séléctionnez une date pour un autre éphéméride
Encore une fois, les Verts sont opposés à une équipe a priori prenable en quart de finale de C3. Encore une fois, la désillusion sera aussi grande que la gifle reçue à domicile...
La feuille de match
4 mars 1981 - Coupe de l'UEFA - Stade Geoffroy-Guichard
quart de finale aller: ASSE 1-4 Ipswich Town
Spectateurs: 36.919 - Arbitre : M. Rainea (Roumanie)
Buteurs: Rep (16e) pour l'ASSE. Mariner (28e et 57e), Muhren (47e), Wark (77e) pour Ipswich
ASSE: Castaneda - Battiston, Gardon, Lopez, Zanon - Janvion, Larios, Platini - Paganelli, Roussey (Zimako 55e), Rep. Entraîneur: Robert Herbin
Ipswich Town: Cooper - Mills, Osman, Beattie, Butcher - Thijssen, Wark, Muhren - Brazil, Gates, Mariner. Entraîneur: Bobby Robson
Les faits du match
Après la formidable et éclatante qualification face au grand Hambourg, voilà donc une nouvelle fois les Verts présents en quart de finale de la Coupe UEFA. Le mémorable exploit réalisé en RFA autorise tous les espoirs et toutes les illusions. Rien ne doit plus arrêter les Verts sur la route de la finale UEFA.
Les Verts ont une revanche à prendre par rapport à l'an dernier et la déroute face à Mönchengladbach, une date à effacer, mais rien ne dit qu'Ipswich Town qui vient de leur être désigné sera l'aimable comparse poussant à la réalisation de ce projet.
L'équipe du Suffolk mène grand-train en championnat d'Angleterre, et les premiers mots de Garonnaire, de retour d'une mission de repérage, sont pour la comparer au grand Ajax du début des années 70. On aimerait que Garo se soit trompé et que, vieil artifice dont il use sans se lasser, il ait dramatisé les choses.
Mais non: Ipswich est bien ce bloc indestructible, animé d'un incessant mouvement de va-et-vient entre ses différentes lignes même si Johnny Rep (photo) ouvre le score après un quart d'heure de jeu d'une splendide reprise de la tête. Geoffroy-Guichard exulte et compte sur un triomphe.
Paul Mariner égalise à la demi-heure de jeu (photo le Progrès)
Pourtant, les Stéphanois ne paraissent pas à l'aise. Ils butent sans imagination sur une défense anglaise bien regroupée. Mais ils persistent. Hélas, 12 minutes après le but de Rep, Mariner va refroidir le stade: il égalise superbement en prenant à revers une défense verte paniquée.
A la mi-temps, une grande partie du public devine déjà les difficultés que vont rencontrer les Verts. Même les plus chauvins s'extasient du spectacle que donne cette belle équipe d'Ipswich.
Dans la seconde période, Muhren, Mariner encore, et Wark achèvent littéralement Saint-Étienne. Le milieu de terrain anglais organise intelligemment la manoeuvre tandis que Mariner, joyeux et impertinent, fait frémir la foule à chacune de ses apparitions dans la surface de Jean Castaneda. Les Stéphanois, fatigués et laxistes au marquage, ne seront jamais en mesure de redresser la situation.
Et de deux pour Mariner et Ipswich
A Saint-Étienne, l'histoire a quelquefois tendance à se répéter. Un an tout juste après la mémorable gifle de Mönchengladbach, voici la leçon de football récitée par Ipswich aux Foréziens. Le destin a de ces cruautés !
Ils ont dit
- Pour le Président Rocher, la défaite revêt une double explication: "Nous sommes tombés sur une très grande équipe, la meilleure équipe jamais vue ici. Elle nous a été supérieure dans tous les domaines. D'autre part, je regrette que l'équipe stéphanoise actuelle, si elle a plus de talent que ses glorieuses devancières, n'ait pas autant de coeur et de générosité dans le combat"
- Robert Herbin: "Ils étaient à 10 derrière et à 10 devant. Extraordinaire !"
- Le capitaine Christian Lopez: "C'est inadmissible de perdre de cette façon. Quand on est mené 2-1 sur son terrain et qu'on voit la qualification compromise, on serre le résultat, surtout on ne baisse pas les bras et l'on essaie d'égaliser à 2-2 en pensant au match retour"
- Gérard Janvion, n'acceptant pas la supériorité d'Ipswich: "C'est nous qui avons manqué d'agressivité" se fâche le Martiniquais en jetant ses chaussettes de déception.
- Michel Platini, le sourire narquois, emprutant des arguments que ne renierait pas une cartomancienne: "Les premiers mercredis de mars sont mauvais pour l'ASSE, voilà ce qu'il faut en conclure" Ce n'est pas l'éphéméride qui le contredira...
Michel Platini quitte Geoffroy-Guichard dépité (photo le Progrès)
Le Saviez-vous ?
- Au match retour, pas d'exploit et encore moins de surprise: les Verts s'inclinent 3-1 (buts de Butcher, Wark et Mariner, contre un but de Zimako). La qualification anglaise était déjà acquise au match aller...
- Grande année pour Ipswich Town: le club du Suffolk sera vice-champion d'Angleterre et surtout remportera la C3 en battant le FC Cologne en demi-finales (1-0, 1-0) et l'AZ Alkmaar en finale (3-0, 2-4)
- Bien qu'éliminés en quarts de finale, les Verts ne sont pas la dernière équipe française en lice dans la compétition: le FC Sochaux les accompagne ! Il fait même mieux en se débarrassant des Grasshoppers de Zürich en quarts pour n'échouer qu'en demi-finales contre Alkmaar (1-1, 2-3)
- Quarts de finaliste, c'est le meilleur résultat qu'a jamais réussi l'ASSE en Coupe de l'UEFA. L'année précédente déjà, les Verts étaient tombés à ce stade de la compétition contre le Borussia Mönchengladbach. En 2008-09, ils accèderont aux 8e de finales où ils seront éliminés par le Werder Brême. C'est la seule Coupe d'Europe jamais encore remportée par un club français.
- Présents sur la pelouse de Geoffroy-Guichard, les Anglais Wark, Cooper, Beattie et Osman participent cette année-là au film "A nous la Victoire", avec Sylvester Stallone et Pelé, qui raconte l'histoire d'un match de football durant la 2e guerre mondiale.
- Pour en arriver là, Ipswich Town avait éliminé l'Aris Salonique, les Bohemians Prague et le Widzew Lodz. Des noms qui rappelleront des souvenirs aux supporters de l'époque, comme un passage de témoin...
Le programme du match retour à Ipswich
Sources
- 1981, une année de football - Eugène Saccomano
- Le retour des Verts - Gérard Ernault