Jérémie Janot parle de sa passion pour les MMA (Martial Mixed Arts) dans un long entretien publié aujourd'hui sur le site spécialisé Ikusa. Extraits.

"J’habitais à coté d’une salle de sports à Valenciennes quand j’étais petit et j’avais entrainement de foot lundi, mercredi et vendredi. Et comme ma mère ne voulait pas que je traine dans les rues, j’étais inscrit à la boxe thaïe mardi et jeudi chez Jo Prestia, un grand champion qui est devenu aujourd’hui acteur. Je m’entrainais là-bas, j’ai toujours aimé ça(...) J’ai grandi avec l’âge d’or de la boxe thaïe et Canal Plus en voyant de grands combattants comme Rob Kaman, Ramon Dekkers et même aujourd’hui j’ai retrouvé un DVD avec les meilleurs combats de Dekkers et je le re-visionne avec joie. De 8 à 15 ans j’ai pratiqué la boxe thaïe en loisir car je me donnais à fond dans le foot mais j’étais néanmoins très assidu aux entrainements.


Sincèrement je suis un passionné de MMA et tous les jours sur internet j’essaye de trouver un maximum de vidéos de combats et de recueillir les informations : j’aime vraiment ça, c’est véritablement une passion. Après, pour ce qui est des entrainements, ça reste difficile car nous avons une assurance spéciale pour footballeurs et s’il m’arrive de me blesser à un entrainement de MMA je serais obligé de freiner là-dessus. Une chose est sûre, je ne progresse pas donc j’essaye de ne pas régresser. En revanche j’ai toujours comme objectif de m’y mettre sérieusement après ma carrière ne serait-ce que pour entretenir ma condition physique et après cela, envisager de monter sur un ring pour m’étalonner, être face à moi-même pour voir ce que je vaux.

Bon, même si on ne doit pas trop le dire haut et fort je suis allé faire de la boxe thaïe dans la région de Saint-Etienne avec un prof que j’ai rencontré aux entrainements et avec qui je m’entraîne en individuel. J’avoue préférer les cours collectifs mais je ne peux pas trop car si des rumeurs naissent sur un entraînement permanent là bas et que mon club de l’ASSE l’apprend, ça pourrait me porter préjudice. Mais bon c’était en loisir pour me détendre et j’ai bien apprécié. Mes dirigeants savent que je ne m’entraîne plus et que ma priorité est le football. Et comme ils se rendent compte que je reste quelqu’un de sérieux qui ne fait pas de grosses folies en dehors et que mon métier reste le football, ils sont conscients que pour moi le MMA est une véritable passion.

C’est également un formidable exutoire car ça me permet d’oublier les tracas que peut causer mon métier avec la pression quand je pense à ça. On parle beaucoup des avantages des footballeurs mais il existe également en contrepartie énormément d’inconvénients car on subit constamment une pression pour obtenir des résultats. C’est un métier où la concurrence est forte et dans la réalité de nos jours il y a de plus en plus de chômage donc il ne faut pas croire qu’il existe une pyramide de stabilité; il doit avoir environ 8 à 10 millions de licenciés pour 800 professionnels, donc moins de 1% de chance de terminer professionnel lors de la signature de la première licence et ce n’est pas négligeable. Bien évidemment il y a des avantages mais également beaucoup d’inconvénients comme louper des moments importants de la vie de nos enfants, car en stage ou en déplacement, mais je ne cracherais pas dans la soupe car je dois tout au football.

Comme on joue le samedi et que souvent les events de l’UFC, DREAM ou Strikeforce se déroulent dans la nuit du samedi au dimanche je peux les regarder (...) Je regarde généralement ceux que j’ai enregistrés et étant donné que j’ai un rituel qui consiste à me coucher tôt la veille des matchs de mon club, s’il y a un event la nuit je ne regarde pas. Je me rappelle qu’il y a de cela quelques années on devait jouer à Paris et il y avait eu le PRIDE 33 où Wanderlei devait défendre sa ceinture contre Dan Henderson et la première chose que j’ai fait en me levant était d’aller regarder les résultats du combat.

Wanderlei m’a invité à venir chez lui à Las Vegas, je vais donc essayer de répondre à son invitation. Sinon j’ai beaucoup de contacts avec des combattants pro, ça a été vraiment une chance pour moi de rencontrer des gens comme Bertrand Amoussou, son frère Karl, Cyrille Diabaté, Gregory Bouchelaghem. Non seulement ce sont des sportifs aguerris de valeur comme les gars de la Snake Team mais aussi des hommes qui valent le coup d’être connus. Par exemple je connais des mecs au foot avec qui je n’aimerais même pas discuter deux minutes mais en revanche discuter de sports avec des combattants m’a toujours enrichi parce qu’ils ont une certaine manière de voir la vie.

Sincèrement j’ai vu beaucoup de matchs de foot dans ma vie mais je crois que j’ai vu plus de combats de MMA (rire). A la Chute Boxe les combattants n’y vont pas de main morte et cela m’a fait rire lorsque j’ai vu vidéo de Wanderlei mettant une gifle lors d'un sparring car c’est complètement lui. Même moi une fois lorsque le club nous filmait, on devait faire un petit sparring et dans ma tête, étant donné que j’étais face au champion, j‘avais appuyé un ou deux coups et il me l’avait bien rendu. En rigolant il me disait qu’il a vu que je commençais à m’enflammer et qu’il m’avait calmé, j’étais tout rouge à la fin du DVD. Et pourtant les gars de la Chute Boxe avait adoré, franchement je suis fan absolu de MMA. Pourtant cela m’a bien desservi aussi car des gens pensaient que j’étais fan de mecs tatoués qui se battent en slip et c’est vraiment très réducteur et pas valorisant, ou alors d’autres gars qui me demandent si je fais du « Freestyle », je leur réponds que j’aime bien le skate ou le BMX. Alors que quand tu discutes avec certains combattants, tu vois que ce sont des gens qui ont un cerveau même si les gens imaginent que ce sont des brutes épaisses qui aiment se taper dessus. Un jour les mentalités changeront et moi le MMA c’est ma passion !"