Outre la performance déprimante des Verts en Gironde, on retiendra deux petits points, dont une scène cocasse, sur l’arbitrage. L’occasion de parfaire ses connaissances.


La télévision n’aime pas les temps morts et l’attente. Le retard pris par le coup d’envoi de Bordeaux-ASSE a été l’occasion de quelques commentaires pénibles du duo au micro, sur une prétendue absence de professionnalisme des arbitres ou du staff girondin. Concrètement, pourquoi le début du match a-t-il dû être retardé de quelques minutes, le temps de faire une réparation de fortune ?

 

Tout simplement car la Loi 1 précise clairement que « des filets devront être attachés au but ». Leur présence est donc obligatoire et leur état doit être impeccable à tout moment de la rencontre. L’idée est bien entendu de ne pas se retrouver dans une situation problématique où un ballon pénètrerait dans le but par le filet ou, au contraire, en sortirait et pourrait conduire à refuser un but valable.

 

La vérification des filets revient aux arbitres-assistants (la Loi 6 l’indique dans la rubrique « Tâches et responsabilités de l’arbitre-assistant »). Il se passe en plusieurs temps : une première vérification lors de la visite du terrain avant match, puis avant le début de chaque période (y compris avant chaque mi-temps d’une prolongation). Avant match, le trio (ou quatuor) ne se contente pas de vérifier le filet, mais l’ensemble du but (dimensions, traçage...). Les arbitres signalent les éventuels problèmes rencontrés au club recevant qui est dans l’obligation de faire les réparations : il est tout à fait possible de refuser de faire débuter la rencontre si un filet n’est pas présent ou est garni de trous !

 

La vérification avant chaque période par les assistants doit être également méthodique : « Les filets doivent adhérer au sol par un dispositif sans danger et être accrochés aux poteaux jusqu’au sol de façon que le ballon ne puisse, en aucun cas, sortir du but après y être entré. L’arbitre veillera très soigneusement à ce que les filets ne comportent aucune déchirure susceptible de laisser passer le ballon ». Elle se justifie par le fait que l’état du filet peut évidemment changer à tout moment, lors de l’échauffement des joueurs ou durant la rencontre.

 

Dernière remarque sur cette scène, et elle est loin d’être anodine, ce coup d’envoi retardé a permis à l’arbitre-assistant de « gagner » son match avec la défense bordelaise. Au lieu de rester froidement planté dans le coin, il a préféré échanger en toute cordialité avec Carrasso puis Henrique. Les contacts oraux avec les joueurs sont finalement très limités pour les assistants et il est important de profiter de ce moment de la vérification des filets. Personnellement, j’essaie toujours d’avoir un mot avec le gardien avant chaque mi-temps. Cela ne préjuge pas de la façon dont va se dérouler le match, ni n’influencera les décisions bonnes ou mauvaises, mais il est important d’humaniser les relations avec les joueurs.


Headshot !

 

Mais le gros point d’interrogation de la rencontre s’est produit de l’autre côté. Alors que Bordeaux mène 2-0, Erding réduit le score à la 80ème. Sur un long centre de Brison, Brandao et Sané sont au duel aérien. Il est difficile de dire avec certitude au vu des images qui du Bordelais ou du Stéphanois dévie le ballon qui arrive finalement à l’international turc qui marque de près. L’arbitre-assistant indique un hors jeu. Le but est refusé.

 

Cette situation pose la question remise en lumière au début de saison de l’auteur de la « passe » adressée au joueur en position de hors-jeu. L’une des modifications de la Loi 11 en 2013 porte là-dessus (je vous vois venir, il s’agit bien d’une modification internationale, pas d’une "consigne" franco-française), avec la révision du principe de « tirer avantage de sa position de hors-jeu ».

 

On le sait, être simplement en position de hors-jeu ne suffit pas à être sanctionné. Elle ne l’est que « si, au moment où le ballon est touché ou joué par un coéquipier, le joueur prend, de l’avis de l’arbitre, une part active au jeu en :
- Intervenant dans le jeu
- Interférant avec un adversaire
- Tirant un avantage de cette position ».
Depuis cette année, ce troisième point est défini et précisé comme « jouer un ballon :
- qui a rebondi sur un poteau dans sa direction ou a rebondi (ou a été dévié par) un adversaire dans sa direction alors qu’il était en position de hors-jeu
- qui a rebondi sur, a été dévié par un joueur ou repoussé par le gardien - ou tout joueur le suppléant - alors qu'il était en position de hors-jeu ».
Un ajout important a été fait : « Un joueur en position de hors-jeu qui reçoit un ballon joué délibérément par un adversaire (à I'exclusion d'un ballon repoussé par le gardien ou par tout joueur le suppléant), n'est pas considéré comme tirant un quelconque avantage de sa position ».

 


Le jugement du hors-jeu repose sur plusieurs piliers, on le rappelle dont une différenciation temporelle : il se juge au départ du ballon, mais se sanctionne à l’arrivée : « attendre et voir ». Ce qui suppose d’une part qu’une position de hors-jeu n’est pas forcément sanctionnable et, d’autre part, que les positions des joueurs ont fortement évolué durant la trajectoire du ballon et que, donc, une intervention extérieure peut aussi « annuler » une position de hors-jeu.

 


Fondamentalement, la règle n’a pas vraiment changé, mais il est demandé aux arbitres de différencier de façon stricte ce qui est de l’ordre du « non maîtrisé » (ballon contré par un joueur, repoussé par le gardien) de ce qui est de l’ordre du « geste technique » Y COMPRIS des gestes ratés (un dégagement dévissé, une tête manquée partant vers l’arrière…). Dans le premier cas, le joueur en position de hors-jeu sera sanctionné s’il joue le ballon, pas dans le second où le ou les joueurs sont considérés comme remis en jeu.

 

Alors, revenons à l’action de Erding. Il n’est pas en position de hors-jeu au moment du centre, c’est manifeste. Par contre, au moment de la déviation, il se trouve plus rapproché de la ligne de but qu’à la fois le ballon et l’avant-dernier défenseur. Ce qui nous laisse quatre options et des décisions différentes :
- Si aucun des joueurs ne touche le ballon, il ne sera pas sanctionné d’un hors-jeu
- Si seul le défenseur touche le ballon, il ne sera pas sanctionné d’un hors-jeu
- Si seul l’attaquant touche le ballon, il sera sanctionné d’un hors-jeu
- Si le défenseur et l’attaquant touchent le ballon simultanément ou presque, l’interprétation sera plus difficile, mais, en principe, le hors-jeu devra être sanctionné.

 

L’enjeu, pour l’assistant, était donc de juger quasiment en même temps deux choses : la position de l’avant-centre turc et qui avait touché le ballon lors du duel Brandao-Sané. À noter, c’est important, que si Erding avait été en position de hors-jeu dès avant le centre, seul le premier cas ci-dessus changeait (cf l’erreur ce week-end lors de l’égalisation ajaccienne à Evian-Thonon-Gaillard).


BONUS : Monsieur l'arbitre ? Changement !

 

Si vous avez l’occasion de revoir le match de samedi contre Valenciennes, je vous invite à regarder, autour de la 82ème minute, l’entrée en jeu de Loris Néry. À cette occasion, une erreur est commise par les arbitres, assez minime du point de vue du jeu, mais assez importante du point de vue des règles.
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