Après une première période mal embarquée, les Verts ont réussi à s'imposer à Monaco grâce à un changement tactique et d'attitude, ainsi qu'à un Cabella très décisif.
En conférence de presse après le match, Jean-Louis Gasset souligne l'apport de son meneur de jeu : "(il) est en train de faire une grande fin de saison (...) Là, on voit du grand Cabella, surtout décisif. Lui, il veut y aller !". Aller où ? En Ligue des Champions, bien sûr, parce que le jeu des résultats du weekend fait que l'ASSE a seulement un point de retard sur la 3e place, tout en gardant 7 d'avance sur la 5e.
Pour revenir au match, l'analyse du coach stéphanois est très réaliste : "On a été fébriles, sans notre maîtrise technique habituelle en première mi-temps (...) Vouloir contrer et jouer avec deux attaquants excentrés n'a pas été le bon plan. On sortait le ballon trop mal. Il a fallu changer et revenir à un système plus académique. Peut-être, je me suis trompé de schéma d'entrée. Il faut qu'on ait le ballon. On l'a eu en deuxième mi-temps".
La causerie à la pause a fait son effet et les Verts sont mieux entrés dans le match en seconde période. Quant au changement tactique, il a été plus subtil qu'on peut le croire et les exemples suivants nous permettront de mieux s'en rendre compte.
Pour revenir au match, l'analyse du coach stéphanois est très réaliste : "On a été fébriles, sans notre maîtrise technique habituelle en première mi-temps (...) Vouloir contrer et jouer avec deux attaquants excentrés n'a pas été le bon plan. On sortait le ballon trop mal. Il a fallu changer et revenir à un système plus académique. Peut-être, je me suis trompé de schéma d'entrée. Il faut qu'on ait le ballon. On l'a eu en deuxième mi-temps".
La causerie à la pause a fait son effet et les Verts sont mieux entrés dans le match en seconde période. Quant au changement tactique, il a été plus subtil qu'on peut le croire et les exemples suivants nous permettront de mieux s'en rendre compte.
La première période
L'ASSE a démarré ce match dans un système déjà utilisé à plusieurs reprises cette saison, (3)-4-1-2 :
Défense à trois, une ligne de quatre au milieu et Cabella en meneur de jeu derrière deux attaquants excentrés, Hamouma et Khazri.
Les Verts ont eu du mal à produire du jeu à partir de ce système, surtout que le pressing adverse était intense sur les milieux. Par exemple, à la 17e Ruffier joue avec Saliba :
La défense à trois est visible (enfin, difficilement à cause de la partie à l'ombre et la couleur des maillots stéphanois), tout comme l'étau des quatre offensifs monégasques autours des deux milieux axiaux M'Vila et Vada. Saliba joue avec Perrin, qui échange des passes...
... avec M'Vila. Le dépositaire du jeu stéphanois ne peut pas se permettre de garder le ballon pour orienter le jeu, il n'est pas face au jeu et dans tous les cas, il n'a aucun coéquipier proche pour jouer vers l'avant. C'est Hamouma qui décroche dans ce grand espace vide entre les offensifs de l'ASM et la ligne médiane et Perrin le sert :
Sauf que la passe en première intention vers Debuchy n'est pas précise et le ballon est perdu. Cette phase de transition est ensuite bien jouée par les Monégasques :
Comme les pistons stéphanois étaient plus haut, la défense se trouve en trois-contre-trois : un attaquant fait un appel en profondeur, il est trouvé par une longue passe, contrôle parfait et poteau rentrant pour l'ouverture du score.
Un autre exemple commence à la 23e, quand Ruffier relance avec Perrin :
Même configuration qu'avant, un étau de quatre Monégasques enferme M'Vila et Cabella, qui avait échangé de place avec Vada. Toujours un échange de passes entre Perrin et M'Vila, qui n'arrive toujours pas à se retourner face au jeu. Perrin garde le ballon...
... ce qui fait sortir un des adversaires, libérant ainsi Cabella, qui reçoit le ballon et enfin ce premier rideau est passé. Sur cette image on aperçoit aussi le placement des deux attaquants, Khazri et Hamouma : les deux à la même hauteur, pris par la défense, avec des milieux axiaux qui coupent les angles de passe vers eux. Cabella ne peut pas les servir, mais peut orienter le jeu à droite vers Debuchy ou à gauche vers Vada/Polomat. Il décide par contre de jouer en arrière...
... avec Saliba, qui envoie ensuite un long ballon en profondeur, à destination de Hamouma, qui n'arrive pas à le récupérer.
Le positionnement défensif de l'ASM a obligé les Verts à passer sur les côtés. Et comme il manquait de relais dans l'axe, entre les lignes, ils ont eu du mal à passer par là. Les deux attaquants étaient soit trop hauts, coupés du reste de l'équipe, soit ils décrochaient... pour perdre le ballon. D'ailleurs, si on regarde une capture whoscored.com qui montre les endroits où Cabella, Hamouma et Khazri ont touché le ballon avant la pause...
... on aperçoit clairement une zone du terrain bien évitée par ces trois joueurs offensifs. Ils ont touché le ballon assez bas (surtout Cabella) et quasiment jamais dans l'axe dans la moitié adverse (les Verts attaquent de droite à gauche sur cette image).
La seconde période
Et si on regarde la même chose (pour les quatre offensifs, Cabella, Khazri, Nordin, Beric) en seconde période...
... ce n'est plus du tout la même chose ! Ballons touchés plus haut sur le terrain, et aussi bien dans l'axe que sur les côtés.
Il y a plusieurs facteurs qui expliquent cette différence dans l'animation offensive. La causerie à la pause et des joueurs plus impliqués. L'entrée à la place de Hamouma de Nordin, qui a été beaucoup plus présent dans le jeu. Et surtout, à un autre endroit du terrain - un léger ajustement tactique qu'on peut apercevoir sur cet exemple en tout début de la période :
Polomat joue une touche avec Kolo, qui joue avec Perrin. On voit toujours bien (enfin, sauf les maillots vert foncé dans la zone d'ombre) le 3-4-(3) stéphanois. Mais il ne s'agit plus d'un 3-4-1-2, c'est plutôt un 3-4-2-1, avec Cabella et Nordin à la même hauteur et Khazri seul en pointe :
Bref, Perrin joue avec Vada, qui écarte à droite avec Debuchy, qui joue en arrière avec Saliba. Qui rejoue avec Perrin...
... qui échange des passes avec M'Vila. Saliba, Debuchy, Saliba de nouveau...
... les Verts gardent le ballon dans cette zone, sans trouver la faille dans la partie haute du bloc défensif adverse. Cabella et Nordin font de petites courses gauche-droite pour ouvrir une possibilité de passe vers l'avant, mais aucun risque n'est pris. Le ballon circule comme avant...
... Saliba pour Perrin, échange de passes avec M'Vila. Ensuite Nordin décroche et une première passe verticale est faite...
... mais sous la pression adverse, il redonne le ballon à Perrin. Qui écarte de nouveau avec Saliba...
... qui joue long, sur l'appel en profondeur de Khazri, qui entre dans la surface mais son centre à destination de Nordin est repoussé en touche par un défenseur.
Ce léger ajustement tactique, avec Nordin à hauteur de Cabella, pas de Khazri, était nécessaire pour offrir plus de possibilités à faire monter le ballon dans l'axe, pas seulement sur les côtés. Et même si cette séquence de possession dans la moitié propre peut ne pas paraître impressionnante, il n'y a eu rien de similaire en première période, le ballon était perdu ou balancé vers l'avant beaucoup plus vite.
Finalement, la sortie de Kolo (blessé à l'orteil) à la 55e a changé de nouveau le système tactique de l'ASSE : Beric est avant-centre, Khazri est resté dans l'axe en son soutien et Cabella s'est excentré à gauche :
Un 4-4-2 donc, avec toujours cette présence dans l'axe entre les lignes de Cabella ou Khazri ou Nordin et une construction propre, toute en maîtrise. Comme dans cet exemple à la 57e qui commence avec une attaque monégasque :
Le bloc stéphanois est en place (c'est Beric qui se trouve plus bas que Khazri, au marquage d'un milieu adverse) et sous la pression de Cabella et Polomat dans le couloir gauche, l'ailier droit de l'ASM perd le ballon, qui arrive dans les pieds de M'Vila. La sortie est très propre :
Appui sur Cabella, qui donne à Polomat, qui lance Beric plus haut dans le couloir. L'attaquant slovène monte balle au pied, mais ne sert ni Cabella, ni Nordin, qui s'étaient projetés. Il revient en arrière avec M'Vila...
... qui trouve avec une belle passe verticale Nordin, entre les lignes adverses. Lui aussi, à son tour, s'appuie en arrière sur un milieu axial :
Vada essaie de lancer Cabella en profondeur à gauche (Beric et Khazri étaient un à côté de l'autre dans l'axe). Un défenseur dégage de la tête...
... jusqu'à M'Vila, et le ballon arrive à Vada, qui avait bien couvert. Il décale Polomat à gauche, qui joue plus haut dans le couloir avec Cabella, qui lui remet dans l'axe. Le latéral gauche stéphanois est fauché, mais le ballon arrive de nouveau à Vada et l'arbitre laisse l'avantage :
Khazri décroche un peu pour proposer une solution, Vada choisit Nordin, en latéral. L'ailier (très axial) des Verts essaie de provoquer balle au pied, mais son dribble est bien lu par un défenseur :
Vada récupère et écarte à droite vers Debuchy, qui montait. L'action ne donne rien et les Stéphanois mettent le ballon en touche pour que Polomat se fasse soigner.
Le score est toujours en faveur de Monaco, mais la maîtrise stéphanoise est totale. Du jeu entre les lignes, des passes précises, les adversaires ne peuvent pas résister longtemps et ils finissent par craquer, encaissant trois buts en vingt minutes.
Conclusions
Les Verts ont clairement mal préparé ce match, aussi bien tactiquement qu'au niveau mental. Mais l'expérience du staff a fait la différence à la pause : des joueurs plus calmes et appliqués, une maîtrise technique retrouvée, un changement de joueur et un léger ajustement tactique (suivi d'un autre plus important) et la seconde période n'a rien eu à voir avec la première. Avec une petite dose de réussite en plus, l'ASSE a obtenu sa sixième victoire en sept matchs. Et comme toutes les autres équipes dans le haut du classement ont fait des matchs nuls, la bonne opération du week-end est stéphanoise. En début de saison on aurait tous signé pour une quatrième place - elle peut être validée dès la 36e journée, ce qui nous permettrait de se focaliser lors des deux dernières journées sur le nouvel objectif du club : le podium !