A tout seigneur, tout honneur, ce n° 100 est tout naturellement consacré à l’authentique, adjectif qui le caractérise si bien, créateur des Mastres & Compagnie, intervenant historique d’Online puis de Poteaux carrés. Ce prof d’histoire géo passionnant et passionné ne laisse pas le quidam indifférent. Il est fidèle à ses convictions, à ses principes et en amitié. Merci a lui d’avoir eu l’idée de cette belle rubrique !!


Pseudo : Timick.
Pour résumer mon parcours, je suis arrivé un peu par hasard sur Asse-Online en juillet 2001. J'ai été un membre très actif de ce forum jusqu'en 2004. J'ai même eu l'honneur de participer à la création du site Online, "l'ancêtre" de celui-ci.
Ensuite j'ai naturellement continué l'aventure sur Poteaux-Carrés. Depuis quelques années, ma contribution au forum ne se fait plus qu'en pointillés. Mon évolution a un peu été la même pour ce qui est du site, pour lequel j'ai écrit énormément avant de manquer de passion, d'inspiration et d'envie. Mais rassurez-vous, je peux toujours écrire de loooongs paragraphes, comme vous allez pouvoir vous en rendre compte si vous allez jusqu'au bout de ce que suit !

Localisation : Maurienne (Savoie).

Premier match à Geoffroy Guichard :
- En cherchant dans mes archives (je conserve les billets des matchs auxquels j'assiste), j'ai retrouvé un ASSE-Bordeaux à Geoffroy Guichard en mai 1988. J'avais 13 ans. Le match s'est terminé sur le score de 1-1. Dans l'équipe Stéphanoise, il y avait Castaneda, Sivebaek, El Haddaoui, Tibeuf, Garande mais ce soir là le buteur a été Patrice Ferri à la 75ème minute. Le Bordelais Girard avait égalisé environ cinq minutes plus tard sur coup franc.

- Ce n'est cependant pas le premier match des Verts auquel j'ai assisté car j'étais de la mémorable défaite 0-1 en Coupe de France le 5 janvier 1985 à Moûtiers (DH). Le match se jouait tout près de chez moi et je connaissais même certains joueurs moûtiérains. Le terrain était gelé et injouable !

Premier souvenir de supporter :
Je pense que ce sont les soirées de Première Division, quand ce championnat ne s'appelait pas encore "Ligue 1", passées avec mon père et mon frère à écouter à la radio le déroulement des matchs. J'ai d'ailleurs un souvenir "audio" qui m'est resté, et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du fameux 9-2 contre Metz au début des années 1980. Je me rappelle du journaliste qui appelait toutes les cinq minutes pour annoncer les buts qui défilaient !

Qui t'a fait découvrir ce club ? :
Ma famille n'a jamais vécu à Saint-Étienne ni même dans la Loire, mais comme tout passionné de foot qui se respectait dans les années 1970, mon père a été gagné par la "fièvre verte". Il faisait régulièrement le déplacement depuis la Savoie pour aller au stade. Avec les matchs contre Kiev, Eindhoven, Liverpool, il a quelques grands souvenirs à raconter ! Aussi loin que je me souvienne dans ma jeunesse, mon équipe préférée a toujours été l'ASSE. Pourtant, quand j'ai réellement été en âge de suivre de près les performances de ce club, c'était juste après la Caisse Noire et sur le plan des résultats ce n'était plus du tout la même musique que jusqu'en 1981 !

Joueurs Verts préférés (toutes époques confondues) : Le joueur qui m'a laissé le plus grand souvenir est Moravcik. Pour moi comme, je pense, pour beaucoup de supporters qui avaient à peu près 15 ans dans les années 1990, Lubo reste le numéro 1. Quand j'ai su que l'ASSE l'avait recruté, j'ai suivi avec attention les matchs de la Tchécoslovaquie lors de la Coupe du Monde 1990 pour le découvrir. Guy Roux a dit un jour de Moravcik qu'il était un "artiste". Je ne suis pas toujours d'accord avec le Bourguignon amateur de bonnets moches, mais sur ce coup-là on est en phase ! Je me rappelle de certains des buts de Lubo en vert comme si c'était hier, de son caractère de gagneur, de sa technique, de son attachement au maillot vert. Quel joueur !

Sinon, je vais citer aussi le style de Rob Witschge, le duo d'attaque Tibeuf-Garande, le sérieux de Sivebaek, la classe de Kvarme, la froide efficacité de Wohlfarth, les tacles de Cyprien, la hargne de Deguerville, la personnalité de Kastendeuch, la sérénité et le calme d'Hognon. J'aimais beaucoup aussi Potillon, un indispensable travailleur de l'ombre.
Et comment ne pas évoquer le duo brésilien Alex-Aloisio, le premier pour son côté renard des surfaces imprévisible et difficile à arrêter à la Romario, le second pour sa combativité et pour les ondes positives qu'il dégageait.

Je garde une sympathie toute particulière pour la plupart des joueurs de la remontée de 2004, notamment Janot, Sablé, Ilunga, Hellebuyck, Compan, Marin, Mendy et bien entendu Hognon.
Dans l'effectif actuel (on est en décembre 2008 au moment où j'écris), je n'apprécie réellement que Janot pour sa fidélité au club et son côté fantasque, Ilan pour son talent (à mon sens inexploité à l'ASSE) et Gomis qui a un sens du but plutôt intéressant.

Enfin, je voudrais mentionner un entraîneur qui fait pour moi partie des tous meilleurs en France et dont je suis la carrière depuis très longtemps, bien avant qu'il n'entraîne les Verts : Frédéric Antonetti. J'aime ses qualités de meneur d'hommes, son savoir-faire pour relancer ou motiver des joueurs et sa capacité à créer un état d'esprit de morts de faim au sein de son groupe. Certes son franc-parler, son refus de l'ingérence des dirigeants dans ses choix sportifs, la liberté d'action qu'il désire et le temps qu'il revendique pour travailler sereinement font qu'il n'a sûrement ni la gueule de l'emploi ni la diplomatie nécessaires pour être un jour appelé par un "grand" club. Mais je pense que peu lui importe car il se régale Ã  forger des équipes de guerriers qui ne lâchent rien en utilisant au mieux le talent, l'abnégation et les qualités morales de ses joueurs. 

Pour essayer d'expliquer pourquoi je trouve son travail remarquable, je dirais simplement que toutes les équipes qu'il a entraînées (Bastia, l'ASSE ou aujourd'hui Nice), obtiennent à la fin du championnat selon moi un meilleur classement que celui qu'elles auraient pu espérer avec le même effectif et les mêmes moyens mais en étant dirigées par un autre entraîneur. 

Autres clubs ou joueurs favoris :
A part l'ASSE, je ne supporte aucun autre club. Par contre, je suis un supporter de l'équipe de France depuis toujours, même si sous l'ère de l'imposteur Domenech c'est devenu plus difficile tant je trouve ce personnage hautain, irrespectueux et imbuvable, mais aussi totalement incohérent et profondément injuste dans ses choix. J'en profite pour redire que j'ai trouvé absolument insensée la non-sélection pour l'Euro 2008 de David Trezeguet. J'espère bien, une fois que l'on aura retrouvé un sélectionneur digne de cette fonction, que Trezeguet aura sa revanche sous le maillot bleu et qu'il pourra de nouveau montrer à tout le monde qu'il reste le plus grand buteur français en activité.

Pour mes joueurs favoris, vous l'avez probablement compris, j'aime beaucoup Trezeguet ! :-) Il est l'archétype de l'avant-centre qui a un flair inné, du renard des surfaces, du chasseur de buts qui est capable de marquer n'importe quand, n'importe comment et contre n'importe qui. On sait former ce genre de buteur en Argentine ou aux Pays-Bas, mais pas en France où l'on préfère d'une manière générale former des attaquants-sprinters qui marquent une fois tous les quinze matchs. Trezeguet est une exception parce qu'il a appris à jouer et à marquer en Argentine et je trouve inconcevable que l'on puisse se priver de ces qualités si précieuses et de ce profil si particulier en équipe de France.

Ayant modestement joué avant-centre à un tout petit niveau (ma carrière pourrait d'ailleurs bientôt reprendre, c'est un scoop que je vous livre !), je suis fasciné par les grands buteurs, par les renards des surfaces capables de marquer sur le seul ballon qu'ils touchent dans un match : en dehors de Trezeguet, j'apprécie donc les vrais grands avant-centres issus de l'école argentine (Batistuta, Balbo, Crespo, Julio Cruz, Palermo, Cavenaghi), de l'école néerlandaise (l'immense Marco Van Basten, Van Nistelrooy, Van Persie, Huntelaar), de l'école brésilienne (Romario, le grand Ronaldo, Careca, Luis Müller), de l'école italienne ("Pippo" Inzaghi, Montella, Toni), sans oublier des gars comme Suker, Hugo Sanchez, Kluivert, Milla, Yekini, Weah, Zamorano.... j'en oublie. Pour ses qualités de "tueur" devant le but, j'aimais également beaucoup l'efficacité du jeu de Youri Djorkaeff.

Enfin, il me paraît aussi nécessaire de citer des joueurs à forte personnalité, qui ont de la classe et du talent à revendre, comme Messi (un régal de le voir jouer), Del Piero, R. Baggio, Rivaldo, Denilson (celui de la grande époque), Thuram (grand bonhomme sur et en dehors du terrain), Yorke, Gullit, Deco, Bergkamp, Savicevic et bien sûr Zidane. Depuis l'époque de Maradona et de Platini, pour moi aucun autre joueur n'a été aussi fort que Zidane.

Ton plus grand souvenir avec l'ASSE :
- Je citerai d'abord le fameux ASSE-Marseille de 1999 remporté 5-1. J'avais suivi le match sur Canal+ et ce qui s'est passé ce soir-là était invraisemblable. On avait l'impression qu'à chaque action il pouvait y avoir but. Et puis Alex au sommet de son art, c'était quand même un sacré joueur !
- Ensuite vient le ASSE-Châteauroux (2-1) de 2004, également suivi à la télé, avec ce dernier quart d'heure de folie et ce but incroyable de Bridonneau qui offre le titre.
- En troisième position, je place la défaite contre Sochaux 2-3 en Coupe de France en 2004. On sentait une intensité extraordinaire dans ce match, dans l'ambiance. Les joueurs se sont inclinés mais ils avaient tout donné et s'étaient battus sur chaque ballon.

Ton match des Verts le plus marquant ? :
J'en vois trois :
- ASSE-Montpellier (5-4) en 2000 : j'étais en tribune Henri-Point supérieure, frigorifié sous la neige. Le scénario du match avait été complètement fou (0-2, 4-2, puis 4-4 et 5-4) jusqu'à ce qu'Aloisio ne donne la victoire aux Verts d'un improbable pointu à dix minutes de la fin.


- ASSE-Châteauroux (0-0) en 2002 avec la tribune vide : pour moi l'attitude qu'avaient eu certains supporters ce soir-là reste une tache indélébile sur l'histoire du public stéphanois.


- ASSE-Lens (1-1) en 2001 : c'était le match de la dernière chance, l'année où le club est descendu en Ligue 2 suite aux faux passeports. Debève avait ouvert le score pour Lens, Diawara avait égalisé pour les Verts à dix minutes de la fin mais ça n'avait pas suffi et ce match nul officialisait la relégation. C'est l'après match qui m'a marqué le plus. J'étais dans le kop Nord et à la fin du match, tandis que la tribune se vidait lentement et que chacun était perdu dans ses pensées et dans sa tristesse, les supporters lensois se sont spontanément mis à chanter "Ce n'est qu'un au revoir" et à scander "Saint-Étienne en D1". A ce moment-là, dans ces circonstances-là, j'avais trouvé cette réaction magnifique. Aujourd'hui, c'est au tour de Lens d'être en Ligue 2 et j'en profite pour renvoyer l'ascenseur en souhaitant à tous les supporters nordistes qui avaient chanté ce soir-là à Geoffroy Guichard de revoir bientôt leur équipe en Ligue 1.

Enfiles-tu un maillot de Saint-Étienne quand tu vas au stade ou quand tu regardes le match à la télé ? Si oui, quel maillot ? :
Non, ni au stade ni devant la télé. Plus jeune, j'avais le maillot Puma avec le gros rond rouge Casino sur la poitrine, mais je n'ai jamais racheté de maillot vert depuis.

Connais-tu par coeur les paroles de la chanson mythique ? : Non, je ne connais pas bien les paroles à part la phrase : "qui c'est les plus forts évidemment c'est les Verts". Le minimum syndical, donc !

Carte blanche (quelque chose qui te tient à coeur ? une anecdote ? un coup de gueule ?....) :
Depuis pas mal de temps je ne suis plus très présent sur Poteaux-Carrés et je ne suis désormais les résultats des Verts qu'avec un grand détachement. J'avoue sans détour que je n'ai jamais pu blairer l'équipe dirigeante actuelle, à laquelle je reprocherai toujours d'avoir brisé à l'été 2004 un élan, un état d'esprit et des valeurs qui me semblaient adaptés et pertinents pour faire progresser doucement, sereinement et solidement le club (valeurs dans lesquelles je me retrouvais).

Depuis la fin de l'ère Antonetti, je ne m'identifie plus guère à la mentalité et aux "valeurs" qui émanent de l'ASSE, tant sur le plan humain que sur le plan sportif. Sous la présidence actuelle, étant en désaccord profond depuis 2004 avec la politique de navigation à vue, avec la petitesse des méthodes employées et avec les discours souvent affligeants et faux-culs, j'éprouve le sentiment bizarre (que je n'avais jamais connu, même aux pires heures de la Ligue 2) d'être comme étranger à l'ASSE et de ne plus trop me sentir concerné. C'est la raison pour laquelle je n'ai plus assisté à un match des Verts au bord d'une pelouse depuis mai 2005. Je pense d'ailleurs que ça m'est quelque part profitable d'avoir moins la tête dans le guidon (c'est-à-dire dans tout ce qui se passe au club et tout ce qui se dit sur le forum) et de désormais regarder le foot en général et les Verts en particulier avec une plus grande distance.

Lien de cause à effet ou pas, j'avoue ne plus forcément non plus me sentir en phase avec certaines évolutions du site et du forum. Je suis souvent lassé par la pesante présence de quelques potonautes dont je trouve les interventions régulièrement méprisantes et irrespectueuses vis-à-vis de ceux qui n'ont pas le même avis qu'eux (même argumenté) sur l'évolution du club. J'ai beaucoup de mal aussi avec les plaintes récurrentes contre Aulas ou contre les arbitres au moindre hors-jeu litigieux sifflé sur un terrain de Ligue 1. Enfin, d'une manière plus pratique, je déplore la multiplication des sujets "tout en un" de 25 ou 50 pages (voire 100 ou 200 !) qui à mon sens nuisent énormément à la spontanéité de la lecture, à la connaissance des dernières informations et à la possibilité d'engager de véritables débats.

La vie m'a apporté d'autres centres d'intérêt et d'autres priorités, mais je veux souligner que je n'oublie pas les personnes de qualité que j'ai pu rencontrer virtuellement ou en chair et en os à travers le forum. Je continue d'ailleurs à en voir de temps en temps et Ã  correspondre régulièrement par mail avec quelques uns.

Un grand merci aussi aux responsables du site de m'avoir permis de participer au N°100 de cette rubrique qui est un peu la mienne. Même si je ne suis désormais qu'un intermittent du forum, j'adresse toutes mes félicitations à ceux qui continuent de faire du bon boulot et qui donnent de leur temps pour que le forum et le site restent actifs.