Les Verts ont connu leur cinquième défaite d'affilée contre Montpellier et n'arrivent pas à enrayer leur spirale négative actuelle.  


Tout va mal pour les protégés de Claude Puel, qui enchaînent les mauvais résultats, mais surtout les mauvaises prestations. Au delà des défaites consécutives, c'est la manière qui inquiète le plus - les Stéphanois n'ont marqué qu'un but en 5 matchs et n'ont réussi à cadrer aucun tir lors de leurs deux derniers. Le scénario de ce match ressemble beaucoup aux précédents : un but encaissé dans le premier quart d'heure qui leur coupe complètement le moral. Les mauvaises passes et contrôles s'enchaînent, les joueurs sont obligés de toucher plusieurs fois le ballon pour se rassurer et le jeu perd toute fluidité. La pause fait du bien ("après des discussions et des ajustements, on réussit à revenir dans le match" - les mots de Puel après match), mais le jeu en deuxième période ne devient pas flamboyant pour autant - le manque de confiance et de repères est trop important pour cela.
 
Voici quelques exemples.
 

1MT : pas de bloc, pas d'animation

 
Gabriel Silva et Kolo étaient de retour pour ce match, alignés en défense à côtés de Sow et Moueffek, pendant que le staff stéphanois a choisi de jouer avec trois milieux axiaux, Neyou - Camara - Youssouf :
 
 
Le trio offensif était formé par Benkhedim et Khazri sur les côtés et Hamouma en avant-centre. Dans cet exemple à la 8e minute, Montpellier à la possession, le bloc stéphanois est en place, avec une distance raisonnable entre les lignes (où se trouve un des trois milieux axiaux adverses). Khazri et Youssouf déclenchent tous les deux en pressing (!), libérant ainsi leurs adversaires directs et le ballon circule facilement jusqu'à l'ailier droit adverse.
 
 
Heureusement il tergiverse et joue en arrière, ce qui permet au bloc stéphanois de se regrouper, plus bas et plus serré qu'avant. Le ballon est envoyé de l'autre côté, tout le monde coulisse en conséquence...
 
 
... mais pas forcément bien. Benkhedim se trouvait au marquage d'un milieu axial, il le quitte pour prendre le latéral gauche adverse. Camara ne le couvre pas, mais sort... sans raison, l'autre milieu était déjà pris par Hamouma. Neyou, la sentinelle, essaye de couvrir, mais il est trop court et un Montpelliérain se trouve ainsi complètement libre entre les lignes. Il est trouvé et combine facilement avec un autre milieu, qui n'avait pas été suivi par Hamouma :
 
 
Adversaire libre à 25 mètres dans l'axe, Neyou et Youssouf essayent de couvrir, pendant que Camara a été complètement dépassé par la "combinaison" adverse et que Khazri n'a pas du tout suivi le milieu qui était initialement à côté de lui. Qui reçoit le ballon mais qui n'arrive pas à cadrer sa frappe.
 
 
Des joueurs qui ne restent pas à leur place, ce qui crée des décalages à l'intérieur du bloc, et des offensifs qui n'accompagnent pas leurs adversaires, les laissant apporter du surnombre...
 
 
 
Un autre exemple en fin de la 1MT commence avec une possession adverse pendant que le bloc stéphanois est bien en place en 4-1-4-1 :
 
 
Hamouma et Khazri avaient changé de place, tout comme Benkhedim et Youssouf (qui se trouve plus excentré). La distance entre les lignes est raisonnable et Neyou s'y trouve en sentinelle, pendant que le ballon circule en dehors du bloc de la gauche vers la droite.
 
 
Les Montpelliérains échangent des passes dans le couloir, pendant que leurs milieux essayent de se placer entre les lignes - Neyou se trouve au marquage de celui proche de l'action. Il n'y a aucune pression sur le porteur du ballon (à l'exception de Silva sur l'ailier à un moment donné), les Verts regardent leurs adversaires se faire des passes dans le couloir :
 
 
La ligne des milieux n'a pas du tout reculé, mais celle des défenseurs commence à le faire, suite à un appel en profondeur d'un milieu, suivi par Neyou. Les distances augmentent dans le bloc et les milieux stéphanois ne se rentent même pas compte qu'il faut reculer avant que ça soit trop tard :
 
 
Énorme décalage entre les lignes, où deux joueurs ont tout le temps pour combiner, heureusement sans réussir à se procurer une occasion.
 
Aucun impact, aucune pression pour récupérer le ballon, les Verts regardent leurs adversaires jouer, mais ne regardent pas leurs coéquipiers pour ajuster leur placement...
 
 
 
L'animation offensive n'a pas bien fonctionné non plus, comme on peut l'apercevoir dans cet exemple à la 39e, une construction qui part du gardien :
 
 
Sur cette image on voit bien les trios du milieu et d'attaque des deux équipes, bien en place. Neyou, en tant que pointe basse, reçoit le ballon de ses défenseurs...
 
 
... et tourne pendant 6 secondes pour trouver une solution, qui est de redonner à Sow. Qui joue avec Youssouf, qui monte balle au pied, hésitant à oser une passe qui casse les lignes. Benkhedim et Camara se trouvent plus haut, prêts à relayer le ballon vers les attaquants, mais il n'y a pas de solution de passe facile, alors après 7 secondes le premier s'écarte un peu et reçoit la passe :
 
 
Le premier contrôle l'envoie vers l'arrière, puis il se tourne vers la touche, vers l'axe, en cherchant pendant 8 secondes quoi faire avec le ballon :
 
 
Le trio du milieu se trouve un peu plus haut, mais la confiance pour essayer une passe dans le bloc adverse n'est pas là. Alors Benkhedim rejoue avec la défense et c'est le jeune Sow qui monte balle au pied :
 
 
Khazri fait un appel de la droite vers l'axe, suivi par l'appel inverse d'Hamouma, qui est trouvé par la passe de Sow et qui combine avec Moueffek dans le couloir droit, en mouvement et en vitesse, à une touche de balle. Malheureusement, le tacle d'un défenseur met fin à cette action. 
 
Quatre joueurs se trouvaient au milieu du terrain dans l'axe, mais aucun assez en confiance pour faire la différence ou avec assez d'envie pour prendre un espace et proposer une vraie solution à ses coéquipiers...
 
 
 

2MT : toujours brouillons, mais mieux

 
Le premier changement tactique stéphanois est intervenu à la pause, avec l'entrée d'Aouchiche à la place de Youssouf - les Verts sont théoriquement passés de 4-3-3 à 4-2-3-1, mais comme ni Khazri, ni Hamouma n'avaient envie de jouer avant centre, le système résultant a été un peu bizarre :
 
 
Une espèce de 4-2-4-0, sans avant-centre pour fixer la défense ou faire des appels pour créer des espaces. Ceci a changé à l'heure de jeu, quand Bouanga est entré à la place de Benkhedim - il a pris le couloir gauche et Hamouma a retrouvé son poste d'avant-centre. D'où il a beaucoup décroché, ce qui a d'ailleurs permis aux Verts de se créer quelques opportunités. 
 
Comme par exemple à la 66e, quand Moueffek joue une touche avec sa défense et Kolo monte balle au pied :
 
 
La paire Camara-Neyou se trouve devant lui, tout comme Aouchiche un peu plus haut. Bouanga et Silva sont assez libres à gauche, Khazri est collé à la ligne de touche à droite et Hamouma décroche. 
 
 
Kolo cherche avec une passe lobée son ailier droit, qui remet en première intention dans la course d'Hamouma, qui arrive dans la surface, mais sa passe est captée par le gardien adverse. Du jeu simple et plutôt efficace. Le goal montpelliérain relance vite pour jouer en contre, mais les Verts se rappellent qu'ils savent faire du contre-pressing :
 
 
Neyou, Silva et Bouanga pressent les adversaires respectifs et le défenseur dégage loin, où Kolo regagne la possession et donne le ballon à Camara...
 
 
... qui monte balle au pied avant de servir Hamouma, qui s'était de suite excentré à gauche, profitant des appels vers l'axe de Bouanga et Aouchiche. Il parvient à centrer en retrait...
 
 
... mais Aouchiche rate complètement sa frappe, qui passe au dessus. C'était la plus grosse occasion des Verts dans ce match - il y avait du mieux dans le jeu en 2MT, mais pas assez pour faire une différence. 
 
 
Pour compléter, Charles Abi a aussi fait son retour, pour les 20 dernières minutes, mais il n'a touché que 2 ballons dans les 30 derniers mètres, pas assez pour faire une quelconque différence.
 
 
 

Conclusions

 
On le savait depuis le début, le projet sportif à moyen terme est ambitieux, mais il est associé à un risque à court terme, pendant sa mise en place. Le groupe est en plein apprentissage - "ce qu’ils vivent en accéléré reste formateur (...) les jeunes joueurs vivent des situations bénéfiques pour la suite" (Puel après-match). Mais cet apprentissage est rendu difficile par le gros manque de confiance, par cette spirale négative qui leur détruit le moral et les empêche de mettre en évidence leurs qualités. Et ils ne sont pas aidés par les changements incessants de système et de joueurs - des variations pas toujours forcées par des blessures. Il est peut-être temps d'arrêter les expérimentations, de revenir aux fondamentaux, à des choses plus simples, plus basiques, et surtout plus régulières. Un système de jeu classique, avec un vrai bloc équipe, avec les mêmes joueurs autant que possible, et à leurs postes. Un jeu minimaliste, si on veut, mais un jeu qui leur permettait de retrouver des repères et donc un brin de confiance. On ne peut pas construire sans fondations, et à l'heure actuelle ces jeunes joueurs sont perdus sur le terrain et en train de perdre leurs bases...