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Bien avant Jérémie Janot, un autre gardien de but stéphanois fut célèbre pour ses tenues qui sortaient de l’ordinaire. Claude Abbes jouait, en effet, avec un pullover, certes moins extravaguant qu’une tenue de Spiderman, mais qui le distinguait déjà des autres gardiens de l’époque...


Claude Abbes voit le jour le 24 mai 1927 à La Caumette, dans l’Hérault. Il fit ses débuts de footballeur dans des localités aux noms très évocateurs de sa région natale: Bédarieux puis Lobastide. En 1950, il signe au FC Béziers où il ne restera que deux saisons.
Dès 1952, il intègre, en effet, les rangs de l’AS Saint-Étienne. Le club forézien, englué en queue de classement en décembre 52 et qui a besoin d'un gardien plus performant que le peu fiable Ferrière ou le vieillissant Jacquin, confie à Garonnaire le soin de trouver la perle rare. Sur les conseils de son ancien portier René Llense, le nouveau recruteur des Verts débauche donc Claude Abbes à Béziers (alors en D2), dont il apprécie le caractère téméraire.
Le gardien biterrois est en effet un précurseur: il joue mains nues, en pullover, boxe le ballon, plonge dans les pieds des attaquants adverses et n'hésite pas à tenter des sorties aériennes salvatrices.


L'une des spécialités d'Abbes: les sorties aériennes

Son mètre 80 pour 79 kg fait, petit à petit, partie du décor de Geoffroy-Guichard. Pendant cette décennie, il est ainsi, à 296 reprises, l’ultime rempart de la maison verte et est sacré champion de France en 1957. C'est le tout premier titre de l’histoire du club comme le sien, le premier d’une longue série qui lui offre ainsi l'opportunité de découvrir la Coupe d’Europe des Clubs Champions, via deux matches face à une autre équipe de légende: les Glasgow Rangers.
Fait moins connu, il participe à un match de Coupe des Villes de Foire (future Coupe de l'UEFA) avec... l'Olympique Lyonnais ! Blessé, il ne joue que la 1ère mi-temps mais ce match lui fait ainsi connaître son troisième et dernier club.


Abbes impose sa supériorité face au Stade de Reims en 1956
(photo l'Équipe)

Evidemment, ses performances ne passent pas inaperçues aux yeux des sélectionneurs, et notamment du grand Albert Batteux. Claude Abbes est donc appelé en Bleu pour jouer son premier match en équipe de France un 27 octobre 1957 en Belgique, en vue de la qualification pour le Mondial suédois. Cette cape inaugurale se solde par un 0-0 qui lui ouvre les portes de la Coupe du Monde. Dans les buts, Abbes est héroïque, il sauve la France, qualifie les Bleus pour la Coupe du Monde et gagne ses galons de titulaire en sélection.


L'Équipe rend hommage à Abbes après le nul à Bruxelles

En tout et pour tout, il ne comptera pourtant que neuf sélections, entre 1957 et 1958, mais lors de ces neuf sélections, il aura le privilège d’affronter des nations majeures de la planète foot. Ainsi, sa seconde cape est honorée sur le mythique terrain de Wembley, devant 65.000 spectateurs. Claude Abbes y effectue une belle partie aux côtés des Piantoni, Douis… Malheureusement, il se blesse rapidement or à cette époque les remplacements ne sont pas encore autorisés. La France s’incline lourdement 4-0, ce qui ne l'empêche pas, quelques mois plus tard, d'accomplir un splendide parcours en Suède qui emmène les Bleus jusqu’à la troisième marche du podium mondial.


Caricature de Claude Abbes au Mondial 1958

Ce résultat, qui restera longtemps la référence de l’équipe de France, doit beaucoup au portier stéphanois. Abbes n'est pas titulaire au début de la compétiton mais le portier en titre des Bleus, François Remetter, déçoit tellement lors du second match perdu face à la Yougoslavie 3-2, que Batteux le place sur le banc pour le reste de la compétition. Et il n'aura pas à regretter son choix: Claude Abbes affronte ainsi victorieusement l’Écosse puis l’Irlande du Nord en n'encaissant qu'un but anecdotique. Il gagne ainsi l’extrême honneur d'affronter l'épouvantail brésilien en demi-finale.
Un match qui tourne à la correction suite à la blessure précoce du capitaine Jonquet et à la révélation du jeune Pelé qui marque à trois reprises. La France s'incline 5-2 mais prend sa revanche contre la RFA (victoire 6-3) lors duquel Abbes contribue à décrocher la 3e place de la Coupe du Monde.
Par la suite barré par Dominique Colonna, son ultime sélection aura lieu 3 décembre 1958, lors d’un match de qualification du Championnat d’Europe 1960, contre la Grèce (1-1).


Abbes s'incline trois fois face au Roi Pelé (France-Suède 1958)

Ayant remporté sa première Coupe de France en 1962 face à Nancy (également la première de l'histoire de l'ASSE), Abbes dispute son tout dernier match de football fin juin de la même année pour une ultime victoire 4-3 contre le Stade de Reims et un ultime titre: celui du Challenge des Champions.
A partir de 1962, sa carrière au plus haut niveau terminée, Claude Abbes parvient à mener de front réussite professionnelle et passion pour son sport. Il devient ainsi ingénieur au CEA de Pierrelatte de 1962 à 1970. Parallèlement, il occupe la fonction d'entraîneur-joueur au club de Montélimar de 1962 à 1967, qui évoluera jusqu’en D2. Il en sera ensuite le directeur sportif de 1968 à 1970. On le découvre également consultant sportif lors de la Coupe du Monde 1986 au Mexique.


Claude Abbes présente la Coupe du Monde au Mexique en 1986
(photo le Progrès)

Après avoir coulé une paisible retraite à Saint-Étienne, Claude Abbes s'installe en région parisienne pour se rapprocher d'un de ses enfants. Resté fidèle à l'ASSE, il s'éteint à Paris le 13 avril 2008 à l'âge de 81 ans.

Clubs
1950 -> 1952: AS Béziers (D2)
1952 -> 1962: ASSE (D1)
1960: OL (C3)

Palmarès
Champion de France: 1957
Coupe de France: 1962
Trophée des Champions: 1957 et 1962
Coupe Drago: 1955
Coupe du Monde 1958: 3e place