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Le monde des centres de formations est cruel: les rêves d'avenir radieux côtoient les illusions perdues et les destins brisés. Beaucoup d'appelés, peu d'élus mais tous ambitieux.
Retour sur l'un de ces pensionnaires de l'Etrat, à l'époque où un beau destin de footballeur professionnel se dessinait à son horizon...


Mathias Degache est né le 23 juin 1987 à Tournon. Il figurait au nombre des révélations de la saison 2005-06 en CFA, où il avait laissé entrevoir de belles qualités de renard des surfaces. N'ayant pas été conservé par l'ASSE à l'été 2007, nous vous proposons de relire son interview de juin 2006 accordée à Poteaux-Carrés


Mathias Degache (accroupi, 3e en partant de la droite) avec la CFA 2005-06

Mathias, comment est née ta vocation de footballeur ?
C’est mon père, lui-même supporter des Verts, qui me l’a inculquée. Il s’occupait alors des enfants du club de Sarras-St Vallier et m’a très tôt inscrit dans les équipes de jeunes. J’ai du commencer le foot à six ans. Sarras-St Vallier est, en fait, une entente entre un club ardéchois (Sarras) et un club drômois (St Vallier)

Quel a été ton parcours avant d’intégrer le centre de formation de l’ASSE ?
J’ai joué à Sarras-St Vallier jusqu’en moins de 13 ans, en intégrant toutes les équipes de jeunes du club. C’est au cours d’un tournoi en salle à Montélimar, tournoi qui regroupait pas mal de grosses équipes comme l’ASSE, le RC Lens ou Paris et où nous nous étions qualifiés en terminant premier d’un autre tournoi de pré-sélection, que j’ai été remarqué par l’ASSE. C’était en 1998. Auxerre m’avait également contacté, avec Cyril Noyer qui jouait avec moi à l’époque. Mais nous ne nous sommes pas posés la question, Saint Etienne était proche de chez nous. 

Mais quelle était ton équipe favorite à ce moment là ?
De par mon père, je supportais déjà les Verts, même s’ils étaient en D2 à l’époque et que je n’ai donc jamais connu les périodes fastes.

Quels sont tes meilleurs souvenirs de joueur ?
Je n’ai pas de souvenirs majeurs en définitive, si ce n’est quelques victoires en tournoi (Maclas, St Joseph), et quelques beaux buts. Les meilleurs souvenirs, c’est lorsqu’on gagne quelque chose, et je n’ai rien gagné avec l’ASSE encore. Je garde peut être plus de souvenirs de l’époque où j’étais plus petit.


Mathias Degache (à droite) avec son compère de CFA Jonathan Perot (2005)

A propos de tes buts, celui que tu as marqué en moins de 18 contre l’OL a marqué les esprits (une  impressionnante série de dribbles avant d’aller tromper le portier lyonnais), il parait qu’on t’avait surnommé Degachinho ?
En réalité, dans le vestiaire, j’avais surnommé Julien Gensel "Genselinho" et lui m’avait appelé "Degachito". J’ai revu ce but sur OLTV, puisque le match y avait été diffusé, ça fait drôle de se revoir à la TV...

Comme joueur, quelles sont tes qualités et tes défauts ?
Je suis principalement un joueur de remises, et suis présent devant le but. Je pense avoir une bonne percussion et des qualités de dribles dans la zone de vérité.
En revanche, je ne suis pas un attaquant d’espace. Je ne suis pas trop rapide, sans pour autant être trop lent. Par ailleurs, je me suis rendu compte, en CFA, que ma taille (1,75 m) paraissait un peu limite face à des trentenaires de 1,90m. Enfin, j’ai encore trop tendance à perdre des ballons faciles au milieu de terrain.


Degache sous le maillot d'Andrezieux en 2011

Un petit mot sur le coach Robin et ton adaptation en CFA ?
Quelquefois, les choix d’un entraîneur sont difficiles à comprendre, voire à accepter. Mais c’est un bon coach. J’ai fait les trois quarts de la saison avec les U18 mais j’étais un peu inquiet quant à mon niveau lorsque je ne jouais que cinq ou dix minutes en CFA. A la fin, lorsque les pros n’étaient plus là, j’était content de voir que j’avais le niveau sur des matches complets. J’ai marqué quatre fois en cinq titularisations (doublé contre Albi, Orléans, Balma). En fait, je ne vais pas me plaindre de l’absence des pros.
Sur le plan personnel, j’ai vraiment l’impression d’avoir franchi un palier. La CFA était mon objectif du début de saison.

Et avec Elie Baup ?
Il n’était pas très proche de nous en réalité. Je ne suis même pas certain qu’il connaissait notre nom. Il ne venait jamais voir nos matches contrairement à Anto. Cela m’avait beaucoup surpris...

Comment juges tu l’ambiance au centre de formation ?
L’ambiance est bonne. Il y a pas mal d’affinités entre nous, notamment entre les 1986 et 1987. Mais il existe toujours un sentiment de concurrence très présent. C’est difficile, dans ces conditions, d’avoir de vrais amis dans le centre. Pour ma part, mes vrais amis sont en dehors du football.

Et la suite pour ce qui te concerne ?
J’ai signé, l’été dernier, un contrat stagiaire de deux ans. Je serais donc encore en CFA l’an prochain, même si on ne connaît pas encore la composition du groupe d’entraînement. Claude Robin sera encore là. Ensuite, le rêve serait de signer pro, même un an.


Avec Valence face à Evian-Thonon-Gaillard en Coupe de France (2012)

Qui sont les joueurs qui sortent du lot au centre ?
Je dirais Yohan Benalouane, Cyril Noyer et Eric Bauthéac.

Quels sont tes joueurs préférés ?
Sur le plan des attaquants de l’équipe une, c’était Piquionne. Au niveau humain, c’est surtout Camara, toujours très proche de nous et super sympa.
En dehors de l’ASSE, je suis fan de Trezeguet, un modèle pour moi, davantage qu’un Henry. Mon jeu se rapproche plus de Trezeguet que de Henry du reste.

Comment analyses tu le parcours des verts cette saison 2005-06 ?
La confirmation de la saison passée a été très difficile. Nous étions tout de même troisième à un moment. La CAN a brisé l’élan.

Ton pronostic pour la coupe du Monde (interview réalisée le 31/05/2006) ?
Brésil bien sur. Je pense que la France peut atteindre les demi-finales. Mais j’aurais préféré voir Giuly plutôt que Dhorasoo.

Et en championnat de France ?
Je ne voudrais pas dire Lyon, et pourtant…. Je pense que l’OM, qui est une équipe que j’aime bien également, se renforcera sérieusement. Elle pourrait alors les accrocher. Je vois bien Bordeaux également. Quant à l’ASSE, j’espère qu’Hasek va bien prendre en main son équipe et bien tenir l’effectif.

Nous clôturons l’interview, sympathique, en souhaitant bonne chance à cet espoir de la maison verte de la part de Poteaux-Carrés. Il nous confie du reste connaître le site et le forum (inscris-toi Mathias), et être curieux des commentaires d’après-match sur les différents forums. Mathias avait, par ailleurs, déjà entendu parlé de nous lors d’un match à Montpellier en U18 où il avait été pris en photo par un membre de l’équipe (José)

Mille merci à lui dans tous les cas pour sa disponibilité et sa gentillesse


Degache sous le maillot blanc de Rhône-Vallée face à Annonay en 2014

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Depuis cette interview, Mathias Degache a bien sûr fait du chemin mais pas celui qu'il aurait espéré.
Libéré par le club à l'été 2007, il passe une petite saison à Moulins (CFA) où il ne joue pas puis il rejoint comme de nombreux autres pensionnaires de l'Étrat l'autre club ligérien de CFA: Andrézieux-Bouthéon. Il y reste 4 ans mais ne peut empêcher le club de descendre en CFA2.
En 2011, il est enrôlé par le club drômois de l'AS Valence (CFA) où il retrouve notamment Julien Gensel et Sylvain Flauto, autres anciens verts puis à l'été 2012, il rejoint le FC Rhône-Vallée (DH), par ailleurs club partenaire de l'ASSE.
Il y reste 6 ans puis retourne à Valence (photo), devenu désormais l'Olympique de Valence (Régional 2), avec lequel il obtient la promotion en R1 tout en réussissant quelques jolis parcours en Coupe de France.


Le sens du but mais jamais bien loin de chez lui

Et quatre ans plus tard, car la vie est un éternel recommencement, le revoilà à Rhône-Vallée (R1) pour le dernier transfert de sa carrière, à 35 ans passés (sauf s'il retourne un jour à Valence) !

En parallèle de sa carrière amateur, Matthias Degache possède un BTS en Négociation Relations Client et un diplôme en développement commercial. Un temps chargé du développement commercial pour le Médef dans sa région, il est aujourd'hui assistant marketing dans une boîte de communication à Valence.


Degache, la classe mannequin