xavinou wrote:Olaf wrote:la buse wrote:Ce qui surprend pour le Brésil c'est que le fameux modèle qu'on nous vante depuis des années n'est peut-être pas si brillant que cela.
Comme tous les modèles qu'on nous a vanté pour nous convaincre que la croissance et le libéralisme à tout va, c'est cool
Il n'y a certes pas de modèle miracle mais globalement les pays connaissant une forte croissance se portent mieux qui sont en récession. Après si on attend d'un modèle économique une forte croissance, un taux de chômage faible, une fonction publique proéminente, une sécurité absolue de l'emploi et pas d'inégalité on se fourre le doigt dans l'oeil parce que ces objectifs sont irréconciliables.
Il faut donc s'adapter en fonction du contexte.
Après quant à un changement de modèle radical de modèle je n'y crois pas du tout même si l'exercice intellectuel apparaît louable.
Truismes, clichés, absence d'argumentation, pan en plein dans l'mille !
Petite traduction :
Il n'y a certes pas de modèle miracle : version soft du TINA (there is no alternative) cher à Thatcher et aux libéraux de tous poils. Autrement dit, hors du capitalisme il n'y aurait point de salut, même s'il est supposé perfectible.
les pays connaissant une forte croissance se portent mieux [que ceux] qui sont en récession : A ce magnifique truisme on préférera de loin la formule de Coluche : "Largent ne fait pas le bonheur des pauvres".
Quoi qu'on puisse légitimement se demander sur quels indicateurs se base cette information : le nombre d'écran abrutissant détenus, les maladies cardio-vasculaires, la consommation de médicaments qui tous contribuent à la bonne santé du PIB ?
si on attend d'un modèle économique une forte croissance : le "on" ne peut désigner que les économistes, les décideurs politiques nationaux, et les grands médias à la botte. Je n'ai jamais entendu autour de moi un quelconque voisin, ami, membre de ma famille, simple badaud attendre une quelconque croissance. Le toujours plus n'intéresse que les drogués. Les autres préfèrent le maintien de leur qualité de vie. L'astuce étant bien entendu de corréler arbitrairement celle-ci avec celle-là.
un taux de chômage faible: Effectivement si un modèle économique n'a pas vocation de répartir au mieux le travail et les richesses, à quoi peut-il bien servir ?
une fonction publique proéminente : Pour les libéraux, la fonction publique sert uniquement à externaliser les coûts sociaux (maladie, retraite, chômage) et financer les infrastructures (routes, locaux) nécessaires à leur fonctionnement. Ils ne pourraient absolument pas s'en passer mais ne trouvent aucun intérêt à toute autre usage de la fonction publique. D'où l'usage de qualificatifs toujours plus ridicules les uns que les autres.
une sécurité absolue de l'emploi : pour les adeptes de la flexibilité, la sécurité de l'emploi ne peut être qu'un cauchemar, mais pour le petit peuple on préférera parler d'utopie.
pas d'inégalité : Là il s'agit de naturaliser le principe d'inégalité. L'égalité est en effet un concept abstrait essentiel dans le processus d'humanisation de notre espèce : elle symbolise la sortie de l'homme du règne purement animal et du darwinisme. La dénigrer est extrêmement aisée et exprime clairement la volonté de déshumanisation du capitalisme.
on se fourre le doigt dans l'oeil parce que ces objectifs sont irréconciliables : There is no alternative (TINA), des fois que vous ne l'auriez pas bien compris la première fois.
Il faut donc s'adapter : le darwinisme est à nouveau convoqué, niant la dimension culturelle de l'homme pour ne retenir que sa dimension naturelle. Un comble pour un système qui détruit aussi méthodiquement la nature et le règne animal.
en fonction du contexte : Pour savourer la comparaison, il faut rappeler que l'adapatation des espèces animales s'est toujours réalisée sur des milliers voire des millions d'années. C'était une adaptation dans l'extrême lenteur. Le libéralisme promeut quant à lui une adaptation hyper-réactive qui n'est déjà plus celle des traders en chair et en os, mais celle des ordinateurs qui sont en train de les remplacer.
On appréciera aussi la pudeur avec laquelle celui qui doit s'adapter n'est pas cité : le salarié, dégradé en humiliante "ressource humaine" est devenu tabou dans le discours libéral qui le voit au mieux comme "une variable d'ajustement" et au pire un "surcoût inutile".
Après quant à un changement de modèle radical [...] je n'y crois pas du tout : There is no alternative. On ne vous l'a pas déjà dit ?
l'exercice intellectuel apparaît louable : L'esbrouffe du libéralisme consiste à mettre en scène sa puissance afin de dissuader toute action concrète tout en permettant de laisser s'exprimer une contestation inoffensive.
Outre la croissance, le développementalisme et l'industrialisme sont les piliers soi disant indéboulonnables d'une civilisation qui préfère gérer son effondrement plutôt que se remettre en cause.