Quand Wesley Fofana parle de Wesley Fofana, des Verts et des Jaunards, c'est bonnard !


Allo Wesley ? Content d’avoir prolongé ton contrat à Sainté ?
(Rires) Ecoute, j’ai découvert ça ! Je suis l’actualité de Wesley Fofana à travers les réseaux sociaux parce que je pense que les gens se trompent pas mal. Parfois je suis mentionné à droite ou à gauche et ça arrive sur moi alors que ce n’est pas moi en fait ! J’ai un peu sa story sans le vouloir. Y’a méprise les gars, je ne suis pas le footballeur Wesley Fofana ! (rires)

Ah mais tu n’es pas le vrai Wesley Fofana ? C’est pas grave, on te garde quand même… Ça fait quoi pour un anonyme comme toi d’être le parfait homonyme d’un joueur connu ?
(Rires) Ça ne me dérange pas. Lui, c’est un jeune. Moi je suis un peu l’ancien, l’ancêtre dans le sport. Donc c’est plus lui qui s’appelle Wesley Fofana que moi qui m’appelle Wesley Fofana ! Enfin, c’est aussi comme ça que je m’appelle mais t’as compris ce que je veux dire ! (rires) Cette parfaite homonymie, je trouve ça cool en fait. C’est rare aussi ! Wesley n’est pas un prénom très répandu, y’a pas 36 000 Fofana. Avoir les deux, y’avait très peu de probabilités. Je n’ai jamais vu ça. En plus on est assez proche géographiquement. Je trouve ça incroyable, c’est rigolo !

Quand et comment as-tu appris l’existence de notre Wesley Fofana ?
C'est surtout depuis cette saison que j'en entends parler car il a fait pas mal de matches en équipe première. J’avais vaguement entendu parler de lui juste avant car il fait partie de la génération des Verts qui a gagné la Coupe Gambardella l’an dernier. Mais il a pris une autre dimension en jouant régulièrement avec les pros. Manifestement il a été performant cette saison car j’ai reçu beaucoup de félicitations sur les réseaux sociaux. Je sais que j’ai marqué un joli but contre Nice à Geoffroy-Guichard par exemple ! (rires)

Tu as déjà vu jouer ton homonyme ? Que penses-tu de ses prestations ?
Je n’ai pas eu l’occasion de le voir jouer en vrai au stade mais j’espère que j’aurai l’occasion de le faire prochainement, ça pourrait être sympa. Je l’ai quand même vu quelques fois à la télé, je voulais voir sa tête, sa dégaine car je me demandais si c’était une sorte de jumeau ! (rires) En tout cas ça a l’air d’être un bon petit joueur. Ses performances sont régulièrement saluées, son nom revient souvent dans les commentaires. Manifestement c’est l’un des meilleurs jeunes du centre de formation, l’un des plus gros espoirs du club. Il n’a pas encore 20 ans mais Claude Puel le fait régulièrement jouer. Je sais qu’il joue en défense centrale, comme moi quand j’étais petit !

T’as joué au foot avant d’opter pour le ballon ovale ?
Oui. Quand j’étais jeune, j’ai pratiqué un peu tous les sports grâce à mes parents. Mon père est un fana de foot.

Un faux fana ou un vrai ?
C’est à la fois un Fofana et un vrai fana ! (rires) Il a joué au foot à petit niveau, en amateur. J’ai tout de suite accroché avec le foot, j’en ai fait rapidement mon sport prioritaire même si je continuais d’autres activités en parallèle. Dans ma tête, je me disais à l’époque que si devais faire carrière dans le sport, ce serait dans le foot. Je jouais soit défenseur central comme notre ami Wesley Fofana, soit milieu défensif. Je m’épanouissais dans le sport en général et dans le foot en particulier. J’ai joué jusqu’à mes 14 ans au CFFP, le Centre de Formation du Football de Paris, qui a envoyé pas mal de petits joueurs dans des centres professionnels.

Certains ont percé en pro et ont joué à Sainté d’ailleurs, comme Ismaël Diomandé, Franck Tabanou et Ronaël Pierre-Gabriel… De ton côté, tu as joué avec un certain Jérémy Ménez et votre entraîneur était Ludovic Paradinas, ancien scout francilien de l'ASSE. On vous voit d'ailleurs tous les trois sur cette photo.


Image

J'ai joué deux ou trois ans avec Jérémy Menez. Il a un an de plus que moi, j’étais content d’être surclassé et de jouer avec lui car c’était un extra-terrestre. Crois-moi, j’étais bien content de l’avoir devant, il en faisait voir de toutes les couleurs aux défenses adverses ! Ludovic Paradinas est un entraîneur très attachant pour qui on veut bien faire et qui a ses chouchous ! (rires).

Pour quelles raisons as-tu lâché le ballon rond pour le ballon ovale à 14 ans ?
Pour moi, le sport est avant tout synonyme de copains. J’étais dans un collège qui proposait du rugby, c’était le seul à Paris. J’ai toujours refusé de la 6e à la 4e mais comme je commençais à avoir de très bons potes, des amis qui jouaient au rugby, je les ai suivis. Voilà comment j’ai "lâché" le football.

Si tu ne l’avais pas lâché, t’aurais pu y faire carrière ?
On ne le saura jamais. Les gens disaient que j’avais un niveau prometteur. Mais j’étais encore très jeune et il peut y avoir tellement d’aléas que c’est difficile de dire si j’aurais réussi. Mais c’est vrai qu’il y avait des joueurs qui ressortaient souvent et j’en faisais partie. Peut-être que j’aurais pu faire carrière dans le foot. On ne le saura jamais, le vie en a décidé autrement !

Il ne t’a pas échappé que ton ancien coéquipier Jérémy Ménez a marqué contre Sainté en 16e de finale de Coupe de France. En tant que Parisien d’origine, t’étais pour le Paris FC lors de ce match ?
J’étais plutôt pour les Verts car je n’ai pas du tout d’attaches avec le Paris FC. Dans ma tête, je pensais qu’il n’y avait que Paris quand j’habitais là-bas. Mais après quand la vie t’amène à habiter autre part, tu vois les choses différemment, tu te rends compte que ce n’est pas si mal. Moi je suis un peu devenu Auvergnat. Et le plus proche de chez moi, c’est Saint-Etienne. Moi je suis pour Saint-Etienne sauf quand les Verts jouent contre le PSG, je tiens à le préciser !

Non Wesley, c’est pas possible !
Et si ! (Rires) C’est le choix du cœur. J’ai une vraie sympathie pour Saint-Etienne, mais le PSG c’est le choix du cœur. J’ai vibré vraiment très jeune pour ce club, je l’ai supporté dans les stades, j’ai vécu des moments forts avec les potes et avec la famille à l’occasion de matches du PSG. C’est sentimental, ça ne bougera jamais.

Et pour la finale, si un jour elle se joue, tu serais prêt à faire une infidélité au QSG ? Ce club s’est gavé de titres ces dernières années, Sainté n’a plus gagné la Coupe de France depuis 43 ans.
Ah ouais, quand même… Oui mais non désolé, faut prendre ! On ne sait pas ce qui se passera dans les prochaines, il faut prendre tout ce qui se présente. Regarde Lyon…

Certainement pas !
(Rires) Non, mais regarde Lyon, ils ont été champions sept fois d’affilée je crois. Et bien aujourd’hui ils ne gagnent plus !

Entre nous, on ne s’en porte pas plus mal. Même beaucoup mieux ! Mais ne parlons pas des vilains, parlons des Verts. Ça représente quoi pour toi ?
Avant que je vienne m’installer à Clermont en 2008, franchement, ça ne représentait pas grand-chose de concret. Bien sûr j’avais vu quelques matches à la télé. Je savais que l’ASSE est un club mythique mais sans savoir vraiment pourquoi, sans toucher du doigt ce mythe. Comme un peu tout le monde, j’avais conscience que l’ASSE est un club mythique, comme l’OM et le PSG. Mais ça restait un peu abstrait pour moi. Quand j’étais à Paris, j’ai suivi de loin le parcours des Verts l'époque des Nouzaret, Antonetti, et autres Elie Baup. Mon rapport au club a changé quand je suis arrivé en Auvergne. J’ai entendu un peu plus parler des Verts, j’ai rencontré des mecs qui les supportaient, j’ai regardé un peu leurs matches. Et après j’ai carrément été vivre des matches à Geoffroy-Guichard. Et là, j’ai pris une claque. J’ai dit : « Wow, quand même ! » L’ambiance à Geoffroy-Guichard, c’est quelque chose ! En plus je suis allé voir des gros matches là-bas : le PSG, Lyon… J’ai adoré. Maintenant je sais ce que c’est le Chaudron ! Quand t’as l’opportunité d’aller voir des matches là-bas, t’y vas. A Clermont on a la chance d’être seulement à une heure et quart de Sainté en plus !

Quels sont tes joueurs stéphanois préférés ?
Ce ne sont pas forcément les noms des joueurs qui ressortent cette saison chez les supporters mais j’aime bien Romain Hamouma. Je trouve que c’est un bon petit joueur. Tu peux lui trouver des défauts mais j’aime bien ce style de joueur, pas égoïste, bon technicien, adroit. Dans un tout autre registre, j’apprécie beaucoup Loïc Perrin. Son parcours me parle, forcément, car il n’aura connu qu’un club dans sa carrière. Loïc Perrin, c’est la fidélité et c’est aussi pour ça qu’il est très apprécié. Ce n’est pas le meilleur joueur du monde mais c’est un bon footballeur qui aime son club et le prouve dans la durée. J’ai aussi envie de mentionner Stéphane Ruffier, qui a fait de sacrés matches dans les buts des Verts. Tous les trois m’ont marqué ces dernières années et je suis content de les avoir vu à l’œuvre dans le Chaudron.

En parlant du Chaudron, te souviens-tu de la victoire de l’ASM contre Saint-Etienne à Geoffroy-Guichard ?
Ah non, ça ne me parle pas du tout !

C’est normal, c’était le jour de l’inauguration du stade, le 13 septembre 1931. Vous aviez gagné 32-11.
Je t’ai dit que j’étais un ancêtre tout à l’heure mais pas au point d’avoir assisté à cette rencontre ! (rires)

Par contre tu te souviens forcément des deux dernières visites de ton club dans le Chaudron… La magnifique demi-finale de Top 14 que vous avez remportée en 2010 contre Toulon 35-29 après prolongation, tu n’étais pas sur la feuille de match.
Effectivement. J’avais à peine 22 ans à ce moment-là, je n’avais joué qu’une quinzaine de matches en professionnel. Faire jouer en phase finale un jeune joueur, à cette époque-là - depuis ça a un peu changé – ce n’était pas l’usage. J’étais un joueur certes prometteur mais on n’était pas sûr que j’étais prêt à jouer une demi-finale. Cette saison,-là j’ai partagé mon temps entre les pros et les espoirs. J’ai été champion de France avec les espoirs en battant Agen de deux points en finale.

Comment as-tu vécu cette rencontre du coup ? Tu n’étais pas dans le Chaudron ?
Non, je n’ai pas pu voir ce match à Geoffroy-Guichard car je jouais le même jour la demi-finale espoirs contre l’USAP sur terrain neutre, à Millau. Après notre victoire on a bien sûr regardé à la télé la victoire des pros. C’était une demi-finale d’anthologie, spectaculaire, haletante, indécise... Y’avait une grosse équipe en face, avec la charnière Mignoni-Wilkinson, les Umaga, Sonny Bill Williams and co…. C’est allé en prolongation, ce qui est rarissime en rugby. Je vais le citer parce qu’en plus c’est mon pote, le sauvetage de Gonzalo Canale sur Lovobalavu à la toute fin du match, c’est exceptionnel ! Une grande action de rugby !

Tu as été le héros du dernier match de l’ASM dans le Chaudron en marquant l’essai victorieux contre les Saracens en demi-finale de Coupe d’Europe en 2015.
C’est l’un des plus grands souvenirs de ma carrière, tout simplement ! Franchement, je n’avais jamais connu ça, je n’avais jamais connu une ambiance comme ça. Le Chaudron était jaune, c’était extraordinaire. C’était un match serré, fermé. C’était une "sale" demi-finale et ça se libère sur des coups de génie, avec une solidarité de dingue. Sur ce petit coup de pied parfaitement dosé de Brock James, j’ai le bonheur de me retrouver à la conclusion d’une action où toute l’équipe a fait un énorme boulot. Tu vois, rien que de m’avoir fait regarder à nouveau les images de cet essai, j’en ai des frissons. Cette communion avec le public venu en masse dans le Chaudron, c’est inoubliable. Ils faisaient tellement de bruit qu’on n’entendait pas grand-chose sur le terrain.

C’est l’effet Chaudron, Wesley !
Oui, ce stade a quelque chose que les autres n’ont pas. On en parlait tout à l'heure. Le Chaudron, t’en entends parler beaucoup, on dit souvent que c’est un stade mythique et qu’il y a une ambiance de fou. Mais tant que tu n’as pas vécu de l’intérieur un match à Geoffroy-Guichard, tu ne sais pas en fait. Quand tu vis un match là-bas, tu te rends compte de l’effet Chaudron, tu comprends mieux le surnom donné à ce stade. J’ai la chance d’avoir pu vivre cette expérience à la fois en tant que spectateur lors de matches des Verts et en tant que joueur lors de ce match contre les Saracens. Le bruit est démultiplié dans ce stade, surtout avec des supporters aussi fervents que ceux des Verts et de la Yellow Army ! J’ai eu la chance de faire un paquet de stades dans ma carrière, je peux te dire que ce n’est pas partout comme ça, loin s’en faut ! L’ASSE et l’ASM ont un public incroyable ! Quand t’as la chance d’avoir des supporters comme ça, il faut vraiment kiffer.

Ce jour-là, vous avez battu le record d’affluence de Geoffroy-Guichard dans sa nouvelle capacité : 41 500 spectateurs. Un record qui tient toujours d’ailleurs…
En fait cela ne m’étonne pas beaucoup car je connais notre public et il faut dire aussi que tous les ingrédients étaient réunis pour que le Chaudron soit plein à craquer : la proximité, le fait que ce soit une demi-finale, ça a créé un gros engouement, d’autant plus qu’on affrontait les Saracens, entre nous il y a une histoire assez forte. Je n’ai pas été surpris par cette très grosse affluence et je tiens à remercier nos supporters. Peut-être que ça leur permet de vivre des choses extraordinaires mais la réciproque est vraie. En tant que joueurs, être soutenus comme ça… Peut-être qu’on ne le montre pas assez, peut-être qu’on ne le dit pas assez, mais je tiens à leur tirer mon chapeau. Ils sont incroyables !

En quoi le peuple vert et la Yellow Army se ressemblent-ils ?
C’est rare d’avoir des publics aussi fidèles, aussi présents que ce soit dans les bons ou dans les mauvais moments. Les supporters des deux clubs sont et seront toujours là. Les Verts ont connu des hauts et des bas mais leurs supporters ne les ont jamais lâchés. Chez nous, c’est pareil. L’autre similitude que je vois, c’est la « folie » de nos supporters. Ce sont des gens qui sont passionnés, qui vivent leur passion à fond, qui sont extrêmes, qui font du bruit, à la maison bien sûr mais aussi pour certains à l’extérieur.

Et il y a des similitudes entre les scènes de liesse qu’on a vu à Clermont et à Sainté lors que les clubs ont été sacrés.
L’engouement était d’autant plus fort que l’attente avait été très longue. Notre club a perdu beaucoup de finales avant de décrocher son premier titre de Champion de France en 2010 et de remettre ça en 2017. De son côté, l’ASSE restait sur plus de 30 ans de disette avant de soulever un trophée en battant Rennes en finale de Coupe de la Ligue. Dans pas mal de clubs, ils ont juste le soutien des supporters qui vont dans les stades. Nous, quand on gagne, c’est toute la ville, voire toute la région qui est là. Et quand on perd, c’est toute la ville qui est triste, toute la région. On est un « peuple », un microcosme au milieu de la France.

Tu vieux de rappeler les similitudes entre nos deux peuples mais ils ont également quelques différences. A Sainté il y a des ultras et l’ASSE a des supporters dans toute la France.
Le phénomène ultra est propre au football. C’est vrai qu’il est vraiment puissant à Sainté, j’ai eu l’occasion de m’en rendre compte quand je suis allé voir des matches dans le Chaudron. Certes, à chaque fois j’étais dans les loges, on va dire que ce n’est pas là où il y a le plus d’ambiance. Mais parfois je regardais plus les tribunes que le match. Dans les kops, les Magic Fans et les Green Angels mettent une sacrée ambiance. Je sais que l’ASSE compte des supporters dans toute la France, c’est vrai que notre assise est plutôt régionale. Mais mine de rien, on a aussi beaucoup de supporters en région parisienne. On a aussi des petits groupes dans d’autres régions mais peut-être moins que Saint-Etienne, effectivement.

Les supporters stéphanois et clermontois sont réputés pour la grosse ambiance qu’ils mettent dans le stade. Tu aimes le bruit, tu kiffes le raffut. En parlant de raffut, quel est à tes yeux le plus bel essai de ta carrière ? Celui que t’as infligé aux Anglais à Twickenham ou celui que t’as mis contre Toulouse au bout de 39 secondes de jeu ? Un autre essai ?
J’en ai marqué d’autres mais je crois que tu as cité les deux essais qui ont marqué les gens. Sincèrement, de plus en plus, dans le rugby, tu ne peux rien faire tout seul. Donc quand tu marques des essais comme ces deux-là ou t’effaces cinq ou six adversaires, c’est rare ! Forcément, individuellement, tu prends, tu n’oublies pas. Les gens c’est pareil, ils n’oublient pas les exploits personnels.

Celui contre l’Angleterre, c’est au niveau international donc c’est incroyable. Mais j’aime beaucoup aussi celui que j’ai mis contre Toulouse. Ces essais sont spectaculaires, mais je n’oublie pas ceux qui l’étaient moins mais qui étaient importants pour l’équipe. Celui contre les Saracens à Geoffroy-Guichard par exemple. C’est un essai "lambda" dans un match de rugby mais Dieu sait qu’il est ultra-important. Toute ma vie je me souviendrai de ce qu’on a dit avec Broky juste avant, de notre regard, de notre façon de sentir le coup et de la réalisation. Il est moins impressionnant que les deux autres, c’est sûr, mais il reste gravé en moi.

On a rappelé que le Chaudron réussit aux Jaunards, mais il convient de souligner que les Verts ont remporté le seul match qu’ils ont joué au stade Marcel-Michelin. Tu t’en souviens ?
Ah non ! Tu vas encore me sortir un match des années 30 ? (rires)

Non, il est bien plus récent… mais tu n’étais pas né ! C’était un 32e de finale de Coupe de France contre l’AJA en 1984. Je te laisse voir le résumé de la rencontre déniché par nos amis d’ASSE Memories…


Sympas, ces images ! Tu vois, mine de rien, Geoffroy-Guichard nous porte bonheur et Marcel-Michelin vous porte bonheur. Je vois que le stade était un peu différent mais que l’ambiance était chaleureuse. C’est cool ! Je constate aussi que les supporters stéphanois ont envahi le terrain dès le coup de sifflet final. Comme quoi ça ne date pas d’aujourd’hui. Ce n’était pourtant qu’un 32e de finale, le club n’était pas au mieux apparemment en championnat à l’époque mais les supporters étaient à fond. On en revient au côté passionné qu’on évoquait tout à l’heure.

Le Stade Marcel-Michelin avait attiré du monde, et c’est encore le cas aujourd’hui. Peux-tu nous dire quelques mots de votre speaker Jérôme Gallo, qui a longtemps officié à GG ?
Quand je suis arrivé très jeune, il s’est comporté avec moi très simplement. Il a été très ouvert, lui et d’autres m’ont tout de suite accueilli comme l’un des leurs. Jérôme fait partie de notre équipe parce qu’on le voit tout le temps, et il est pour beaucoup dans l’ambiance qu’il y a au stade. Jérôme a une manière bien à lui de fêter les essais, d’annoncer les joueurs. Je pense que l'enthousiasme qu'il y met est apprécié par tout le monde. En plus c’est un super mec, il est cool. Il parle bien, il est très doué dans son métier et il est passionné par l’ASM. C’est un Stéphanois donc forcément on a pas mal parlé des Verts, surtout au début quand je ne connaissais pas trop. Il fait partie des gens qui m’ont fait m’interroger sur cette équipe stéphanoise, qui m’ont donné envie de la voir jouer dans le Chaudron.

Jérôme est un effectivement un bon trait d’union entre Sainté et Clermont, deux villes que Johnny avait confondues lors d’un concert stéphanois.


Énorme ! (rires)

Les gens l’appelaient l’idole des jeunes. Te considères-tu comme l’idole des Jaune et Bleu ?
Non. Vraiment pas. Tu sais, je suis très fier de faire toute ma carrière à Clermont. J’avais d’autres possibilités, j’ai choisi celle-ci. Pour moi il n’y avait pas photo dans ma tête. Après, je ne suis pas le seul. Mais je trouve cette valeur forte car dans le sport professionnel c’est plus en plus rare. Regarde un mec comme Aurélien Rougerie… Il est arrivé dès 6 ans au club, il y a fait toute sa carrière, a joué une vingtaine d’années en pro avant de raccrocher les crampons en 2018 à l’âge de 38 ans. Je trouve ça exceptionnel. A Sainté vous avez Loïc Perrin, je crois qu’il a rejoint le club à 12 ans et il est toujours là. Moi j’ai rejoint l’ASM à l’âge de 18 ans, et à 32 ans j’y suis toujours. Mais je ne me considère pas pour autant comme une idole des Jaune et Bleu pour reprendre ton expression. Simplement, les gens m’identifient comme un Auvergnat et ASMiste à fond !

Tu te vois finir ta carrière à l’ASM ou tu serais partant pour relever un challenge au LOU, club présidé par un Stéphanois ayant joué en jeune à l’ASSE ?
J’ai re-signé quatre ans l’an dernier. Ça se fait très, très rarement voire jamais à Clermont-Ferrand. Je finirai ma carrière à Clermont, c’est clair. J’aurais pu jouer dans d’autres clubs pendant ma carrière. Au milieu de ma carrière, j’ai été sollicité par Toulouse. Quand tu sais que t’es courtisé par le Stade Toulousain, vu ce que représente ce club dans le milieu du rugby, tu trouves ça intéressant, gratifiant. D’autres grands clubs ont manifesté de l’intérêt mais quand t’es à Clermont-Ferrand et que ça se passe bien, t’entames pas les discussions avec les autres clubs, t’as aucune raison de quitter un club qui te connait pas cœur, que tu connais par cœur, dans lequel tu te sens très bien. Moi quand je vais au stade j’ai l’impression que j’arrive chez moi. Des clubs ont appelé mon agent mais ce n’est pas allé plus loin. Sauf avec Montpellier, pour ne rien te cacher. A un moment donné, je me suis interrogé. Je me suis demandé « est-ce que dans dix ans tu ne vas regretter de n’avoir connu qu’un club ? ». Mais je ne regrette pas du tout mon choix d’être resté à l’ASM.

En matière de football, tout le monde sait que Lyon restera la banlieue de Saint-Etienne. En rugby, Lyon restera la banlieue de Clermont ?
Ah, tu sais, c’est délicat ! En tout cas on a la chance économiquement d’être suivis. Ce n’est pas qu’une affaire de rugby ou de business, c’est aussi beaucoup de passion. On a la chance d’être suivi par beaucoup de partenaires. Mais mine de rien, on a vu de grands clubs qui ont fait le bonheur du rugby être en difficulté, comme Biarritz, Bayonne, Perpignan. Et des grandes villes qui ont un peu plus d’argent ont émergé. Franchement, moi j’aime bien cette équipe de Lyon, je pense que le LOU fera partie des très grands clubs dans l’avenir proche.

Sens-tu poindre une rivalité régionale comparable à celle qui oppose les Verts aux vilains ?
Non, pour l’instant je ne vois pas trop ça. La rivalité entre l’ASSE et l’OL est très forte, ancestrale. Je ne ressens pas la même chose entre l’ASM et le LOU. C’est mon Pierre Mignoni qui entraîne Lyon, il a été pendant six ans mon coéquipier à Clermont. Quand t’as joué à Clermont, tu n’oublies pas Clermont. Et Clermont ne t’oublie pas non plus. Tu ne peux pas être « en rivalité », en tout cas c’est difficile. Actuellement ce n’est pas le cas, même si on s’en rencontré deux fois de suite dans les phases finales et qu’il y a des choses qui commencent à se créer... Mais je ne sens pas une grosse rivalité. Rien à voir avec ce que j’ai ressenti lors du derby dans le Chaudron. La rivalité pour nous elle est plus avec Brive qu’avec Lyon.

Tu as déjà marqué des points dans le Chaudron, tu sais perforer l’adversaire par ta puissance physique, tes appuis et ta technique. Tu as également l’expérience requise pour aider Claude Puel à cornaquer ton jeune homonyme. Ça ne te dirait pas de finir ta carrière de joueur à l’ASSE ?
(Rires) En tant que joueur, peut-être pas. Après on verra sur d’autres trucs car j’ai un certain attachement avec le foot. Mais en tant que joueur, c’est sûr que non, il ne vaut pas pour vous ! (rires)

T’as pourtant dit tout à l’heure que t’avais un bon niveau !
J’ai dit "j’avais". T’as bien noté que j’ai utilisé le bon temps, l’imparfait. Et l’imperfection a grandi avec le temps... Je peux t’assurer qu’aujourd’hui quand je fais un foot avec les copains, ce n’est plus le même niveau ! (rires)

Ça ne coûte rien de venir faire un essai à L’Etrat, au centre d’entraînement de l’ASSE !
Allez, va pour un essai !

Ce ne sera pas le premier de ta carrière mais je ne sais pas si tu sais les transformer.

J’étais buteur jusqu’à ce que j’arrive à Clermont. J’en ai transformé quelques-uns des essais ! Mais celui-là, ce sera plus dur. Bon, on ne sait jamais, sur un malentendu je peux conclure. Ceci étant, je pense qu’il est plus sage de faire confiance à Charles Abi. Il est de Clermont à la base donc c’est forcément un bon gars, il faut le laisser éclore ce joueur !

L’actuel milieu de terrain des U17 stéphanois Antoine Gauthier (2004) est arrivé en juillet 2018 en provenance de l’AS Montferrand, dont la section football est partenaire de l’ASSE depuis sept ans. Quel sera le premier joueur de la section rugby à nous rejoindre ? Lequel de tes coéquipiers verrais-tu jouer à l’ASSE ? A quel poste ?
Je savais que la section foot de l’ASM a un très bon centre, c’est une bonne chose qu’elle ait un partenariat avec Saint-Etienne ! Dans mon équipe, plusieurs joueurs pensent qu’ils ont niveau pour vous rejoindre. Je pense à Mike Tadjer, qui va bientôt nous quitter. Il aimerait jouer en pointe. Si ça se trouve il va signer à Sainté ! (rires) Il se prend pour un « Brazilien » ! (rires) On a Judicaël Concoriet aussi, lui il pense que c’est un joueur du PSG. Un milieu offensif, distributeur. Après on a aussi Greg Laidlow, très posé. Lui il a vraiment un bon niveau. Il aimerait peut-être devenir votre Zidane, être meneur de jeu. Il joue bien au foot, c’est un bon tacticien, comme dans le rugby d’ailleurs. Mais pour te dire la vérité, on n’a pas de grand joueur de foot dans l’équipe, Claude Puel risque de devoir piocher ailleurs… Les trois coéquipiers dont je viens de parler, je les mets remplaçants directement ! (rires)

Quid de ton ancien coéquipier Brock James. Il a brillé dans notre Chaudron, que ce soit contre Toulon avec ce drop monstrueux et contre les Saracens avec ce petit ballon parfait dosé…
Brocky a un coup de pied exceptionnel mais par contre avec un ballon rond, c’est pas ça. La conduite de balle n’est pas la même. Il a une frappe exceptionnelle mais le reste ne suivra pas ! (rires)

Quels joueur actuels de l’ASSE souhaiterais-tu recruter pour ton équipe au mercato ? A quels postes ?
Je prends Wahbi Khazri car c’est un chien, il ne lâche rien. C’est une teigne que je mets demi de mêlée. Je prends également Loïc Perrin en capitaine et je le mets, 10, 12 ou 13. Et je prendrais bien aussi un petit Ruffier comme troisième ligne aile.

Pour finir, aurais-tu un message à passer ou un défi à lancer à notre Wesley Fofana ?
Pourquoi on ne ferait pas un truc décalé mais en live, tu vois ? Avec des exos de rugby pour lui et des exos de foot pour moi. Je pense que j’ai une chance. Attention, je suis loin d’avoir le niveau que quand j’étais jeune mais je pense avoir plus de chance de me débrouiller avec un ballon de foot que lui avec un ballon de rugby ! (rires)

 

Merci à Wesley pour sa disponibilité