... le dernier match de championnat des deux prochains adversaires des Verts en Ligue 1.


Pour Monaco, c'était le dernier déplacement avant d'aller à Geoffroy-Guichard. Pour Nantes, c'était le dernier match à domicile en championnat avant la réception de l'ASSE. Bref, le Nantes-Monaco d'il y a une semaine représente une opportunité parfaite si on veut étudier les schémas de jeu des deux prochains adversaires des Verts.
 

Systèmes de jeu

Chaque équipe a trouvé son système de jeu de base et ce qui ressemble à une équipe-type. Pour Nantes c'est un 4-2-3-1 avec Blas en soutien de Coulibaly :
 

Pour Monaco, c'est une défense à 3 et deux avant-centres, Slimani et Ben Yedder :
 

C'est un 3-4-1-2 qui est représenté ici, avec Golovin en milieu offensif, en "10". Mais comme sera évident dans les exemples suivants, le milieu à 3 monégasque a souvent été à plat ou en pointe basse, avec Golovin à gauche et Bakayoko à droite de Silva. Bref, une opposition tactique avec des systèmes différents :

 
 
 

Attaques monégasques

 
Les premières vingt minutes ont été plutôt équilibrées, avec une possession partagée, mais avec des visiteurs plus tranchants dans leurs attaques, comme dans cet exemple en tout début de match :
 

Les défenseurs monégasques se passent le ballon, les angles de passes vers les milieux (en pointe basse) sont fermés par les deux lignes nantaises. Le ballon va vers la gauche, puis revient...


... et le bloc nantais, bien discipliné, coulisse bien pour toujours empêcher une passe vers l'avant. Les deux avant-centres de Monaco sont un à côté de l'autre dans la défense...


... mais tout d'un coup, un d'entre eux (Slimani) décroche et offre une solution de passe. Il est suivi par un défenseur central, l'autre avant-centre fait un appel dans cet espace. La déviation est parfaite et trouve le milieu central droit (Bakayoko), qui essaye de décaler son coéquipier plus loin dans le couloir droit, mais sa passe est interceptée. Après quelques duels pour le ballon dans un petit périmètre, Monaco récupère la possession...


... avec ce même milieu axial. Les équipes sont de nouveau en place, les 2 AC monégasques un à côté de l'autre...


... et de nouveau le même décroche et il est trouvé entre les lignes, d'où il lance le piston gauche en profondeur dans son couloir. Le latéral gauche nantais n'était pas bien placé et il se trouve donc en retard au moment du centre :


Mais les deux monégasques présents dans la surface se gênent au 2e poteau et le tir n'est pas cadré.


L'animation offensive de Monaco est clairement basée sur un avant-centre qui décroche et qui lance ensuite un de ses milieux. Et ça leur a permis d'ouvrir le score après 20 minutes de jeu :
 

Une touche nantaise est récupérée par le trio du milieu monégasque et le ballon est donné au piston gauche. L'avant-centre s'excentre dans son couloir, suivi par son défenseur central. Il est trouvé par la passe...


... et remet dans l'axe, dans la course du milieu offensif qui avait profité de cet espace. Le décalage est fait et la passe en profondeur pour l'autre avant-centre le met dans les meilleures conditions pour marquer :

 
Cette ouverture du score a été la fin de l'équilibre de possession dans le match, à partir de ce moment là, Monaco a laissé le ballon à l'adversaire (60%) et a plutôt procédé en contres, sans pour autant marquer un autre but.
 
 
 

Attaques nantaises

 
La réaction de Nantes a été immédiate après l'ouverture du score et la sortie sur civière du latéral gauche, blessé sur l'action du but. Une relance part du gardien :
 

Le milieu à 3 de Monaco est en place, pointe basse et les trois milieux nantais sont assez bas, pour pouvoir remonter le ballon. Mais le défenseur central préfère jouer un long ballon pour son avant-centre (Coulibaly) :


Il gagne son duel avec le défenseur, contrôle le ballon (profitant du fait que les milieux adverses étaient bien plus haut) et décale son ailier à droite. A 3-contre-5 les Nantais ne peuvent pas faire grande chose, alors il temporise et attend du soutien...


... qui vient avec le latéral droit, qui monte dans le couloir. Monaco n'a qu'un joueur de couloir, le piston, qui a du mal à défendre contre deux (latéral + ailier). Surtout que le milieu offensif monégasque ne défend pas réellement, il ne suit pas l'ailier et le une-deux fonctionne parfaitement. Même si la défense à 5 assure un nombre important de défenseurs dans la surface au moment du centre...


... le piston droit monégasque n'est pas bien placé et le centre au deuxième poteau est repris facilement par l'ailier nantais, mais ce n'est pas cadré.


Nantes a eu une autre grosse occasion juste avant la fin de la première période : 
 

Après une touche, le ballon circule entre les défenseurs. Le bloc de Monaco en 5-3-2 est bien visible et les trois milieux de Nantes (normalement en pointe haute) sont suivis de près par leurs adversaires. Mais quand le latéral droit nantais monte avec le ballon dans son couloir...


... le milieu gauche monégasque (Golovin) doit sortir sur lui. Ce qui permet un joli jeu en triangle dans ce couloir, avec appui sur l'ailier et une-deux entre celui-ci et le milieu offensif. L'ailier droit  (Bamba) temporise et les Nantais changent de côté :


Un relais avec un milieu axial et le ballon arrive à la paire latéral-ailier à gauche, pendant que le bloc monégasque doit coulisser. C'est plus simple de couvrir toute la largeur pour la défense (ils sont 5), mais plus difficile pour les milieux (ils sont 3). Les Nantais peuvent donc combiner dans le couloir et mettre le latéral en bonne position pour centrer :


De nouveau, il y a un surnombre évident pour Monaco dans sa surface. Et pourtant l'avant-centre est trouvé entre deux centraux et sa reprise de tête permet au gardien adverse de sortir un magnifique arrêt.

 
Il commence à être évident que le jeu offensif nantais passe par les couloirs, l'exemple suivant, en début de la 2MT, ne fait que le confirmer. Mais au début c'est une attaque de Monaco :
 

Le piston droit est trouvé par une passe lobée, un avant-centre (Ben Yedder) décroche pour recevoir le ballon avant de lui le remettre pour sa course en profondeur. Malheureusement pour Monaco, le centre à destination de l'autre attaquant est intercepté par un défenseur :


Nantes récupère la possession, mais la perd rapidement. Monaco perd aussi le ballon très vite et finalement le jeu reprend après une faute monégasque au centre du terrain :


Le bloc en 5-3-2 de Monaco est en place, les Nantais commencent leur attaque à gauche. Le latéral et un milieu échangent des passes...


... et continuent à combiner, étant à deux contre un seul milieu adverses. Le piston vient aider, l'ailier gauche nantais est recherché dans son dos, mais la passe est interceptée et le ballon sort en touche. La remise en jeu cherche à changer de côté :


Le bloc de Monaco coulisse, c'est le milieu gauche qui bloque la progression du latéral droit nantais, le piston gauche sortant sur l'ailier...


... mais à contre-temps, ce qui permet à Bamba de l'éliminer facilement. Heureusement pour Monaco, l'ailier droit nantais s'empale sur la défense sans combiner avec ses coéquipiers. Le ballon est dégagé loin et donc récupéré immédiatement :


Avec des passes courtes le jeu est envoyé de la droite vers la gauche. Le bloc de Monaco en 5-3-2 est toujours en place, bas et avec deux lignes serrées. Il n'est donc pas facile de trouver des joueurs dans l'axe entre ces lignes, mais il est facile de combiner entre les milieux et les attaquants. Et surtout de passer par les côtés :


Le latéral gauche nantais ayant reçu le ballon et le trio du milieu monégasque étant loin, c'est le piston droit de Monaco qui sort. Et l'ailier gauche nantais plonge dans son dos, où il reçoit le ballon. Il est suivi par un défenseur central, qu'il élimine et se met en position de centre :


L'avant-centre nantais (Coulibaly) est tout seul dans la surface, contre trois adversaires. Et pourtant aucun des 3 ne le suit au deuxième poteau, où le centre le trouve et d'où il envoie le ballon sur le poteau.

Ce manque d'efficacité devant le but adverse a été fatal aux Nantais, qui se sont procurés des occasions, sans les mettre au fond. 
 
 

Monaco

 
Côté Monaco, le système de jeu basé sur une défense à 3 semble figé - même sans Slimani - Ben Yedder et Golovin au coup d'envoi en Coupe de la Ligue ce mercredi, c'est le même système qui a été aligné. Leur animation offensive est largement basée sur un avant-centre qui décroche et un milieu qui arrive lancé. On parle souvent de l'entente entre les deux avant-centres, mais c'est plutôt un jeu à trois, avec l'apport très important d'un piston ou du milieu offensif pour profiter des espaces créés.

Par contre, la défense est vraiment perméable, même à 5, même au delà de la faille évidente du système 5-3-2, qui fait qu'il y a une infériorité numérique dans les couloirs. Les trois milieux ont du mal à couvrir toute la largeur du terrain en coulissant de gauche à droite et un changement de côté rapide crée souvent un décalage. Même à 1-contre-1, les pistons ne sont pas très forts défensivement (ce sont des profils plutôt offensifs). Et surtout, la défense a vraiment du mal sur les centres, à suivre les attaquants, à s'imposer dans les airs.

 
 

Nantes

 
Côté Nantes, c'est un système plus classique, un 4-2-3-1 / 4-4-2. Il est difficile de dire si ce match était particulier vu les failles défensives de Monaco (dans les couloirs et sur les centres), mais les Nantais ont quasi-systématiquement attaqué sur les côtés. Des ailiers techniques capables de faire la différence, mais surtout du jeu collectif, des une-deux ou parfois du jeu en triangle. Coulibaly est bon, gagne souvent ses duels, mais fait aussi des déplacements très intelligents.

Défensivement, le bloc est bien en place, sans qu'il soit particulièrement bas ou très serré. Le marquage est plutôt individuel, chaque joueur suit son adversaire direct. Ce qui fait que le jeu sans ballon est important, un adversaire qui se déplace bien crée souvent des espaces. Avec un peu de mouvement il est donc possible de fissurer ce bloc, après il faudrait ne pas rater le dernier geste pour en profiter.



Voilà. Aux Verts maintenant de bien contrer l'animation offensive adverse et de profiter des failles défensives...