Avant de retrouver les Verts ce samedi à Francis-Le Blé, l'attaquant brestois Franck Honorat s'est confié à Poteaux Carrés.


Dans quel état d’esprit abordes-tu tes retrouvailles avec les Verts ? Revanchard, goguenard ou pétochard ?

Aucun des trois ! (Rires) Je me réjouis de retrouver tous les collègues avec qui j’ai pu travailler pendant un an. J’ai acquis de l’expérience à leurs côtés. Quand tu côtoies des Yann M’Vila, Mathieu Debuchy, Loïc Perrin, Stéphane Ruffier, Jessy Moulin… Franchement, t’apprends beaucoup ! J’ai beaucoup appris aussi avec le coach, ça m’a forgé mentalement. J’ai énormément appris sur le terrain également avec Romain Hamouma. Cette expérience stéphanoise, j’ai pris du plaisir à l’ASSE. Je ne suis pas revanchard car je n’ai rien contre ce club, au contraire ! Je continue de suivre les Verts et je suis régulièrement en contact avec chacun des joueurs là-bas. J’aborde ce match avec un esprit de compétiteur, je souhaite le gagner comme n’importe quel match.

Pourquoi as-tu quitté Sainté pour Brest ? En tant que Toulonnais t’avais envie de retrouver une rade ? Tu voulais suivre la voie de ton ancien coéquipier Neal Maupay ? Après la Bretagne, la Grande-Bretagne ?

C’est vrai que le départ de Neal de Sainté à Brest lui a été bénéfique. Son parcours est une source d’inspiration et on a effectivement de nombreux points communs : on a le même âge, on a été formé à Nice, on a démarré notre carrière pro chez les Aiglons, on a joué avec les Verts et on a quitté Sainté pour Brest. Au Stade Brestois, j’ai plus de temps de jeu qu’à l’ASSE, j’ai un autre statut. Je suis dans un club tremplin, comme quand j’étais à Clermont et que j’ai rebondi ailleurs.

Lors de ta première interview brestoise, sur la chaîne Youtube du ton nouveau club, tu as déclaré : "C'est un regret de ne pas avoir eu ma chance à Saint-Etienne." Claude Puel t’a pourtant fait jouer chez les Verts 19 matches dont 12 en tant que titulaire. Pour rappel, il t’avait titularisé seulement deux fois en trois ans lors de tes 20 matches en pros chez les Aiglons…

Je n’ai pas vraiment eu ma chance quand c’était Ghislain Printant. Il m’avait donné peu de temps lors des matches de prépa et m’avait envoyé direct en CFA. S’il était resté, je savais que ça aurait été compliqué pour moi. Il est vrai que l’arrivée de Claude Puel a changé la donne.

Tu ne penses pas que tu aurais eu une belle carte à jouer en restant à l’ASSE cette saison ?

On ne sait jamais mais le club avait besoin d’argent. En quelques mois et seulement 12 matches de L1 à Sainté ma valeur a augmenté de 3 millions. Pour un joueur comme moi, je pense que c’est énorme et que le club a saisi l’opportunité de me vendre. On m’avait dit que j’allais avoir moins de temps de jeu et pendant le confinement j’ai vu que j’étais sur la liste des transferts. Je n’avais aucune garantie d’avoir plus de temps jeu cette saison avec l’ASSE. Après, on n’en a jamais, surtout avec un coach comme Claude Puel. Mais les considérations financières ont beaucoup joué dans ce transfert. Le club avait besoin d’argent, il a pu me vendre 5 millions alors qu’il m’avait acheté un peu moins de 2 millions. Saint-Etienne est content pour moi, je suis content pour eux. Tout le monde s’y retrouve.

Tu as beaucoup animé le début du mercato estival. C’est agréable de se sentir courtisé par beaucoup de clubs ?

Beaucoup de clubs ont parlé mais il n’y avait rien de concret. Les seuls contacts concrets que j’ai eus, c’était avec Brest et Lorient. C’est tout.

As-tu retrouvé à Sainté le même Claude Puel que celui que tu avais connu à Nice ?

Quand je l’ai eu à Nice, j’étais très jeune. J’avais 17 ans. Je m’entrainais avec les pros mais je n’étais pas vraiment intégré dans la vie de groupe. Je me changeais dans le vestiaire de la CFA, je venais m’entrainer, je venais au match quand il y avait des suspendus ou des blessés mais je n’étais pas H24 intégré dans la vie du collectif à Nice. Je ne peux pas l’assurer à 100% mais je pense que Claude Puel est resté le même qu’à Nice, il a la même approche de son métier et la même façon de manager son groupe.

Quelles relations entretenais-tu avec lui à Sainté ?

Ça a été une surprise de le retrouver. Même son prédécesseur sur le banc stéphanois, Ghislain Printant, était pour moi une surprise car à la base c’est Jean-Louis Gasset qui m’avait recruté et que je m’attendais à jouer sous ses ordres. J’ai été à la fois surpris et content de retrouver Claude Puel car on avait une bonne relation à Nice. Je n’oublie pas que c’est lui qui m’a fait débuter en professionnel. C’est lui qui m’a donné ma chance, qui m’a fait signer mon premier contrat pro. Quand je m’entraînais avec les U17 et les U19, j’étais avec son plus jeune fils, Paulin. Et quand je suis monté chez les pros, j’étais dans la même chambre que son fils Grégoire, je m’entraînais avec lui. Je m’entendais bien avec tout le monde, avec sa famille. J’ai toujours des relations avec Paulin Puel. Claude Puel était content que je puisse partir à Brest pour avoir du temps de jeu et faire une bonne saison. On s’est quitté en bons termes, on a gardé un bon contact.

Indépendamment de l’intérêt financier que représentait ton transfert pour le club, Claude Puel voulait te garder à la base ?

Je ne sais pas trop.

Ton départ a surpris certains supporters stéphanois, d’autant plus que Loïc Perrin avait souligné ton apport en mai dernier lors d’une interview accordée à Auvergne Légendes du Sport : "Je regardais déjà ses matches à Clermont car mon beau-frère Romain Spano jouait là-bas. Je l'avais déjà trouvé très intéressant sur son côté droit. Avec nous il a fait de très bons matches et a su s'imposer et faire de très belles performances. Il a vraiment des qualités de vitesse, c'est l'une des qualités qu'on recherche actuellement chez les joueurs de foot."

Quand j’ai eu connaissance des propos que Loïc avait tenus sur moi, je lui ai envoyé un message. Je lui ai dit que ça m’avait fait très plaisir. Venant d’un joueur comme lui, c’est super appréciable d’avoir un tel commentaire. Loïc était un top joueur et une top personne. C’est flatteur mais comme je te l’ai déjà dit, on m’a dit que j’allais avoir moins de temps de jeu et l’aspect financier a joué. Je sais que des supporters stéphanois m’auraient bien vu rester plus longtemps car j’avais signé un contrat de cinq ans. Tout jeune joueur de L2 rêve de venir à Saint-Etienne. Même si j’ai vécu une saison compliquée, je retiendrai que j’ai évolué dans un grand club avec des supporters extraordinaires. J’en garde des souvenirs magnifiques.

"Avec Brest, j’ai senti que j’étais désiré. J’avais aussi envie de retrouver ce que j’avais perdu en partant de Clermont, un club familial dans lequel je suis heureux" as-tu déclaré à Ouest-France le 24 juillet dernier. "Je n'étais pas super heureux à Saint-Etienne. À Brest, c’est un vestiaire beaucoup plus jeune. Le fait d’être bien dans mon foot et avec mon entourage, c’est le plus important" as-tu ajouté dans Le Télégramme du 30 août. Pour quelles raisons t’es-tu senti malheureux à Sainté ? Tu n’y serais pas heureux aujourd’hui dans l’effectif le plus jeune de la Ligue 1 ?

Ce n’est pas que j’étais malheureux mais quand t’arrives à Clermont dans un club de bas de tableau de L2, il y a moins de joueurs d’expérience et davantage d’activités avec les uns et les autres joueurs. Quand tu ne joues pas, que t’arrives dans une ville où tu ne connais pas grand monde, c’est un peu compliqué. Quand en plus t’enchaînes les blessures et que ça ne se passe pas bien de ouf au niveau résultats, on ne prend pas du tout de plaisir. Quand on rentre chez soi, on se pose un peu des questions. C’est un tout en fait.

Quel bilan fais-tu de ta saison verte ? Elle est honorable, Franck ?

On va dire ça ! (Rires) J’ai été très heureux de faire partie de ce club. Quand tu passes de Clermont à Saint-Etienne, tu changes de dimension. Je suis très honoré d’avoir joué à Sainté, d'avoir fait partie de ce groupe avec des joueurs d’expérience. Tu ne peux que progresser en t’entraînant avec des Debuchy, Cabaye, M’Vila, Ruffier, Perrin. C’est incroyable ! En plus humainement ils sont tous au top, j’ai beaucoup de nouvelles d’eux. J’ai hâte de les revoir et d’échanger quelques maillots.

Trois des joueurs que tu viens de citer ne sont plus au club, un autre vient d'enchaîner les semaines à l'infirmerie et le dernier est à l’écart. Tu gardes de bons souvenirs de Stéphane Ruffier ? Que penses-tu de sa situation ?

Moi, connaissant Claude Puel, je me doutais un peu que ça allait se passer comme ça pour Stéphane cette saison... Personnellement je garde de bons souvenirs de lui. Ce qui se passe maintenant n’enlève rien à sa grande carrière. Il ne faut pas oublier tout ce qu’il a fait pour le club. Ça reste un grand joueur. Chaque personne ne peut pas aimer tout le monde.

A-t-il commis une erreur en se braquant et en ne tempérant pas les propos incendiaires tenus par son agent ?

Franchement, il ne m’appartient pas de me positionner là-dessus. Chacun fait ses erreurs, chaque personne ne peut pas aimer tout le monde. C’est la vie, je pense qu’il ne regrette pas. C’est comme ça, maintenant il avance !

Tu as fait allusion tout à l'heure à tes blessures. Peux-tu nous en dire plus sur les tiennes, le club ayant peu communiqué là-dessus ?

Pas de souci ! Comme Ghislain Printant m’avait envoyé en CFA, Razik Nedder m’a titularisé à domicile lors de la première journée de National 2 contre Les Herbiers. Au bout de la 10e minute, je tombe. J’ai eu un petit trou noir. J’avais pris un coup à la mâchoire, j’avais un trou dans la joue. J’ai continué à jouer mais quand je suis arrivé dans le vestiaire à la pause, je ne me souvenais plus de la première mi-temps. J’avais super mal. J’ai décidé d’arrêter et je suis parti à l’hôpital. Ils n’ont rien vu. Mais quand je suis arrivé le mardi, on m’a fait passer un scanner qui a révélé que j’avais fait une commotion cérébrale avec une fracture à la mâchoire. J’ai dû être arrêté pendant plus d’un mois.

Derrière, je reviens bien mais à l’entraînement je prends un coup à a cheville. Comme je me suis ouvert, on m’a fait des points mais j’ai eu une infection dans l’os. J’ai dû à nouveau m’arrêter pendant deux ou trois semaines. Tu comprends mieux pourquoi j’ai déclaré que je n’étais pas heureux, c’est super compliqué quand tu as plusieurs blessures la même saison et qu’en plus ton équipe enchaîne les mauvais résultats.

Selon l'édifiant recensement réalisé par le potonaute Cheminem, la blessure de Panagiaotis Retsos à Metz a été la 37e côté stéphanois en 14 mois, période de confinement comprise ! Y’aurait-il un problème de préparation physique à l’ASSE ?

Franchement, je ne pense pas qu’il y ait un souci au niveau de la prépa. Ici, à Brest, on a eu aussi pas mal de blessés depuis le début de la saison. Il y a beaucoup de terrains qui deviennent hybrides, je pense que ça joue beaucoup. La saison dernière, il me semble que Charles Abi, William Saliba et Denis Bouanga ont eu la même blessure, c’était lié aux terrain hybrides. Ils sont tellement durs qu’à force de courir et de s’entraîner dessus, on se fait des petits traumatismes, des petites inflammations et après ça peut créer des fractures de fatigue. Moi aussi j’ai failli être touché, il y a eu des signes avant-coureurs et je m’étais arrêté une semaine. Si tu t’entraînes en amateur trois fois dans la semaine, ça passe. Mais t’entraîner tous les jours voire deux fois par jour en plus de l’enchaînement des matches, ça fait des dégâts. L’an dernier avec l’Europa League il y a eu une période où on jouait tous les trois jours.

C’est à cause de tes blessures que tu n’as pas joué le moindre match officiel sous la houlette de Ghislain Printant ?

Disons que ça n’a rien arrangé mais même si je n’avais pas eu ces soucis, je n’aurai sans doute pas fait un match de la saison s’il était resté sur le banc toute l’année. Sauf en cas de blessure ou de suspension. Après, c’est mon avis. On ne va pas se mentir, je n’ai pas fait une prépa de ouf. J’ai débuté le tout premier match amical contre Andrézieux mais ensuite je n’ai fait que des entrées en jeu. À Washington, j’ai joué une demi-heure contre Montpellier et contre l’OM. Ensuite en Angleterre j’ai joué un quart d’heure contre Boro puis cinq minutes contre Newcastle. Plus on s'approchait de la reprise de la compétition, plus mon temps de jeu diminuait. Tout ça ne sentait pas très bon pour moi.

As-tu été surpris de voir Ghislain Printant viré au bout de huit journées de championnat ?

Comme tous les joueurs, je me suis un peu posé des questions. Les résultats n’étaient pas bons alors que le club visait une nouvelle qualification européenne. Après, la décision ne nous appartient pas, ça se passe là-haut. Beaucoup de joueurs ont été un déçus car c’était quelqu’un d’important pour eux.

La Pravda a laissé entendre qu’il manquait d’autorité et qu’avec lui les entraînements n’étaient pas très poussés. L’ASSE était-elle vraiment devenue un club de peignoirs claquettes ? C’était le Club Med à Sainté ?

Non, il ne faut pas croire tout ce que raconte la presse, qui grossit toujours des trucs pour faire ses pages. Sainté n’était pas le Club Med, on bossait. À Washington, on a rigolé, mais c’est l’ambiance d’un stage de préparation. On s’entraîne deux fois par jour, s’il n’y a pas de bonne humeur, ça ne sert à rien de venir faire du foot. Avec Ghislain Printant, ça bossait bien, on travaillait. Après, peut-être qu’il y avait des décisions, des choix qui n’allaient pas. Et il ne faut pas se focaliser sur l’entraîneur, même si c’est souvent lui qui paye les mauvais résultats. Si les joueurs sont nuls et ne répondent pas aux attentes, c’est compliqué ! C'est nous qui sommes sur le terrain.

Si tu n’as pas trouvé le chemin des filets sous le maillot vert, tu as délivré 5 passes décisives ? Tu te les remémores toutes ?

Oui, le club a fait une vidéo pour mon départ. Je voulais remercier le club et tous les supporters. Quand je revois cette vidéo mais aussi celle que ma femme a faite quand les supporters sont entrés sur le terrain lors de la demi-finale contre Rennes… C’est juste magnifique ! Je vais travailler à 300% pour pouvoir revivre ça un jour. Jouer devant des supporters comme ça, c’est extraordinaire. Moi quand j’étais petit, je rêvais de vivre des moments comme ça. Parfois je regarde les vidéos et quand on échange avec Denis Bouanga, on rigole. Il me dit que je lui manque car il n’a plus mes passes. On s’entendait bien, on avait trouvé des automatismes. C’est dommage que la saison ait été écourtée car j’aurais bien aimé lui en donner d’autres. On se voyait en dehors, on faisait des repas ensemble avec nos familles. On continue d’échanger assez régulièrement sur Whats’App.

Il a en effet profité de tes dernières passes dé sous le maillot vert : contre Epinal et Monaco en Coupe de France, contre Reims en L1.


Tu te souviens de tes deux premières passes dé ?

Oui, la première c’était à Nantes pour Miguel Trauco, on avait gagné 3-2 grâce à un doublé de Denis. Et la deuxième c’était pour Romain Hamouma lors de notre belle victoire à la maison contre Nice.




Une très jolie passe dé, une fois n’est pas coutume du gauche et à ras de terre ! Tu prends autant de plaisir à faire des passes dé qu’à marquer ?

Oui. Bon, il faut dire que vu mon poste d’ailier j’ai plus d’opportunités de faire des centres que d’être en position pour marquer. Envoyer des centres, c’est facile, tout le monde peut le faire. Après, bien viser, c’est autre chose. Pour moi, faire une passe dé, c’est aussi valorisant que de marquer. Il y a ce côté « plaisir d’offrir » qui me plaît. Je suis sensible aux stats sur les passe dé et je me réjouis d’avoir été meilleur passeur de L2 lors de ma dernière saison à Clermont. Cette saison, tu auras noté que j’ai fait ma première passe dé lors de notre victoire contre Lille.

Et t’as vu que j’ai mis deux buts avec Brest ? Il faut que je continue ! (rires)

Si tu pouvais éviter de scorer samedi, tu ferais plaisir à beaucoup de monde. Quel est le coéquipier qui t’as le plus impressionné à Sainté ?

Romain Hamouma. Il sent le football. Il pue le football. Ce qui est dommage c’est qu’il a été pas mal blessé quand moi je jouais et inversement il jouait quand j’étais blessé. Mais les peu de fois où on a joué ensemble, je me suis régalé. À chaque fois il te met les ballons dans le bon tempo, au bon moment, sur le pied que tu veux. En fait, c’est lui qui te fais bien jouer. Avec ses ballons, avec son positionnement, il arrive à te faire bien jouer. C’est ça qui m’impressionne chez Rom. Et je constate que Saint-Etienne a réussi son tout début de saison en bonne partie grâce à lui : il a mis un doublé contre Lorient et c’est lui qui a ouvert le score au Vélodrome.

Parmi les plus jeunes, quels joueurs t’ont tapé dans l’oeil ?

Yvann Maçon m’a fait forte impression. Je le connaissais avant qu’il vienne à Sainté car il jouait avec des amis à Dunkerque. Quand tu passes du National à la Ligue 1, c’est toujours compliqué mais j’ai vu tout de suite qu’il avait un gros potentiel. Déjà au fil des semaines on le voyait progresser la saison dernière. Et cette nouvelle saison il a été impressionnant. Il a fait de très grosses prestations, c’est vraiment dommage qu’il se soit fait les croisés car il était en pleine bourre.

Sinon j’aime bien Arnaud Nordin. C’est quelqu’un de joyeux, qui a toujours le sourire. Il est toujours là pour se donner à fond et en plus de ça c’est un top joueur, qui compte pas mal de sélections avec les Espoirs. Je trouve que cette année les matches qu’il faits, c’est encore mieux comparé à la saison dernière. Il a tout pour devenir un grand joueur.

Avec quel joueur avais-tu le plus d’affinités dans le vestiaire stéphanois ?

Avec Théo Vermot, qui est parti à Orléans en Ligue 2. On est tous les deux du Var. Ma femme le connaissait, ils étaient au collège ensemble. On s’est retrouvé à Sainté, on a commencé à se voir. C’est avec Théo que j’avais le plus d’affinités et on était souvent avec Arnaud Nordin.

Quel est ton meilleur souvenir sous le maillot vert ?

Mon avant-dernier match, en demi-finale de Coupe de France contre Rennes. Gagner à la dernière minute une demi-finale de Coupe de France dans un Chaudron en ébullition, c’est inoubliable et j’en ai encore des frissons.

Quand on est jeune, on rêve de vivre ça. C’est fantastique pour moi d’avoir vécu ça. Je n’ai pas les mots pour décrire l’ambiance à Geoffroy-Guichard. Il faut le vivre pour ressentir ce qu’il se passe. Comme j’étais blessé plusieurs semaines et que je ne jouais pas, j’ai suivi depuis les tribunes les matches. J’ai encore en mémoire la déflagration qui a suivi le but de Robert Beric lors du derby. Enorme ! Les supporters étaient en folie.



Je me souviens également de l’ambiance de malade quand on a reçu Paris en décembre. On perdait 4-0 mais il y a eu un feu d’artifice. T'as déjà vu ça dans un autre stade ?

Moi quand je voyais cette ambiance, je n’avais qu’une envie, c'était d’être sur le terrain et me donner à fond. Mes premiers matches, vers la 60e ou la 65e minute, je commençais à avoir des crampes au mollet, ça commençait à tirer un peu de partout. Mais quand tu reçois le ballon, t’as les supporters qui commencent à crier, à t’encourager et du coup tu ne sens plus tes crampes, tu ne sens plus la fatigue et tu cours. Avec un tel public, tu te sens pousser des ailes !

Toi qui as contribué au beau parcours des Verts en Coupe de France, as-tu été frustré de ne pas pouvoir jouer la finale ?

C’est frustrant, forcément ! Quand tu sais que t’as fait tout le parcours avec la même équipe et que tu ne peux pas faire la finale, y’a un goût d’inachevé. C’est sûr que c’est décevant. Tout joueur rêve de jouer une finale de Coupe de France et de jouer au Stade de France. Mais cette année la finale n’avait pas la même saveur que si elle s’était déroulée comme prévue au printemps. Là elle a eu lieu fin juillet devant 3 000 ou 4 000 spectateurs, l’ambiance était tristoune. L’équipe n’était pas la même, des joueurs étaient partis, d’autres à peine arrivés ont joué la finale. C’était très particulier quand même comme contexte. Si la finale s’était jouée en fin de saison juste après mon départ devant des dizaines de milliers de supporters stéphanois, j’aurais été dégouté, dépité. Mais vu le contexte un peu bizarre dans lequel s’est déroulé ce match, ça a atténué ma déception.

Ton dernier déplacement sous le maillot vert ne t'a donc pas conduit au Stade de France mais au Cochonou Stadium. Comment as-tu vécu ce derby dans la banlieue ?

Mal parce qu'on a perdu 2-0. Mais je pourrai dire que j'ai joué un derby. Je me suis rendu compte que c'était vraiment un match très particulier. Le matin, avant de partir pour Lyon, il y a avait des centaines de supporters à L'Etrat qui nous attendaient avec des fumigènes et des pétards. Tu sens que que c'est un match hyper important pour les supporters et que tout le club est derrière nous. Ce qui est dommage, c'est que nos supporters étaient interdits de déplacement. Du coup, y'avait que ceux de l'OL au stade. Les supporters à Lyon, c'est pas ouf ! Moi j'aurais préféré jouer le derby dans le Chaudron, y'aurait eu une toute autre ambiance. Y'a pas photo !

Tu t’apprêtes à recevoir une équipe stéphanoise qui vient également de perdre un derby chez les vilains. Tu l’as regardé ? Qu’en as-tu pensé ?

Bien sûr que je l’ai regardé, en échangeant des messages avec Arnaud Nordin. Bien sûr j’étais pour Sainté, je voulais que les Verts gagnent. Quand j’ai vu la compo, on ne va pas se mentir, je me suis dit que ça allait être compliqué, surtout au vu des cinq matches précédents des Verts. Ils ne méritaient pas de perdre à Lyon, c’est dommage que Denis ait raté son penalty mais ça fait partie du foot, il a fait par ailleurs un bon match. Sainté méritait de prendre un point voire trois. J’ai été triste de voir les joueurs se donner à fond et repartir avec une nouvelle défaite. Mais le lendemain du derby, quand je suis arrivé dans les vestiaires à Brest, j’ai dit : « les gars, faudra faire attention car si les Verts viennent comme ça en forme avec autant de niaque et d’envie, le match va être très compliqué ! »

J’ai trouvé que les Verts avaient beaucoup plus d’envie, de détermination. Ils ont eu des occasions. J’avais pourtant lu avant le match un article comme quoi c’était l’équipe qui avait tenté le moins de tirs par match depuis le début de saison. Contre Lyon, les Verts ont tiré plus de cinq ou six fois. Je m’attends donc à une belle opposition ce week-end. À mon avis, ce sera un match avec beaucoup d’envie et d’agressivité. Connaissant Puel, je sais qu’il a commencé à regarder nos matches et à voir comment on jouait. Je pense que ça va être un bon match à vivre.

Tu as vécu ça notamment en perdant avec les Verts à Brest. Au sortir de ce match, où tu avais été l’une des très rares satisfactions de la soirée, tu avais été le seul à oser affronter les médias. Tu avais alors déclaré : "Cela fait sept ou huit matches qu'on ne gagne pas, on n'arrive pas à mettre un pied devant l'autre. Il serait temps de gagner car ça commence à être très inquiétant. Y'a le feu ! On sait que ça va vite. On le voit aujourd'hui, on sait qu'on est dans les derniers. C'est compliqué, c'est une situation qui est difficile et embarrassante pour le club, pour les joueurs. Tout le monde est inquiet. Tout le staff, tous les supporters ont peur de la situation et nous les premiers. On n'a pas envie de finir en Ligue 2."
Tiendrais-tu encore le même discours si tu étais encore un joueur stéphanois actuellement ?


Franchement, non ! Quand j’ai déclaré ça, on était à la mi-février, c’était la 25e journée. On s’apprêtait à entrer dans le dernier tiers de la saison et ça devenait vraiment inquiétant. Bon, les évènements ont fait que notre saison s’est arrêtée seulement trois journées plus tard, à une époque où le maintien n’était pas assuré car après cette défaite à Brest, on a concédé deux nuls à domicile et on a perdu le derby. La situation actuelle n’est pas la même, on n’est pas du tout au même stade de la saison. Il n’y a eu que dix journées.

Je commence à connaître un peu Claude Puel, il a une équipe où il y a beaucoup de jeunes donc il peut y avoir des trous d’air dans une saison. Il y a eu aussi des blessés et des suspendus. Il faut laisser le temps faire avec Puel, que le groupe se mette au niveau. Quand tu vois les trois premiers matches des Verts mais aussi le dernier qu’ils viennent de faire contre Lyon, tu te dis qu’il n’y a pas matière à s’inquiéter, qu’il y a un groupe de qualité à Sainté. Lors du derby, on a revu la qualité du jeu des Verts, leurs automatismes. On a vu des joueurs se donner à fond. Je pense par un exemple à Mahdi Camara qui évoluait à un poste inhabituel pour lui de latéral droit.

On a vu des jeunes au milieu, c’était super intéressant. C’est pour ça qu’à mon sens il n’y a pas lieu de tirer la sonnette d’alarme. Il y a de très bons joueurs dans cette équipe à l’image d’Yvan Neyou. Il m’avait déjà impressionné contre Paris mais je l’ai encore trouvé très fort lors du derby. Il a un volume de jeu énorme, il est toujours là au bon moment, il vient chiper des ballons. Il ne paye pas de mine, il n’est pas super costaud mais il envoie, il est super agressif, récupère des ballons et casse des lignes. Les joueurs de devant doivent s’éclater avec un joueur comme ça car il sait servir les attaquants dans la profondeur. C’est un top joueur, qui fait beaucoup de bien aux Verts !

Tu évoquais tout à l’heure les blessures et les suspensions. Un autre facteur a fait très mal aux Verts cette saison : le départ de Wesley Fofana, qui a déjà conquis toute l’Angleterre en quelques matches. Es-tu surpris par sa fulgurante ascension ?

Non, je ne suis pas surpris. Vu les entraînements et les matches qu’il faisait, c’était le garçon le plus impressionnant. Il courait de partout, il attaquait, il défendait, il récupérait des ballons parfois improbables. Je ne suis pas étonné. Au début, ce que le coach lui reprochait un peu, c’était parfois son niveau de concentration. Il lui arrivait de perdre un ballon un peu bête ou de tenter un dribble qu’il ne fallait pas. Mais il a su gommer ça et il a un talent énorme. Je suis content pour lui qu’il arrive déjà à s’imposer en Premier League et je lui souhaite d’aller le plus loin possible.

Ce que l’on souhaite surtout, c’est que les Verts mettent fin à leur terrible série de six défaites consécutive. Francis Le Blé est le bon endroit pour y arriver, non ? Après tout, vous avez la plus mauvaise défense de l’élite !

C’est vrai qu’on prend des buts mais on va essayer d’en mettre plus que vous ! (rires) Certes, on a l’équipe qui a encaissé le plus de buts pour l’instant mais ça ne m’inquiète pas plus que ça. On a une équipe très jeune, on fait parfois des erreurs de concentration. On perd à Rennes alors qu’on ne doit pas perdre car ils n’ont rien dans le jeu. On prend deux buts sur coups de pied arrêté. On travaille pour gommer ces petits défauts là. On sort d’une belle victoire contre Lille mais on a relancé les Dogues en concédant un penalty juste avant la mi-temps.

La défaite à Rennes a dû d’autant plus te décevoir que tu avais ouvert le score.

Tu avais déjà trouvé le chemin des filets cette saison contre un autre club breton, le FC Lorient de Papy Lemoine. Tu avais travaillé cette action à l’entraînement avec tes ex-futurs coéquipiers Merlus ? La passe décisive de Thomas Fontaine est magnifique, tout comme la « parade » de Paul Nadri sur ta reprise de volée !


(Rires) Tu ne crois pas si bien dire ! J’ai joué avec Thomas Fontaine à Clermont, et je lui ai dit merci à la fin du match.

Tu vas tenter de remettre ça contre Sainté ?

On y travaille avec Kolo ! (rires) Je vais lui demander de me faire une petite transversale.

Devenir un vrai buteur tout en conservant ta qualité de passeur, ça fait partie de tes objectifs de la saison ?

Absolument ! On en a discuté avec le coach. Il m’a dit qu’il fallait que je m’enlève de la tête que j’étais juste bon à faire des centres et des passes. Il m’a dit qu’il fallait que je me mette dans la tête que je peux aussi marquer des buts et que je pouvais me mettre dans des positions pour pouvoir scorer. Les deux buts que j’ai inscrits cette saison m’ont mis en confiance et m’ont un peu enlevé les mauvaises idées que j’avais sur mon incapacité à marquer.

En quoi Oliver Dall’Oglio et Claude Puel se ressemblent ?

Ils ne se ressemblent pas trop en fait ! (rires) Chacun sa façon d’être. À Brest le coach crie rarement, presque jamais. Il nous dit très calmement ce qu’il faut faire mais par contre si on ne le fait pas, on saute, on va de côté. Alors que le coach Puel, il va nous crier dessus, nous dire « ah, qu’est-ce que tu fais ! » C’est différent. Mais le coach Puel arrive à très bien motiver ses joueurs, il arrive à leur donner envie de tout casser pendant un match, les mettre sur la bonne voie.

Olivier Dall’Oglio est réputé pour prôner un jeu offensif et plaisant, ce qui n’est pas le cas de tous les clubs qui visent le maintien. Ça a compté dans ton choix de rejoindre Brest ?

J’ai joué contre le Stade Brestois en Ligue 2 à l’époque de Jean-Marc Furlan, ça jouait déjà très bien au football. Et la saison dernière, j’ai vu de mes propres yeux que ça n’avait pas changé avec Olivier Dall’Oglio. Lorsqu’on a joué à Brest la saison dernière avec les Verts. On s’est pris la misère, le ballon tournait, on ne voyait même pas le ballon. Je me souviens que c’est dur à vivre, j’étais sur le banc. Brest menait 3-0 à la mi-temps mais il y aurait pu avoir 5-0 tant on était dominé. J’ai rejoint un club qui joue le maintien, mais il vaut mieux jouer dans un club qui vise le maintien en jouant au ballon plutôt que dans un club qui bétonne et ne fait que dégager.

A Brest, tu évolues avec un autre ancien joueur stéphanois : Ronaël Pierre-Gabriel. Tu t’entends bien avec lui, sur le terrain comme en dehors ?

On a appris à se connaître, à savoir comment l’autre aime jouer, intérieur, extérieur. Petit à petit on acquiert des automatismes et ça se passe très bien entre nous. Il nous a fallu un peu de temps pour mettre en place notre association sur le couleur droit car j’ai été blessé au début, je suis revenu et il s’est blessé. Au final on n’a pas joué énormément ensemble depuis le début de saison. Mais notre dernier match contre Lille a été intéressant. On a mis en difficulté l’adversaire. Ronaël est un très bon joueur, j’espère qu’il sera débarrassé des petits pépins physiques qui ont parfois contrarié sa carrière. Humainement il est top, on se voit souvent à Brest, on est tout le temps en contact.

Peux-tu nous promettre d’être aussi mauvais que lors de tes deux derniers matches contre Nîmes ?

Je ne peux pas promettre ça ! (rires) Avec Sainté, je n'avais pas été fameux contre les Crocodiles mais que dire de mon match avec Brest.... Il m’a mis dans le trou, je n’étais pas bien pendant une semaine après un match comme ça. C’était incroyable.

Ton prono pour samedi ?

2-1 pour nous. Buts de Steeve Mounié et Romain Faivre. En ce qui concerne le buteur côté stéphanois, je vais mettre mon petit Charles Abi. Ça me ferait plaisir qu’il marque. Je l’aime bien et je pense qu’il a tout pour réussir. Il est jeune, il faut un temps d’adaptation. Physiquement, c’est une masse, parfois il arrive à se sortir de gros duels contre un ou deux défenseurs. Je le crois capable de faire de belle choses. Il n’a pas encore marqué en L1 mais quand il va y arriver, ça va le mettre en confiance. Il a raté plusieurs occases lors du match amical de cette semaine contre Grenoble mais je me méfie de lui. Généralement quand on rate des occases la semaine à l’entraînement, on la met au fond le week-end.

 

Merci à Franck pour sa disponibilité