Président de l'Association ASSE depuis 2011, Michel Saez a répondu à nos questions. Il revient, notamment, sur le fonctionnement de cette structure énigmatique, la place toujours plus importante des clubs affiliés et tire le bilan de la saison écoulée.


Pouvez-vous nous raconter, brièvement, votre parcours au sein de l'ASSE ?

Je suis rentré à l'Asse en 1995, comme dirigeant avec la catégorie qui s'appelait encore benjamines à l'époque. Mon beau-père était secrétaire général du club, quand il n'était encore qu'une association. Peu à peu, j'ai gravi les échelons. De la direction de la CFA en passant par la gestion de l'école de foot avec Georges Bereta. En 2002, en raison de ma formation de contrôleur de gestion, on m'a proposé de prendre la fonction de trésorier général. En 2007, à l'occasion du dernier mandat de Jean Candel, ce dernier m'a invité à devenir le vice-président de l'association, pour ce qui s'avéra être son dernier mandat. Du coup, en 2011, de nouvelles élections ont eu lieu pour la présidence du club, pour laquelle j'ai été candidat, puis élu par l'Assemblée générale.

Qu'est-ce que, précisément, l'Association ASSE ?

L'association, c'est, en gros, l'ASSE amateur, mais elle n'a d'amateur que le nom ! Ne serait-ce que par son budget de fonctionnement. L'association est, pour être précis, l'association-mère de la SASP depuis que les clubs de football ont été forcés de se transformer en de nouvelles structures juridiques (SAOS ou SASP) ne pouvant plus n'être que des associations loi 1901. L'association actuelle est l'émanation de celle qui existait jusqu'à André Laurent. Elle a gardé, sur le plan des responsabilités, le numéro de licence auprès de la FFF et le droit de l'image, qu'elle partage avec la SASP qui, elle, est une société commerciale.

Quelle sont, du coup, ses prérogatives ?

La SASP s'occupe du secteur professionnel. Nous, au niveau de l'association, nous avons la gestion et la responsabilité des équipes masculines, des débutants jusqu'à la CFA, y compris les contrats aspirants et stagiaires. En somme, cela comprend le centre de formation et la structure féminine, depuis qu'elle a été aspirée par le club et, également, la question des clubs partenaires. Nous en sommes à 29 ! C'est très important pour nous, au niveau de l'association, car il s'agit là d'un lien essentiel avec le monde amateur. Cela nous permet d'agrandir la famille ASSE. Ce sont nos yeux et nos oreilles partout en France puisque nous ne pouvons disposer d'autant de « scouts » que nous le souhaiterions pour observer tous les matchs. Nous étendons une toile pour avoir un retour sur le plan sportif mais, aussi, pour développer l'image du club et de la communauté verte. Cela a énormément de valeur pour nous. D'ailleurs, chaque club partenaire dispose de son propre référent localement et nous, au club, tous les éducateurs sont concernés. Nous organisons aussi le tournoi des clubs partenaires chaque année au mois de juin.

Avez-vous pour ambition de nouer des alliances avec des clubs de pays étrangers ?

J'ai une proposition émanant du Canada. Mais là, ce serait plus sur le football féminin, qui est d'ailleurs en plein développement. Pour la petite histoire, qui prouve bien que le foot est à la fois une grande famille mais aussi un petit monde, c'est par le biais d'un ancien éducateur du club, qui est aujourd'hui là bas, que nous avons eu le contact. L'un des partenariats international que l'on mis en place est celui, un peu particulier, avec le district de Guyane. Sinon, nous en avons certains en vue dans d'autres pays ou d'autres continents. Mais là, c'est autre chose, ce sont des liens avec des clubs professionnels et cela sort du cadre « amateur ». Nous souhaitons déjà, à notre niveau, être présent nationalement, dans toutes les régions de France, ce qui n'est pas encore le cas. Mais ça devrait l'être bientôt ! Les clubs partenaires sont très fiers, en général, de l'être avec nous. Et ils nous le rendent bien. Nous avons eu des signalements de joueurs très intéressants qu'ils soient dans ces clubs, justement, ou que leurs membres aient vu évoluer sur d'autres terrains lors de compétitions. Nous ne laissons jamais rien au hasard.

Comment un club se retrouve-t-il affilié avec l'ASSE ?

Cela se fait beaucoup au « feeling ». C'est une histoire d'homme, de relations humaines avant tout. Donc si les dirigeants s'entendent bien, un partenariat à de grandes chances d'aboutir. Pour le Nord, par exemple, si Dominique Rocheteau connaît quelqu'un là bas, tout peut arriver ! Nous insistons, avec Roland Romeyer, sur le mot « famille » pour notre réseau, un terme qui n'est pas galvaudé dans nos esprits, au contraire.

Quel bilan tirer de la saison écoulée ?

On peut donner un peu dans l'auto-satisfaction. Au niveau du club professionnel, la locomotive, une superbe saison a été réalisée, qui fait suite à une excellente saison précédemment. C'est indispensable pour nous, car le succès rejaillit forcément, de manière verticale. Sur le plan de l'association, nous sommes très heureux de la remontée de la réserve de la CFA 2 à la CFA. D'autant que, si l'on regarde le classement fin 2013, ce n'était pas gagné ! Thierry Oleksiak a réalisé, avec les joueurs, une superbe seconde partie de saison. Les jeunes, bien sûr, sont concernés et il faut noter l'implication des professionnels redescendus, ce qui n'est pas toujours le cas ! Mignot, Pogba et Valette ont été à la hauteur. Baptiste, notamment, qui est même resté une semaine supplémentaire alors que les pros étaient partis en vacances, pour jouer le match décisif contre Bourges. Il règne une osmose exceptionnelle entre les pros et les amateurs. On peut aussi remercier Christophe Galtier pour cela. Nos jeunes ont besoin d'être accompagné. Ils entrent, lorsqu'ils sont appelés en réserve, dans une compétition de senior, rugueuse, avec de vrais « papas » en face qui sont matures, et les affrontements contre eux sont de véritables combats.

Concernant nos U19, ils ont connu une perte de vitesse, c'est bien dommage. Mais c'est le jeu des vases communicants ! Les U19 ont été valeureux, mais il a manqué quelques éléments moteurs pour faire la décision, comme le match à Montpellier à l'Etrat et nous sommes coiffés sur le poteau par Toulouse pour un point sur la différence de but. Nos jeunes ont gagné, en revanche, beaucoup d'expérience. Cela reste une belle saison puisqu'ils ont terminé premier de leur poule ! Les U17 ont connu quelques difficultés, aussi, en fin de saison, du fait là encore des vases communicants. Mais eux aussi ont connu de beaux succès comme la victoire dans le tournoi local, celui de Maclas-Pélussin.

Le dernier résultat probant, dont nous sommes très fiers, c'est le groupe U15 élite qui a remporté son championnat de ligue pour la troisième fois consécutive et ce, devant les Lyonnais !

Quels sont vos objectifs pour la saison prochaine ?

Notre objectif régulier et récurrent, c'est celui de sortir des joueurs professionnels. Cette année il y en a eu 4, dont Maxence Chapuis qui est un local. Bien entendu, nous cherchons à remporter des titres. Mais une saison moyenne peut aboutir à la signature de jeunes exceptionnels et d'excellente saisons à des jeunes au potentiel moins important. La Gambardella par exemple, dont nous avons atteints la finale deux fois n'a pas eu d'incidence majeure sur la signature de joueurs pros. Plus globalement, comme beaucoup de clubs maintenant, l'ASSE mise beaucoup sur la formation car nous n'avons plus les moyens de recruter à l'étranger. Cette pratique coûte de plus en plus cher.

Vous êtes donc en relation directe avec Bernard David, qui est en place depuis deux ans maintenant. Qu'a-t-il apporté ?

Il peut être facile de le dire, mais ça se passe très bien. Bernard est un véritable formateur qui a connu tous les postes dans le milieu du foot jusqu'à être adjoint dans une équipe pro, à Auxerre. Il est un travailleur acharné. Son profil a été très important, il est un peu comme le chaînon qui nous manquait, un véritable directeur de la formation. On ne peut pas travailler qu'avec des éducateurs. Son rôle comporte aussi la gestion des « scouts » dans le recrutement des jeunes au niveau national pour les 15-16-17 ans. Il réalise un travail formidable sur le sujet. Sauf dans des cas particuliers, pour le centre, nous nous arrêtons en général vers 14-15 ans. Nous avons eu, ceci dit, un petit trou générationnel, comblé avec des joueurs comme Karl Madianga par exemple. L'objectif reste de ne pas avoir de tel trou ! Car, de fait, si nous le trouvons en U11-U12, on le retrouve plus tard. On peut le combler, mais nous cherchons à être plus fort sur l'école de foot et d'avoir plus de joueurs locaux, qui s'identifient plus facilement. On est jamais si bien servi que par soi-même et on souhaite avoir les jeunes le plus tôt possible pour les former à nos valeurs, notre discipline et à nos règles. C'est l'un des premiers gages de réussite.

Justement, un ancien, Julien Sablé, a rejoint le club en tant que formateur.

C'est une figure emblématique du club ! Il y a fait la moitié de sa vie d'homme. Julien a été capitaine et a toujours porté haut les couleurs et les valeurs stéphanoises : combat, loyauté et fidélité. Il était naturel qu'il intègre le club à l'arrêt de sa carrière de joueur pour transmettre à son tour. Julien présente l'avantage par rapport à d'autres anciens d'être fraîchement retraité pour que cela parle aux jeunes. Cela assoit, plus encore, le discours des éducateurs. Il est un musée vivant ! Il va suivre le parcours de Laurent Batlles qui, lui, est monté en CFA. Avec Philippe Guillemet, chez les U15, Juju va pouvoir faire ses armes. Nous sommes très contents au club et les supporters le sont assurément aussi. Il a tout connu au club. En débutant lors d'un match pour le maintien en D2 contre Lille en 1997, en participant à l'aventure Gambardella, deux montées en ligue 1, un parcours d'Europa League. Pour un Marseillais c'est beau ! Une preuve, s'il en était besoin, qu'il existe ce petit plus à Saint-Etienne qui marque à vie.

Bientôt au tour de Jérémie Janot ?

C'est un dossier un peu plus lent. Mais je ne doute pas que ça se fera avec le temps. Il lui faut passer ses diplômes, ce qu'il va faire avec l'US Villars. Il a déjà un pied dans club avec la présidence des Anciens Verts. A terme, il en sera. C'est la deuxième figure emblématique qui a tout connu, lui aussi.

Un mot sur la recrue, chez les pros, de Kévin Monnet-Paquet ?

Ce n'est pas mon domaine de prédilection mais c'est un joueur que j'apprécie beaucoup. Déjà quand il était à Lens, quand il mettait le feu sur son côté. Comme tous les joueurs qui ont évolué à Lorient, Kévin a pris une dimension supplémentaire. Je pense qu'il va nous apporter beaucoup. Une chose est sûre : si Christophe Galtier le voulait, c'est qu'il remplit toutes les conditions pour réussir à l'ASSE.

Merci à Michel Saez pour sa disponibilité.