On a déjà beaucoup parlé de l’arbitrage. Revenons au jeu, loin d’être inintéressant.
Les forces en présence
Saint-Etienne se présente sans véritable surprise. La ligne de défense ne bouge pas, Guilavogui continue son intérim en essuie-glace. Cohade et Lemoine sont préférés à Bodmer ; Mollo accompagne Brandao et Aubame devant. C’est donc le 4-1-4-1 traditionnel qui débute. Singularité : il n’y a pas de gardien sur le banc de touche - Coulibaly, qui déjà remplaçait Moulin forfait, s’est blessé à l’échauffement.
Côté parisien, compte tenu des absences, Ancelotti n’innove dans le choix des hommes que par la titularisation de Beckham. Encore pouvait-on s’y attendre : avec la blessure de Lucas Moura, Pastore est (c’est devenu une habitude) préféré en tant que troisième joueur offensif, et Chantôme appelé pour ne pas déséquilibrer le milieu. Avec les forfaits supplémentaires de Verratti et Thiago Motta, il ne restait guère que l’ancien capitaine de MU pour faire le nombre. Peut-être le système adopté est-il plus déstabilisant : Paris se regroupe en 4-4-2, avec Pastore à gauche et Chantôme à droite ; dès la récupération, Pastore évolue en électron libre, laissant largement l’animation du couloir gauche à Maxwell soutenu par Matuidi. A droite, Chantôme reste concentré sur des tâches assez défensives, et laisse van der Wiel (préféré à Jallet) apporter de l’impact.
Le déroulement
Les Verts veulent démarrer pied au plancher. Cela se voit. En quatre minutes, Cohade et Mollo ont déjà tenté deux « spéciales piston », tandis que Brandao réclame un pénalty pour un léger accrochage avec Thiago Silva ; le premier corner est enfin négocié difficilement par la défense parisienne. Pourtant, les franciliens vont prendre l’ascendant grâce à deux particularités de leur jeu :
- Les 3 de devant (Ibrahimovic et Lavezzi, renforcés par Pastore) sont très mobiles et apportent alternativement le surnombre au milieu
- Les latéraux Maxwell et van der Wiel jouent si haut qu’ils obligent Aubame et Mollo à défendre à l’abord de leur propre surface.
Trois joueurs se distinguent particulièrement dans ce début de match : Thiago Silva, qui gagne tous ses duels contre Brandao et ne rate aucune relance ; Ibrahimovic, qui attire tous les ballons et fait passer des sueurs froides à Guilavogui par ses décrochages ; Pastore, qui rayonne par son activité et son aisance technique. C’est d’ailleurs lui qui marque sur le premier embryon d’occasion parisienne. A ce moment-là , Paris prend l’ascendant, fait courir des Verts qui rendent le ballon immédiatement : sans point d’appui devant (la défense bleue étouffe les attaquants verts), pas de possibilité de faire remonter le bloc équipe et de construire quoi que ce soit. A l’inverse, le PSG alterne jeu court et jeu long : c’est sur une action où les joueurs d’Ancelotti ont aspiré des stéphanois très mal placés que Lavezzi rend hommage à l’un de ses prédécesseurs, Fiorèse. 0-2 en 20’, la désillusion se profile.
A la 25’ minute, quand les stéphanois réussissent enfin leur première belle action (à l’arrivée, le contrôle de Brandao sur l’ouverture de Lemoine est trop long), on se dit que la solution peut venir d’une meilleure exploitation de l’espace entre les deux lignes de 4 du PSG – là où Cohade essaye en vain d’attirer ses partenaires depuis le début. Mais le PSG quadrille bien la pelouse ; le décalage doit venir de derrière. Clerc et Brison l’ont compris, et vont d’autant plus se projeter vers l’avant que leurs homologues parisiens prennent moins de risques. Paprika ira même de sa frappe à la 30’.
Le PSG tout retourné
Les parisiens laissent donc les Verts jouer plus haut. Erreur : ils s’y sentent bien mieux. A la 36’, un premier contre rapide lance Aubame, qui rate son contrôle. Dans la foulée, l’attaquant gabonais est décisif sur la réduction du score. Les ligériens finissent mieux la première période : Aubame réalise un déboulé impressionnant mais centre dans le vide (38’) ; Cohade et Mollo refont la spéciale piston, mais la frappe du premier n’est pas dangereuse (40’) ; un jeu en triangle Mollo / Aubame / Lemoine ouvre de l’espace pour Clerc dont le centre-tir est dangereux (44’). Il faut dire que le triangle du milieu a tourné : Cohade est bien plus haut sur le terrain, et, épaulé par Lemoine, Guilavogui est plus à l’aise.
Et pourtant, les Verts reviennent des vestiaires avec le milieu tourné vers l’arrière. Trois choses ont changé cependant :
- les défenseurs participent au jeu, latéraux comme centraux. Bien que peu pressés, ni Perrin ni Bayal n’avaient essayé d’apporté dans la construction en première période
- le jeu stéphanois utilise beaucoup plus la largeur et les changements de côté rapides pour bouger le bloc parisien ; les montées des latéraux ont pour double vertu de favoriser cette largeur de jeu, tout en permettant aux ailiers de venir travailler dans l’axe
- et surtout : les Verts gagnent les duels, enfin !
A la 55’, Galette décide de remettre le milieu avec un 10 : Lemoine, qui sort avec la rage d’être mené, laisse sa place à Bodmer, qui va donc se positionner en soutien aux attaquants. Le technicien stéphanois veut également profiter de ce temps fort qu'est le début de la seconde période en apportant du sang frais sur les ailes : il sort Mollo, pourtant très remuant, pour Hamouma (63’). Juste avant, Ancelotti avait bien vu le danger d’une faiblesse dans cette zone du terrain, en faisant rentrer Jallet à la place de Chantôme. Les attaquants parisiens ne touchent quasiment plus de ballons. Les Verts sont dangereux (51’, 57’, 59’, 68’), mais le spectre d’un contre fatal plane (60’, 70’). Finalement, ce sont les Verts qui égalisent.
Il reste un gros quart d’heure, et nous sommes dans la situation inverse de celle de début de match : les offensifs parisiens sont étouffés, et l’équipe ne peut plus s’appuyer sur eux pour remonter. Ancelotti s’attaque logiquement au problème en sortant Lavezzi, le moins en forme, pour Gameiro. Galtier, lui, continue sur son idée : Ghoulam remplace Brison, histoire d’insister sur les côtés. Cela ne change guère les données du problème. Hamouma, étincelant, emmène des stéphanois pas loin de réussir le renversement parfait (83’, 87’, 90’) ; les parisiens ne se montrent plus dangereux que sur des coups francs directs (88’, 93’). Mais rien ne bouge.
Les buts
0-1 PASTORE 9’
C’est ce qu’on appelle un contre rondement mené. Si la bourde finale de Bayal est rageante, il faut quand même reconnaître le mérite des parisiens sur cette action : les appels de Lavezzi et d’Ibrahimovic (superbe en pivot) libèrent un espace que Pastore (et Matuidi – est-ce lui qui fait hésiter Bayal, qui pensait peut-être pouvoir contrôler l’action en repartant vers la droite balle au pied ?) vont investir sans que les stéphanois n’arrivent à déterminer qui doit suivre qui.
0-2 IBRAHIMOVIC (pen) 19’
Il n’y a pas pénalty. Mais l’action qui permet à Lavezzi d’abuser M. Gautier est limpide : une sorte de jeu en triangle sur l’étendue du terrain : long dégagement de Sirigu, remise de la tête de Matuidi à Pastore, contrôle poitrine/ passe dans la profondeur enchaînée. Regardez à nouveau le ralenti : ni Matuidi, ni Pastore ne sont marqués ou gênés dans leurs gestes.
1-2 ALEX (csc) 36’
Pressing des Verts : récupération haute, dans le rond central. Lemoine lance immédiatement le ballon dans cet espace stratégique près du poteau de corner. Aubameyang prend tout le monde de vitesse et centre à l’aveugle. Le centre est excellent : il suffit que Brandao fasse peur à Alex pour que ce dernier ne sache quoi faire et marque contre son camp d’un piètre mouvement du genou. Ce n’est pas un beau but, mais la hargne verte a poussé les bleus à la faute.
2-2 CLERC 72’
Les Verts travaillent sur la largeur et les changements de côté. Clerc monte ; le point de fixation se créé à droite. Alors, on lance Bodmer, oublié de l’autre côté du terrain. Brison fait l’effort dans son dos et occupe les défenseurs parisiens. Bodmer a ainsi tout le temps de chercher une solution dans l’axe. Après une action qui ressemble plus à un combat de morts de faim qu’à une action claire, où Guilavogui, Hamouma et Brandao tentent tant bien que mal de combiner, la balle arrive finalement à Clerc, qui frappe comme un sonneur : pleine lulu !