SP42 wrote: ↑23 Jul 2019, 12:28
Je viens de voir ta réponse, et je me permets de te répondre ici. Peut être devrions nous échanger en Privé pour moins faire chier les autres.
C'est une discussion comme il y en a d'autres sur le sujet, donc tant que l'on ne fait pas de pyramide de quote je ne vois pas le souci que ça poserait aux autres. C'est pour ça que je me permets de répondre ici, si tu préfères répondre en privé par la suite, aucun problème.
SP42 wrote:
Concernant le second paragraphe.
« Une nation a tout intérêt à ce que ses sujets soient dans la meilleure santé, et par conséquent dans la meilleure productivité possible ».
Là tu évoques les raisons de l’infantilisation, ce que je ne conteste pas. La question qui me vient en premier : Est-ce que l’état a à s’immiscer dans nos choix, nos volontés perso,… nos vies, surtout quand elles n'impactent que NOS vies perso... au point de rappeler aux gens qu’il faut boire quand il fait chaud, et s’habiller quand il fait froid ? Sommes-nous devenus si cons ?
La vie de ses citoyens est-elle l'affaire de l'état ? C'est une question compliquée, et si instinctivement on aurait tendance à vouloir répondre non, dans les faits les états sont plus ou moins comme dans un jeu de gestion et ils ne veulent pas que leurs unités meurent de trucs stupides comme ne pas s'hydrater pendant la canicule. Pour moi, prévenir ses citoyens d'un danger réel est juste un devoir basique de l'état, de même que si une alerte à la bombe était déclarée. À la question "sommes-nous si cons" je ne peux pas répondre, mais "sommes nous si têtus", oui clairement.
SP42 wrote:
Sur le tabac et l’alcool… si la consommation personnelle ne fait chier personne, je ne vois pas ce que vient faire l’état en fait… Et je ne parle pas évidemment de l’alcool au volant ou du tabagisme passif. J’ai dans le premier message évoqué les bienfaits de l’arrêt du tabac dans les bars et pmus… Mais si je suis amateur de whisky, de bières, ou de cigarette, à partir du moment où un produit est autorisé en France, qu’il est consommable… pourquoi l’état voudrait en réguler la consommation par une augmentation des prix de manière délirante ? Pour notre bien ? Mais qui est-il pour décider à ma place ? Les gens ne sont pas suffisamment capables de décider par eux même ?
Si l'état veut réguler la consommation de ces produits, c'est précisément parce que les gens en consomment trop pour leur propre bien (et leur propre plaisir d'ailleurs, même si ça l'état s'en fout pas mal). Ce n'est pas parce que les gens sont cons, il n'y a
a priori rien d'idiot à penser que l'on peut prendre dix shots de vodka tous les jours et se porter comme un charme tant que l'on n'a pas une idée claire et précise de ce qu'est la vodka, mais il faut arrêter de croire que les gens ont spontanément un comportement rationnel et mesuré parce que c'est juste faux. Outre tous ceux qui tombent facilement dans l'addiction pour des raisons génétiques, on a simplement le réflexe d'ancrage et de pression sociale qui fait que si personne ne pose de barrières, les gens vont abuser tout simplement parce qu'ils n'auront pas conscience de leurs abus. J'implique donc par la même occasion que la notion d'abus est subjective, mais si beaucoup de gens meurent ou finissent dans un sale état à cause d'un comportement précis à telle dose, on peut penser qu'il est logique de tout faire pour que les gens soient moins tentés de prendre de telles doses.
SP42 wrote:
« Comment ne pas préférer dompter ces produits, les maîtriser pour en tirer le meilleur profit pour l'alcool »
Je ne dis pas que je préfère que les gens se pintent la gueule, qu'ils se droguent, je leur donne juste le droit de profiter des petits moments, qu’ils jugent sympathiques, de la vie… si ca leur convient et surtout si ça n'impactent qu'eux. A partir du moment où ça ne nuit pas aux autres… je ne vois pas le problème. Et je dis ça alors que je ne suis pas fumeur.
Et surprise, ma phrase veut dire exactement ça. Personne ne profite d'une addiction au tabac ou à l'alcool comme d'un petit moment sympathique de la vie, les gens se sentent juste faibles et incapables de réagir face à cette habitude qui a pris beaucoup trop de place dans leur vie. Tout interdire est catastrophique et supprime tout l'amusement possible, mais il faut au moins accepter que des gens plus à même des dangers de nos habitudes nous en informent car c'est vraiment le minimum. Encore une fois, personne n'a d'intuition innée de la modération : si l'on arrive à apprécier un produit, c'est toujours dans un référentiel particulier, et si les gens n'y sont pas poussés ils ne changeront jamais leur façon d'appréhender leur consommation. Une analogie avec la première loi de Newton serait assez hors-sujet, mais c'est un peu le même principe.
SP42 wrote:
Mais je m’inquiète de cette intrusion de « petits conseils » dans la vie de tous les jours où on te rabâche :
- Qu’il ne faut pas boire*
- Qu’il ne faut pas fumer*
- Qu’il faut dormir suffisamment
- Qu’il faut manger 5 fruits et légumes par jour, si possible Bio sinon t’es un con
- Qu’il ne faut pas manger de viande*
- Qu’il faut faire du sport
- Qu’il faut éviter le sucre
- Qu’il faut éviter le sel
- Qu'il faut éviter le soleil parce que c'est pas bon pour la santé
- Qu’il faut aller chez le médecin quand t’es malade
- Qu’il faut donner son sang, donner ses organes*
- Qu’il faut éviter le stress
- Qu’il ne faut pas rouler vite*
- Qu’en cas de canicule, il faut s’hydrater, manger
- Qu’il faut se laver les mains quand c’est la grippe… il y a même des panneaux pour expliquer comment se laver les mains AHAHA
- Qu’il faut faire gaffe à la planète*
- Qu’il faut respecter les femmes*
Je sépare les trois dernières qui n'ont à mon avis rien d'un conseil du gouvernement mais plutôt d'une pression sociale face à des normes qui changent. Puisque tu parles en long et en large du fait de n'affecter personne par ces décisions, j'ai marqué certains "conseils" d'une étoile. Ceux-là sont justement des comportements qui affectent tout le monde, ou au moins ton entourage, à plus ou moins long terme et qu'il est donc important de réguler ou de proscrire par pure responsabilité envers les autres. Je précise que pour le premier, j'ai mis une étoile en présumant que tu faisais référence à l'excès d'alcool : soyons honnêtes, à part peut-être les fondamentalistes religieux, personne en France ne prône l'arrêt total de l'alcool comme mesure sanitaire
Pour les excès liés à l'obésité ou le soleil, là on touche effectivement à un domaine purement personnel. Mais de la même façon que ni toi ni moi n'avons aucune idée intuitive de quelle quantité de bois quelqu'un peut manger sans avoir de graves complications, et encore moins de comment cette quantité varie en fonction du type de bois, les gens ne se rendront pas compte que boire des sodas ultra sucrés est dangereux pour eux si on ne le leur rabâche pas en permanence ou si on ne pose pas des restrictions sur la constitution desdits sodas : aux USA, ils sont tous d'une couleur fluo indescriptible pour un français. Tu peux ne pas voir de problème au fait que beaucoup de tes semblables souffrent d'obésité provoquée par leur mode de vie (je ne parle pas des gens qui ont des dérèglements physiologiques) du moment que cela ne t'affecte pas, et c'est d'autant plus facile de se dire ça que l'on se fait assez vite (~quelques jours) au changement de corpulence moyenne des gens, mais ce n'est tout simplement pas mon cas.
SP42 wrote:
- Qu’il ne faut pas mettre de fessée à son enfant
- Qu’il ne faut pas rigoler sur une mauvaise blague… sinon t’es raciste, homophobe, antisemite, grossophobe … au choix selon la vanne.
- Qu'il faut manifester, seulement entre 14h et 18h, avec accord de la préfecture etc...
Et sinon c’est encore possible de considérer l'adute comme un adulte et non comme un enfant de 5 ans ? Peut-on faire un peu ce qu’on veut quand on est adulte, dans les limites de ce que la loi nous autorise de faire ?
Je sépare ces cas car comme je l'ai dit, ici les deux premiers relèvent plutôt de la pression sociale. La fessée, connais pas, m'en fous, ça me paraît être un sujet prétexte pour lancer des montagnes de conservatisme ou de progressisme les plus plates et écoeurantes possibles. En revanche, il se trouve que je suis également assez fatigué de ces élans puritains récents (ou peut-être pas ?) de vouloir réguler l'humour, ériger le "trop tôt" en principe fondamental alors que personne ne sait définir quand il est "trop tôt" pour rire d'un mort, ce genre de choses. Récemment, une humoriste américaine a fait une blague sur l'assassinat de XXXTENTACION dans sa voiture en juin dernier, en prenant beaucoup de précautions, et a quand même été traînée dans la boue, ce que je trouve ridicule. J'aimais vraiment la musique de X, la nouvelle de sa mort m'a laissé incapable de faire quoi que ce soit toute la journée du lendemain, mais ça ne m'a pas empêché de rire à des blagues originales sur cet événement si tragique. Lâcher une blague complètement en-dehors de ses convictions profondes est justement encore plus drôle à cause du décalage, qui cause immanquablement l'humour et que l'on essaie de plus en plus de réduire, ce qui rejoint en quelque sorte ce que je disais sur LinkedIn.
Pour le fait de manifester avec certaines règles, c'est très bien parce que ça me permettra de conclure avec ma vision générale de ce sujet. Pour moi, dès que j'exerce une activité qui pourrait dégénérer en un danger pour moi-même ou mes semblables, il y a une sorte de contrat tacite qui se crée avec la plus haute autorité sur la question, qui décide si je peux ou non me servir d'un produit. Il y a plusieurs paramètres qui rentrent en compte dans cet accord : la répétition attendue, la conscience du danger, la capacité personnelle à ne pas abuser et à justement apprécier un produit, etc... Mais l'essentiel à en retenir, c'est que j'accepte que l'état (on appellera cette autorité comme ça par la suite, c'est plus simple) me prévienne au minimum des risques de mon activité tout en me laissant libre de l'exercer, et je peux de mon côté y prendre part d'une façon qui m'apportera plus de plaisir et moins de problèmes de santé qui s'entassent à 40 ans. Je peux choisir d'outrepasser ces conseils si j'estime que c'est pour une bonne raison, que l'autorité se trompe sur l'interdiction ou la dissuasion d'un tel comportement (et ça se voit très bien avec le tabou en France sur de nombreuses drogues qui ont de vrais effets positifs, bien plus que le tabac qui est simplement plus accepté), mais il faut au moins que je sois conscient de cet avertissement et que j'en évalue sa pertinence pour ne pas mettre en danger ma personne, mes semblables ou mon environnement. Faire la sourde oreille à TOUT ce qui vient d'une telle autorité, les conseils utiles comme ceux qui sont ridicules, c'est se lancer dans une vie entièrement individualiste et ça ne me paraît ni satisfaisant personnellement, ni souhaitable à grande échelle.
De façon analogue, les règles dans les manifestations sont certes restrictives et très pratiques pour le pouvoir afin de contrôler ses sujets en désaccord, mais plus une décision est absurde et passée en force, moins ces règles seront respectées - et c'est normal. L'analogie fait sens dans ma tête, j'espère que ça reste compréhensible ?