Lamentable tâcheron pour les uns. Indispensable gagneur pour les autres. Qui es tu Brandao ?
Brandao, c’est Marseille, Brandao c’est Sainté.
Brandao, c’est Sainté-Marseille, le 16 février 2014.
Ce seul match dit tout des agaçants défauts et des qualités uniques de Brandao. 92ème minute de ce pénible et frustrant duel de prétendants. Les Verts vont s’incliner, c’est écrit. Brandao a traversé le match entre jérémiades, coups de coude, et contrôles approximatifs. Worst of ! Dans une équipe sans élan, il symbolise parfaitement ce collectif aussi solide et combatif que dépourvu d’idées et incapable d’envolées. Et puis l’éclair. La tête rageuse et chercheuse qui nous délivre au bout du bout des arrêts de jeu. Best of ! Avec cette conviction que seul Brandao est capable de ce type de buts. S’élever si haut, gagner le duel, y croire à ce moment du match. La conjonction de ces éléments, est l’apanage de Brandao.
La tête rageuse donc. Oui. La tête et la rage. Le talent de Brandao tient aux deux. Sa rage qui paraît difficilement défendable lorsqu’elle se manifeste par une semelle sur l’un, un coup de coude sur l’autre. Sa rage qui est sublime lorsqu’elle arrache un nul inespéré. Revoyez l'action. Brandao s'élève et arme son coup de tête comme s'il n'y avait personne à deux mètres. Pourtant Mendes et Diawara sont juste là, tout près. Qu'importe. Qu'importe si dans l'élan, la Brandade prend le risque de tout emporter sur son passage. Il n'y a que le ballon et l'envie irrépressible de le catapulter au fond des filets. D'autres peut-être dans un réflexe de protection face aux deux défenseurs n'auraient pas mis toute l'énergie nécessaire dans ce coup de tête. Brandao, si. Il avance, il marche, saute et monte dessus. Les cons-sultants qui ont plus que brocardé notre Brésilien qui aurait dû être Norvégien (sic)ajoutent l’idiotie au cliché balourd. L’idiotie car ils n’ont pas saisi que les deux Brandao ne font qu’un. Sa rage est un tout. C’est le même Brandao qui s’essuie sur la cheville de Silva et qui vient caresser le poteau de Mandanda. L’un ne va pas sans l’autre. Car enfin, n’avons-nous donc tant vécu que pour cette infâmie que représentaient les Luhovy, Molnar et Kachloul (oui Kachloul, révisez vos classiques jeunes gens) que nous n’aurions toujours pas saisi que la technique ni la rage n’ont de pays ? Rangez vos poncifs.
La tête rageuse. Oui la tête. Le football se joue avec les pieds. Mais pas que. Avec la tête aussi. Et celle de Brandao est unique.
Unique parce qu’elle déborde d’envie. Une envie rare. Celle qui vous fait passer dans le camp des gagnants les soirs de finale. Celle qui vous pousse à sauter très haut à la 92ème. Celle qui embarque les autres, celle qui est contagieuse et fait d’un équipe de joueurs gentils un groupe qui se surpasse lors des matchs décisifs. Celle qui efface le respect matiné de crainte qu'on éprouve parfois face à un gros. Cette envie là est aussi précieuse et rare que le fut (snif) la vitesse d’Aubame.
Unique, sa tête, oui. Parce qu’elle est dotée d’une estimable (remarquable ?) intelligence de jeu. Celle qui lui fit faire deux pas en arrière pour se démarquer de son demeuré de défenseur, un soir à Gerland pour réceptionner la merveille de centre de Tremoulinas et effectuer la merveille de remise pour Erding. Ses buts et même ses inénarrables ratés (ahhh cette demi-finale contre Lille…) attestent par ailleurs d’un sens du but appréciable (incontestable ?). Etre au bon endroit au bon moment, l’homme qui levait les pouces aussi bien que les foules, l’homme qui (tiens, lui aussi !) mit Marseille à terre et ses supporters dans le bus il y a bientôt 15 ans, l'homme qui venait du même pays et jouait si différemment, avait aussi ce talent unique et vous le dirait mieux que quiconque : Ce sens du but est la qualité n°1 du buteur. Le reste n'est "qu'"affaire d'adresse.
Brandao a 34 ans. Il est lent, maladroit et besogneux. Et pourtant Makelele, après Deschamps et Galette le veut. Alors qui es-tu Brandao ?
Le meilleur bourrin qui ait porté le maillot Vert. Le plus indispensable tâcheron qu’on ait connu. Un joueur, un vrai. Un mec qui va nous manquer. Vraiment.
Car avec lui, qu’importe le flacon, l’ivresse était garantie.
Obrigado !