Une victoire rassurante, et qui permet d'envisager l'enchaînement Bordeaux-Marseille avec plus de sérénité que jeudi soir.
Nous sommes sur la ligne médiane. Les Lensois essaient d'appuyer sur le côté droit de la défense stéphanoise. Peine perdue : Diomandé, qui souffre de crampes depuis quelques minutes, récupère et sert proprement Lemoine face au jeu. Papy voit sur sa gauche Cohade, redescendu presque à sa hauteur pour lui offrir une solution : il lui donne la gonfle, et décolle. Plein axe, le n°10 vert réussit son contrôle orienté pour échapper à l'intervention de son adversaire ; il a au passage anticipé le déplacement intelligent de van Wolfswinkel, libre de tout marquage : l'ouverture est aux petits oignons. La remise ne l'est pas moins : juste dans la course de Lemoine, ni trop fort ni pas assez, qui frappe sans réfléchir à l'entrée de la surface. Riou est pris à contre-pied.
Filets.
Premier but des Verts dans le jeu depuis celui de Monnet-Paquet contre Karabükspor - 459 minutes. Tout y est : récupération haute, prise de risque, mouvement, disponibilité et poids des attaquants axiaux, jeu vers l'avant, précision technique.
Le balancier a changé de côté
82 minutes plus tôt, à la lecture des compositions, on remarque d'abord le gros turn-over décidé par Christophe Galtier - on se contentera de citer les titularisations de Clerc, Diomandé et Mollo qui n'avaient plus été à pareille fête depuis longtemps. Mais le choix le plus audacieux est ailleurs : le 4231 est reconduit, et après Corgnet, Hamouma et Saint-Maximin (en cours de match), c'est Cohade qui récupère la patate chaude.
Relancer Renaud Cohade aussi haut sur le terrain, c'est-à-dire le choix exactement inverse de celui qui avait intronisé le 433 comme système de référence il y a deux ans (au vu des difficultés de Cohade Renaud à ce poste...), est sans aucun doute un indice fort du renversement de tendance : des deux systèmes entre lesquels il oscille depuis sa prise de fonction, Galette est ostensiblement d'humeur 4231.
On ne répètera jamais assez que, dans ce dispositif, la disponibilité et la justesse du soutien à l'attaquant de pointe sont les plus efficaces moteurs de la qualité de la prestation collective.
Cohade va rendre une copie d'une excellente facture.
En face, Kombouaré fait plus prosaïque : un 4-1-4-1 classique, jeu direct et rapide.
Deux périodes similaires
L'entame de match verte est très bonne. A la baguette, le duo Erding et Cohade, tous deux très mobiles et disponibles. Lens recule de plus en plus, et pourtant, bénéficie d'une improbable possibilité de marquer à la 10': cinq duels successivement perdus par Gradel, Diomandé, Lemoine, Pogba et Ruffier, pourtant tous bien placés au marquage (hormis le gardien, bien sûr) mais pris de vitesse par leur adversaire ouvrent le but à Touzghar - heureusement, Pogba, revenu en catastrophe, sauve la baraque.
Cette spectaculaire alerte est annonciatrice du vrai coup de mou, entre la 15' et la 30' - les Lensois vont plus vite, gagnent les duels, le déchet technique fait son retour à Sainté, et Ruffier maintient deux fois les Verts dans le match (17', 26') Sans doute s'agissait-il juste d'un besoin de souffler, car les Verts reprennent ensuite une domination sans partage ponctuée par la tête d'Erding sur un CFD de MAG (34') qui oblige Riou à sortir le grand jeu.
La seconde période est du même acabit : gros démarrage stéphanois, 10/15 minutes de souffrance bien mieux gérées qu'en première mi-temps, puis une domination en fin de match, cette fois victorieuse avec le but de Lemoine. On notera que les entrants (van Wolfswinkel, passeur décisif ; Monnet-Paquet, très remuant ; Clément, stabilisateur) ont assumé leur part dans la bonne fin de match stéphanoise. Lens s'en remet à de longues balles dans la boîte et à la vitesse de Chavarria (que Tabanou a du mal à museler) pour espérer, mais Ruffier n'a rien d'autre à faire qu'à maîtriser une frappe vicieuse de 40m de Landre.
Tout n'est pas encore réglé
Cette victoire est probante, et surtout rassurante après la prestation de jeudi. On a vu des stéphanois ambitieux dans le jeu, haut sur le terrain, attaquant pour de vrai une équipe de Lens qui a passé le plus clair de son match à courir après le ballon et à défendre.
Et pourtant, on ne peut pas conclure au match-référence. La faute à cette incapacité chronique à convertir les décalages en véritables occasions. Les mauvais choix, les dribbles ratés ou les imprécisions dans les trente derniers mètres, restent la règle. Il faut dire que les joueurs offensifs semblent avoir organisé un roulement des prestations globalement ratées : dimanche, au palmarès, Gradel a succédé à Erding qui lui-même succédait à Corgnet, etc.
Et pourtant, des occasions apparaissent quand même. Mais le réalisme fait alors cruellement défaut : Gradel (désolé Max...) rate deux fois l'occasion de tuer le match (87' et 89'). Peut-être l'inflation de frappes lointaines (d'Erding, Gradel, Mollo...) observée à la Licorne découle d'une consigne d'y remédier en forçant le destin par tous les moyens. Mais ces essais de minasse se sont révélés peu concluants, à une exception près : le poteau trouvé par Tabanou à la 58'.
Il ne nous manquerait plus qu'une belle et large victoire pour lancer définitivement la saison.