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De la pampa argentine aux plus hautes sphères de la Coupe d'Europe, parcours d'un défenseur sud-américain qui savait entrer dans la place...
Osvaldo José Piazza naît le 6 avril 1947 à Buenos Aires, Argentine. Son parcours de joueur professionnel, cet emblématique joueur le commence à Lanus, là où tout se termine normalement... (je sais, c’est une honte, mais c’était tellement tentant)
Oswaldo star de Lanus en 1971
C’est, en effet, dans un club appelé Vint de Lanus qu’entre 1967 et 1972, Osvaldo Piazza commence à faire parler de lui. Les échos de ses exploits arrivent jusqu’au Forez, et plus précisément jusqu’aux oreilles de Pierre Garonnaire. L'infatigable dénicheur de talents stéphanois lui fait donc entamer la saison 1972-73 sous le célèbre maillot vert. Rarement un joueur n’aura autant été identifié à un club. Sa rage de vaincre, son abnégation et son courage feront de lui une icône éternelle du club forézien. De Piazza à Piazzolla, il n’y a qu’un accord. Et les chevauchées fantastiques et échevelées du chevelu stéphanois* n’étaient pas sans rappeler les harmonies divines du musicien argentin.
Un regard, une allure, une crinière... Un Hombre !
Combien de fois les assauts répétés de cet orgueilleux joueur permettront à l'ASSE de remporter de courtes mais précieuses victoires, retournant des situations qui semblaient fortement compromises, et chauffant ainsi à blanc un stade pourtant déjà en transe ?
Ce stoppeur athlétique de 1m83 pour 81kg, footballeur moderne avant l’heure, possédait, en effet, un arsenal offensif digne des grands attaquants. Il marque son premier but le 26 août 1972, face au Paris FC, lors d'une saison qui n'allait pas (pour une fois) consacrer l'ASSE championne de France de D1.
Bien qu'étranger, Piazza a vite assimilé les préférences locales
Et certain de ses buts sont plus que décisifs comme lors de la finale de la Coupe de France 1975, où à la 69e minute, sur un une-deux avec Hervé Revelli, il perce la défense lensoise et trompe André Lannoy pour le but du 1-0.
Pendant la saison 1976-77, il sera deux fois buteur en Coupe d’Europe des Clubs Champions (la seule la vraie) contre Eindhoven puis contre le CSKA Sofia, pour deux victoires 1-0 qui se révèleront décisives pour la qualification.
Il sera durant sa période française, souvent cité comme l’un des meilleurs défenseurs centraux d’Europe. Il sera même élu "Meilleur joueur de l'année étranger", en 1975 par France Football et meilleur joueur tout court par Onze Mondial en 1976 et 1977.
Piazza ouvre la marque lors de la finale de la Coupe de France 1975
Arrivé comme remplaçant au club, Robert Herbin a la brillante idée d'associer le joueur argentin à Christian Lopez en défense centrale. Les deux hommes composeront une charnière d’une complémentarité sans égale.
De 1972 à 1979, Oswaldo Piazza évolue 244 fois sous le maillot vert en D1, pour 17 buts marqués. Il dispute également 22 matches de Coupe d’Europe des Clubs Champions et deux de Coupe des Coupes. Il sera trois fois champion de France en 1974, 1975 et 1976, et gagnera, en outre, trois Coupes de France (1974, 1975 et 1977). Il sera, bien évidemment, de la fameuse finale de 1976, l’occasion d’un duel au sommet, à défaut d’être au soleil, avec Gerd Müller dans un match qui ne lui laissera que des regrets, lui qui commettra la faute qui entraînera le coup-franc décisif de Roth...
Les montées rageuses de Piazza, un gimmick devenu emblème
Personne, pour autant, ne lui en tiendra jamais préjudice. Les supporters de l'ASSE ont de la mémoire et n'ont pas oublié que c'est lui qui initia la remontée fantastique face au Dynamo Kiev lors du quart de finale retour de la même campagne européenne: Lopez avait sauvé les meubles, Piazza se chargera de remonter le ballon jusque devant le but adverse, où Hervé Revelli lui soufflera le ballon juste le temps de le loger au fond des filets.
Et la plupart savent que si Piazza avait été de la partie à Anfield Road, les choses se seraient passées bien différemment en mars 1977. Le guerrier cavaleur argentin se serait-il laissé blesser par John Toshack comme Alain Merchadier ? Se serait-il laissé distancer par Brian Fairclough à 10 minutes de la fin comme Christian Lopez ? Nul ne le saura jamais mais le destin s'est peut-être joué sur un simple carton jaune, celui du match aller qui le priva d'une rencontre mythique...
Lorsque Piazza quitte l'ASSE à l'été 1979, le club lui réserve l'honneur d'un hommage appuyé au stade Geoffroy-Guichard lors du premier avant-match de la saison suivante. Des larmes plein les yeux, Piazza salue la foule qui scande son nom et donne le coup d'envoi de la rencontre avant de quitter la ville pour de longues années. Peu nombreux sont ceux qui auront eu droit à de tels adieux...
Osvaldo Piazza fait ses adieux au public stéphanois en août 1979
(photo L'Équipe)
Son parcours en équipe nationale argentine demeure en revanche assez anonyme, avec 15 petite sélections durant les seventies. Comme si dans sa carrière, il y avait un avant Saint-Étienne et un après Saint-Étienne. En 1978, peu avant la Coupe du Monde dans son pays, Piazza se prononce contre la junte militaire au pouvoir. De plus, sa femme étant victime au même moment d'un grave accident de voiture, son sélectionneur lui laisse un temps de réflexion mais Osvaldo n'est psychologiquement pas en état de jouer pour l'Argentine, dans un régime qu'il dénonce. Il décline et manque là l'occasion de devenir champion du monde...
Piazza est pré-sélectionné avec l'Albiceleste pour le Mondial 78
De 1979 à 1982, il retourne malgré tout dans son pays natal, au club de Velez Sarsfield et y termine sa carrière professionnelle avant de fouler une dernière fois les pelouses françaises, sur la terre de ses exploits en 1982, en devenant entraîneur-joueur de... Corbeil-Essonnes !! Venu au départ pour être défenseur, il se déchire les ligaments du genou en descendant du bus, à cause d'un trou dans la chaussée (!) Fin du football pour lui.
Retour au pays au Velez Sarsfield en 1980
La suite de son parcours est plus erratique. On le retrouve ainsi assistant coach au PSG en 1983 puis entraîneur dans une kyrielle de petits clubs sud-américains aux noms tous plus exotiques les uns que les autres: Argentinos de Quilmes, Nueva Chicago, Almirante Brown (1990-91)...
Peu après, il rejoint le championnat paraguayen et le club Olimpia avec lequel il devient pour la première fois champion, en 1993. Le club fera ensuite un beau parcours en Copa Libertadores.
Il retrouve ensuite l'Argentine et le club de Velez comme responsable du centre de formation, entraîneur adjoint puis entraîneur en chef, de 1994 à 1997. Lors des 4 saisons suivantes, il fait le tour de l'Argentine en enchaînant les postes à l'Universitario de Deportes de Lima, au Colon Santa Fe, au CA Independienteet au CA Huracan puis il retourne à l'Universitario de Deportes.
Osvaldo Piazza entraîne le Velez Sarsfield jusqu'en 1997 (photo l'Équipe)
Et comme Piazza ne semble pas vouloir se fixer, après un bref passage au Club Libertad (Paraguay), il retourne au Colon de Santa Fe où il achève sa carrière d'entraîneur. De Lanus au Colon, sa carrière sportive revête finalement une certaine logique.
C'est dans ce modeste club classé 13e du tournoi de clôture de la saison argentine que Bernard Caiazzo vient le chercher en juin 2004, pour le ramener à sa ville de toujours. Déjà en 2000, il avait manqué de peu de devenir l'entraîneur des Verts après le licenciement de Nouzaret.
Pendant deux saisons, Osvaldo Piazza le rôle de "public relation" (une sorte d'attaché de presse qui parle français avec un fort acccent), détecteur de talents en Amérique du Sud pour l’ASSE et également administrateur délégué du club. Bernard Caiazzo attend alors de lui qu’il soit le "Di Stefano" de l’ASSE, en lui confiant un rôle, un peu nébuleux, d’ambassadeur de luxe...
Osvaldo Piazza, sans sa belle crinière, en 2010
Mais son séjour sera assez anecdotique. En janvier 2006, il fait quand même venir plusieurs jeunes joueurs argentins à l'ASSE, dont Javier Pastore... Aucun ne sera retenu par le club. Cinq ans plus tard, révélé à Palerme, Pastore sera acheté 42M€ par le PSG...
Dans ses vies d'entraîneur passées, Oswaldo avait également eu sous ses ordres un certains Alejandro Alonso.
Mais aujourd'hui, Osvaldo n'a plus réellement de rôle au sein du club et passe le plus clair de son temps en Argentine... quand il ne prend pas l'avion pour une virée entre anciens Verts !
Il a participé comme intervenant au mythique documentaire "L'épopée des Verts"(1993) et a également l'honneur d'avoir une chanson à son nom: "Mon Copain l'Argentin", interpétée par Bernard Sauvat !
Oswaldo ou Osvaldo ?
Il aura laissé le souvenir d'un roc, d'une silhouette indissciable de l'arrière-garde stéphanoise d'une décennie, du symbole d'un football élégant, racé et sauvage.
Robert Herbin dira de lui: "Quelle puissance, quelle technique, le véritable Argentin ! Défensivement il est excellent et aussi très efficace quand il emmène ses longues percées en contre-attaque. C’est un gagneur, qui stimule les autres, qui les réveille par sa générosité"
Un tel hommage, ca vaut bien tous les éphémérides du monde !
* Il était très très beau avec ses très très beaux cheveux qu'il a quelque peu perdus. Avis d'une spécialiste féminine des très très beaux joueurs.