Lefab42 wrote:
Petite traduction :
Il n'y a certes pas de modèle miracle : version soft du TINA (there is no alternative) cher à Thatcher et aux libéraux de tous poils. Autrement dit, hors du capitalisme il n'y aurait point de salut, même s'il est supposé perfectible.
Tu crois donc qu'il existe un modèle miracle: fais-nous donc part de ce merveilleux modèle. Quel est-il ? Un modèle communiste ? Un modèle autarcique ? Un modèle féodal ? Est-il appliqué quelque part ton modèle ou n'est-ce qu'un embryon intellectuel ?
Lefab42 wrote:
les pays connaissant une forte croissance se portent mieux [que ceux] qui sont en récession : A ce magnifique truisme on préférera de loin la formule de Coluche : "Largent ne fait pas le bonheur des pauvres".
Quoi qu'on puisse légitimement se demander sur quels indicateurs se base cette information : le nombre d'écran abrutissant détenus, les maladies cardio-vasculaires, la consommation de médicaments qui tous contribuent à la bonne santé du PIB ?
Comment ne pas être d'accord avec toi, c'est effectivement un truisme mais cela ne semble curieusement pas être évident pour toi. Tout à fait d'accord pour dire que le PIB est un indicateur très imparfait de la mesure du bien être, cependant, les indicateurs synthétiques restent relativement bien corrélés au PIB par tête. Quel est l'indicateur que tu privilégies de ton côté ?
Lefab42 wrote:
si on attend d'un modèle économique une forte croissance : le "on" ne peut désigner que les économistes, les décideurs politiques nationaux, et les grands médias à la botte. Je n'ai jamais entendu autour de moi un quelconque voisin, ami, membre de ma famille, simple badaud attendre une quelconque croissance. Le toujours plus n'intéresse que les drogués. Les autres préfèrent le maintien de leur qualité de vie. L'astuce étant bien entendu de corréler arbitrairement celle-ci avec celle-là.
Discours curieusement populiste anti-experts, politiques...
Je ne sais pas si les gens attendent la croissance mais ils attendent le corollaire de la croissance: hausse de salaires, emploi. Maintenant si tu es entouré de gens qui préfèrent consommer moins et veulent plus de chômage ok.
Lefab42 wrote:
un taux de chômage faible: Effectivement si un modèle économique n'a pas vocation de répartir au mieux le travail et les richesses, à quoi peut-il bien servir ?
Le modèle économique n'est pas une création ad-hoc qui a une vocation particulière. C'est la résultante des actions individuelle, de l'Etat, dans un contexte institutionnel, géographique, historique...donné. Il n'est pas parfait comme je l'avais dit. Mais quelles sont tes propositions concrètes pour le changer et comment t'y prendrais-tu ?
Lefab42 wrote:
une fonction publique proéminente : Pour les libéraux, la fonction publique sert uniquement à externaliser les coûts sociaux (maladie, retraite, chômage) et financer les infrastructures (routes, locaux) nécessaires à leur fonctionnement. Ils ne pourraient absolument pas s'en passer mais ne trouvent aucun intérêt à toute autre usage de la fonction publique. D'où l'usage de qualificatifs toujours plus ridicules les uns que les autres.
La taille de la fonction publique est une variable, tous les pays n'ont pas les mêmes effectifs, il n'y avait pas de jugement de valeurs mais par contre la question des missions et de l'organisation ne doit pas non plus être écartée
Lefab42 wrote:
une sécurité absolue de l'emploi : pour les adeptes de la flexibilité, la sécurité de l'emploi ne peut être qu'un cauchemar, mais pour le petit peuple on préférera parler
d'utopie.
Donc tu proposes un emploi à vie ? Une nationalisation de toute l'économie ? Une protection de l'emploi plus élevée en rigidifiant le droit du travail ? Quels sont les pays qui t'inspirent sur ce point ?
Lefab42 wrote:
pas d'inégalité : Là il s'agit de naturaliser le principe d'inégalité. L'égalité est en effet un concept abstrait essentiel dans le processus d'humanisation de notre espèce : elle symbolise la sortie de l'homme du règne purement animal et du darwinisme. La dénigrer est extrêmement aisée et exprime clairement la volonté de déshumanisation du capitalisme.
Belle tirade et en vrai ça donne quoi en matière d'action publique?
Lefab42 wrote:
on se fourre le doigt dans l'oeil parce que ces objectifs sont irréconciliables : There is no alternative (TINA), des fois que vous ne l'auriez pas bien compris la première fois.
En fait en prenant isolément chaque point tu as pu disserter mais cela prouve que tu n'as pas vraiment compris ce que je disais. Je ne dis pas qu'il faut privilégier la fonction publique, ou la sécurité de l'emploi à la croissance ou à un taux de chômage faible. Je dis juste que les objectifs sont antagonistes. Mais là encore si tu as des références en tête dans d'autres pays je suis preneur.
Lefab42 wrote:
Il faut donc s'adapter : le darwinisme est à nouveau convoqué, niant la dimension culturelle de l'homme pour ne retenir que sa dimension naturelle. Un comble pour un système qui détruit aussi méthodiquement la nature et le règne animal.
en fonction du contexte : Pour savourer la comparaison, il faut rappeler que l'adapatation des espèces animales s'est toujours réalisée sur des milliers voire des millions d'années. C'était une adaptation dans l'extrême lenteur. Le libéralisme promeut quant à lui une adaptation hyper-réactive qui n'est déjà plus celle des traders en chair et en os, mais celle des ordinateurs qui sont en train de les remplacer.
On appréciera aussi la pudeur avec laquelle celui qui doit s'adapter n'est pas cité : le salarié, dégradé en humiliante "ressource humaine" est devenu tabou dans le discours libéral qui le voit au mieux comme "une variable d'ajustement" et au pire un "surcoût inutile".
Après quant à un changement de modèle radical [...] je n'y crois pas du tout : There is no alternative. On ne vous l'a pas déjà dit ?
l'exercice intellectuel apparaît louable : L'esbrouffe du libéralisme consiste à mettre en scène sa puissance afin de dissuader toute action concrète tout en permettant de laisser s'exprimer une contestation inoffensive.
Outre la croissance, le développementalisme et l'industrialisme sont les piliers soi disant indéboulonnables d'une civilisation qui préfère gérer son effondrement plutôt que se remettre en cause.
Mais du coup que propose-tu collectivement et à ton niveau comment te remets-tu en cause ?