Dans la dernière édition de la Pravda, le capitaine des Verts revient sur ses derbys les plus marquants. Extraits.

3 octobre 2004, ASSE 2 - OL 3 : mon premier derby

"On a perdu, après avoir mené 2-1, et n'être pas passé loin d'accrocher l'OL dans ce derby, entre deux villes à la fois si proches et si différentes, qui renferme toujours une saveur très particulière. C'est déjà le cas en jeunes, où il y a toujours du monde autour du terrain. C'est un peu moins vrai en professionnel, car il y a de moins en moins de joueurs formés au club. Le football actuel veut ça. Je ne sais pas si la culture du derby est supérieure à Lyon mais la haine, oui. Des joueurs passés par les deux clubs m'ont expliqué que depuis tout jeune, c'est comme ça, à Lyon. Pour moi, un derby, c'est un match à gagner. Mais ce n'est pas ma façon d'être que de haïr quelqu'un."

25 septembre 2010, OL 0 - ASSE 1 : le plus fou

Le centième... Un match extraordinaire, qu'on n'aurait jamais dû gagner. Et à Gerland. L'arbitre siffle une faute sur moi, alors qu'il n'y a pas grand-chose, et Payet transforme le coup franc à un quart d'heure de la fin. Un miracle. C'est comme si toute la malchance accumulée lors des précédents derbys avait soudain tourné en notre faveur. À notre retour, il y avait des centaines de mecs devant les grilles de l'Étrat. Cette victoire nous a libérés. Il fallait la savourer et la fêter. C'est inhérent aux grandes équipes. Même après un quatrième but, les Parisiens sont heureux d'avoir marqué. Et puis, Saint-Étienne n'est pas Barcelone. On ne gagne pas tout le temps. J'aime bien arroser les belles victoires. Après, ça dépend quand elle tombe. Si tu rejoues trois jours après, c'est compliqué. Juste avant de retourner sur le terrain de Gerland pour le coup d'envoi, Galette nous a surpris en nous passant une petite vidéo sur laquelle on voit défiler des images d'anciens derbys, de nous, des extraits de nos buts et de nos joies. Ce petit film nous a mis la chair de poule. Je ne suis pas fan de ces montages vidéo systématiques. Mais dès fois, ça peut être bien. Et ça a été le cas, ce soir-là."

30 novembre 2014, ASSE 3 - OL 0 : le plus beau

"Vingt ans après, on gagne de nouveau un derby à Geoffroy-Guichard. Enfin. L'équipe se trouvait vraiment en confiance avant ce match. Il n'y a pas eu de mots ou de moments particuliers, juste le sentiment tout au long de la semaine d'entraînement qu'on allait réussir ce derby. C'est bon de ressentir cette sensation. Et on l'a gagné ! L'osmose entre les joueurs et le public a été incroyable. Et cette victoire n'a pas été sans conséquences. Depuis, le derby s'est rééquilibré. Lyon a longtemps possédé une équipe vraiment supérieure à tout le monde. Aujourd'hui, on se rapproche de son niveau. Ce soir-là, j'ai pu vérifier combien le football a ce pouvoir de rendre les gens heureux. Quand tu vois le plaisir que tu prends et que tu peux offrir en gagnant un match, c'est fantastique."

5 février 2017, ASSE 2 - OL 0 : mon intervention la plus importante

"La veille, Galette fait une mise en place en 3-5-2 alors que d'ordinaire, on joue en 4-2-3-1. Le matin du match, il me demande mon avis dans le hall de l'hôtel. Je lui dis que changer de système pour un match, ce n'est pas l'idéal. Le soir, on est finalement restés en 4-2-3-1 et on a gagné. Ce n'est pas moi qui ai pris la décision de garder la même tactique. En tant que capitaine, je lui ai juste fait part du ressenti des joueurs. En tout cas, ça a été sympa de sa part de me remercier publiquement après le match."

5 novembre 2017, ASSE 0 - OL 5 : le plus triste

"Je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie, mais j'ai vu des gens d'une tristesse infinie, ce soir-là. Blessé, ce match, je l'ai vécu en tribunes, où tout est plus facile mais plus frustrant aussi. Je l'ai donc vécu avec ma vision de joueur et de "supporter". C'est difficile d'expliquer ça aux gens mais on a vraiment été victimes de circonstances défavorables. On prend le premier but sur un corner en notre faveur et sur lequel Hamouma se claque. Le deuxième, sur un déboulé de Fekir. À la mi-temps, je n'étais pas découragé. Loin de là. Mais le rouge nous tue le match. À dix contre onze, on a pris l'eau. Et on a fini par se noyer."

25 février 2018, OL 1 - ASSE 1 : la plus belle causerie

"Celle de Jean-Louis à la mi-temps de ce derby. Il sait préparer ses causeries. Parce qu'il a l'expérience, parce qu'il a coaché les meilleurs joueurs du monde et qu'il arrive à un âge où il a déjà vécu beaucoup de choses et que sa grande force est de bien connaître ses joueurs. Pour revenir à ce derby, on se retrouve menés à la pause. Il nous explique comment va se dérouler la seconde période, qu'il ne faut pas paniquer car on va revenir au score. Et on égalise à la dernière minute. Jean-Louis n'est pas devin. Mais ses mots m'ont marqué, car, en plus, ses prédictions se sont reproduites par la suite. C'est là où il est très fort. Je n'ai jamais assisté à l'une de ses causeries à la pause où je ne comprends pas pourquoi il dit ça. Il a cette capacité à savoir donner confiance aux joueurs. C'est le plus important, car lorsqu'un joueur est épanoui, il donne le meilleur de lui-même."