Un vieux zéro-zéro tout pourri. Seul intérêt : la façon dont l’équipe n’a pas réussi à s’adapter à la défense à trois proposée par Toulouse.
Ce déplacement à Toulouse fut assez éprouvant pour supporters et spectateurs. Pourtant, contrairement à ce qui s’était passé à Auxerre il y a deux ans, les équipes n’ont pas refusé de jouer : elles se sont simplement neutralisées. Lorsque l’équilibre aurait pu rompre, des maladresses techniques en cascade et quelques frappes molles ou mal ajustées ont réduit à néant les espoirs de but.
Il est particulièrement intéressant d’observer la disposition des équipes sur le terrain :
En effet, contrairement à la norme répandue en France, Toulouse joue avec trois défenseurs centraux – ce qui change énormément de données au problème. Prenons chaque zone après l’autre, du point de vue stéphanois.
Le système de jeu mis en place par Galette nécessite la présence d’un pivot fixation axial pour peser sur la défense adverse, faciliter la relance et permettre au bloc de remonter – on a déjà pu analyser par le passé l’importance cruciale de cette fonction. Vendredi, le seul Erding était confronté à trois défenseurs centraux. Autant dire : mission impossible. Pourtant, Galette avait décidé de jouer en 4-2-3-1. La principale vertu de ce système comparé au 4-3-3 réside dans la présence d’un second joueur offensif axial, qui facilite la création des points de fixation vitaux – on est d’ailleurs pas loin d’un 4-4-2. On aurait pu donc avoir deux attaquants face à trois défenseurs, ce qui aurait équilibré les débats. Mais le milieu de Toulouse est tourné vers l’arrière, et Aguilar s’est chargé d’un Corgnet décevant, l’éteignant à merveille.
Puisqu’on parle du milieu : le gros point fort de la saison passée est toujours un peu moins souverain quand il faut jouer avec seulement deux joueurs dans l’entrejeu. Lemoine et Cohade ont réalisé une prestation correcte ; mais en face, Didot et Trejo ont fait plus qu’une résistance de principe, en s’appliquant d’abord à presser les relanceurs stéphanois. En effet, le jeu de Toulouse a surtout consisté à sauter le milieu de terrain (par la voie aérienne en première mi-temps ; au sol en seconde période, quand la domination de Zouma a été actée) : la paire toulousaine a donc pu se concentrer sur sa fonction défensive ; et de fait, les seules situations où l’on a vu Cohade et Lemoine avec du champ ont résulté d’un contre rapide ou d’un duel gagné de haute lutte.
Venons en à la défense : elle a été beaucoup, beaucoup sollicité. Si on le schématise, le jeu offensif toulousain est d’une simplicité que ne renierait pas la Newteam d’Olive et Tom : passer le plus vite possible la balle aux deux attaquants, et à eux de se débrouiller – featuring Braithwaite as Olivier Atton et Ben Yedder as Ben Becker. Ce simplisme a failli être payant à au moins deux reprises : un duel gagné, une passe, et le danger était créé. Cette animation rudimentaire est aisée à mettre en œuvre avec une défense à trois : comme un pressing efficace ne peut être réalisé par les adversaires, il y aura toujours un défenseur avec suffisamment d’espace pour ajuster la mire sur les ouvertures. Mais globalement, la solidité stéphanoise a suffit pour tenir les remuants attaquants violets.
Reste alors à examiner les ailes. Il s’agit sans doute du point faible d’une tactique à trois défenseurs, là où l’adversaire peut le plus facilement porter le surnombre. Et de fait, c’est là où Sainté a eu le plus d’espace, et d’opportunités à exploiter – c’est une des raisons pour laquelle Trémoulinas s’est montré aussi actif pour sa première. Mais jamais l’avantage n’a été exploité avec suffisamment de justesse : on en revient à l’importance fondamentale des erreurs techniques et des mauvais choix qui ont empêché les Verts de trouver la faille. Et puis, Toulouse a su faire les fautes qu’il fallait pour empêcher les actions bien emmanchées d’aller à terme (qu’on se rappelle Yago à la 5è ou l’attentat de Spajic sur Trech à la 78’)…
Catalogue des actions : un peu court, mon cher
L’analyse ci-dessus est valable jusqu’aux vingt dernières minutes. La fatigue aidant, la fin de match sera plus ouverte : les deux équipes n’arrivaient plus à quadriller le terrain aussi efficacement. Par exemple, Trejo a pris le dessus au milieu ; à l’inverse, après l’entrée de Brandao notamment, les Verts ont réussi à mieux investir l’axe. Néanmoins, la pauvreté technique des deux équipes a été décisive pour assurer au score une virginité éternelle.
Au final, quelles occasions retiendra-t-on ?
- Des coups de pieds arrêtés, dont le plus dangereux fut à l’actif de Toulouse, avec une mine d’Aurier au dessus estampillée « si elle est dedans c’est pareil » (60’)
- Des frappes trop molles pour être dangereuses : Braithwaite (32’, suite à un cafouillage entre Ben Yedder et la charnière verte venu d’une longue ouverture de derrière), Tabanou (deux fois consécutives, 53’ et 55’, alors qu’enfin les Verts avaient trouvé des espaces), Trejo (63’, difficulté des Verts à relancer à cause d’un manque de point d’appui axial)
- D’occasions franches gâchées par des frappes à côté : Corgnet (39’, après un très bon pressing haut et un renversement de jeu, Sainté prend le dessus côté gauche ; Tabanou peut centrer, Yago repousse dans les pieds de Corgnet qui seul à l’entrée de la surface et face au but tire au dessus…), Akpa-Akpro (46’, Ben Yedder gagne son duel sur une ouverture venue de loin, Braithwaite sert de Relais pour Akpa-Akpro dont la frappe passe à droite du but de Ruffier) et Aurier (50’, tête au dessus suite à une combinaison Braithwaite/Ben Yedder superbe, après une balle venue de l’arrière)
Bien trop peu pour une rencontre qu’on oubliera rapidement.