Victoire nette et méritée, mais les Verts n’ont pas eu besoin de forcer leur talent pour ramener ces trois points-là.


Bastia est généralement excellent à domicile : jusqu’alors, seuls Lyon et Monaco sont repartis vainqueurs de Furiani. Voilà qui n’est pas bon signe, surtout que les Verts n’ont plus gagné hors de leur base depuis plus de deux mois. Autre motif d’inquiétude pré-match : le vent, qui souffle fort, et portera les bastiais en première période. Un scénario à la bordelaise n’est donc pas à exclure a priori.

A la lecture de la feuille de match, on remarque que les deux coachs ont fait des choix qui n’allaient pas de soi :
- Si le recours au 4-3-3 paraît logique compte tenu de la blessure de Corgnet, Christophe Galtier place Zouma et Hamouma sur le banc – offrant à Mollo sa première titularisation en L1 depuis le 4 décembre.
- Frédéric Hantz est privé notamment de Romaric, pierre angulaire du milieu, et de Palmieri, son arme principale dans le couloir gauche. Ses deux absences conjuguées le poussent à abandonner le 3-5-2, en expérimentation depuis deux semaines sur l’île de Beauté, pour revenir à la règle du 4-2-3-1. On a pu voir, notamment à Toulouse, la difficulté pour les Verts de s’adapter à une défense à 3 ; on se retrouve finalement face à un ennemi mieux connu.

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Les stéphanois impriment d’entrée leur marque sur le jeu. Avec un Jérémy Clément aussi disponible et précis, le 4-3-3 retrouve une sentinelle efficiente et donc ses vertus de maîtrise collective et de propreté dans la relance. L’édifice de Galette, extrêmement solide, pêche encore et toujours dans la zone de vérité : la dernière passe trouve rarement preneur, ou alors le preneur est contré au moment de la frappe (comme Mollo, dès la 4’). Subséquemment, Bastia, dont le pressing est inopérant en début de rencontre, se contente de subir. Le vent revêt un effet paradoxal : obligeant les stéphanois à jouer à terre, il les incite à assurer les transmissions et à faire courir les bleus ; inversement, les bastiais usent et abusent des grandes ouvertures qui n’aboutissent à rien. On sent très clairement que les hommes de Frédéric Hantz attendent l’erreur ou l’exploit individuel de Khazri ou de Cissé pour apporter un peu de danger – en vain.

Dans un match pauvre en occasions franches, Saint-Etienne ouvre le score sur un corner bizarre (33'). Avez-vous remarqué qu’il n’y a que trois ligériens à la lutte, ce qui fait nettement baisser la densité de joueurs dans la surface et peut expliquer comment cette balle bizarrement tirée arrive jusqu’à Brandao seul au deuxième poteau ? A voir à l’avenir s’il s’agit d’un coup de bol ou d’une combinaison consciente…


Triangulaires à gauche

Ce qui saute le plus aux yeux au cours de la première mi-temps, c’est le déséquilibre offensif côté stéphanois : le danger explose quasi-systématiquement sur l’aile senestre, celle de Trémoulinas. L’ancien bordelais, qui décidément fait forte impression depuis son arrivée dans le Forez, profite à plein d’une phase de jeu en triangle, avec Tabanou et Cohade, répétée à plusieurs reprises (4’, 12’, 23’…) et presque toujours avec succès. Descriptif d’une triangulation-type : la première image représente la position habituelle des joueurs, avec les flèches symbolisant les déplacements nécessaires pour mettre le schéma en place ; la seconde montre la situation à l’arrivée.

Fig. 1                Fig. 2


Le ballon circule ainsi : ouverture (de Clément, par exemple) pour Cohade qui remet en une touche pour Tabanou qui lance immédiatement Trech dans le trou.

La parade la plus simple consisterait en un marquage individuel de l’ailier bastiais sur le latéral stéphanois. Mais Krasic ne brille pas par son activité défensive ; il ne brille guère tout court d’ailleurs…et c’est fort logiquement qu’il ne ressort pas des vestiaires à la pause. Ilan le remplace (un autre ex-vert, Juju Sablé, entre également à la place de Cahuzac blessé) ; Boudebouz prend l’aile droite. Cette réorganisation explique-t-elle la relative disparition offensive de Trémoulinas ? En partie seulement. Si l’ancien sochalien défend plus, il faut noter qu’au milieu, Cohade perd petit à petit son duel face à Sambou Yatabaré. Privé d’un de ses sommets, le triangle de gauche ne prendra quasiment plus.


Marcel d’Or

La principale arme stéphanoise devient ainsi Yohan Mollo. L’ailier droit stéphanois met le feu à droite, à gauche, dans l’axe, gagne ses duels, perd un face-à-face devant Leca (51’) et sert en retrait Clément qui écrase trop la frappe qui aurait pu lui permettre de marquer son premier but en Vert (52’). Tabanou s’illustre également (trop court d’un cheveu devant Squillaci sur un centre de Clerc, à la 46’ ; auteur d’un spectaculaire enchaînement contrôle frappe contrée à la 58’), mais sans réussite.

L’heure de jeu marque un tournant : Khazri cadre enfin une frappe corse (sur coup-franc, 61’) ; Hamouma remplace – mal – Mollo (63’) ; Guilavogui fait son grand retour en Vert à la place de Lemoine (67’). C’est d’ailleurs lui qui s’illustre à la 70’, par une mine lourde mais trop sur le gardien - voilà l’une des dernières actions abouties des Verts.
Les hommes de Galtier abandonnent en effet progressivement la direction des opérations. Certes, la gestion du score est à peu près tranquille ; cependant un coup dur peut vite arriver – Ilan n’en est d’ailleurs pas si loin, mais sa tête passe à côté (88’). Hantz tente le tout pour le tout en sortant Yatabaré pour mettre un attaquant supplémentaire (Bruno, 86') mais c’est son défenseur Harek, auteur de la bourde de la soirée, qui marque le deuxième but stéphanois. S’ils existaient encore, nul doute que la bastiais aurait droit à son Marcel d’Or en fin de saison.