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Parcours du plus prometteur espoir Vert de sa génération...
Début de parcours
Né en 1985 d'une famille d'origine algérienne à Asnières (92), Samy Houri est repéré par les recruteurs stéphanois au cours d'un tournoi du Val d'Oise qu'il remporte avec son premier club, Sannois Saint-Gratien. Bien que déjà convoité par Paris et Le Mans, il pose ainsi ses valises du côté du centre de formation de l'Etrat en août 1999, à 14 ans.
Milieu offensif dès le plus jeune âge, Houri commence à gravir les échelons et décroche même ses premières sélections nationales chez les jeunes. Chez les U15, il est élu meilleur joueur du prestigieux tournoi de Montaigu.
Lors de la saison 2001-02, Samy intègre le groupe des U17 en tant que meneur de jeu. Il fait alors partie des espoirs les plus prometteurs de l’ASSE, compensant son petit gabarit (1m64, 56kg) et son apparente fragilité par une vivacité et une technique largement au dessus de la moyenne. Son palmarès commence alors à s’étoffer puisqu’il atteint la finale du championnat d’Europe Junior 2002 avec l’équipe de France (avec laquelle il est sélectionné jusqu’à la catégorie des 19 ans). Alors qu'il avait réussi ses tirs au buts en quart et en demi-finale, il échoue en finale face à la Suisse et précipite la défaite des Bleuets (0-0, 2-4 aux tab).
Houri (n°10) échoue en finale de l'Euro 2002 avec les U17
Néanmoins, ses résultats avec l’ASSE sont tout aussi probants, d’autant plus qu’il fait partie de la génération 85, un cru très prometteur et pétri de talents (Gomis, Ech Chergui, Kamara, Medjani, Folly, Perrin…). Lors de la très belle saison 2002-03, il atteint les demi-finales du championnat de France des -18 ans et de la Coupe Gambardella, inscrivant 12 buts toutes compétitions confondues. Bafé Gomis dira plus tard de lui: "On le surnommait Speedy, à Sainté. Je l’appelais aussi le facteur. Le mec, il était toujours gonflé à 1000. Il courait partout, il était infatigable. Il servait de relais en milieu de terrain, allait prendre le ballon devant notre rectangle et venait le déposer dans ma bouche. Moi, je n’avais plus qu’à marquer. C’était cool !"
Propulsé chez les pros par Antonetti
Tout s’accélère pour Houri dès le début de la saison 2003-04, avant même qu’il n’ait eu le temps de faire ses preuves avec l’équipe réserve. Ses qualités n’ont en effet pas échappé à Frédéric Antonetti qui le convoque rapidement à rejoindre le groupe pro, en même temps que Loïc Perrin. Une marque de confiance qu'il n'oubliera jamais: "C’est le plus grand entraineur que j’ai connu et de loin. Il allait voir tous les matches de jeunes jusqu’aux -13 ans. Tactiquement, en match et sur les entraînements, c’est le très haut niveau".
L’ascension fulgurante d’Houri continue puisqu’il réalise son "match référence" dès sa 1ère apparition en match officiel, en septembre 2003: les Verts, à domicile, ont du mal à se défaire de la modeste équipe de Rouen lors du 1er tour de Coupe de la Ligue. Entré à 15 minutes de la fin, Samy parvient à dynamiser l’équipe, l'ASSE l'emporte 1-0 (Compan) et lui se voit logiquement attribuer les mérites de la qualification stéphanoise. Jusqu’à la trêve hivernale, Houri obtient régulièrement du temps de jeu avec, au passage, quelques titularisations. Il effectue ainsi peu à peu son apprentissage du jeu rugueux pratiqué en Ligue 2 mais les supporters, eux, attendent déjà beaucoup de ce jeune prodige.
Houri en Coupe de France face au Puy en 2003 (photo le Progrès)
Pourtant, dès le mois de janvier, Houri disparaît progressivement de l’équipe. Il faut dire qu’en parallèle le trio de récupérateurs Sablé-Jau-Hellebuyck monte en puissance. Dans un schéma en 4-3-3, et avec les enjeux liés à la montée en L1, il n’y a plus de place pour un jeune meneur de jeu comme Houri. Aussi, pendant toute la seconde partie de saison, il doit se contenter de l’équipe réserve avec laquelle il brille régulièrement.
La difficile ère "Elie Baup"
Suite au départ d’Antonetti à l'été 2004, Houri doit faire ses preuves auprès du nouvel entraîneur, Elie Baup. Mais rapidement, il comprend qu’il ne bénéficie pas de sa confiance: il n’est convié ni à la reprise de l’entraînement des professionnels, ni au stage de préparation.
Sa saison semble donc plutôt destinée à l’équipe réserve, avec laquelle il se révèle moins transcendant que l’année précédente. Le mental est touché et le physique ne suit pas. Son temps de jeu diminue et il disparait même des feuilles de match au mois d’avril, sans que l’on sache s’il est écarté du groupe ou blessé. Il est alors bien loin du groupe professionnel et, même s’il lui reste une année de contrat, les supporters commencent à imaginer un départ.
Sa fin de saison est heureusement meilleure: à partir de mai, il redevient titulaire et retrouve progressivement son vrai niveau. Les résultats de la réserve, qui était en grosse difficulté pendant sa méforme, s’améliorent alors immédiatement grâce à l’influence de son petit meneur de jeu.
Samy Houri est la star de l'équipe réserve en 2005
La saison 2005-06 s’ouvre donc sous de meilleurs auspices pour Houri, toujours présent dans le Forez. En effet, Baup le convie désormais à s’entraîner avec les professionnels et, même s’il ne semble pas encore décidé à lui donner du temps de jeu, il l’intègre plus et le convoque de temps en temps dans le groupe, en tant que 17e homme. Ses performances avec la réserve lui permettent de retrouver le banc des remplaçants et même d’entrer en jeu à deux reprises en championnat, pendant le mois de janvier, deux ans après ses dernières apparitions avec les pros.
Toutefois, ce revirement de situation est surtout lié à la pauvreté de l’effectif stéphanois, décimé par la CAN et les blessures… Peu importe, Houri saisit sa chance et fait preuve de son habituel culot pour, finalement, se révéler à nouveau convaincant. Mais Baup ne lui offre qu’une vingtaine de minutes de temps de jeu au total et affirme que les terrains gras de l’hiver ne conviennent pas au jeu technique de Samy. Avec le retour des habituels titulaires, Houri sort du groupe et l’arrivée des beaux jours n’y changera rien !
Au printemps, alors qu’on s’attend une nouvelle fois à un départ de Samy, on apprend avec étonnement qu’un contrat pro de 3 ans lui est proposé par l’ASSE. Baup semble fêter la nouvelle en le faisant jouer quelques minutes lors de la dernière journée de championnat pour son 13e et dernier match avec les Verts mais ce cadeau se révèle finalement empoisonné puisqu’il le prive des dernières rencontres avec l’équipe réserve, toujours en course pour la 1ère place. Les petits Verts échoueront d'ailleurs, abandonnant le titre de CFA à Toulouse... futur club d'Elie Baup !!
Dernière apparition en Vert à Ajaccio en mai 2006 (photo le Progrès)
Des prêts sans grand intérêt
Baup parti, Ivan Hasek prend les commandes de l’ASSE. Pour le technicien tchèque, la progression des jeunes passe par un prêt dans une division inférieure et Samy, après un essai non concluant à Cannes, s'engage pour une saison à Raon L'Etape alors en National. Il y dispute 32 matches, marque 6 buts mais l'équipe vosgienne, larguée en championnat et en lutte pour le maintien, ne peut pas le retenir. De retour à Saint-Etienne, il n'entre pas plus dans les plans du nouvel entraîneur des Verts, Laurent Roussey, qui le prête à nouveau à un autre club de national: le Paris FC entraîné par Jean-Guy Wallemme.
Houri sous les couleurs du Paris FC en 2007
A Paris, Samy retrouve quelques couleurs. Aux côtés de Pape Sarr, il dispute une belle saison, joue 37 matches, inscrit 7 buts mais là encore, il doit revenir dans le Forez à la fin de son prêt. Le jeune milieu ne se fait pas d'illusions et sait bien que ces prêts ne sont qu'une voie de garage pour un club qui ne souhaite pas le conserver. Il joue quelques matches amicaux estivaux et intègre la CFA en attendant. Jean-Philippe Primard déclare à cette époque que "le club ne veut plus que Samy Houri [ndr: et d'autres joueurs] joue. C'est un peu tendu avec lui, le club souhaite qu'il parte". Sitôt dit, sitôt fait, le 1er octobre, Houri est prêté à Arles-Avignon en L2, où il retrouve un compère prêté par l'ASSE, Jessy Moulin. Son constat est amer: "Toutes les bonnes choses ont une fin. Le club m'a encore prêté, il ne compte clairement plus sur moi. J'ai une impression d'inachevé, j'ai le sentiment de ne pas avoir eu entièrement ma chance".
Pour autant, cette saison à Arles-Avignon avec Jessy Moulin sera très positive: les deux sont titulaires et gagnent beaucoup. Samy dispute 25 matches et inscrit 3 buts. Mieux, le club finit sur le podium de L2 et accède à la L1 pour la première fois de son histoire. La revanche est belle mais Houri n'est que prêté. Bien qu'il espère redécouvrir la L1 avec son nouveau club, l'ACAA, dirigé par Alain Bompard, s'engage dans une politique de recrutements onéreux et ne le conserve pas. Samy est abattu: "On m'a dit que le staff ne comptait plus sur moi. Quand je l'ai dit à mes coéquipiers, ils n'y croyaient pas, ils pensaient que je disais ça pour déconner. Cette décision m'a surpris et déçu. J'ai demandé des explications, on ne m'en a pas donné."
Houri quitte en 2009 le bateau arlésien le coeur gros
Voler de ses propres ailes
Libéré par l'ASSE, viré par Arles-Avignon, mis à la porte de la L1 qu'il avait pourtant mérité, Houri espère au moins continuer en L2. Mais seuls des clubs de National se manifestent pour le recruter. Déçu, il décide de tenter sa chance à l'étranger. Pas bien loin toutefois: il pose ses valises à Ostende, en D2 belge où il ambitionne de découvrir la Jupiler League: "En France, j'ai été contacté par Beauvais, Cassis-Carnoux et Evian. Mais comme j'avais un peu l'impression d'avoir fait le tour du National, j'ai décidé de poursuivre ma carrière en Belgique. Ici les meilleurs club de deuxième division ont le niveau de la L2 française. Les autres ont un niveau équivalent au National".
Arrêt Ostende réussi pour Houri en 2010
Malheureusement, le destin est cruel avec lui dès le premier match contre Bruxelles: "Tout avait bien commencé pour moi, on menait 2-0 et j'avais fait une passe décisive. Mais à l'heure de jeu, dans un duel, je suis mal retombé. J'ai tenté de reprendre ma place après avoir été soigné au bord du terrain. Mais comme la douleur était toujours là, j'ai dû me faire remplacer. Le lendemain, les examens ont révélé que je m'étais rompu les ligaments croisés postérieurs du genou droit". Il ne retrouvera les terrains qu'en mai 2010.
Sa saison 2010-11 est bien meilleure: Samy s'impose dans sa néo-nouvelle équipe et dispute 26 matches pour 4 buts. Le club végète dans le ventre mou et ne remonte pas en D1 belge. Houri décide donc de rejoindre un club mieux armé et plus ambitieux, celui-là même qu'il n'a affronté que brièvement avant de se blesser: le FC Bruxelles.
Bien lui en prend: malgré des débuts catastrophiques (le club flirte avec la relégation), Houri réussit la meilleure saison de sa carrière avec un improbable ratio d'un but tous les deux matches en inscrivant 15 buts en 31 matches. "Cela m’était déjà arrivé chez les jeunes, mais c’est la première fois que je marque autant depuis que j’évolue en seniors. Pourquoi je suis le meilleur buteur de l’équipe ? Je n’ai pas d’explication. Que ce soit moi ou un autre, l’essentiel c’est que le Brussels gagne"
Houri meilleur buteur du FC Brussels en 2012... avant le drame
La mauvaise histoire belge
Malheureusement, c'est une autre péripétie qui va faire capoter sa belle histoire belge à l'été 2012: “Je n’ai pas été payé pendant plusieurs mois, je ne souhaitais donc pas continuer au Brussels, plus dans ces conditions. Le président et le club étaient au courant, je ne voulais pas vivre à nouveau dans cette situation. Un an, mais pas deux !”
Pas de chance! En conflit avec son joueur, le président du FC Bruxelles décide tout simplement de le mettre au placard, malgré son statut de meilleur buteur. La démarche est cavalière mais légale. Samy passera donc toute la saison 2012-13 avec la réserve du club bruxellois.
A l'été 2013, c'est enfin le bout du tunnel pour Houri. Fréjus-Saint-Raphaël (National) manifeste son intérêt pour l'attaquant de 28 ans. Sa côte a bien chuté après son année loin des terrains médiatisés, cette offre est donc un challenge intéressant. Houri accepte... avant de faire faux bond au club varois et de s'engager avec le CS Constantine (Algérie).
Retour aux sources au CS Constantine
Feinte réussie ? Pas forcément, avec seulement 10 matches au compteur dans l'élite algérienne, pour un seul petit but marqué en février, Houri ne termine qu'à la 10e place du championnat local 2013-14 avec son club du CS Constantine. Souvent blessé, il est néanmoins maintenu dans l'effectif par le coach Garzitto mais lui ne se plait plus en Algérie. Il résilie son contrat à l'automne et retourne... à Fréjus-Saint-Raphaël (National), décidément pas rancunier ! Dans le Var, Houri revit: il joue, marque (4 buts) et est décisif.
Houri sous les couleurs de Fréjus Saint-Raphaël en 2014
On joue à "Découvrons la France" ?
Et pourtant, voilà qu'il quitte à nouveau son club à l'intersaison. Pour aller où ? D'abord nulle part, Samy ne retrouve pas de club et se maintient en forme pendant quelque mois puis le déclic survient au mois de décembre par l'intermédiaire de son ancien coéquipier stéphanois Maodomalick Faye. Ni dans le sud, ni à l'étranger mais en plein cœur du territoire français: dans la riante cité de Limoges !
Ce (très) ancien club de D1 a besoin d'expérience pour se maintenir dans sa poule de CFA2 mais aussi pour tenir tête à l'Olympique Lyonnais qu'il s'apprête à affronter en 32e de finale de Coupe de France !
Est-ce un coup de poker de recruter un ancien Stéphanois pour affronter des Lyonnais ? Peut-être mais il sera perdant: l'OL s'impose 7-0 et Houri retrouve rapidement les obscurs terrains champêtres de la région Limousin où il parvient toutefois à décrocher le maintien en CFA2.
Pas facile de briller dans la capitale de la porcelaine
Mais si cette première saison en Haute-Vienne est quelque peu morne, la seconde sera bien plus prolifique. A Limoges, Houri inscrit 9 buts en 26 matches et permet à son club de terminer premier de sa poule et de monter en CFA, au détriment de la réserve de l'ASSE.
Mais plutôt que de profiter des rudes oppositions du 4e niveau national sous le maillot rouge, Samy choisit de rejoindre l'autre côté de la diagonale du vide, celui du territoire de Belfort qui, à l'inverse, vient de chuter de National.
Dans la cité du Lion, Houri rugit à nouveau, dispute 24 matches, inscrit 5 buts, navigue jusqu'au 8e tour de la Coupe de France mais rien n'y fait: Belfort stagne et lui aussi. Il choisit (encore) de s'en aller voir ailleurs à l'intersaison 2018.
A Belfort Houri ne rit pas fort
S'il déclare alors: "J'aspire idéalement à retrouver le niveau National, niveau au sein duquel j'ai disputé un peu plus d'une centaine de matches, ou un club de National 2 de préférence avec un beau projet", Houri ne sera pas exaucé. Il faut dire qu'à 33 ans et après plusieurs mois d'inactivité sportive, sa carrière commence à dangereusement se rapprocher de la fin. Ainsi, comme de nombreux pré-retraités, Samy succombe à l'héliotropisme en rejoignant fin 2019 le Montauban FC (R2), dans le Tarn-et-Garonne. Cette nouvelle destination sera la dernière: il y joue un rôle de grand frère et de caution technique dans un club de Régional 2 qui lutte (encore) pour son maintien et, une fois ce dernier obtenu, il met fin à sa carrière sportive.
Clap de fin à Montauban pour l'ex-petit prodige stéphanois
On aurait souhaité que la route tourne autrement pour lui. Apprécié d’un grand nombre de supporters stéphanois, qui auraient aimé qu’on lui donne plus souvent sa chance à ses débuts, Houri aura finalement peiné à convaincre ses divers entraîneurs. Peut-être pénalisé par son petit gabarit dans un football moderne qui n'avait pas encore découvert Lionel Messi, il lui aurait alors fallu être toujours meilleur que les autres.
Comme le disait son ancien coéquipier à Bruxelles, Sylvain Macé: "Je suis persuadé que Samy a été victime de sa petite taille. En France, à l’époque, on jurait surtout par les joueurs de grande taille et il fallait déjà être fort pour sortir des équipes de jeunes. En National, il était parmi les meilleurs, tout le monde le savait. Pourtant, il n’a pas été sollicité par des clubs des échelons supérieurs. Cherchez l’erreur..."