier contrat pro à 23 ans, tu peux nous raconter ce parcours assez atypique ?

A l'époque je jouais en DH au Puy-en-Velay. On monte alors en CFA2, et je marque 30 buts cette saison-là. Puis on joue un match amical contre l'AS Saint-Etienne lors duquel j'inscris un but. À partir de là, c'est un concours de circonstances parce que Nestor Subiat se blesse, et à ce moment-là ils n'avaient pas les moyens d'acheter un autre avant-centre professionnel. J'ai alors la chance d'être contacté. Dans la foulée, c'est une belle saison, je marque 6 buts et on gagne le titre de Champion de France (de Ligue 2). Finalement, l'adaptation n'était pas si difficile pour le passage du niveau amateur au niveau professionnel car c'était un autre temps. Les joueurs n'avaient pas les mêmes statuts ni les mêmes salaires, c'était plus… convivial.

Et dans la foulée tu n'as pas la chance de découvrir la Ligue 1 puisque tu es prêté à Nîmes...

Oui. Je suis prêté à Nîmes où j'ai vécu pendant un an des bons et des moins bons souvenirs. D'abord, c'est une belle expérience parce que j'ai la chance de jouer avec de grands joueurs comme Mickaël Pagis. Mais je me blesse assez tôt et je retourne à Saint-Etienne pour me faire opérer d'une rupture des ligaments de la cheville, donc je reste 6 mois en convalescence à Sainté. Puis je reprends l'entrainement pro avec l'ASSE. Il me reste deux ans de contrat, mais avec les joueurs qu'il y a à ce moment-là, je reconnais que je n'ai pas le niveau pour jouer en Ligue 1. Je préfère avoir du temps de jeu en Ligue 2. Je suis donc transféré à Martigues. Cette expérience du foot professionnel était assez inespérée pour moi ; j'ai vécu un rêve, on est champion de France lors de ma première saison alors qu'il y a des joueurs qui ont une carrière de 10-15 ans sans jamais rien gagner. Ensuite, il faut revenir à la vie de tous les jours, et maintenant je suis contrôleur pour la STAS.

Tu n'as pas eu envie de continuer dans le foot ?

Déjà, il fallait des diplômes, ce que je n'avais pas. Et quand je vois le monde du foot aujourd'hui… C'est assez spécial, et cela ne m'attire pas vraiment. Il y a des collègues, comme Julien Sablé, pour qui c'était tout tracé. C'étaient de grands joueurs… Mais pour moi, m'occuper des jeunes dans un petit club comme je le fais actuellement, ça m'allait très bien.

Tu as continué de suivre les Verts ?

Oui, je suis resté dans la région puisque c'est là d'où je viens, et même si je vais rarement au stade, je regarde tous les matchs des Verts à la télé puisque j'interviens dans l'émission Club-ASSE tous les mardis sur TL7. Je suis aussi vice-président de l'Amicale des Ancien Verts donc je reste un peu dans le milieu, mais relativement éloigné tout de même.

Que penses-tu du début de saison des Verts ?

Ce n'est pas un mauvais début de saison, même si ça a été plus compliqué contre Lille et surtout Rennes où il n'y a pas eu de jeu… Il y a peut-être l'excuse de la fatigue mais c'est ne n'est pourtant que le début du championnat… L'équipe manque d'automatismes. Quand Cabella retrouvera son jeu ça ira mieux pour tout le monde. C'est aussi difficile de trouver le dispositif idéal pour Gasset : Khazri est mieux dans son rôle d'avant-centre, et donc Diony se retrouve plus sur le côté, ce qui est dommage pour lui car il avait fait un bon début de saison. Cependant, pour un avant-centre, il ne marque pas assez. J'espère que le déclic va venir… il fait énormément de courses sur les côtés, c'est ce que doit lui demander Gasset, mais finalement il se grille et a plus de mal à se retrouver devant le but. Il a un rôle assez ingrat, on lui demande de garder le ballon…

Je pense que ça serait plus facile pour Diony de se retrouver avec un deuxième attaquant autour duquel il pourrait tourner, comme Beric qui pourrait lui faire des déviations de la tête par exemple. Mais après ce sont les choix de l'entraîneur, et c'est d'autant plus compliqué lorsqu'il manque des joueurs. Là on l'a vu avec Selnaes : ça se ressent tout de suite lorsqu'il n'est pas là. C'est celui qui m'impressionne le plus pour le moment : il est bon à la récupération, il oriente vite le jeu vers l'avant, fait des passes décisives… Ce serait bien aussi de lancer un peu plus les jeunes ; c'est bien, Gasset l'a fait avec Saliba, avec Gueye en début de saison, Panos contre Monaco, Nordin… Mais il va falloir plus les intégrer et leur laisser de plus en plus de temps de jeu. Parce que pour le moment, certains font de bons matchs mais ne sont pas forcément récompensés derrière, c'est dommage.

Tu la sens comment cette double-confrontation à Nîmes ?

Ça va être très compliqué. Les Nîmois sont combatifs, ce sont des guerriers. C'est comme si on lançait onze taureaux dans l'arène là-bas… Ce sont des joueurs qui se connaissent depuis le National et qui ont déjà inquiété toutes les grandes équipes, produisent du beau jeu. Même s'ils sont un peu moins bien en ce moment, nous avons souvent le don de relancer les équipes qui traversent une mauvaise période donc ces deux rencontres me font peur. De plus, l'ambiance nîmoise est très particulière : il y'a de bons groupes de supporteurs, et c'est très chaud l'ambiance du sud. Déjà dans les couloirs ça risque d'être très tendu… Il y a beaucoup de pression là-bas, c'est assez spécial. J'ai vu des choses qui m'ont beaucoup surpris à l'époque. Cela a sûrement évolué puisque c'était il y a 20 ans, mais ça reste chaud. Il va falloir être très costaud physiquement et mentalement, et plus agressifs devant la cage que contre Rennes.

 Le cœur est parfaitement vert ou bien ces quelques mois passés à Nîmes te laissent espérer un bon résultat pour les Crocodiles sur l'une des deux rencontres ?

Le cœur est largement stéphanois donc je vais espérer deux victoires vertes. Le plus important, c'est de gagner en championnat. Pour la coupe… advienne que pourra, c'est l'occasion de lancer les jeunes !

 

Merci à Adrien pour sa disponibilité