Mais ils ne gagnent toujours pas, même sur le terrain de la lanterne rouge, où ils n'ont pas su faire mieux qu'un triste 0-0...
Verre à moitié vide, ou à moitié plein ? Il y a un sentiment de frustration dans les propos d'après-match des joueurs et du coach stéphanois : "j'ai la sensation qu'on aurait pu prendre 3 points avec plus de conviction et de meilleurs déplacements. (...) avec plus de technique et de maîtrise dans le dernier geste, on doit tuer le match". Mais il y a aussi du positif, notamment sur le plan défensif, où les Verts n'ont pas vraiment été inquiétés, grace à leur solide bloc équipe : "quand on ne recule pas et qu'on resserre les lignes, on empêche l'adversaire de développer son jeu et on récupère plus de ballons. Notre équipe a été difficile à jouer".
Voici le déroulement de ce premier match nul et vierge des Verts de cette saison.
Première période à 0 tir cadré
Le staff stéphanois a reconduit la même équipe et le même système que la semaine précédente contre Lille. Deux milieux excentrés avec un profil très différent, Bouanga à gauche et Zaydou à droite - ils ont ensuite permuté après 10 minutes de jeu. Et deux avant-centres très mobiles, Hamouma et Khazri, qui ne fixent pas la défense adverse, mais qui font des appels dans son dos ou décrochent pour participer à la construction. D'ailleurs, un des mouvements le plus utilisé à été Khazri qui s'excentre sur le côté de Zaydou, comme un ailier...
Le match a été assez équilibré au début, les deux équipes se sont partagées la possession (50% jusqu'à la 25e minute) et ont évité de se découvrir. Et la séquence suivante résume très bien le déroulement de la partie :
A la 16e, Debuchy joue un coup franc dans la moitié stéphanoise, suite à une faute sur Hamouma. Jeu long direct à destination de Khazri, qui fait un appel dans le dos des défenseurs centraux dijonnais, qui interceptent facilement...
... et qui dégagent immédiatement. Très loin, le ballon arrive dans les bras de Jessy Moulin, qui joue court avec sa défense. On peut donc s'attendre à une attaque construite patiemment...
... surtout que Neyou descend à hauteur des centraux pour aider la relance. Mais quand Kolo reçoit le ballon, il préfère un long ballon à destination de Khazri, dans le dos du latéral droit adverse. Cette fois-ci le ballon est récupéré par l'attaquant stéphanois, qui se retourne...
... et change complètement de côté, dans la course de Bouanga. Comme on peut voir sur cette image, il n'y a aucun Vert dans la surface et l'ailier stéphanois, excentré, doit attendre. Il ne profite pas du dédoublement de Debuchy...
... mais arrive quand-même à centrer. Son centre, un des 30 effectués par l'ASSE (CPA inclus), trouve Hamouma, qui voit sa reprise de volée passer à côté.
Peu avant la demi-heure de jeu les Verts ont commencé à prendre le dessus, en gardant plus le ballon (64% de possession pour le reste de la mi-temps) et en poussant leur adversaire à la faute (seulement 56% de passes réussies par Dijon pendant cette période). Cependant, ils n'ont toujours pas réussi à concrétiser, comme par exemple dans cette action qui commence comme la précédente :
Une remise en jeu du gardien adverse est repoussée de la tête par Kolo, loin devant. Sous la pression de Bouanga, un défenseur dijonnais dégage comme il peut :
Debuchy repousse de la tête ce deuxième dégagement adverse, le ballon arrivant sur un défenseur central. Qui dégage de la tête...
... puis un milieu prolonge et Debuchy se trouve de nouveau à la réception. Ce magnifique jeu de Ligue 1 continue jusqu'au moment où le milieu dijonnais arrive à poser le ballon par terre, mais il subit de suite le pressing de Camara et Hamouma. Ce dernier tacle et Debuchy, dans tous les coups, récupère la possession à côté de la ligne de touche :
Ce qui suit est incroyable par rapport aux 20 secondes précédentes. Du jeu à une touche de balle dans un petit périmètre, Debuchy - Bouanga - Camara - Hamouma et ce dernier lance son ailier droit dans le couloir, dans le dos du latéral :
Bouanga prépare son centre et il cherche le deuxième poteau. Mais il n'y avait que Khazri dans la surface, "l'ailier" opposé, Youssouf, étant très loin. Pas beaucoup plus bas que Bouanga sur l'image précédente, il n'a pas eu le réflexe de se projeter dans la surface. Néanmoins, le défenseur dijonnais met le ballon en corner et sur ce coup de pied arrêté Kolo voit sa reprise de la tête passer à côté du cadre. Les Verts n'ont pas réussi à cadrer un seul tir dans cette période, malgré quelques occasions créées.
Deuxième période toujours stérile
Le match n'a pas été plus ouvert après la pause, la 2MT ayant une physionomie similaire, 50% de possession les premières 10 minutes, 63% pour l'ASSE ensuite. Les Verts ont essayé de construire, parfois avec une belle conclusion, parfois pas. Comme dans ces deux actions similaires, dont la première commence juste après le retour des vestiaires :
Une attaque stéphanoise se construit à partir de Moulin, qui joue avec Kolo, bien excentré à gauche. Moukoudi offre une solution similaire à droite, les Dijonnais sont assez haut sur le terrain pour empêcher cette relance. Khazri décroche et il est trouvé par la passe verticale de Kolo, avant de remettre en première intention à Trauco, qui monte dans son couloir.
Il trouve Hamouma, qui remet lui aussi sans contrôler, à Bouanga, dans le dos du latéral droit adverse. Des belles combinaisons avec Khazri et Hamouma en points d'appui, qui ont comme résultat le décalage de Bouanga dans le couloir gauche :
Il monte avec le ballon, mais ne centre pas, il n'y a aucun coéquipier dans la surface. Youssouf ne se projette pas et Hamouma et Khazri ont participé à la construction, ils ne sont pas présents à la conclusion - le dernier étant même toujours la sa propre moitié du terrain...
A l'heure de jeu Boudebouz a remplacé Khazri, du poste pour poste défensivement, mais avec un peu plus de disponibilité à la construction, comme dans cet exemple :
A la 67e, Debuchy joue une touche défensive avec Moukoudi, qui ne réussit pas d'orienter le jeu avec son contrôle et est obligé de se retourner. Il arrive quand-même de s'en sortir avec une belle passe verticale...
... qui trouve Youssouf dans le couloir droit, qui remet en arrière à Neyou. A l'opposé, Bouanga se trouve à la même hauteur et il remontera le terrain en même rythme, sans participer à l'action, qui se déroulera exclusivement à droite :
Boudebouz décroche, est trouvé par Neyou et remet dans une touche dans la course de Youssouf, qui progresse avec le ballon...
... avant de réaliser un une-deux avec Hamouma et se retrouver lancer en profondeur dans ce couloir. Il ne déborde pas pour centrer, mais attend quelques secondes...
... pour le dédoublement de Hamouma, qui est bien servi et qui a le temps d'ajuster son centre. Il trouve Bouanga, venu de l'aile opposé au premier poteau, qui voit son tir repoussé sur le poteau par le goal adverse, pour ce qui a été la seule frappe cadrée stéphanoise et la plus grosse occasion du match.
Même construction qu'en début de période, avec les deux offensifs axiaux (Hamouma et Khazri/Boudebouz) en points d'appui pour une progression dans le couloir. Mais dans le deuxième cas, avec une présence dans la surface proposée par l'ailier du côté opposé. Et on peut remarquer que Boudebouz, après avoir décroché pour participer à la sortie de balle, se retrouvait à l'entrée de la surface adverse, pas toujours dans sa moitié...
Les Verts n'ont pas joué leurs attaques à fond, préférant ne pas se découvrir. Et ils ont manqué de justesse dans le dernier ou avant-dernier geste pour espérer mieux.
Conclusions
Dix matchs consécutifs sans victoire, c'est une triste série, assez inquiétante quand elle est accompagnée d'une animation offensive aussi terne. Mais il y a pas mal d'éléments positifs à retenir de ce match, à commencer par le premier clean sheet de cette longue série. Un bloc plutôt bien en place et difficile à bouger, des duels gagnés, avec l'état d'esprit qui va avec - même s'il y a toujours eu quelques erreurs individuelles. Le changement tactique nécessaire après la déroute à Brest commence à porter ses fruits : les Verts proposent moins de jeu, mais affichent une meilleure discipline tactique et le compteur points commence de nouveau à tourner, même si au ralenti. Ce sont les bases que cette équipe est en train de re-acquérir, des fondations nécessaires avant de pouvoir se lâcher et de proposer des prestations plus abouties offensivement.