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Un ascenseur émotionnel rare: qualifiés grâce à un but égalisateur de Bayal Sall à la 90e minute, les Stéphanois lâchent leur billet pour les 8e de finale dans les arrêts de jeu...


La feuille de match
Jeudi 25 février 2016 - Ligue Europa - Parc Saint-Jacques
16e de finale retour: Bâle 2-1 ASSE
Spectateurs: 20.976 - Arbitre: Danny Makkelie (Pays-Bas)

Buteurs: Zuffi (15e, 92e) pour Bâle. Bayal Sall (89e) pour l’ASSE

FC Bâle: Vaclik - Lang, Samuel (Fransson 92e), Bjarnason, Delgado (Steffen 68e), Suchy - Safari (Traoré 72e), Zuffi, Janko - Xhaka, Embolo. Entraîneur: Urs Fischer
ASSE: Ruffier - Théophile-Catherine, Bayal Sall, Pogba, Tabanou - Cohade, Clément, Lemoine (Eysseric 75e) - Monnet-Paquet, Tannane (Hamouma 60e), Bahebeck (Roux 55e). Entraîneur: Christophe Galtier

Expulsions: Eysseric (82e) pour l’ASSE. Embolo (84e) pour Bâle


Un effectif qui sent bon le Läckerli et la tarte à l'oignon

Les faits du match
En ce mois de février 2016, les Stéphanois sont sur une très bonne passe avant le match retour à Bâle. Ils n’ont perdu qu’une fois à l’extérieur en ce début d’année 2016 (à Nantes 2- 1) et ont notamment gagné à Rennes et Bordeaux en championnat et à Troyes en Coupe de France.
Par ailleurs, les Verts ont dominé le match aller à Geoffroy-Guichard 3-2 grâce à des buts de Bayal Sall, Kevin Monnet-Paquet et Jean-Christophe Bahebeck. Walter Samuel et Marc Janko (sur pénalty) avaient marqué côté suisse, histoire de donner un enjeu à ce match retour.

Une tendance agace néanmoins Christophe Galtier depuis plusieurs matchs: l’incapacité de ses joueurs à tenir un résultat. Ils ont récemment concédé le nul contre Monaco à la 84e (Vagner Love), et contre Marseille (Michy Batsuhayi) à la dernière seconde quelques jours plus tôt. Au total, sur les 10 derniers matchs, ils ont encaissé 7 buts entre la 77e et la 94e.
pour cette rencontre, le technicien stéphanois est privé des deux recrues stéphanoises de l’hiver, Alexander Soderlund et Ole Selnaes, non-qualifiées pour avoir déjà joué en C3 avec leur ancien club de Rosenborg. Les Verts vont commencer la partie sans véritable attaquant puisque Robert Beric est blessé (ligaments croisés) et Nolan Roux sur le banc. Monnet-Paquet, Bahebeck et Tannane occuperont les avants postes. Derrière eux, un trio classique Lemoine-Cohade-Clément. Tabanou est préféré à Assou-Ekoto côté gauche de la défense.


Lemoine et Bahebeck entourent Zuffi, l'homme par qui le malheur viendra

Seulement, les Stéphanois doivent faire face à une situation qu’ils ne maîtrisent pas. En ayant gagné le match aller 3-2, doivent-ils continuer d’attaquer au match retour ou compter sur leur but d’avance ? Le technicien a eu beau promettre un jeu tourné vers l’offensive, s’appuyant sur une équipe qui marque plus de buts que la saison précédente, le début de match est timoré de la part de l’ASSE. Ce sont pourtant bien les visiteurs qui vont se procurer la première occasion du match à la 8e minute: bien servi en profondeur par Jean-Christophe Bahebeck, Monnet-Paquet (photo) croise sa frappe et Vaclik, le portier bâlois, s’interpose du pied droit. Les Verts perdent là une occasion de tuer le match précocement. Au lieu de cela, ils reculent. Les errements défensifs de la charnière Bayal Sall-Pogba sont criants et auraient pu coûter cher sans un grand Stéphane Ruffier à la parade face à Bjarnason (10e).

Au quart d’heure de jeu, les Bâlois obtiennent un coup-franc qui ressemble trait pour trait à celui exécuté par Dimitri Payet dans les filets de Lloris un certain 25 septembre 2010. Ce coup-ci, c’est un gaucher qui s’élance: Zuffi ne laisse pas passer l’occasion et catapulte un bijou de ballon dans la lucarne d’un Stéphane Ruffier qui n’a pas bougé (1-0, 15e). Les hommes de Galtier sont alors virtuellement éliminés par la règle du but à l’extérieur. Il leur faut désormais marquer pour aller arracher leur billet pour les 8e de finale.


Un maître coup-franc de Zuffi débloque la partie côté suisse

Pourtant, ils peinent à construire. Les attaques sont molles, trop prévisibles et même s’ils ont la maîtrise de la possession de balle, les Verts n’ont pas inquiété Vaclik lorsque la mi-temps est sifflée dans un Parc Saint-Jacques qui espère voir ses protégés se qualifier et se donner un espoir de disputer la finale dans leur antre.
Comme on pouvait donc s'y attendre, les Bâlois gèrent tranquillement leur avance en seconde période. Les incursions stéphanoises sont toujours aussi inoffensives et stéréotypées alors Christophe Galtier décide d'opérer deux changements coup sur coup avec les entrées de Nolan Roux (55e) et Romain Hamouma (60e), rendant les Verts un peu plus pressants. Jean-Christophe Bahebeck se crée une belle occasion en récupérant un ballon qui a rebondi sur le dos du crâne d’Oussama Tannane mais l’ancien Parisien rate un peu son ballon et ne peut inquiéter Vaclik. Un peu plus tard, le gardien bâlois s’emploie face à Moustapha Bayal Sall avant d’être suppléé par l’un de ses défenseurs sur une frappe de Romain Hamouma.


Jean-Christophe Bahebeck ne connaîtra pas
la même réussite qu'au match aller

Valentin Eysseric entre à son tour en jeu, il reste un quart d’heure à jouer. Mais au lieu d’apporter son dynamisme et sa technique, il va connaître une entrée catastrophique. A la 82e minute, alors que les Bâlois amorcent un contre, Eysseric tacle par derrière Steffen qui n’a pas encore franchi le milieu de terrain. L’arbitre s’approche, carton jaune à la main, prêt à avertir le numéro 11 stéphanois mais lorsque les deux joueurs se relèvent, des mots sont échangés et Eysseric adresse un coup de tête à son vis-à-vis. L’arbitre n’a d’autre choix que d’exclure le joueur prêté par l’OGC Nice et les Verts se retrouvent à 10. Eysseric sera resté moins de 7 minutes sur le terrain.

En infériorité numérique, menés et à court d’idées, on ne donne pas cher de la peau des Stéphanois at alors qu’on s’attend à une fin de match morose, encore plus verrouillée par des Suisses sûrs de leur fait, la partie va subitement se débrider. Comme si l’expulsion d’un des leurs avait donné des ailes et des idées aux Verts, ils vont enfin se mettre à l’attaque.
Dans le même temps, Breel Embolo retient Kévin Théophile-Catherine par le bras alors que le défenseur partait en contre-attaque. L’attaquant suisse écope d’un second avertissement synonyme d’expulsion. Bâle est à son tour réduit à 10. Autant de minutes qu'il reste aux Verts pour trouver la faille.


Nolan Roux pris dans la nasse bâloise

A la 89e minute, les vagues stéphanoises sont de plus en plus nombreuses face aux buts suisses. Sur l’une d’elles, Renaud Cohade est trouvé côté droit de l’attaque. Il adresse un centre plongeant dans la surface de réparation bâloise. Nolan Roux est trop court, Monnet-Paquet bien pris au marquage par Walter Samuel, on croit que le ballon va se diriger tranquillement dans les bras de Vaclik. Mais Moustapha Bayal Sall fait alors irruption et de la gauche de la surface de réparation où il est monté, il vient couper la trajectoire du ballon fuyant pour venir, d’un astucieux extérieur du pied droit, comme une aile de pigeon, loger le ballon au-dessus de la tête d'un Vaclik baissé et surpris (1-1, 89e).
Le parcage stéphanois explose, le géant sénégalais retire son maillot. Christophe Galtier ne tient plus, il quitte son banc de touche et court vers ses joueurs. Que leur dit-il ? Les félicite-t-il pour ce but qui qualifie virtuellement les Verts en 8e de finale ? Ou bien tente-t-il de les ramener à la raison ?


Bayal exulte, le peuple vert vit un rêve éphémère

Quoiqu’il en soit, il reste 4 minutes de temps additionnel à tenir pour que le parcours européen se poursuive. Quelques jours plus tôt à Marseille, les Verts ont encaissé le but égalisateur de Batshuayi à la dernière seconde des arrêts de jeu et personne n’a envie d’imaginer un bis repetita.
C’est pourtant exactement ce qui va se passer. Sur le coup d’envoi, Traoré décale Bjarnason côté gauche. Le centre au deuxième poteau trouve Michael Lang, esseulé, qui veut appuyer sa tête pour tromper Stéphane Ruffier mais se loupe. Involontairement, son coup de casque se transforme en centre. Une offrande pour Luca Zuffi aux 6 mètres. D’un plat du pied droit, le gaucher bâlois envoie ce ballon dans le petit filet d’un Ruffier impuissant (2-1, 92e).

Les Stéphanois tombent comme des mouches sur la pelouse du Parc Saint-Jacques. Ils viennent de passer du paradis à l’enfer en moins de 60 secondes...

Le Saviez-vous ?
- Le parcours européen des Verts s’arrête-là. Au tour suivant, les Bâlois affronteront les Espagnols du FC Séville et se feront balayer comme prévu (0-0, 0-3). Les Andalous remporteront cette édition avec dans leurs rangs un ancien Vert, Benoît Trémoulinas, et un futur Vert, Thimothée Kolodziejczak.

- Christophe Galtier reviendra sur le but égalisateur de Moustapha Bayal Sall après la rencontre: "Au lieu de se concentrer sur les quatre minutes qui restaient, nous sommes allés célébrer un but et une qualification. C'est aussi pour cela que je suis allé dans le coin, pour faire passer un message qui n'est malheureusement pas passé. C'est cruel pour le club, les joueurs qui ont fait une belle campagne européenne"

- Les Verts auront du mal à se remettre de ce but tragique dans le temps additionnel. Ils perdront trois jours plus tard contre Caen à domicile (1-2) avant d’être éliminés en quart de finale de Coupe de France par le PSG (1-3), de faire un match nul sans relief à Angers (0-0) et de couler à Guingamp (2-0). Il faudra attendre le match contre Montpellier lors de la 31e journée de L1 pour voir les Stéphanois s’imposer à nouveau (3-0).

- Malgré ce trou d’air en championnat, Galtier et ses hommes termineront la saison à la 6e place et se qualifieront à nouveau pour l’Europa Ligue la saison suivante. Ils atteindront à nouveau les 16e de finale mais ne pourront rien face à l'épouvantail Manchester United de José Mourinho, futur vainqueur de l'épreuve (0-3, 0-1)

- Pour atteindre les 16e de finale, les Verts s'étaient difficilement extraits du groupe G, terminant 2e derrière la Lazio et devant le Dnipro et Rosenborg. Le FC Bâle avait survolé son groupe I devant la Fiorentina, Lech Poznan et Belenenses.

- Avant le match, au regard des confrontations passées en Coupe d’Europe, les Verts avaient 43% de chance de se qualifier avec leur victoire 3-2 au match aller. Ils visaient une qualification en 8e de finale de C3, qu'ils n'avaient plus connue depuis la saison 2008-09 et une élimination contre le Werder Brême (0-1, 2-2)

- S'il est bien suisse, le Saidy Janko qui rejoindra l'ASSE deux ans plus tard n'a rien à voir avec Marc Janko, l'attaquant autrichien du FC Bâle, buteur à l'aller.

- Le milieu islandais Birkir Bjarnason ne tardera pas à retrouver le stade Geoffroy-Guichard puisqu'il y disputera une rencontre lors de l'Euro 2016 quelques mois plus tard face au Portugal (match nul 1-1). Ce ne sera en revanche pas le cas du Bâlois Xhaka puisqu'il s'agit de Taulant Xhaka, international albanais, et non de son frère Granit, meneur de jeu de la Nati qui y sera éliminé en 8e de finale. 


L'image qui restera de ce déplacement à Bâle