La saison se termine à peine. C'est la fin de la belle histoire et ça ressemble à un adieu sur un quai de gare, le coeur serré, les yeux mouillés. Nous quittons ce groupe fabuleux, et la nostalgie s’installe déjà.
C’était tellement grand, fort, beau et pur.


La fierté, plus que le plaisir ou le bonheur, n’est-elle pas le Graal suprême pour un supporter ? Si oui, alors on l’a encore touché dimanche dernier à Lille. Oui une fois encore, il y avait de quoi bomber le torse en savourant le panache d’un groupe qui, même couronné depuis un mois et la démente nuit dyonisienne, s’est encore arraché pour tenir tête à un des cadors du championnat, chez lui, et dans un match à la vie à la mort pour nos hôtes.

 

Le panache. La fierté. La classe.

 

 Ã” doux mots à nos oreilles malmenées à coups de slogans vengeurs ces dernières années. Les on veut une équipe digne de son public et direction démission qui plombaient l’ambiance dans le Chaudron nous semblent loin. Certes tout va si vite en football qu’on se gardera bien de trop fanfaronner et de parier que nous sommes à l’abri d’une rechute. Alors hâtons nous de faire un arrêt sur images, de nous offrir un dernier coup d’œil sur LA saison, de feuilleter encore avant de le fermer, le livre d’or d’une campagne glorieuse. Glorieuse car victorieuse, certes mais bien au-delà du succès sportif.


Des quatre ou cinq clubs français ayant brillé cette saison, seul Sainté n’a suscité aucune réserve en conjuguant à merveille performance sportive, qualité d’état d’esprit et fraîcheur de l’image renvoyée. Là où Paris a (très souvent) été perçue comme une équipe de contres, et (systématiquement) comme une addition d’égos démesurés et insupportables, là où Marseille a (longuement) semblé être un mesquin gagne-petit, là où Lyon renvoit surtout l’image d’une fin de règne désargenté, là où le vainqueur de la Coupe de France sait qu’il n’est là que pour sauver sa saison dans un stade à moitié vide, là où Nice enfin n’est vu que comme une surprise reflétant le piètre niveau du foot hexagonal, les Verts ont fait le grand chelem. Ils ont gagné la Coupe de la Ligue et celle de l’estime.

 

Les Verts sont venus, ont plu et ont vaincu.


La saison fut exceptionnelle. Car fabuleuse et rare. On en fait trop ? Non, au regard de nos attentes (les fameuses valeurs vertes), de notre passé récent (et ses nombreuses désillusions), mais aussi de nos moyens (le huitième budget de L1), tous les superlatifs sont autorisés.


Les records se sont accumulés aussi frénétiquement que les contres (presque) assassins sur la défense des vilains lors du dernier derby : premier titre depuis 32 ans,
et cette sérénité qui tous nous a gagné,
en pensant que ça y est on y a regoûté, 
nous qui ces soirs pluvieux ces soirs de perdition 
pleurions sur notre destin à Beauvais ou Gueugnon,
Aubame plus gros buteur sur une saison depuis Platoche, plus petit nombre de défaites et plus grand nombre de buts marqués depuis 1982…

Dopés par la perspective de la finale, puis sublimés plutôt qu’éreintés après l’avoir emportée, les Verts nous ont pondu la plus belle moitié de saison de ces trente dernières années. Une seule défaite en 19 matchs, en tenant tête au PSG (2-2), à Marseille (2-0), à Lyon (1-1) à Lille (1-1) et Nice (4-0), soit les n°1, 2, 3, 4 et 6 du championnat.

Le niveau de performance sportive n’a finalemement eu d’égal que la qualité de l’état d’esprit du groupe. De ce point de vue, les hommes de Galette ont rendu une copie oh-hisse immaculée. De la résurrection de Sall, à la fraîcheur de Guilavogui, en passant par l’intelligence de Perrin, la hargne de Lemoine, la solidité de Clerc ou la gnac de Brandao, rien n’a manqué à ce groupe qui, a re-fait de Sainté le club le plus apprécié de France (dixit un récent sondage Ifop- Canal+).

Oui, dans ce football si décrié, et à l’opposé de l’implacable réussite par le fric incarnée par le QSG, Sainté a ré-expliqué à la France du ballon rond en quoi le sport co recelait des trésors de valeurs : solidarité, volonté, joie communicative, humilité, abnégation et osons le mot, intelligence, étaient réunis tout au long de la saison composant un cocktail détonnant servi avec classe par Galette.

 

Sir Galette


Il faut lui rendre hommage. Un hommage franc et vibrant, sans retenue. Et s’empresser de chasser sans répit les chercheurs de petite bête, les trouveurs d’à-redire, les aigris génétiques, les faiseurs de fine bouche, les amnésiques, les férus de bémol, tous les peine-à-jouir qui ne savent pas ouvrir les yeux.

Car son succès est complet : 
- sur le plan sportif d’abord et avant tout, avec une progression continue depuis 4 saisons (1,19pts de moyenne en 2010, 1,29 en 2011, 1,5 en 2012 et 1,66 en 2013), 
- sur la gestion humaine du groupe (qualité du recrutement, finesse du management),
- sur la faculté à faire progresser les joueurs (Aubame en est le parfait exemple), 
- et enfin sur la qualité de sa communication, de son discours, toujours juste, toujours sincère, ce qui n’exclut pas la malice, et loin de l’agressivité de certains de ses pairs
Un jour viendra, le plus tard possible, l’heure de déclamer un panthéonesque « entre ici… » si mérité pour Galtier.

Voila. C’était exquis. Mais c’est fini. La nostalgie est là, donc. Mais une nostalgie qui a muté. Traditionnellement lestée de tristesse, la nôtre se distingue. Une nostalgie à la fois apaisée et euphorique. Apaisée car nos écharpes et autres étendards sont périmés. Il y a une ligne à ajouter. Euphorique, car si on a aimé 2013, il n’est pas interdit de penser qu’on adorera 2014. On nous promet, entre autres, un stade exceptionnel, une épopée européenne, et qui sait, enfin, un voisin au tapis…


Parasar